La Babylonie, dans l’antiquité, était divisée en deux parties : au nord Accad, dont les habitants étaient des Sémites ; au sud Sumer (cf. Sinéar, Genèse 10.10, etc.), le pays des Sumériens, dont la race et la langue n’ont pas encore été classifiées de façon définitive. Les villes sumériennes principales, du bord du golfe Persique (qui s’avançait dans l’antiquité 100 km plus au nord qu’aujourd’hui) vers le nord, sont : Éridou (Abou-Shahrein ?), Ur (Moughaïr ; Genèse 11.28 ; Genèse 11.31 ; Genèse 15.7 ; Néhémie 9.7), Larsa (Senkereh ; Ellasar Genèse 14.1), Ourouk (Warka ; Érec Genèse 10.10), Lagash ou Shirpourla (Tello), Isin, Oumma (Djoha), Shourouppak (Fara), Adab (Bismaja), Nippour (Niffer).
Bérose compila une liste de dix rois qui régnèrent avant le déluge pendant 432 000 années ; l’auteur sacerdotal (Genèse 5, P) est bien plus modeste en attribuant aux dix patriarches antédiluviens une période de 1 656 années (cinq années dans la chronologie de Bérose correspondent à peu près à une semaine de l’écrit sacerdotal). On a retrouvé deux listes cunéiformes correspondantes :
(a) huit rois, cinq villes, 241 200 années ;
(b) dix rois, six villes, 456 000 années. Genèse 4.17 et suivant (J) nomme sept patriarches (il faut y ajouter Adam et Noé). Après le déluge, que les historiens babyloniens (de même que les auteurs bibliques) considèrent comme un fait historique, les listes dynastiques ont encore un caractère mythologique, bien que, avant les listes réellement historiques, apparaisse déjà quelque roi connu par ses inscriptions.
Les Sumériens occupèrent le pays environ 4 000 ans avant Jésus-Christ. Venaient-ils de l’Inde, du Caucase, de l’Élam ou d’autre part ? On ne le sait pas. Il se peut aussi qu’ils soient autochtones. L’histoire de Sumer commence avec la première dynastie d’Ur (cinq rois, 177 années), vers la fin du quatrième millénaire ; c’est à cette époque que Mesilim règne à Kish et Lougal-dalou à Adab. Vers 3100 Our-Nina fonda une dynastie à Lagash ; son petit-fils Éannatoum conquit une bonne partie de Sumer et battit l’Êlam : sa victoire sur Oumma est célébrée dans la célèbre « stèle des Vautours » du musée du Louvre. Le dernier roi de cette dynastie, Ouroukagina, « établit la liberté » et fit des réformes sociales, mais il fut battu par Lougal-zaggisi de Ourouk (vers 2800), le grand conquérant qui soumit à son sceptre Sumer et Accad et atteignit dans ses campagnes les bords de la Méditerranée. À son tour Lougal-zaggisi tomba dans les mains de Sargon Ier, le fondateur de cette dynastie sémitique d’Accad qui régna sur un grand empire pendant presque deux siècles (voir Accad). Ensuite des hordes de montagnards barbares, les Gouti, envahirent Sumer : leurs rois y régnèrent pendant 125 années. La domination des Sémites et des Gouti n’eut pas de conséquences néfastes sur le développement de la culture et du commerce des Sumériens ; au contraire l’art et la littérature fleurirent à Lagash au temps des Gouti sous les gouverneurs (patesi ou isak) Our-Bau et, en particulier, Goudéa (vers 2400). Une renaissance de l’esprit national de Sumer permit à Outou-hegal de Ourouk (vers 2350) de rétablir l’indépendance du pays et, peu après, Our-Engour (ou Our-Nannou) fonda la troisième dynastie d’Ur (125 ans, cinq rois), et en même temps le dernier grand empire sumérien. Après une période de rivalité entre Isin et Larsa, l’hégémonie passa définitivement aux Sémites, dont la capitale fut désormais Babylone. Voir Ur.
D’après Bérose la civilisation fut introduite sur la terre par Oannès, un monstre à demi homme et à demi poisson, qui sortit de la mer et s’établit sur la côte babylonienne : il aurait enseigné aux hommes l’écriture, les sciences et les arts, la fondation des villes, la construction des temples, la promulgation des lois, la mesure des champs, l’agriculture, en un mot toute la civilisation. Il y a du vrai dans ce mythe ; le génie sumérien créa une culture que certains savants considèrent comme plus ancienne que l’égyptienne : dans ce cas elle serait la source de la civilisation européenne. Ce qui est certain, c’est que, 3 000 ans avant Jésus-Christ, au plus tard, les Sumériens avaient développé l’art d’écrire (cunéiforme), l’architecture (briques cuites et la voûte), la monarchie, l’agriculture et l’irrigation, la sculpture et l’orfèvrerie, l’art militaire (la phalange), le commerce, la législation, la religion et une science rudimentaire. Les Babyloniens et les Assyriens ont simplement développé les inventions sumériennes et les ont répandues dans les nations de l’antiquité. Voir figure 250 à 253
Voir article Assyrie et Babylonie, Élamites
R.H. Pf.
Numérisation : Yves Petrakian