1 Bien-aimés, ne croyez pas à tout esprit, mais éprouvez les esprits, pour savoir s’ils sont de Dieu ; car beaucoup de faux prophètes ont paru dans le monde. 2 Reconnaissez l’Esprit de Dieu à ceci : tout esprit qui confesse Jésus-Christ venu en chair est de Dieu ; 3 et tout esprit qui ne confesse pas Jésus n’est pas de Dieu ; et cet esprit est celui de l’antéchrist, dont vous avez entendu dire qu’il vient, et maintenant il est déjà dans le monde. 4 Vous, vous êtes de Dieu, petits enfants, et vous les avez vaincus ; parce que Celui qui est en vous est plus grand que celui qui est dans le monde. 5 Eux, ils sont du monde, c’est pourquoi ils parlent le langage du monde, et le monde les écoute. 6 Nous, nous sommes de Dieu : celui qui connaît Dieu nous écoute ; celui qui n’est point de Dieu ne nous écoute point ; à cela nous connaissons l’esprit de la vérité et l’esprit de l’erreur. 7 Bien-aimés, aimons-nous les uns les autres ; car l’amour est de Dieu, et quiconque aime est né de Dieu et connaît Dieu. 8 Celui qui n’aime point, n’a point connu Dieu ; car Dieu est amour. 9 En ceci l’amour de Dieu a été manifesté en nous, c’est que Dieu a envoyé son Fils unique dans le monde, afin que nous vivions par lui. 10 En ceci est l’amour, non en ce que nous avons aimé Dieu, mais que lui nous a aimés, et qu’il a envoyé son Fils comme propitiation pour nos péchés. 11 Bien-aimés, si Dieu nous a aimés ainsi, nous aussi nous devons nous aimer les uns les autres. 12 Personne n’a jamais vu Dieu ; si nous nous aimons les uns les autres, Dieu demeure en nous, et son amour est parfait en nous.
13 À ceci nous connaissons que nous demeurons en lui et lui en nous, c’est qu’il nous a donné de son Esprit. 14 Et nous avons vu et nous rendons témoignage que le Père a envoyé son Fils comme Sauveur du monde. 15 Celui qui confessera que Jésus est le Fils de Dieu, Dieu demeure en lui, et lui demeure en Dieu. 16 Et nous, nous avons connu et nous avons cru l’amour que Dieu manifeste en nous. Dieu est amour, et celui qui demeure dans l’amour demeure en Dieu, et Dieu en lui.
17 C’est en cela que l’amour est rendu parfait chez nous, afin que nous ayons de l’assurance au jour du jugement, car tel il est, tels nous sommes dans ce monde. 18 Il n’y a pas de crainte dans l’amour, mais l’amour parfait bannit la crainte ; car la crainte implique châtiment, et celui qui craint n’est pas parfait dans l’amour. 19 Pour nous, nous aimons, parce que lui nous a aimés le premier. 20 Si quelqu’un dit : J’aime Dieu, et qu’il haïsse son frère, c’est un menteur ; car celui qui n’aime pas son frère, qu’il voit, ne peut aimer Dieu, qu’il ne voit pas. 21 Et nous avons reçu de lui ce commandement : Que celui qui aime Dieu, aime aussi son frère.
Éprouvez les esprits
Ne vous fiez pas à tout esprit ; mettez les esprits à l’épreuve pour voir s’ils sont de Dieu. Celui qui confesse Jésus-Christ comme venu en chair a l’Esprit de Dieu ; celui qui ne le confesse pas a l’esprit de l’antéchrist, qui apparaît déjà dans le monde (1-3).
Les enfants de Dieu et les enfants du monde
Jean déclare à ses lecteurs que, nés de Dieu, ils ont vaincu les adversaires par la puissance de Celui qui est en eux. Les faux prophètes se font écouter du monde, dont ils parlent le langage. Les chrétiens sont écoutés de ceux qui connaissent Dieu, mais pas de ceux qui ne le connaissent point. Ce sont là les signes distinctifs de l’esprit de vérité et de l’esprit d’erreur (4-6).
C’est-à-dire à tout docteur ou prophète qui parle et enseigne en se donnant pour inspiré de Dieu (comparer 1 Corinthiens 14.32 ; 1 Corinthiens 12.3 ; 1 Corinthiens 12.10 ; 2 Thessaloniciens 2.2 ; 1 Timothée 4.1). L’apôtre vient d’invoquer le témoignage du Saint-Esprit en nous, comme preuve que nous sommes en communion avec Dieu (1 Jean 3.24) ; mais il se souvient que plusieurs prétendent à ce témoignage, tout en étant dans de mortelles erreurs et il met ses frères en garde contre ces faux docteurs. Il répète ici des avertissements déjà donnés (1 Jean 2.18 et suivants). On remarque d’ailleurs (Krüger), dans le mouvement de la pensée de Jean, un parallélisme frappant entre les deux premières parties de l’épître (1 Jean 1.5-2.17 et 1 Jean 2.28-3.18). Les deux développements, après des exhortations à l’amour fraternel, aboutissent à la question christologique (1 Jean 2.18-27 et versets 1-6).
Il y a des faux prophètes sous la nouvelle Alliance, comme il y en eut sous l’ancienne. Ils sont (grec) sortis dans le monde (2 Jean 1.7) ; poussés par l’esprit de mensonge qui les anime, ils vont répandre leurs erreurs. Il est donc nécessaire d’éprouver les esprits (comparez 1 Thessaloniciens 5.21) pour savoir s’ils sont de Dieu, c’est-à-dire si c’est Dieu qui les envoie, si l’Esprit de Dieu (verset 2) parle en eux. La doctrine qu’ils annoncent est le signe certain de la présence ou de l’absence de l’Esprit de Dieu.
Comparer 1 Jean 2.22 ; 1 Jean 2.23, notes.
Ici l’apôtre dit plus explicitement que dans le premier passage ce qu’il entend par confesser Jésus-Christ venu en chair : c’est professer la foi au Christ historique comme Fils de Dieu, comme Parole de Dieu qui est devenue chair, qui a revêtu notre humanité d’une manière réelle et définitive. Cette dernière pensée est exprimée par le participe parfait, qui indique un fait accompli dont les conséquences demeurent (voir sur l’incarnation Jean 1.14, 1re note et sur le mot chair appliqué à Jésus-Christ, Romains 1.3 ; Romains 1.4, note).
La confession de Jésus-Christ, venu en chair est le principal signe auquel les chrétiens pourront discerner les esprits et savoir s’ils viennent de Dieu. Ce grand fait de l’incarnation implique celui de la rédemption.
La divinité du Christ, l’incarnation, est le christianisme lui-même et il est assez clair qu’elle ne saurait être rien de moins. Pour qui admet« Emmanuel »ou« la Parole faite chair », tout est là et cette doctrine est dès lors à celle de la rédemption ce que le contenant est au contenu.
Ce fait entièrement reconnu nous prémunit contre toute erreur essentielle et montre que nous possédons la vérité sur Dieu, sur l’homme, sur le péché, sur l’œuvre de la grâce en nous. Aussi Paul, quoique à un autre point de vue, tient-il le même langage que Jean (2 Corinthiens 5.19 ; Colossiens 1.13-20).
Selon son habitude, Jean exprime sa pensée, d’abord positivement au verset 2, puis négativement au verset 3. Dans ce dernier verset, la leçon de B, A, que nous avons admise avec tous les critiques actuels, porte seulement les mots : « Et tout esprit qui ne confesse pas Jésus ». En grec, ce dernier nom est précédé de l’article : le Jésus, qui vient d’être défini comme « venu en chair »
Le texte reçu porte : « Qui ne confesse pas Jésus-Christ venu en chair ». On suppose que cette formule a passé, par inadvertance, du verset 2 au verset 3. Mais il faut reconnaître que ces mots se lisent au verset 3 dans la Peschito et que le Sinaïticus les renferme, avec cette seule différence qu’il porte : « Jésus le Seigneur venu en chair ».
Enfin la leçon complète se trouve déjà dans Polycarpe (épître aux Philippiens chapitre 7). Elle est aussi plus en harmonie avec le style de Jean, qui aime ces antithèses symétriques. Si malgré ces raisons qu’on peut alléguer en sa faveur, les critiques s’accordent à admettre le texte plus simple : le Jésus, c’est, entre autres, à cause du témoignage de l’historien ecclésiastique Socrate (vers 440), qui rapporte que d’anciens manuscrits portaient : « Et tout esprit qui dissout Jésus, n’est point de Dieu ». Cette variante se retrouve chez Irénée, Origine, Augustin et dans la Vulgate. Elle n’est probablement pas authentique, mais elle rend très bien la pensée contenue dans l’expression vague : qui ne confesse pas.
L’intention de Jean est de combattre l’erreur, naissante alors, qui consistait à dissoudre, à détruire Jésus, en séparant l’homme d’avec le Christ divin, qui ne se serait uni à lui que pour un temps, erreur appelée plus tard docétisme. Voilà pourquoi Jean unit étroitement ces deux termes : Jésus-Christ, venu en chair.
Voir 1 Jean 2.18, 2e note. D’autres traduisent : ne pas confesser Jésus, c’est là l’esprit ou le propre ou l’action de l’antéchrist. Il faut du discernement pour reconnaître l’esprit de l’antéchrist, parce qu’il se produit sous les dehors de la vérité. « Satan se déguise en ange de lumière » (2 Corinthiens 11.14).
Celui qui est en vous, c’est Dieu qui habite, par son Saint-Esprit, dans l’âme de ceux qui sont « nés de lui » (1 Jean 2.20 ; 1 Jean 2.27 ; comparez 1 Jean 3.9).
Par sa présence il leur atteste qu’ils sont de Dieu (versets 1 et 3) et il leur donne l’assurance d’une pleine victoire, puisque lui, qui est en eux, est plus grand, plus puissant que le prince de ce monde.
Cette victoire sur les prophètes de mensonge, ils l’ont déjà remportée et ils la remporteront jusqu’au bout, c’est ce qu’implique le verbe au parfait (comparer 1 Jean 2.12 ; 1 Jean 2.13 ; Jean 16.33).
Grec : disent des choses venant du monde.
Quand nous avons à « éprouver les esprits », voici le signe certain auquel nous discernerons l’esprit de la vérité et l’esprit de l’erreur : ceux qui ont le second, sont du monde et se trahissent par leur langage.
Ils parlent comme étant du monde, c’est-à-dire que, tout en prétendant avoir la vérité de Dieu, ils la proposent dans un esprit et sous des formes qui plaisent au monde et c’est pour cela que le monde les écoute. Et cela même est un nouveau piège pour les enfants de Dieu, trop souvent tentés de voir dans le succès un signe de vérité.
Jean relève donc l’opposition irréductible qu’il y a entre l’esprit du monde et l’esprit de Dieu, entre le langage des faux docteurs qui recueille l’approbation du monde et le témoignage des chrétiens qui n’est reçu que par celui qui obéit à Dieu : Qui connaît Dieu nous écoute, qui n’est point de Dieu ne nous écoute pas. Et cette opposition, le Maître l’a exprimée aussi vivement que le disciple (Jean 3.31 ; Jean 8.23-47 ; Jean 10.2-5 ; Jean 18.37).
Quiconque donc veut l’affaiblir, l’effacer par un enseignement qui flatte les penchants du monde, n’a pas l’esprit de la vérité, mais l’esprit de l’erreur (grec de l’égarement).
Communion avec Dieu par l’amour dont Dieu nous a rendus capables en nous aimant et nous donnant son Fils
Jean invite ses frères à s’aimer mutuellement ; ce sera le moyen de connaître Dieu qui est amour. Son amour s’est manifesté par l’envoi de son Fils, en qui nous avons la vie. Nous n’avons pas aimé Dieu les premiers, mais lui nous a donné son Fils pour couvrir nos péchés. Dieu est invisible. Il demeure en nous quand nous nous aimons les uns les autres (7-12).
Communion avec Dieu attestée par l’Esprit et manifestée dans la confession du Fils de Dieu. Connaissance expérimentale de l’amour divin
Nous reconnaissons que nous demeurons en Dieu au fait qu’il nous a donné son Esprit ; nous témoignons qu’il a donné son Fils au monde comme Sauveur ; celui qui confesse Jésus, comme le Fils de Dieu, demeure en Dieu. Ainsi nous connaissons, par l’expérience de la foi, l’amour de Dieu, manifesté dans notre vie et nous demeurons dans cet amour (13-16).
L’amour fondement de notre assurance
L’amour ainsi rendu parfait nous rassure pour le jugement, car, tout en demeurant dans ce monde hostile, nous avons avec Dieu les mêmes relations que Jésus a avec lui dans la gloire. L’amour parfait exclut cette crainte qui naît du sentiment de la culpabilité et qui est le châtiment du péché. Celui qui éprouve cette crainte n’est pas parfait dans l’amour. Nous aimons Dieu, parce qu’il nous a aimés le premier ; et cet amour nous oblige à aimer nos frères, sous peine d’être des menteurs ; car celui qui n’aime pas son frère qu’il voit ne peut aimer le Dieu invisible. De plus, nous avons de lui le commandement exprès d’aimer nos frères (17-21).
Par ces paroles, l’apôtre revient au sujet qu’il affectionne avant tout, l’amour fraternel, dans lequel il voit l’essence de la vie chrétienne (comparer 3.11-23). Il l’envisage ici sous des aspects nouveaux. Deux commentateurs récents traduisent par l’indicatif, comme au verset 19 « Nous nous aimons les uns les autres, parce que l’amour est de Dieu ». L’impératif plus naturel dans ce contexte où l’exhortation domine (1 Jean 4.11 ; 1 Jean 3.11 et suivants).
Cette pensée est complétée dans 1 Jean 5.1 ; elle est de la plus haute importance pour l’intelligence de ce qui suit. L’amour dont l’apôtre parle n’est point de l’homme naturel, il est de Dieu, il vient de lui, car c’est Dieu qui l’a manifesté au monde en donnant son Fils unique (1 Jean 4.9, Jean 3.16) et celui-là seul l’éprouve qui est né de Dieu et à qui Dieu a fait ainsi part de sa propre nature, qui est l’amour (comparer 1 Jean 3.9 ; Jean 1.12-13 ; Jean 3.5).
Toute affection qui n’est pas inspirée et sanctifiée par l’Esprit de Dieu, n’est point cet amour qui, aux yeux de Jean, comme de tous les apôtres (1 Corinthiens 13.1 et suivants) est l’essence de la vie chrétienne, parce qu’il est le fruit de la foi, ou plutôt qu’il est Dieu même dans ses enfants nés de lui (comparer Romains 5.5).
Voir sur cette vraie connaissance de Dieu, 1 Jean 2.3-6, note et plus spécialement, sur le rapport intime entre connaître et aimer, le verset suivant. L’amour est le signe de la vraie connaissance de Dieu et de la naissance d’en haut (verset 8).
Dieu est amour. Il n’y a pas lieu de commenter ce mot insondable, cette sublime définition de Dieu, inspirée par son Esprit à un cœur qui vivait dans la plus intime communion avec lui. Mais il faut noter le but que se propose Jean quand il donne cette définition de Dieu.
Il avait affirmé que « Dieu est lumière », afin de faire sentir que quiconque « marche dans les ténèbres » ne peut avoir aucune communion avec lui (1 Jean 1.5-7) ; il proclame maintenant que Dieu est amour, pour démontrer sans réplique que celui qui n’aime pas n’a pas connu Dieu et n’est pas « né de lui », puisqu’il ne lui ressemble pas.
De sorte que cette parole, qui respire tout ce qu’il y a de plus profond et de plus tendre dans l’amour divin, est en même temps d’entre les plus sévères et les plus exclusives du Nouveau Testament.
Le verbe aimer, dans versets 7 et 8, est sans régime. Sans doute, il ressort de l’exhortation par laquelle débute le verset 7, que l’objet de l’amour, ce sont nos frères. Mais l’important, aux yeux de l’apôtre, c’est l’amour lui-même, indépendamment de son objet. Selon qu’un homme possède ou non le véritable amour, il connaît Dieu ou ne le connaît pas, il est né de Dieu ou est encore dans son état naturel (comparer verset 7, 2e note).
Ces deux versets (versets 9 et 10) ne paraissent, au premier abord, que la répétition l’un de l’autre, mais la même pensée d’abord indiquée, est reprise par l’apôtre pour être contemplée dans de nouvelles profondeurs. « Dieu est amour », comment a-t-il témoigné son amour ?
Si aimer, c’est se donner, Dieu a aimé de cette manière quand il nous a donné cet autre lui-même, son Fils unique. Par ce don, son amour a été manifesté, il l’a été en nous (Weiss), car pour le connaître parfaitement, il ne suffit pas de considérer l’apparition historique du Fils ; il faut que l’Esprit le glorifie en nous (Jean 16.14 ; Galates 1.16).
C’est ce qu’indique aussi le verbe au parfait qui exprime une manifestation permanente.
D’autres traduisent : parmi nous. La traduction : son amour envers nous doit être rejetée.
Pourquoi cette manifestation de l’amour de Dieu par l’envoi du Fils dans le monde ? Afin que nous vivions par lui, qui est la vie (comparer Jean 3.16).
Mais ce n’est pas tout : ceux que Dieu a ainsi aimés l’avaient-ils prévenu par leur amour ? Nullement ; ce n’est pas nous qui avons aimé Dieu. En étaient-ils dignes du moins par leur sainteté ? Bien moins encore : Dieu a dû envoyer son Fils comme propitiation pour nos péchés ; ces péchés faisaient de l’homme un être opposé à la nature du Dieu qui est lumière. De sorte que non seulement l’amour de Dieu est tout à fait gratuit, non mérité, mais que, pour nous rendre capables de le comprendre et d’y répondre, il a fallu le profond mystère de propitiation (même terme que 1 Jean 2.2), nouvelle et insondable manifestation de l’amour de Dieu.
Sous une forme différente, ces pensées sont en parfaite harmonie avec celles que Paul expose Romains 5.6-10.
1 Jean 3.11 ; Jean 13.34. L’amour des enfants de Dieu les uns pour les autres doit être de même nature que l’amour de Dieu envers eux ; il est produit par la connaissance de cet amour (verset 9).
Le Dieu invisible, inaccessible, s’est manifesté à nous par son Fils unique (1 Jean 4.9 ; 1 Jean 4.10 ; Jean 1.18) et il se manifeste en nous par la communion de l’amour fraternel qui est une preuve sensible de sa présence, de sa communion intime avec nous.
Son amour est alors parfait (ou accompli, consommé, Hébreux 5.9) en nous, parce que nul ne peut aimer véritablement ses frères, sinon celui en qui Dieu a répandu son amour ; or, là où il a déjà accompli cette œuvre de grâce par la régénération d’un cœur qui s’est ouvert pour recevoir l’amour de Dieu, il la poursuivra jusqu’à sa perfection.
1 Jean 3.24. Ce signe de notre communion avec Dieu n’est pas différent de celui que donne l’apôtre au verset précédent, car, comme Dieu est amour, son Esprit ne peut produire que l’amour.
Seulement ici Jean indique le moyen par lequel l’homme arrive à la communion de l’amour avec Dieu, à savoir son Saint-Esprit, qui régénère et purifie le cœur pour verser ensuite le trésor de ses grâces (comparer Romains 5.5).
D’autres traduisent : à ceci (à ce développement de l’amour fraternel par la communication de l’amour divin, verset 12) nous connaissons que nous demeurons en lui et lui en nous, parce qu’il nous a donné de son Esprit, qui nous conduit dans toute la vérité (Jean 16.13) et qui, par conséquent, nous apprend à connaître l’amour, manifesté dans le don de Christ, comme l’essence de Dieu (versets 8 et 9), la source de tout amour et nous rend certains de la présence de Dieu en nous (versets 12 et 13).
Voir versets 9 et 10, note. En exprimant encore la même pensée, Jean insiste sur la certitude du témoignage qu’il rend en sa qualité d’apôtre et de témoin oculaire (comparer 1 Jean 1.1).
La confession du nom de Jésus, comme Fils de Dieu, Sauveur du monde, dans le sens exposé aux versets 9 et 10, cette confession, fruit de la foi et de l’amour, est aussi un signe très important de notre communion avec Dieu. Là où ce signe manque, il n’y a certainement ni foi, ni amour, ni communion avec Dieu.
L’apôtre résume dans ces profondes paroles tout ce qu’il a dit depuis verset 8.
L’amour vient de Dieu qui est amour ; connaître et croire cet amour, y croire pour le connaître par expérience, pour le connaître tel que Dieu le manifeste (grec l’a) en nous (versets 9 et 10, note), enfin y demeurer, en faire sa vie habituelle et intime, c’est demeurer en Dieu et avoir Dieu en nous, expression la plus complète de la communion d’une âme avec Dieu.
C’est en cela, dans le fait que nous demeurons en Dieu et Dieu en nous (verset 16) fin du verset, que l’amour est rendu parfait (est accompli, consommé) chez (grec avec) nous, non seulement en nous personnellement, mais dans nos relations avec nos frères, dans la communauté des croyants.
Le but en vue duquel l’amour est ainsi accompli en nous, c’est que nous ayons de l’assurance au jour du jugement.
D’autres traduisent : « L’amour est rendu parfait en nous en ce que nous aurons de l’assurance ». D’autres encore : « Voici comment l’amour est rendu parfait en nous (afin que nous ayons de l’assurance au jour du jugement), c’est que tel il est, tels nous sommes ».
Jean revient à l’idée déjà énoncée dans 1 Jean 2.28 et 1 Jean 3.19-21. Cette assurance devant Dieu, nous l’aurons au jour du jugement, au grand jour où notre destinée éternelle sera arrêtée.
Dans 1 Jean 2.28, Jean exhortait ses frères à demeurer en Dieu pour avoir cette assurance. Dans 1 Jean 3.18-21, il la faisait dépendre d’un véritable amour fraternel. Dans notre passage, elle est le privilège de celui qui demeure dans l’amour et par là même demeure en Dieu et a Dieu demeurant en lui (verset 16).
Enfin, cette assurance est motivée par le fait que notre position devient ainsi semblable à celle de Jésus, notre Sauveur : tel il est, tels nous sommes en ce monde. Tel il est, maintenant dans la gloire du ciel et non tel il était pendant son séjour sur la terre. Le verbe au présent montre que Jean dirige les regards de ses frères vers le Christ glorifié, parfaitement uni à son Père et les invite à réaliser, dans l’amour, une semblable union entre eux, au sein de ce monde, qui leur est hostile, mais qu’ils ont pour mission d’amener à la foi en lui donnant le spectacle de leur parfaite unité (Jean 17.21).
La pleine assurance dont Jean vient de parler, même à la pensée du jugement (verset 17), est incompatible avec la crainte.
L’amour, en effet, loin de redouter son objet, le désire et ne demande qu’une communion toujours plus intime avec lui ; plus l’amour grandit et s’approche de la perfection, plus il bannit la crainte.
La raison qu’en donne l’apôtre est tout à fait conforme à la nature des choses : la crainte implique châtiment, c’est-à-dire qu’elle résulte de la séparation de l’âme et de Dieu, elle est le sentiment de culpabilité qui saisit le pécheur, ce malaise, ce tourment de sa conscience qui est le premier châtiment du péché (Genèse 3.10) et qui restera son châtiment éternel, à moins qu’il n’y ait pardon et réconciliation.
Or, il est bien évident que là où cette crainte subsiste encore, la réconciliation n’a pas eu lieu ou n’a pas été pleinement saisie par la foi, la communion n’a pas été rétablie, l’amour ne règne pas, n’est pas parfait.
Le texte reçu (majuscules) porte : « Nous l’aimons ». Codex Sinaiticus porte : Nous aimons Dieu. Mais le verbe sans régime est probablement la leçon originale (B, A) Notons enfin les variante de A : « Nous donc, aimons, parce que Dieu nous a aimés le premier ».
Quant à la pensée de ce verset, elle résume admirablement la doctrine chrétienne.
Si d’être aimé, c’est toute la dogmatique de l’Évangile, aimer c’en est toute la morale.
Mais ce que Jean relève surtout, c’est que l’amour de Dieu nous a prévenus, nous prévient toujours. Nous serions incapables d’aimer, si Dieu n’inspirait l’amour à notre cœur en nous aimant le premier.
Comparer verset 12, note.
L’amour pour Dieu et pour nos frères est tellement le même amour, qu’il est impossible d’aimer l’un sans aimer les autres. Prétendre aimer Dieu quand on hait le prochain, c’est mentir, expression énergique, par laquelle Jean veut dissiper les illusions qu’on se fait si facilement à cet égard.
Il en donne pour preuve le fait qu’il nous est plus facile d’aimer ce qui se voit que ce qui ne se voit pas.
Le frère dans lequel Dieu habite par son Esprit, par son amour, est une manifestation visible de Dieu : (verset 12) comment donc prétendre aimer Dieu dans son Être invisible, si nous ne l’aimons pas dans ses enfants ? Quelle contradiction et quel mensonge !
Nous avons tous les Jours sous nos yeux des occasions de témoigner à Dieu notre amour en la manière qu’il le veut et nous en désirons peut-être d’autres qu’il ne veut pas : Tromperie et illusion !
Autre raison pour laquelle l’amour du prochain est inséparable de l’amour de Dieu : Dieu lui-même nous a commandé d’aimer nos frères.
Le commandement de l’amour fraternel est donc impliqué dans le commandement d’aimer Dieu et il est directement exprimé dans le sommaire de la loi (Marc 12.31). Il est aussi écrit par l’Esprit de Dieu en tout cœur chrétien.
Plusieurs interprètes rapportent à Jésus-Christ les mots : Nous avons reçu de lui, d’après 1.5 et 2.25, où se trouve une tournure semblable. Nous aurions ici une parole de Jésus qui n’a pas été conservée dans les évangiles (comparer cependant Luc 10.26-37).
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