1 Et tu diras en ce jour-là : Je te loue, ô Éternel, car tu étais irrité contre moi, ta colère s’est détournée, et tu me consoles. 2 Voici, Dieu est ma délivrance, j’aurai confiance et je ne craindrai point ; car l’Éternel, l’Éternel est ma force et mon cantique, il a été mon salut ! 3 Vous puiserez des eaux avec allégresse aux sources du salut, 4 et vous direz en ce jour-là : Louez l’Éternel, invoquez son nom, publiez parmi les peuples ses exploits ; proclamez que son nom est haut élevé ! 5 Chantez l’Éternel, car il a fait des choses magnifiques ; cela est connu de toute la terre ! 6 Pousse des cris, éclate de joie, habitante de Sion ; car le Saint d’Israël est grand au milieu de toi !
Israël rentrant en Canaan entonne un chant de louange, comme il le fit après avoir passé la mer Rouge (Exode 15). Ésaïe emprunte au chant de l’Exode plusieurs expressions. Les deux strophes du cantique sont reliées par une parole prophétique destinée à affermir la foi des croyants (verset 3).
Tu me consoles. Comparez Ésaïe 40.1 ; Ésaïe 49.13 ; Luc 2.25.
Voici : ce qu’on avait longtemps attendu, est maintenant sous nos yeux ! La fin du verset est tiré de Exode 15.2 (Psaumes 118.14).
En réponse à l’action de grâces versets 1 et 2, le prophète promet à Israël de nouvelles bénédictions.
Des eaux : image des grâces du salut dont Dieu leur ouvrira la source inépuisable (Apocalypse 8.11). Cette image est empruntée aux faits typiques de la délivrance d’Égypte. Après avoir passé la mer, les Israélites arrivèrent aux douze sources d’Élim (Exode 15.27) ; plus tard ils burent, au désert, de l’eau miraculeuse (Exode 17.6 et ailleurs).
Ces paroles d’Ésaïe jouaient un rôle dans l’un des rites de la fête des Tabernacles, destinée tout entière à célébrer les bienfaits de Dieu au désert. On allait en procession puiser de l’eau à la source de Siloé (Ésaïe 8.6, note) ; on l’apportait au temple et le prêtre, en la recevant, prononçait les paroles du verset 3.
Nouvelle action de grâces versets 4 à 6. Gradation : la louange de Dieu éclate sur toute la terre ! Comparez avec versets 4 et 5 ; Exode 15.3 ; Exode 15.14-16.
À comparez avec Exode 15.1 (surtout d’après le texte hébreu).
Habitante de Sion : la population de Jérusalem (Ésaïe 1.8, note).
Le Saint d’Israël. Voir à Ésaïe 1.4 et Ésaïe 6.3.
Grand au milieu de toi : Par les miracles qu’il a accomplis et qu’il accomplira encore dans ton sein et en ta faveur.
Avant de quitter ce premier groupe de prophéties, cherchons à en faire ressortir les idées les plus essentielles.
Deux objets principaux remplissent la pensée du prophète : le jugement d’Israël et son relèvement par le messie ; car le jugement du peuple est la condition de son salut et le Messie est le moyen de ce salut.
Dans la première série de discours (chapitres 1 à 5) domine le premier de ces points de vue, celui du jugement ; l’idée du Messie n’y est encore qu’au second plan ; dans la seconde série (chapitres 7 à 12) l’idée du Messie devient dominante ; celle du jugement n’est plus qu’en seconde ligne. Le chapitre 6 est le centre du groupe ; il fait la transition entre les deux séries et peut, à volonté, être rattaché à l’une ou à l’autre.
Dans la première série est d’abord exposée la cause morale du jugement ; c’est le formalisme du culte marchant de pair avec l’injustice générale (chapitre 1). À ce triste tableau répond magnifiquement l’annonce du règne futur de la loi de Dieu sur toute la terre, qui forme le commencement du second discours (chapitres 2 à 4). Celui-ci renferme la description du jugement, qui consistera dans l’abaissement de toute grandeur humaine. Ce tableau aboutit à celui du relèvement de Sion par le Germe de l’Éternel. Le troisième discours (chapitre 5) retrace de nouveau les causes du jugement et le jugement lui-même, mais cette fois sans faire luire aucun rayon d’espérance ; il se termine au contraire par ces mots : La lumière sera voilée par les ténèbres.
Dans le chapitre 6, l’Éternel confirme au prophète la fatale nécessité de ce jugement qui ira jusqu’à la dévastation complète du pays et devra même se répéter. La prophétie nous fait descendre ici jusqu’au fond de l’abîme ; mais elle ouvre dans les derniers mots la perspective du relèvement.
Ce relèvement, que doit accomplir le Messie, est le sujet principal de la seconde série. Déjà, bien antérieurement à Ésaïe, le personnage du Messie était connu. Il devait être de la postérité de David (2 Samuel 7) et d’après quelques psaumes prophétiques participer à la gloire et à la toute-puissance de Dieu (Psaumes 110, par exemple). Trois traits nouveaux nous paraissent distinguer les tableaux messianiques renfermés dans ces discours (chapitres 7 à 12) :
Le chapitre 12 est le cantique d’actions de grâces par lequel Israël et l’humanité sauvée célébreront cette délivrance consommée. Ainsi : Par le jugement au salut, par la mort à la vie, per crucem ad lucem, telle est la devise qui, par l’effet du péché, s’applique au peuple entier d’abord, puis à la maison de David en particulier. La dernière partie du livre d’Ésaïe montrera que cette devise s’applique aussi à la personne du Messie lui-même (chapitre 53) ; comparez Jean 12.24-26.
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