(hébreu Tarchich ; grec Tartessos). Malgré de fréquentes mentions dans l’Ancien Testament, ne peut être localisé avec certitude. Dans le tableau des peuples, de Genèse 10.4 (cf. 1 Chroniques 1.7), Tarsis est cité parmi les fils de Javan, qui personnifient sans doute les Grecs. Élisa pourrait représenter l’île de Chypre dans sa généralité, Kittim les colonies grecques de l’île, Dodanim (à corriger certainement en Rodanim) les Rhodiens. Quant à Tarsis, on le cherche non plus dans la zone palestinienne, mais au delà des « colonnes d’Hercule », à l’embouchure du Guadalquivir, au sud-ouest, de l’Espagne (l’Ono-masheon indique en effet Tarsis du Bétik, ancien nom du Guadalquivir). Il est intéressant de signaler que l’on a retrouvé le nom de Tarsis dans un texte assyrien du temps d’Assarhaddon (Rev. Bbl., 1927, p. 105).
Il s’agit d’une ville qui était certainement un centre important du trafic maritime, et dès le temps de la monarchie israélite. Les bateaux qui assuraient la liaison entre la côte palestinienne et Tarsis avaient reçu le nom de « navires de Tarsis », mais cette appellation fut accordée à tous les bateaux faisant les voyages au long cours (1 Rois 22.49 ; 2 Chroniques 20.36 ; 1 Rois 10.22 ; 2 Chroniques 9.21 ; Ésaïe 2.16 ; Ésaïe 23.1 ; Ézéchiel 27.23). Tarsis semble avoir eu des relations commerciales très étroites avec Tyr, la grande métropole phénicienne, dont elle était un des plus riches comptoirs.
De Tarsis on apportait à Tyr de l’argent, du fer, de l’étain, du plomb (Ézéchiel 27.12 ; Jérémie 10.9), richesses des « îles lointaines », associées si souvent à Tarsis dans les mentions bibliques (Psaumes 72.10 ; Ésaïe 60.9 ; Ésaïe 66.19). On sait enfin que, pour « s’enfuir loin de la face de l’Éternel », Jonas s’embarqua à Japho (Jaffa) à destination de Tarsis, c’est-à-dire à l’extrême opposé de la direction de Ninive où Dieu l’envoyait (Jonas 1.1-3).
Les tempêtes étaient fréquentes (cf. Psaumes 48.8), et le bateau qui emportait Jonas n’échappa qu’après bien des péripéties… On étudiera avec intérêt, sur un sarcophage trouvé à Sidon par le docteur Contenau, la représentation d’un de ces navires phéniciens, prototypes des « vaisseaux de Tarsis » bibliques.
A. P.
Numérisation : Yves Petrakian