Fils cadet de Jacob et de Rachel. Il coûta la vie à sa mère qui, avant de mourir, l’appela : Ben-Oni = fils de ma douleur (Genèse 35.18 ; Genèse 35.18, J ; Genèse 46.19). Frère immédiat de Joseph, son lieu de naissance d’après Genèse 35.16 est Éphrata, qu’une interpolation identifie au verset 19 avec Bethléhem ; tandis que Genèse 35.22-26, selon P, le place à Paddan-Aram, en Mésopotamie (Genèse 25.20), et cela pour tous les fils de Jacob.
Ben-Oni fut modifié de par la volonté de son père en Benjamin, qui signifie : « fils de ma droite ». Est-ce un titre d’honneur ou un signe de vigueur ? On l’ignore. Chacun sait qu’après la disparition de Joseph, son père avait reporté sur Benjamin toute son affection (Genèse 44.29 ; Genèse 44.30) ; de là le refus de le laisser partir pour l’Égypte (Genèse 42.36) ; mais au second voyage d’approvisionnement, il dut se séparer de son fils cadet, parce que Siméon était retenu comme otage par Joseph (Genèse 42.24, E, et Genèse 43.15). Benjamin eut dix fils (Genèse 46.21), Nombres 26.38 n’en connaît que sept, 1 Chroniques 8.1 ne lui en attribue que cinq : l’accord entre ces diverses généalogies reste irréalisable.
La tribu qui se rattache à ce nom patriarcal était, au dire du roi Saül (1 Samuel 9.21), l’une des plus petites et des plus jeunes ; il se pourrait qu’elle se fût séparée de celle de Joseph au moment de la conquête, comme quelques historiens le supposent. Sa population, d’après les chiffres des recensements, fortement sujets à caution, dans les passages sacerdotaux, aurait représenté environ les 6 ou 7 pour cent d’Israël, non compris Lévi (Nombres 1.37 ; Nombres 26.41). Son territoire, entre Juda et Éphraïm, Gad et Dan, lui valait une position centrale ; elle possédait les localités historiques suivantes : Jérusalem, Mitspa, Anathoth, Rama, Jérico, Béthel. Le Deutéronome dit que « l’Éternel résidera entre les deux épaules de Benjamin » (Deutéronome 33.12), sans doute à cause de la présence de la capitale sur son territoire avant le schisme.
Le pays tenait à la fois de la plaine et de la montagne ; cette position géographique influait sur le caractère des habitants, actif et belliqueux (Genèse 49.27) ; ils étaient renommés comme habiles tireurs à l’arc et la fronde (1 Chroniques 8.40 ; 1 Chroniques 12.2 ; 2 Chroniques 14.7), et se servaient avec une égale maîtrise des deux mains (Juges 3.15 ; Juges 20.16). À l’époque des Juges, la guerre civile réduisit la tribu presque à néant (Juges 19.21), mais elle se releva rapidement. Pendant cette sombre période, un héros benjamite se distingua dans la lutte contre Moab : Éhud (Juges 3.12 et suivants). Lorsqu’Israël fut fatigué de son instabilité sociale, Samuel choisit comme roi un Benjamite : Saül (1 Samuel 9.2 et suivants). Le clan se montra très attaché à la première dynastie (2 Samuel 2.8 et suivants) ; cet état d’esprit inquiéta David, qui dut pacifier Benjamin en recourant à la contrainte afin d’instaurer l’unité nationale (2 Samuel 16.5 ; 2 Samuel 20.1, cf. 1 Chroniques 12.29). La prise de Jébus (Jérusalem), centre de résistance, réussit à rallier les oppositions, et le monarque s’attacha finalement ses concitoyens « méchants comme des loups » (Genèse 49.27). La tribu de Juda s’appuya sur la vaillance des Benjamites (1 Rois 12.21 ; 2 Chroniques 14.8 ; 2 Chroniques 17.17). Après l’exil, Benjamin formait avec Lévi et Juda le noyau du peuple d’Israël (Esdras 1.5 ; Esdras 4.1 ; Esdras 10.9). De cette tribu sortirent Mardochée et Esther (Esther 2.5) et aussi le grand prophète Jérémie (Jérémie 1.1) ; puis le futur grand apôtre, Saul de Tarse (Romains 11.1 ; Philippiens 3.6). P. W.
Numérisation : Yves Petrakian