(Deutéronome 8.15, 32.9-14, Néhémie 9.19-21).
Une bonne partie du livre des Nombres est consacrée aux recensements des Israélites, aux énumérations des tribus et aux arbres généalogiques. C’est tout cela qui lui a valu le titre de « Nombres ».
Ce livre raconte l’histoire théologique du séjour des Hébreux dans le désert pendant les quarante années qui précédèrent l’installation en terre promise. Il s’agit d’une sorte de mémoire d’avenir, marquée par des échecs et des contestations. Ses récits sont particulièrement riches en incidents qui mettent en exergue l’action de Dieu et le rôle de Moïse. Le deuxième recensement montre la rigueur de la sanction appliquée à l’incrédulité (14.26-35) puisque, parmi ceux qui furent dénombrés par Moïse et Éléazar dans les plaines de Moab, il n’y avait aucun de ceux qui avaient été recensés.
Les chapitres 1.1 à 10.10 relatent la vie des Israélites au pied du mont Sinaï. Ils se préparent à se mettre en route pour le pays promis. Il y est question des recensements et de l’organisation militaire de la première communauté en vue de la longue marche (1–4), des compléments aux lois rituelles sur la pureté, le vol et la jalousie conjugale (5), du naziréat (6.1-21), de la formule de bénédiction (6.22-27), du train des équipages (7.1-9), des objets pour le culte (7.10 à 8), de la date de la Pâque (9.1-14), de la nuée qui guide le peuple (9.15-23) et des sonneries des trompettes (10.1-10).
Les chapitres 10.11 à 21.35 racontent la marche des Israélites de Kadès-Barnéa au pays de Moab, à l’est de la mer Morte. Ce pèlerinage est caractérisé par la providence divine pour les Israélites, survenant dans un climat de doute, de murmures, de révolte mais aussi de châtiments divins terrifiants.
Le peuple est en route vers Moab (10.11-36). C’est un parcours jalonné de crises, de feu de Dieu avec la contestation de Moïse (11–12), la mission des douze éclaireurs (13), le défaitisme, puis quarante ans de punition pour incrédulité (14), les offrandes végétales, l’expiation des fautes involontaires, le sabbat et les franges (15), la nouvelle contestation de Koré (16–17), le statut des sacrificateurs et des lévites (18), la vache rousse (19), la querelle de Meriba, la mort de Myriam (Marie) et d’Aaron (20), un succès militaire à Horma (21.1-4), les protestations, l’incident du serpent d’airain (21.5-9).
Les chapitres 21.10 à 36.13 racontent la conquête de la Transjordanie. Cette conquête est marquée par le succès militaire à Hesbon (21.10-35), le livret de Balaam (22–24), l’affaire de Baal-Peor (25), le recensement dans le désert (26), le projet de répartition du pays (27.1-11), l’investiture de Josué comme successeur de Moïse (27.12-22), l’agenda liturgique de tous les sacrifices périodiques (28–29), les femmes et les vœux (30), le succès militaire contre les Madianites (31), les dispositions pour le partage du pays (32–35), et de nouvelles précisions relatives à l’héritage des femmes (36). Le pays promis est partagé d’avance et c’est par le pays de Moab que les Israélites entreront à Canaan.
Le livre des Nombres nous révèle l’importance des statistiques dans la marche avec Dieu. Il montre le peuple de Dieu dans tous ses états d’âme : doute et confiance, soumission et révolte, espérance et désarroi. Tout cela rehausse le contraste entre la marche vers la terre promise et le pays encore à conquérir. La médiation humaine comme celle de Moïse est un ministère doublement exigeant, risqué et ingrat. Dans cette relation entre l’humanité et Dieu, Moïse est ici un modèle de messager qui, tout en ayant une intimité exceptionnelle avec Dieu libérateur, reste un intercesseur, le défenseur inlassable d’un peuple très enclin à l’infidélité.