1 Au maître chantre. Ne détruis pas. Écrit de David. 2 Est-ce vraiment en restant muets que vous rendez la justice ? Est-ce avec droiture que vous jugez les fils des hommes ? 3 Loin de là ! Dans votre cœur vous commettez des iniquités ; Dans le pays, ce sont vos actes de violence Que vous jetez dans la balance. 4 Les méchants sont prévaricateurs dès le sein maternel, Les menteurs sortent du droit chemin dès le ventre de leur mère. 5 Ils ont un venin pareil au venin du serpent, Ils sont comme l’aspic sourd, qui ferme l’oreille, 6 Qui n’entend pas la voix des enchanteurs, La voix du charmeur le plus expert. 7 Ô Dieu ! Brise-leur les dents dans la bouche, Fracasse, ô Éternel, les mâchoires des lionceaux ! 8 Qu’ils disparaissent comme les eaux qui s’écoulent ! S’ils tendent l’arc, que ce soit Comme si leurs traits étaient émoussés. 9 Qu’ils soient comme la limace qui se fond en marchant, Comme l’avorton d’une femme, qui ne voit pas le soleil ! 10 Avant que vos chaudières aient senti le feu des épines, Vertes ou enflammées, le tourbillon les emportera. 11 Le juste se réjouira à la vue de la vengeance, Il baignera ses pieds dans le sang des méchants, 12 Et l’on dira : Oui, il y a une récompense pour le juste, Oui, il y a un Dieu qui fait justice sur la terre !
Il n’y a pas d’iniquité plus odieuse que celle qui commet l’injustice au nom même de la justice. C’est contre une iniquité pareille que s’élève ici le psalmiste, avec une véhémence d’indignation qui lui suggère des images hardies, entassées en quelque sorte les unes sur les autres et jetées à la face des coupables.
Aucun indice ne révèle l’occasion précise qui suggéra au psalmiste de telles menaces. On a pensé soit à l’époque de Saül, soit à celle où Absalom feignait un grand désir de rendre la justice mieux que son père, et cela, pour s’attirer des partisans et préparer ses crimes (2 Samuel 15.5). Mais aucune de ces conjectures ne s’impose de préférence à l’autre. À bien des époques il y a eu et il y aura encore des juges iniques. C’est pourquoi ce psaume est, pour tous les temps, un sérieux avertissement.
Après l’apostrophe initiale, qui introduit brusquement le psaume (versets 2 et 3), une première strophe stigmatise l’esprit qui anime les méchants (versets 4 à 6) ; une seconde demande et annonce leur châtiment (versets 7 à 10) ; les deux derniers versets sont le chant de triomphe anticipé du juste (versets 11 et 12).
Est-ce en restant muets…? Les juges dont il s’agit laissent passer sans rien dire de grandes iniquités. Ainsi compris, le texte offre une contradiction voulue : Vous êtes donc juges pour ne pas juger, en hébreu : Est-ce un mutisme de justice que vous dites, une sentence muette que vous rendez ? Au moyen d’une légère correction, on obtient le sens suivant : Est-ce vraiment la justice que vous rendez, ô dieux ? Ce titre de dieux serait appliqué aux juges, parce que leurs sentences doivent être en réalité celles de Dieu. Comparez Psaumes 82.6. Il y aurait à la fois dans ce nom ironie et sanglant reproche. Cependant une modification du texte primitif ne nous semble pas s’imposer.
Dans votre cœur : vos pensées cachées sont déjà des crimes.
Dans le pays : il s’agit ici des actes manifestes faisant suite aux pensées cachées et par lesquels les défenseurs du droit violent le droit, faisant pencher à leur gré la balance de la justice.
Dès le sein maternel. Les instincts pervertis de ces hommes injustes remontent, chez eux, aussi haut que la vie elle-même. C’est une constatation semblable que nous trouvons Psaumes 51.7. Seulement la grande différence entre les hommes, tous mauvais de nature, est que les uns confessent leur perversion innée et s’en accusent (Psaumes 51.7), tandis que les autres l’approuvent et travaillent à la renforcer.
Les menteurs. Il est certain que tels instincts mauvais apparaissent dès la naissance avec plus de force chez les uns que chez d’autres.
Comme l’aspic. Parmi les méchants eux-mêmes, comme parmi les serpents, il y a des degrés de malignité. Les plus dangereux sont ceux qui sont volontairement réfractaires à tous les charmes (toutes les bonnes influences) qui neutraliseraient leur venin.
Brise-leur les dents. En face de méchants endurcis à ce point, il n’y a qu’une chose à faire : briser leurs armes.
Qu’ils disparaissent ! Rendus incapables de nuire, ils seront bientôt incapables de vivre.
Comme la limace…
dont la marche laisse sur la terre une traînée de matière gluante, de sorte que le préjugé populaire pouvait y voir une dissolution graduelle de l’animal lui-même
Avant que vos chaudières… L’image de ce verset est sans doute empruntée à une expression proverbiale bien connue des lecteurs hébreux. L’Ecclésiaste emploie une image qui offre quelque analogie avec celle du psalmiste : Comme le bruit des épines sous la chaudière, ainsi est le rire des insensés (Ecclésiaste 7.6), Ézéchiel met dans la bouche du peuple le dicton suivant : La ville est la chaudière et nous sommes la viande (Ézéchiel 11.3). Dans notre psaume, les chaudières, avec ce qu’elles contiennent, représentent les entreprises des méchants ; les épines, qui servent de combustible, sont leurs méchantes inspirations. Avant qu’ils aient mis sérieusement la main à l’exécution de leurs projets, le combustible, aussi bien que la chaudière, sera jeté au loin par le vent du désert.
Vertes ou enflammées : la catastrophe peut arriver à tout moment, que les épines soient encore vertes (hébreu : vives) ou qu’elles forment déjà un brasier.
Il baignera ses pieds …. Il y a dans cette joie une âpre saveur que le soleil de la grâce doit transformer, mais non détruire, car il faut que la justice ait raison de toutes les iniquités. Ici, comme au Psaume 52, le psalmiste ne distingue pas entre le sort du mal et celui du méchant. Il est vrai qu’il a décrit un état de perversité où la volonté du méchant s’est identifiée avec le mal (versets 2 et 3). La confusion de Satan est encore maintenant un sujet de joie pour les enfants de Dieu.
L’on dira, hébreu : l’homme (Adam) dira, ce même fils d’homme qui a souffert des sentences des soi-disant juges, verset 2. L’ensemble de la race humaine souffre et soupire, passant d’une sujétion à l’autre et sans savoir s’attacher à son vrai libérateur.
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