1 Au maître chantre. Selon Jéduthun. Psaume de David. 2 Oui, mon âme reste en paix, regardant à Dieu. De lui vient ma délivrance ! 3 Oui, c’est lui qui est mon rocher et mon salut, Ma haute retraite ; je ne serai pas fortement ébranlé. 4 Jusques à quand vous jetterez-vous sur un homme, Chercherez-vous tous à l’abattre, Comme une muraille qui penche, Comme une clôture qu’on jette bas ? 5 Oui, ils n’ont de pensées que pour le précipiter de son poste élevé, Se plaisant au mensonge, Bénissant de la bouche
Et maudissant en leur cœur.
(Jeu d’instruments). 6 Oui, reste en paix, mon âme, regardant à Dieu ; Car de lui vient mon espérance. 7 Oui, c’est lui qui est mon rocher et mon salut, Ma haute retraite ; je ne serai point ébranlé. 8 Sur Dieu reposent mon salut et ma gloire ; Le rocher de ma force, mon refuge est en Dieu. 9 Confiez-vous en Dieu, vous, mes gens, en tout temps ; Répandez vos cœurs devant lui ; Dieu est pour nous un refuge.
(Jeu d’instruments). 10 Pure vanité sont les fils du peuple, Mensonge, les fils des grands ; Sur la balance, ils montent ! Tous ensemble, ils ne sont que vanité. 11 Ne vous confiez pas dans la violence,
Et ne tirez pas vanité de la rapine ; Si la richesse abonde, n’y mettez pas votre cœur. 12 Dieu a parlé une fois ; Deux fois, j’ai entendu ceci : La force est à Dieu ! 13 À toi aussi, Seigneur, la miséricorde, Car c’est toi qui rends à chacun selon ses œuvres !
Un homme dans une haute position est en butte aux attaques de nombreux ennemis. En l’absence de tout secours humain efficace, il reste calme, regardant à Dieu. Dès la première strophe du psaume, il affirme sa foi sereine, en opposition aux efforts de ses adversaires (versets 2 à 5) ; dans une seconde strophe, il répète cette affirmation, en vue d’amis qui ont besoin d’être encouragés (versets 6 à 9) ; il termine son cantique en rappelant à la fois le néant de l’homme et la puissance de Dieu (versets 10 à 13).
Cette dernière strophe semble faire allusion au Psaume 39, dont elle reproduit l’idée dominante, celle du néant de l’homme. Mais le psalmiste développe cette fois ce sujet sans tristesse. Son regard, dépassant l’horizon des choses terrestres, parmi lesquelles s’agitait, encore douloureusement la pensée du Psaume 39, s’est reposé sur Dieu avec une confiance entière. D’après la suscription des deux psaumes, le même musicien, Jéduthum, fut chargé de leur adapter la mélodie et l’accompagnement musical qui leur convenaient (voir Psaumes 29.1).
Oui. Cette affirmation, plusieurs fois répétée, donne au psaume entier le caractère d’une protestation ou du moins d’une ferme déclaration opposée à ceux qui envisagent comme désespérée la position du psalmiste. Le cœur naturel dit sans cesse : Oui et Non ; le cœur fortifié par la foi dit : Oui, oui ! Nos langues modernes n’offrent pas de mot correspondant exactement à l’hébreu ak, dont le sens propre est seulement, ou : Voici, tout le reste retranché, ce qui seul reste vrai. L’expression : quoi qu’il en soit, s’appliquerait bien aux versets 2, 3, 6 et 7, mais pas au verset 5 et encore moins au verset 10, où nous n’avons pu marquer l’énergique affirmation de l’hébreu que par l’adjectif que nous avons ajouté au mot vanité.
Mon âme reste en paix : dans le silence, dans le calme du repos et de l’abandon entre les mains de Dieu.
Pas fortement ébranlé. Comparez Psaumes 37.24.
Un homme, une muraille…, une clôture… Toutes ces expressions font ressortir la faiblesse de celui que l’on veut détruire et ce qu’il y a par conséquent de ridicule dans les efforts extraordinaires que l’on fait pour le renverser.
Se plaisant au mensonge : tous les moyens leur sont bons, même ceux de la plus lâche hypocrisie. Comparez Psaumes 12.3 ; Psaumes 28.3.
En face de ces menées, le psalmiste affirme de nouveau sa foi. pour s’encourager lui-même tout d’abord (verset 68), puis pour affermir ses amis (verset 9).
Sur Dieu reposent mon salut et ma gloire. Ils ne peuvent donc être compromis qu’en apparence et momentanément ; il en serait tout autrement s’ils reposaient sur la force de l’homme : vérité précieuse à retenir pour le chrétien, qui ne peut avoir d’assurance certaine du salut que s’il regarde à l’œuvre accomplie pour lui par le Sauveur. Jésus aussi a renoncé complètement tant à sauver sa vie qu’à chercher sa propre gloire (Luc 23.39) ; aussi a-t-il reçu de son Père la vie par la résurrection et la gloire par l’ascension.
Mes gens, littéralement : peuple et non mon peuple, terme qui ne convient plus à un roi chassé de sa capitale. Le mot peuple, employé seul, désigne parfois les gens de la suite d’un prince ou l’ensemble des serviteurs d’un homme riche (Juges 3.18 ; 1 Rois 19.21) ; il s’applique très bien ici à la troupe fidèle qui accompagnait David dans sa fuite.
Fils du peuple, littéralement : fils d’hommes : bené adam, désignant le commun peuple, en opposition aux fils des grands (bené isch). Comparez Psaumes 4.3, note.
Mensonge. Leur grandeur, tout extérieure, trompe sur leur valeur réelle.
Ils montent : ils sont donc moins que rien. Cette pensée a été bien rendue par notre vieille version rimée :
Qui l’homme et le rien pèserait,
Par cette épreuve il trouverait
Que l’homme est plus léger encore.Verset 11
Violence…, rapine. Les succès passagers de ceux qui usent de tels moyens justifient le conseil de ce verset.
Verset 12
Dieu a parlé. La seule chose qui ne soit pas vanité, c’est ce que Dieu a dit. Or il a parlé et même assez souvent pour qu’il n’y ait pas d’incertitude à cet égard.
Une fois, deux fois : comparez Job 33.11 ; Job 39.38. Dieu parle par ses œuvres, aussi bien que par sa révélation proprement dite ; et quiconque veut entendre, recueille de ce langage divin cette grande leçon que toute force réelle procède de Dieu et de Lui seul.
Verset 13
À la voix divine vient s’ajouter la voix humaine, pressée de rappeler que Dieu n’est pas seulement le seul puissant, mais qu’il est bon. Toute miséricorde, comme toute force, vient de lui ; lui seul peut disposer souverainement de la grâce, puisque c’est à lui qu’appartient le jugement (car c’est toi…). C’est sur ces notes graves et profondes que se termine le psaume. Les derniers mots : qui rend à chacun selon ses œuvres, sont cités textuellement par l’apôtre Paul (Romains 2.6).
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