1 Pour ce qui est des choses dont vous m’avez écrit, il est bon à l’homme de ne toucher point de femme ; 2 toutefois, à cause des impudicités, que chacun ait sa propre femme, et que chacune ait son propre mari. 3 Que le mari rende à sa femme le devoir ; et de même la femme à son mari. 4 La femme n’a point autorité sur son propre corps, mais c’est le mari ; de même aussi le mari n’a point autorité sur son propre corps, mais c’est la femme. 5 Ne vous privez point l’un de l’autre, si ce n’est d’un consentement mutuel, pour un temps, afin de vaquer à la prière et de vous réunir de nouveau, de peur que Satan ne vous tente par votre incontinence. 6 Or, je dis ceci par condescendance, et non pas par commandement ; 7 car je voudrais que tous les hommes fussent comme moi ; mais chacun a reçu de Dieu son don particulier, l’un d’une manière et l’autre d’une autre. 8 Je dis donc à ceux qui ne sont point mariés, et aux veuves, qu’il leur est bon de demeurer comme moi ; 9 mais s’ils ne sont pas continents, qu’ils se marient ; car il vaut mieux se marier que de brûler. 10 Quant à ceux qui sont mariés, je leur commande, non pas moi, mais le Seigneur, que la femme ne se sépare point de son mari 11 (et si elle en est séparée, qu’elle demeure sans se marier, ou qu’elle se réconcilie avec son mari), et que le mari ne renvoie point sa femme. 12 Mais aux autres je leur dis, moi, et non le Seigneur : Si un frère a une femme incrédule, et qu’elle consente à habiter avec lui, qu’il ne la renvoie point ; 13 et la femme qui a un mari incrédule, s’il consent à habiter avec elle, qu’elle ne renvoie point son mari. 14 Car le mari incrédule est sanctifié par la femme, et la femme incrédule est sanctifiée par le frère ; autrement vos enfants seraient impurs, mais maintenant ils sont saints. 15 Que si l’incrédule se sépare, qu’il se sépare ; car le frère ou la sœur ne sont plus asservis en ce cas ; mais Dieu nous a appelés à la paix. 16 Car que sais-tu, femme, si tu sauveras ton mari ? Ou que sais-tu, mari, si tu sauveras ta femme ?
17 Seulement, que chacun marche selon la condition que le Seigneur lui a donnée en partage, et dans laquelle Dieu l’a appelé. C’est là ce que j’ordonne dans toutes les Églises. 18 Quelqu’un a-t-il été appelé étant circoncis ? Qu’il demeure circoncis. Quelqu’un a-t-il été appelé étant incirconcis ? Qu’il ne se fasse pas circoncire. 19 Être circoncis n’est rien ; et être incirconcis n’est rien ; mais l’observation des commandements de Dieu est tout. 20 Que chacun demeure dans la vocation dans laquelle il a été appelé. 21 As-tu été appelé étant esclave ? Ne t’en mets point en peine (mais aussi, si tu peux devenir libre, profites-en) ; 22 car l’esclave qui a été appelé dans le Seigneur est un affranchi du Seigneur ; de même aussi celui qui a été appelé étant libre, est l’esclave de Christ. 23 Vous avez été achetés à grand prix ; ne devenez point esclaves des hommes. 24 Frères, que chacun demeure devant Dieu dans l’état dans lequel il a été appelé. 25 Pour ce qui est des vierges, je n’ai point de commandement du Seigneur ; mais je donne un avis, comme ayant reçu miséricorde du Seigneur, pour être fidèle. 26 J’estime donc qu’il est bon à l’homme, à cause de la nécessité présente, de demeurer comme il est. 27 Es-tu lié à une femme ? Ne cherche point à t’en séparer. N’es-tu pas lié à une femme ? Ne cherche point de femme. 28 Si pourtant tu t’es marié, tu n’as pas péché ; et si une vierge se marie, elle ne pèche point. Mais ces personnes auront des afflictions dans la chair ; et moi je vous épargne. 29 Or je dis ceci, frères : Le temps est court désormais ; que ceux mêmes qui ont des femmes soient comme n’en ayant point ; 30 et ceux qui pleurent, comme ne pleurant point ; et ceux qui sont dans la joie, comme n’étant point dans la joie, et ceux qui achètent, comme ne possédant pas ; 31 et ceux qui usent de ce monde, comme n’en usant point ; car la figure de ce monde passe. 32 Or, je voudrais que vous fussiez sans inquiétude. Celui qui n’est pas marié, s’inquiète des choses du Seigneur, cherchant à plaire au Seigneur ; 33 mais celui qui est marié s’inquiète des choses du monde, cherchant à plaire à sa femme. 34 Et il y a cette différence entre la femme et la vierge : celle qui n’est pas mariée s’inquiète des choses du Seigneur, pour être sainte de corps et d’esprit ; mais celle qui est mariée, s’inquiète des choses du monde, cherchant à plaire à son mari. 35 Or, je vous dis ceci pour votre propre avantage, et non pour vous tendre un piège ; mais pour vous porter à ce qui est honnête et propre à vous attacher au Seigneur sans distraction. 36 Mais si quelqu’un pense qu’il ne soit pas honorable que sa fille passe la fleur de son âge, et qu’elle doive rester ainsi, qu’il fasse ce qu’il voudra ; il ne pèche point ; qu’elle se marie. 37 Mais celui qui reste ferme en son cœur, n’étant point contraint, étant maître de sa propre volonté, et qui a jugé en son cœur de garder sa fille vierge, il fait bien. 38 De sorte que celui qui marie fait bien ; et celui qui ne marie pas, fait mieux.
39 La femme est liée tout le temps que son mari vit ; mais si son mari est mort, elle est libre de se marier à qui elle veut ; seulement, que ce soit dans le Seigneur ; 40 toutefois elle sera plus heureuse, selon mon avis, si elle demeure comme elle est. Or, j’estime que j’ai aussi l’Esprit de Dieu.
Conseils sur le mariage et le célibat
Le célibat a ses avantages ; mais pour ceux qui n’en sont pas capables, le mariage est dans l’ordre ; alors les époux se doivent l’un à l’autre et ne doivent se priver l’un de l’autre qu’en des temps solennels de prière (1-8).
Tout ceci n’est qu’un conseil de l’expérience de l’apôtre ; il voudrait que tous fussent à cet égard comme lui, mais il réserve expressément la liberté de chacun (6-9).
Les Corinthiens avaient écrit à l’apôtre pour lui demander son avis, probablement sur tous les sujets traités dans ce chapitre, parce que des opinions diverses et des discussions s’étaient élevées à cet égard dans le sein de l’Église.
Tandis que, d’une part, l’exemple d’une vie voluptueuse, plus répandue à Corinthe qu’en nulle autre ville de l’antiquité, avait conservé sa pernicieuse influence même sur plusieurs des chrétiens et relâché les principes de la discipline (1 Corinthiens 6), il paraît que, d’un autre côté, une partie des membres de l’Église cherchaient un degré supérieur de sainteté dans l’abstention des relations conjugales. De là, les questions sur le mariage en général, sur le divorce, en particulier sur le célibat relativement aux veuves et aux vierges.
Il ne faut entendre par cette expression ni des relations en dehors du mariage ; dont l’apôtre ne parlerait point ainsi, ni de l’abstinence dans le mariage (voir versets 3 et 5) ; mais ce que l’apôtre déclare bon, au point de vue spécial où il se place, c’est de ne point se marier.
S’il posait ici un principe général, il serait en contradiction directe avec une parole divine : Il n’est pas bon que l’homme soit seul (Genèse 2.18). Mais tel n’est pas le cas. Saint Paul, en nous disant les motifs de son sentiment (versets 26-35), en a expliqué par là même la nature et nul n’a le droit de lui prêter autre chose que ce qu’il a si clairement exprimé.
Dieu, en donnant à l’homme une compagne, a fondé le mariage et ouvert ainsi la source de mille bénédictions ; mais il est des temps et des circonstances où tels serviteurs de Dieu, tels chrétiens peuvent se sentir appelés à sacrifier librement ces bénédictions, pour se dévouer entièrement à des travaux, à des dangers dans lesquels Dieu lui-même les a conduits.
Il faut méditer ici les paroles d’un plus grand que Paul : Matthieu 19.11 ; Luc 14.26 ; et à la lumière de ces profondes vérités, chaque disciple sincère de Jésus-Christ trouvera dans sa conscience le sens de ce mot de l’apôtre : il est bon.
Voir sur le motif du mariage ici indiqué par l’apôtre verset 9, note.
Le texte reçu porte ici : « la bienveillance due ; » une autre leçon plus sûre dit : le devoir et ce mot est expliqué par le verset 5.
Par l’unité de tout l’être, indiquée dès l’origine du mariage (Genèse 2.24).
On a prétendu que le Nouveau Testament ne renfermait aucun précepte contre la polygamie : comment pourrait-elle être plus clairement proscrite que par la réciprocité exclusive établie ici ?
Par la prière (le texte reçu ajoute « et le jeûne », contre les meilleures autorités), il faut entendre ces temps solennels que la primitive Église mettait à part pour des exercices religieux et pendant lesquels les chrétiens renonçaient à toute jouissance des sens, même à la nourriture, afin que l’homme tout entier pût se livrer, sans distraction, à des prières et à des méditations prolongées.
Mais jamais les tentations de l’ennemi ne sont plus à redouter que précisément en ces temps de prière (Matthieu 4) ; de là, l’avertissement de l’apôtre.
Ces mots : je dis ceci, se rapportent, non à tout ce qui précède sur le mariage, mais exclusivement au verset 5.
Il le dit par condescendance pour la faiblesse humaine (Ostervald traduit ce mot par celui de conseil, qui est inexact, Martin par celui de permission, qui est littéral) et non comme un commandement.
Il s’agit là, en effet, de choses qui doivent être laissées à la conscience individuelle et à la liberté chrétienne.
L’apôtre ne fait qu’indiquer ici, comme aux versets 1 et 8, le sujet qu’il développera verset 25 et suivants, verset 38 et suivants.
Il sait, par son expérience et par l’expérience opposée de ses frères mariés, que, dans les circonstances où se trouvait alors l’Église, le renoncement aux bénédictions de la famille était avantageux : il le considère comme un don (charisma) qu’il souhaite à ses frères ; mais ce don de la nature, devenu don de la grâce dans le chrétien qui en fait l’usage que Paul en faisait, doit réellement exister pour qu’on puisse le mettre en pratique, sans quoi l’on ne trouverait qu’un piège où l’on cherchait un secours et ici encore la liberté chrétienne conserve tous ses droits. Comparer Matthieu 19.10-12.
On pourrait s’étonner de voir l’apôtre n’envisager (ici et verset 2) le mariage que par son côté tout terrestre et comme un moyen d’éviter les péchés des sens.
Lui attribuer exclusivement cette vue serait le calomnier ; car nul n’a exposé d’une manière aussi élevée le côté spirituel et saint de l’union conjugale, qu’il n’a pas craint de comparer à l’union de Christ et de son Église (Éphésiens 5.22 et suivants) ;
Mais il faut considérer ici ceux auxquels il s’adressait. Ces Corinthiens, dont plusieurs étaient enflés des dons extraordinaires de l’Esprit, mais pauvres en humilité, en charité, en renoncement ; ces chrétiens qui, ambitieux d’une sainteté fantastique, en étaient venus déjà à regarder les relations du mariage comme un état d’infériorité, même entre gens mariés (versets 5 et 10), et qui cependant abusaient de la liberté chrétienne au point de souffrir dans l’Église la présence des plus honteux désordres (1 Corinthiens 5.1 et suivants) ; ces hommes, qu’il fallait ramener des hauteurs d’une fausse spiritualité au naturel et au vrai, Paul ne pouvait, ne devait pas leur tenir un autre langage.
Entre époux chrétiens, point de séparation, ou en cas de séparation, point de second mariage (10, 11).
Dans les mariages mixtes, si celui des époux qui est encore païen consent à rester dans l’union, que le chrétien ne s’en sépare point ; car cette union et les enfants qui en procèdent sont sanctifiés par la partie chrétienne (12-14).
Mais si l’infidèle veut se séparer, le fidèle n’est point asservi à ce lien ; car il faut pouvoir vivre en paix et qui sait si l’un des époux gagnerait l’autre à Christ (15, 16) ?
Donc, règle générale : Rester en l’état où l’on est appelé par l’Évangile : mariés ou non, circoncis ou incirconcis, esclaves ou libres, que rien ne rende esclaves, des hommes qui sont les rachetés de Christ (17-24).
La question du divorce, même entre époux chrétiens, avait donc été posée à l’apôtre, et cela, par les vues fausses mentionnées dans la note qui précède. Paul se borne à répondre ce que nous trouvons dans ces deux versets (versets 10 et 11), puis il passe à la question plus difficile du divorce dans les mariages mixtes. Sur le premier point, il pouvait être bref en interdisant le divorce entre chrétiens ; car ici il y a un commandement du Seigneur, auquel il se contente d’en appeler (Matthieu 5.32 ; Matthieu 19.9 ; comparez verset 40, dernière note).
Et il suit tellement à la lettre ce commandement, qu’il résulte de ses paroles les deux principes suivants :
C’est-à-dire à ceux qui, mariés avant de connaître l’Évangile, se trouvaient dans la difficile position d’un mariage mixte de la pire espèce, par la conversion d’un des époux, tandis que l’autre était encore païen.
Ici l’apôtre n’a pas, comme dans le cas précédent, un commandement du Seigneur : il parle donc lui-même selon les lumières de l’Esprit de Dieu qui est en lui (voir verset 40, dernière note ; comparez verset 25).
Il était impossible qu’une union dans laquelle un des époux restait païen, tandis que l’autre avait été converti par l’Évangile, n’inspirât pas à ce dernier des doutes pénibles sur la conduite qu’il devait tenir.
Échappé au royaume des ténèbres, reçu par le baptême dans le royaume de Christ, il voyait en celui auquel il était associé un être encore plongé dans les abominations du paganisme ; une telle union était-elle chrétiennement légitime ? n’était-elle pas impure ? Les enfants mêmes qui en naîtraient ne participeraient-ils pas de cette souillure ?
Terribles questions pour une conscience délicate ! questions que les chrétiens de Corinthe ont proposées à l’apôtre et sur lesquelles il ne leur donnera son avis avec tant d’assurance que parce qu’il est bien sûr d’avoir l’Esprit de Dieu (verset 40).
Eh bien, cet avis est que la partie chrétienne ne doit pas, d’elle-même, se séparer, mais seulement ne pas s’opposer à cette séparation, si la partie païenne la veut. Le motif qu’en donne l’apôtre part d’un principe profond et très vrai aux yeux d’une foi vivante : c’est que les deux éléments opposés de la vérité et de l’erreur, de la lumière et des ténèbres, étant mis en contact dans le monde, où spécialement dans l’union dont il s’agit ici, le bien doit finalement rester victorieux du mal, le royaume de Dieu l’emporter sur le royaume de Satan.
D’après cette vue, la puissance de la vie chrétienne et de l’Esprit de Dieu dans un des époux, sanctifie l’autre, c’est-à-dire lui fait éprouver cette influence, d’abord lointaine, que l’Évangile exerce même sur les mondains incrédules, le place sous l’action des moyens de grâce, en un mot, consacre l’union, la met à part pour Dieu (tel est ici et très fréquemment, le sens du mot sanctifier, 1 Timothée 4.5).
Par la même raison, les enfants issus de cette union, placés dès leur berceau sous l’influence chrétienne de l’un des époux, consacrés au Seigneur, élevés dans les bénédictions de l’alliance de grâce, sont saints (ce mot étant pris dans le sens indiqué cidessus).
Cette pensée n’est point en contradiction avec les enseignements de l’Écriture sur ce qu’on a appelé le péché originel, car il est bien évident que les enfants dont parle ici l’apôtre, nés dans le péché, auront, comme tout enfant d’Adam, besoin de la régénération et de la sanctification que les moyens de grâce mis à leur portée sont destinés à opérer.
Le privilège spécial que l’apôtre attribue ici aux enfants des fidèles découle du bénéfice de l’alliance de grâce, par laquelle est ôtée la malédiction naturelle (Psaumes 51.7 ; Éphésiens 2.3) ; en sorte que ceux qui étaient profanes sont consacrés par la grâce. C’est ainsi que l’apôtre argumente quand il dit (Romains 11.16) que toute la postérité d’Abraham est sainte, parce que Dieu a conclu avec lui l’alliance de vie. Si la racine est sainte, dit-il, les branches le sont aussi. Et Dieu appelle ses fils tous ceux qui sont nés d’Israël. Or, maintenant que le mur de séparation a été renversé, la même alliance de salut que Dieu avait traitée avec Abraham, nous est communiquée.
De là, le réformateur tire, avec raison, un puissant argument en faveur du baptême des enfants : « Que si les enfants des fidèles ont, dans le genre humain, une position exceptionnelle, afin d’être mis à part pour le Seigneur, pourquoi les exclurions-nous du signe ? Si le Seigneur les admet dans son Église par sa Parole, pourquoi leur refuserions-nous le signe ? »
Grec : « Dans de telles choses ». Asservis à quoi ? À considérer encore comme existante et obligatoire une union rompue de fait par la séparation d’un des époux ; ou bien asservis à renouer les liens brisés ; à imposer l’union, contre sa volonté, à celui qui s’est séparé. L’un et l’autre sens sont admissibles, probablement l’un et l’autre sont dans la pensée de l’apôtre.
C’est sur cette parole que s’est appuyée l’Église évangélique et la législation dans les pays protestants pour autoriser le divorce dans le cas appelé malitiosa desertio, c’est-à-dire l’abandon d’un des époux par l’autre, bien que Jésus-Christ ne l’eût admis que pour cause d’adultère. L’un des cas a été assimilé à l’autre.
Grec : « Dans la paix ». Par conséquent (tel est l’argument de l’apôtre) nous devons, autant qu’il dépend de nous, avoir la paix avec tous les hommes (Romains 12.18) ; donc, que la paix soit ici votre règle : la paix ne brisera pas l’union, mais aussi elle ne l’imposera pas à celui qui s’est séparé, pour reformer un mariage dans lequel il n’y aurait certainement point de paix.
En rapportant cette question au verset 15 seulement, elle devient un argument négatif pour celui des époux qui a été abandonné, de ne pas insister pour une réunion dans laquelle la conversion de l’autre est incertaine.
Mais la plupart des commentateurs et des traducteurs, depuis Chrysostome et Calvin, voulant appliquer ce verset comme un argument positif à la pensée générale de l’apôtre contre la séparation de la partie chrétienne dans le mariage mixte (verset 12), le paraphrasent plutôt qu’ils ne le traduisent ainsi : « Que sais tu, femme, si tu ne sauveras pas ton mari ? Ou que sais-tu, mari, si tu ne sauveras pas ta femme ? » et ils en font un motif pour l’époux chrétien de rester uni à l’infidèle, dans l’espérance de le convertir à Christ. Cela paraît plus conforme à l’ensemble, mais cela fait violence au sens grammatical.
La vérité est que Paul dit : « Tu ne sais ni oui, ni non ; ainsi donc, si la partie païenne veut rester dans l’union, c’est bien (verset 12 et suivants) ; sinon, l’autre n’est point liée » (verset 15).
Quoi qu’il en soit, bien imprudents sont les chrétiens qui, si souvent, ont prétendu trouver dans ce verset un argument pour s’autoriser à contracter un mariage en dehors de la foi, dans l’espoir de gagner à Christ celui ou celle à qui ils veulent s’unir ; les paroles de l’apôtre ne sont pas pour eux, mais contre eux.
Grec : « Sinon (si tu ne le sais pas), que chacun, selon que Dieu lui a fait son partage, chacun, comme le Seigneur l’a appelé, marche ainsi ! » Dans toutes les choses extérieures qui ne touchent ni à la foi, ni à la vie de l’âme, que le chrétien soit sans anxiété et ne se fasse pas un devoir arbitraire d’apporter des changements à sa position.
Qu’il reste dans l’état où Dieu l’a appelé par l’Évangile, se fiant à la puissance intérieure de la vie chrétienne et ne s’imaginant pas que les difficultés de sa position seront un empêchement à son salut. Par ces mots, l’apôtre confirme le conseil qu’il a donné verset 12 et suivants, sans rétracter la liberté donnée au verset 15. Et, pour compléter et généraliser sa pensée, Paul, dans les versets qui suivent, cite quelques exemples et se résume verset 24.
Preuve évidente qu’en écrivant l’observation placée en tête de tout cet article (verset 12), l’apôtre n’avait renoncé ni à son autorité apostolique d’ordonner, ni à son inspiration (comparer verset 40, note).
Paul n’a point l’intention de traiter ici de la circoncision ni de l’esclavage (verset 21), mais il cherche simplement par ces exemples à rendre plus clairs et plus complets les principes qu’il a énoncés relativement au mariage. Dès que l’accomplissement de la loi a eu lieu par Jésus-Christ (Matthieu 5.17, note), toutes les figures de l’ancienne alliance, qui avaient, pour un temps, une grande importance, deviennent inutiles : telle est la circoncision.
Ce principe élevé et spirituel n’a pénétré qu’à grand-peine dans l’Église chrétienne (Actes 11.2 et suivants ; Actes 15.1 et suivants).
Grec : « Mais si même tu peux devenir libre, use plutôt… » de quoi ? de ta servitude ou de ta liberté ?
S’attachant rigoureusement à cette tournure, Chrysostome et, après lui, plusieurs Pères de l’Église et plusieurs interprètes modernes ont soutenu que l’apôtre conseillait aux esclaves de rester dans l’esclavage, même s’ils pouvaient légitimement devenir libres.
Ils appuient leur opinion :
Est-il probable, d’ailleurs et conforme à l’esprit de l’Évangile que l’apôtre voulût conseiller aux esclaves de rester tels, même si on leur donnait la liberté ? C’est bien assez, ce semble, qu’il leur dise de ne pas se mettre en peine de leur état d’oppression. Mais aussi, comme il les relève de cette abjection devant les hommes en leur montrant leur liberté dans le Seigneur ! (verset 22)
Cette liberté spirituelle devait nécessairement amener la liberté extérieure et l’amènera certainement partout ; mais du dedans au dehors, par la puissance intérieure du levain qui pénètre toute la pâte. Jusque-là, la grande affaire n’était pas pour eux la servitude ou l’affranchissement, mais l’appel du Seigneur, la liberté des enfants de Dieu. Cette pensée rentre dans l’argument général de l’apôtre, elle est conforme à tout l’esprit de l’Évangile, qui ne procède jamais par révolutions et elle était pour les esclaves la plus précieuse consolation qui pût leur être offerte.
L’esclave et le libre se rencontrent dans la libre et glorieuse servitude de Christ, qui établit entre eux une égalité infiniment plus profonde que ne l’est l’inégalité extérieure de leurs positions.
Voir sur la vraie liberté Jean 8.36.
Cette source de la vraie liberté (rachetés à grand prix) a déjà été nommée par l’apôtre (1 Corinthiens 6.20).
Ces derniers mots : Ne devenez point les esclaves des hommes, ne doivent pas s’entendre dans le sens propre, mais spirituel.
En effet, au sens littéral, pour les libres, il n’y avait pas de danger qu’ils voulussent devenir esclaves et selon le droit romain, cela n’était pas même possible ; et pour les esclaves, ces mots seraient un appel à la révolte, bien opposé à la pensée de l’apôtre (verset 21), et plus encore de Éphésiens 6.5.
Mais, dans le sens spirituel, adressées aux uns et aux autres, ces belles paroles terminent admirablement l’exhortation de Paul : Quiconque, esclave ou libre, se fait un tourment des difficultés de sa position extérieure, comme si son salut en dépendait, se rend esclave des hommes ; tandis que le Seigneur, en rachetant les âmes, a transformé en liberté la servitude même de l’esclave.
Du reste, il va sans dire qu’une parole absolue et profonde comme l’est celle-ci, a une portée bien plus étendue encore et est susceptible des applications les plus diverses.
Troisième répétition de ce sage principe appliqué par l’apôtre au mariage (verset 17), à la circoncision (verset 20), à l’esclavage (verset 24), et pouvant ainsi être approprié à toutes les situations.
Ces mots : devant Dieu, ou plutôt auprès de Dieu, qui a appelé dans ces états divers, détournent la pensée de toute opinion humaine sur la valeur respective de ces positions et l’élèvent jusqu’à Dieu, qui les a faites, qui seul les sanctifie et qui a tous les moyens d’en adoucir les amertumes, d’en écarter les dangers, de les faire concourir au bonheur éternel de ses enfants.
Ce qui ne veut point dire que l’apôtre entende fixer irrévocablement chaque chrétien dans sa position extérieure ; il enseigne seulement que cette position importe peu à la vie chrétienne, laquelle ne vient point bouleverser les rapports sociaux, mais plutôt les sanctifier en procédant du dedans au dehors. Elle réserve toujours la liberté individuelle, car elle est la liberté même.
Quant aux personnes non mariées, n’ayant point de commandement du Seigneur, l’apôtre leur conseille de rester telles, à cause des temps mauvais qui s’approchaient ; il n’y a point de péché à se marier, mais le mariage procure des afflictions qu’il voudrait épargner à ses frères (25-28).
En général, le temps est court, il importe au chrétien de se détacher de tout ; que ni une femme, ni les larmes, ni la joie, ni les possessions, ni les jouissances du monde, dont la figure passe, ne l’asservissent (29-31).
Je voudrais que vous fussiez sans inquiétude : en sera-t-il ainsi pour les chrétiens mariés ? Ils s’inquiètent des choses du monde et de plaire l’un à l’autre ; tandis que ceux qui ne sont pas mariés ne s’inquiètent que de plaire au Seigneur et de parvenir à la sainteté (32-34).
L’apôtre ne veut pas tendre un piège à ses frères, il réserve leur liberté : si donc un père trouve convenable de marier sa fille, il fait bien ; mais si, ferme dans la résolution contraire, il ne la marie pas, il fait mieux (35-38) La femme dont le mari est mort, est libre de se remarier, mais elle sera plus heureuse si elle reste veuve (39, 40 a)
Tous ces conseils, Paul a la conscience qu’il les donne à la lumière de l’Esprit de Dieu dont il est éclairé (40 b)
C’est-à-dire des personnes non mariées, de l’un et de l’autre sexe, comme la suite le démontre.
L’apôtre revient ici au sujet principal abordé aux versets 1 et 9.
Sur ce point, c’est-à-dire sur la question proprement dite du mariage et du célibat, Paul déclare qu’il n’a reçu de commandement du Seigneur, ni par la tradition évangélique, ni par les révélations dont il a été lui-même favorisé.
Ce qu’il va dire sera donc de lui, l’apôtre de Jésus-Christ, qui a obtenu une miséricorde à laquelle il attribue humblement toute sa fidélité et par laquelle il est éclairé et dirigé dans toutes ces épineuses questions de la vie humaine en des temps mauvais (comparer verset 40, note).
Grec : « J’estime donc que cela est bon à cause de la nécessité présente (ou imminente), qu’il est bon (dis-je) à l’homme d’être ainsi ; » ou bien : « parce qu’il est bon à l’homme d’être ainsi ».
Il y a doute sur cette construction. Les uns ne voient dans le second membre de la phrase que la reprise du premier, les autres y voient la raison du jugement de l’apôtre : Être ainsi, c’est-à-dire vierge (verset 25), est bon dans la nécessité présente, parce que cela est bon en général (verset 1).
Quoi qu’il en soit, on voit qu’ici Paul fonde particulièrement son opinion favorable au célibat sur les grandes épreuves qui allaient atteindre l’Église : la guerre des Romains en Judée, la destruction de Jérusalem, les persécutions, tout ce qui est prédit dans Matthieu 24.
Le conseil de l’apôtre, vu les circonstances, est contre le mariage (versets 1, 37 et 38), dont il a grand soin cependant de garantir toute la légitimité (verset 36).
Étymologiquement, le mot traduit ici par court a bien ce sens, mais l’usage classique lui avait donné la signification de anxieux, plein d’angoisse, où le cœur se sent à l’étroit, oppressé (comparer les avertissements de Jésus-Christ sur ce même temps ; Matthieu 24.19-20 ; Luc 23.29).
Il ne dit pas seulement que le monde passe, mais sa figure, parce que tout, dans l’économie présente qui va finir, n’est que figures, formes, apparences, masques (surtout dans le monde, au sens de l’Écriture).
Et de là saint Paul tire la conséquence que le chrétien doit vivre dans un état habituel de complet détachement, avoir dans ce monde le moins de liens possible et n’être esclave d’aucune chose heureuse ou triste.
Il y a ici une grande variété de leçons et de constructions dans les divers manuscrits.
Le verbe grec que nous rendons par les mots : il y a cette différence, signifie proprement être partagé.
Or, en rattachant ce mot au verset précédent, M. Rilliet traduit, d’après le Vaticanus : « celui qui est marié s’inquiète des choses du monde…et il est partagé » (entre les soins terrestres et ceux de la vie chrétienne).
Si au contraire on rapporte le mot à ce qui suit, on peut le rendre ainsi : « la femme (mariée) et la vierge sont partagées, divisées » par des intérêts, des soins divers : l’une pour les choses du Seigneur, l’autre pour les choses du monde.
De là, notre traduction ordinaire : il y a cette différence.
Il y a lieu de mentionner enfin la traduction proposée par M. Godet : « La femme mariée aussi est partagée. La vierge non mariée prend souci des choses du Seigneur… »
L’apôtre applique ici (versets 32-34) au mariage ce qu’il vient de dire de la difficulté et de la brièveté du temps, aussi bien que du détachement qui doit en résulter pour le chrétien. Quand il s’agit de confesser le Seigneur en des temps d’épreuve et de persécution, quand cette confession est accompagnée de sacrifices et de dangers, quand le chrétien se sent appelé à consacrer tout son temps au service de Dieu, à lui offrir jusqu’à sa vie, il est certain que les liens et les soucis de la famille peuvent contribuer puissamment à ce que le cœur soit partagé, irrésolu ; on se donne beaucoup plus difficilement tout entier à la cause de Christ.
C’est ce que l’apôtre appelle s’inquiéter des choses de ce monde, plaire à sa femme, plaire à son mari, c’est-à-dire se consacrer l’un à l’autre, s’employer, se dépenser l’un pour l’autre. Dans ce sens, ces paroles sont dignes d’une sérieuse considération pour tous les temps.
Mais, d’un autre côté, puisqu’en toutes circonstances, même les plus fâcheuses, le chrétien reste libre à cet égard (verset 28, note) ; puisque Dieu a institué le mariage et l’a sanctifié, il peut se servir précisément de ces afflictions de la chair (verset 28), de ces inquiétudes (versets 32-34) dont parle l’apôtre, non moins que des mille complications de la vie domestique, comme de puissants moyens d’éducation et de sanctification pour ses enfants.
La famille chrétienne a un beau témoignage à rendre dans ce monde, sa mission sainte à remplir, aussi bien que le disciple de Christ pris individuellement. Ces deux faces de la question paraissent-elles se contredire ? Que chacun cherche la solution dans son propre cœur et dans la parole de Paul (verset 7).
Vous priver de votre liberté chrétienne, ou vous induire dans des tentations qui seraient bien pires que toutes les épreuves du mariage.
Le texte grec peut être rendu de diverses manières.
M. Godet traduit :
Mais si quelqu’un estime porter atteinte à l’honneur de sa fille (le verbe grec a plutôt ici le sens actif que le sens passif), si elle passe l’âge de se marier et qu’il doive en être ainsi (c’est-à-dire qu’il faut que le mariage ait lieu), qu’il fasse ce qu’il veut ; il ne pèche pas ; qu’ils se marient
Une variante plus autorisée met ce dernier verbe au pluriel, le rapportant à la jeune fille et au jeune homme qui la demande en mariage.
Telle est la conclusion, le résumé de ce qui précède (comparer verset 28, note).
La question décidée en peu de mots dans ce verset est tout à fait distincte des précédentes et probablement les Corinthiens avaient aussi demandé à Paul son avis à cet égard.
Il s’agit d’un second mariage pour les veuves, question fréquemment soulevée dans l’Église primitive.
L’apôtre répond que la veuve a la liberté de se remarier ; mais, fidèle au principe qu’il a puisé pour d’autres dans les circonstances présentes, il ajoute qu’elle sera plus heureuse en ne le faisant pas (verset 40). Si toutefois elle use de sa liberté a cet égard, ce devra être dans le Seigneur, c’est-à-dire en communion avec lui, en consultant sa volonté et avant tout, en n’épousant qu’un de ses disciples.
L’apôtre ajoute ce dernier mot contre de faux docteurs de Corinthe, qui, afin de s’élever en abaissant Paul, prétendaient, pour ainsi parler, au monopole des lumières du Saint-Esprit. Il faut donc appliquer cette observation à tout ce qui précède.
Elle suffit, sans doute, pour inspirer aux chrétiens de Corinthe la plus entière confiance en tout ce que l’apôtre venait de leur écrire. Comment se fait-il donc qu’on ait trouvé tant de difficultés au sujet de certaines remarques et certaines restrictions que Paul fait, dans ce chapitre, au sujet des conseils qu’il avait à donner ?
Ces remarques et ces restrictions, qu’on a eu le tort d’appliquer à l’inspiration de l’apôtre, sont au nombre de cinq : versets 6, 10, 12, 25, 40.
Et voici le système que l’on a bâti là-dessus : Paul, dans ces passages, déclare tantôt qu’il ne parle plus par inspiration, tantôt qu’il a un commandement du Seigneur, tantôt qu’il n’en a pas, mais qu’il se contente de donner un simple conseil.
Donc, a-t-on conclu de là, il enseigne, dans ce dernier cas, sans autre autorité que celle d’un simple chrétien ; donc, il est sujet à l’erreur ; donc, il s’est trompé réellement ; donc, il distingue ce qu’il dit par inspiration de ce qu’il enseigne comme simple chrétien ; et de là encore une foule de théories sur la nature et le mode de l’inspiration et des conséquences de toute espèce tirées de ce fait prétendu.
Or, ce fait, ou, si l’on veut, ce principe, il n’en est pas question dans les paroles de l’apôtre. Paul, écrivant aux Églises, pour l’instruction de tous les siècles dans la sainte vérité de Dieu est toujours inspiré, éclairé, animé de l’Esprit de Dieu. Mais l’idée étrange qu’il aurait déposé par moments cette inspiration, comme un habit, pour la reprendre ensuite, qu’il aurait ainsi laissé dans le sanctuaire de la vérité divine une porte entr’ouverte, par laquelle nous nous hâtons d’introduire nos systèmes, cette idée est une pure invention des hommes.
Qu’a donc voulu nous apprendre l’apôtre par les cinq observations mentionnées ci-dessus ?
Il n’y a qu’à relire sans idée préconçue et tout reste fort simple :
Et c’est alors que, non content d’avoir écrit toutes ces choses sous l’autorité de son apostolat, il ajoute ces mots, où se trahit une fine et sainte ironie à l’adresse des faux docteurs : Or, j’estime que j’ai aussi, moi, l’Esprit de Dieu. Et c’est le sceau divin de cet Esprit qui repose sur tout ce qui précède, comme sur tous les oracles de Dieu.
Ainsi donc, en résumé, l’apôtre, toujours conduit par l’Esprit du Seigneur, fait deux distinctions fort importantes pour ses lecteurs.
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