1 C’est pourquoi il faut nous attacher d’autant plus aux choses que nous avons entendues, de peur que nous ne soyons emportés loin d’elles. 2 Car, si la parole annoncée par des anges a été ferme, et si toute transgression et désobéissance a reçu une juste rétribution, 3 comment échapperons-nous, si nous négligeons un si grand salut, qui, ayant été annoncé d’abord par le Seigneur, nous a été confirmé par ceux qui l’avaient entendu, 4 Dieu appuyant leur témoignage par des signes et des prodiges et divers miracles, et par des communications de l’Esprit-Saint réparti selon sa volonté ? 5 Car ce n’est point à des anges qu’il a soumis le monde à venir dont nous parlons ; 6 mais quelqu’un a rendu témoignage quelque part, disant : Qu’est-ce que l’homme, pour que tu te souviennes de lui, ou le fils de l’homme, pour que tu prennes garde à lui ? 7 Tu l’as fait pour un peu de temps inférieur aux anges, tu l’as couronné de gloire et d’honneur ; 8 tu as mis toutes choses sous ses pieds. Car, en lui soumettant toutes choses, il n’a rien laissé qui ne lui fût soumis ; or, maintenant nous ne voyons point encore que toutes, choses lui soient soumises. 9 Mais nous voyons ce Jésus, qui a été fait pour un peu de temps inférieur aux anges, couronné de gloire et d’honneur à cause de la mort qu’il a soufferte, afin que par la grâce de Dieu il goûtât la mort pour tous. 10 Car il convenait à Celui pour qui et par qui sont toutes choses, conduisant plusieurs fils à la gloire, d’élever à la perfection par des souffrances le prince de leur salut. 11 Car et Celui qui sanctifie et ceux qui sont sanctifiés, sont tous issus d’un seul ; c’est pourquoi il n’a point honte de les appeler ses frères, 12 disant : J’annoncerai ton nom à mes frères ; au milieu de l’assemblée je te célébrerai par des hymnes. 13 Et encore : Pour moi, je mettrai ma confiance en lui. Et encore : Me voici, moi et les enfants que Dieu m’a donnés. 14 Puis donc que les enfants participent au sang et à la chair, lui aussi y a participé pareillement, afin que par la mort il anéantît celui qui a la puissance de la mort, c’est-à-dire le diable ; 15 et qu’il délivrât tous ceux qui, par la crainte de la mort, étaient toute leur vie tenus dans la servitude. 16 Car ce n’est certes point à des anges qu’il porte secours, mais il porte secours à la postérité d’Abraham. 17 En conséquence il devait être rendu semblable en toutes choses à ses frères ; afin qu’il devînt compatissant et fût un souverain sacrificateur fidèle dans les choses qui concernent Dieu, pour expier les péchés du peuple. 18 Car parce qu’il a souffert, ayant été lui-même tenté, il peut secourir ceux qui sont tentés.
La supériorité du révélateur accroît la responsabilité de ceux qui reçoivent la révélation
La conséquence de ce qui vient d’être établi est que nous devons prendre garde d’être emportés loin de la vérité qui nous a été enseignée ; nous encourrions, en négligeant un tel salut, un châtiment pire que les transgresseurs de la loi (1-3a).
Conditions dans lesquelles le salut nous a été annoncé
Proclamé d’abord par le Seigneur lui-même, le message du salut nous a été confirmé par ses témoins, Dieu accompagnant leur prédication de signes et de communications du Saint-Esprit (3b-4).
Grec : De peur que nous ne coulions à côté :
comme un vaisseau qui, au moment d’aborder, est emporté plus loin par le courant et entraîné à sa perte.
Le port, c’est le salut (Hébreux 1.14 ; Hébreux 2.3). Cette sérieuse exhortation est une conclusion tirée de la grandeur de Jésus-Christ (c’est pourquoi… ), démontrée au chapitre précédent. Dans ce qui suit (Hébreux 2.2 et suivants), l’auteur motive son avertissement en signalant la responsabilité encourue par ceux qui négligent les vérités salutaires.
Le terme la parole, au singulier, désigne la Loi (Hébreux 1.4, note ; comparez Actes 7.53 ; Galates 3.19), qui fut, d’après une tradition juive, que les Septante ont introduite dans Deutéronome 33.2 (comparez Actes 7.53, note), promulguée par l’entremise des anges.
Grec : est devenue ferme : sa certitude et sa crédibilité se sont démontrées au cours de l’histoire, par l’accomplissement de la promesse (Romains 4.16), comme de la menace (Romains 3.4).
Comparer Hébreux 10.28 ; Hébreux 10.29.
Suivant les uns, la transgression serait la violation d’une défense et constituerait un péché de commission, la désobéissance désignerait la négligence d’un ordre, un péché d’omission.
D’autres, avec plus de raison, estiment que les deux termes unis étroitement par toute, qui n’est pas répété devant le second, s’appliquent à des fautes de même ordre, le premier les caractérisant comme des violations de la loi, le second ajoutant que ces violations sont intentionnelles. Les péchés commis par négligence ou par faiblesse n’étaient pas punis irrémissiblement, ils pouvaient être expiés par un sacrifice (Lévitique 4,5).
Au châtiment (Hébreux 2.2), à la condamnation.
Ce grand salut, si grand en lui-même, l’est encore parce que, annoncé d’abord par le Seigneur Jésus, il nous a été confirmé par ceux qui l’entendirent, par ses apôtres, destinés à lui servir de témoins.
6 Luther, Calvin et la plupart des interprètes, ont conclu de ces paroles, non sans raison, que notre épître ne peut pas avoir été écrite par Paul, qui affirme avoir reçu l’Évangile directement du Seigneur lui-même (Galates 1.1 ; Galates 1.11-12 ; 1 Corinthiens 9.1 ; 1 Corinthiens 15.8-11).
Dieu accompagnait les premiers témoins de l’Évangile ; il ajoutait son témoignage au leur et le confirmait par des signes et des prodiges.
Les deux termes signes et prodiges s’appliquent aux mêmes faits ; le premier indique leur haute signification, le second leur caractère extraordinaire, surnaturel. Jésus présentait de même ses œuvres comme des signes, des preuves de sa mission divine (Jean 5.36 ; Jean 10.25 ; Jean 10.37-38 ; Jean 14.10-11 ; Jean 15.24).
Le troisième terme et divers miracles ne mentionne pas une nouvelle catégorie de faits, mais désigne les signes et les prodiges au point de vue de leur origine ; ils sont des miracles, c’est-à-dire, suivant l’étymologie, des puissances, des manifestations de la puissance divine.
Les trois termes : signes, prodiges, miracles sont associés de même Actes 2.22 ; 2 Corinthiens 12.12.
Tous ces actes miraculeux s’accomplissaient en vertu de communications ou distributions que Dieu faisait de l’Esprit Saint (1 Corinthiens 12), selon sa volonté. La volonté divine reste le régulateur de ces communications et de l’activité qu’elles produisent. C’est la condition pour que celle-ci soit un témoignage rendu par Dieu (comparer 2 Thessaloniciens 2.9).
Le souverain du royaume des cieux
Dieu ne soumet pas à des anges le monde à venir (8).
Prophétie de l’abaissement et de l’élévation du Fils de l’homme
Le Psaume annonçait que Dieu abaisserait momentanément le Fils de l’homme au-dessous des anges, pour lui conférer ensuite la royauté sur toutes choses (6-8).
La glorification de Jésus, à la suite de sa mort, montre que cette prophétie est en voie d’accomplissement
Il est vrai que, pour le présent, le règne du Fils ne paraît pas encore établi ; mais déjà nous voyons Jésus, qui a été un peu de temps au-dessous des anges, élevé à la gloire à cause de la mort qu’il a soufferte pour tous (8b-9).
Après avoir exposé la supériorité infinie du Fils de Dieu sur les anges (Hébreux 1.4-14) l’auteur parle de l’état d’humiliation et de souffrances dans lequel Christ a paru sur cette terre, mais c’est pour mettre en lumière une vérité bien propre à affermir la confiance des lecteurs de l’épître : Jésus a été élevé dans la gloire par ses souffrances mêmes et il y élève avec lui l’homme qu’il a racheté et qu’il peut secourir dans ses combats (Hébreux 2.10 et suivants) Ce développement nouveau est rattaché à la pensée de Hébreux 2.4 : Dieu a confirmé la prédication de l’Évangile par des signes extraordinaires.
Il le fallait, car ce n’est pas à des anges qu’il a soumis le monde à venir, ce n’est pas par des êtres célestes, revêtus de tout l’éclat de leur origine, que le royaume des cieux doit être établi, mais par le Fils de l’homme, que son abaissement même pouvait faire méconnaître. La destinée de ce Roi qui a dû passer par la croix pour s’élever sur le trône et acquérir la domination universelle, l’auteur la trouve décrite prophétiquement dans Psaumes 8 (comparer Hébreux 2.9, note).
Psaumes 8.5-7. Le passage est cité exactement d’après la version grecque des Septante qui (Hébreux 2.7), comme dans Hébreux 1.6, traduit Elohim (Dieu) par anges.
Il faut remarquer encore que les mots du Psaume : « Tu l’as établi sur les œuvres de tes mains », n’ont pas été cités par l’auteur de notre épître. Ils se lisent, il est vrai, dans Codex Sinaiticus, A, C, D, mais ils manquent dans B. Itala et il est probable qu’ils ont été ajoutés par quelque copiste qui a cru devoir compléter la citation.
L’auteur de Psaumes 8, après avoir contemplé la grandeur des œuvres de Dieu dans l’étendue des cieux, reporte sa pensée sur l’homme, sur sa petitesse et sa misère et il s’étonne que Dieu se souvienne de lui et prenne garde à lui.
Et toutefois, l’homme possède une intelligence pour connaître Dieu, un cœur pour l’aimer, une volonté pour lui obéir. Ces facultés l’élèvent bien au-dessus des mondes qui resplendissent au firmament et le rendent peu inférieur aux êtres célestes eux-mêmes. Dieu l’a ainsi couronné de gloire et d’honneur ; et dans l’intention première de son Créateur, il devait être infiniment plus grand encore. Fait à l’image de Dieu, il devait soumettre la création à sa volonté (Genèse 1.26-31) et se développer librement, comme roi de cette création, jusqu’à ce qu’il fût consommé et glorifié dans sa ressemblance avec Dieu.
Mais d’où vient que l’état actuel de l’homme réponde si peu à sa destination ? C’est le péché qui en est la cause. Par suite du péché, celui qui devait régner n’a plus été qu’un roi déchu, tombé sous la domination de la chair, de la nature et du monde qu’il devait s’assujettir. C’est ce que remarque l’auteur de l’épître (Hébreux 2.8). Il se demande comment il se fait que les déclarations de Psaumes 8 soient si peu réalisées ; comment, lorsque Dieu a tout assujetti à l’homme, tout sans exception, cependant nous ne voyons nullement l’homme dominer sur tout, mais n’être le plus souvent qu’un malheureux esclave.
Le but de Dieu en le créant ne serait-il pas atteint ? Le verset Hébreux 2.9 donne la solution pleine et glorieuse du problème. Un second Adam, Jésus, le fils de l’homme, la souche d’une humanité nouvelle, nous apparaît couronné de gloire et d’honneur, après avoir été lui-même, comme tous les hommes ses frères, fait quelque peu inférieur aux anges.
Et pour quelle cause a-t-il été couronné de gloire et d’honneur ? À cause de la mort qu’il a soufferte. Et pourquoi l’a-t-il soufferte ? Afin que, par la grâce de Dieu (par l’effet de son amour), il goûtât la mort pour tout homme.
Ce grand but de sa venue sur la terre est la raison pour laquelle il a dû, dans sa vie humaine, être fait quelque peu inférieur aux anges. En lui et par lui « les fils de Dieu sont ramenés à la gloire » (Hébreux 2.10) et le monde à venir leur est de nouveau assujetti (Hébreux 2.5). Ce monde à venir, qui est la terre et le ciel glorifiés, les pécheurs rachetés le possèdent en leur chef Jésus-Christ (comparer 1 Corinthiens 15.25-28).
Telle est l’interprétation que donnent de notre passage Théodore de Bèze, Ebrard, Delitzsch, Hofmann, Keil, Kübel et que détendaient nos précédentes éditions. Elle présente une grosse difficulté, qui la fait rejeter par la plupart des interprètes : c’est le terme qu’elle sous-entend comme antithèse à la négation de Hébreux 2.5 « le monde à venir n’a pas été soumis à des anges », mais à l’homme. Rien dans le contexte ne fait penser à l’homme. L’auteur aurait dû le nommer, d’autant plus que son idée avait quelque chose d’étrange : le monde à venir soumis à l’homme ! Dieu avait dit à Adam et à Ève : « Remplissez la terre et l’assujettissez » (Genèse 1.28), mais non le monde à venir. Il est vrai que cette expression désigne moins le ciel dans son opposition à la terre, que le règne de Dieu fondé ici-bas déjà par le Messie ; mais l’idée de ce règne n’implique pas directement celle de la royauté de l’homme.
Et quand, de plus, l’auteur dit : (Hébreux 2.5) « le monde à venir dont nous parlons », il est impossible de ne pas penser à tout ce qu’il vient de dire (Hébreux 1.2-3 ; Hébreux 1.8 ; Hébreux 1.13) de la position souveraine du Fils dans les cieux. Il n’y a donc qu’une réponse admissible à la question que pose Hébreux 2.5 : à qui Dieu a-t-il soumis le monde à venir puisque ce n’est pas à des anges ? Au Fils. Et dès lors, il faut reconnaître que l’auteur cite Psaumes 8 en le détournant de son sens premier, en l’appliquant, non à l’homme, mais au Messie.
Les interprètes qui appliquent toute la citation au Messie se divisent à leur tour. Les uns pensent qu’elle est destinée à relever sa grandeur : qu’il est grand, puisque tu te souviens de lui ! Les autres estiment qu’elle décrit son abaissement ; et c’est ainsi qu’il nous paraît plus naturel de l’entendre. Dans la première application, le Psaume est par trop détourné de son sens propre.
La soumission de l’univers au Fils résulte de sa qualité « d’héritier de toutes choses » (Hébreux 1.2). Elle était proclamée déjà dans le Psaume (Psaumes 8.7). Or nous voyons que ce Fils, loin de dominer, est profondément abaissé : « Nous ne voyons pas encore maintenant que toutes choses lui soient soumises » (Hébreux 2.8). Contradiction troublante, que l’auteur résout par l’explication qu’il va donner de la mort de Jésus : (Hébreux 2.9) cette mort, dernier degré de son abaissement, a été le moyen même de son triomphe ; par elle, il a fondé son règne ; par la croix, il s’est élevé au trône.
Nous voyons maintenant, par le regard de la foi, ce Jésus, qui a été abaissé pour un peu de temps au-dessous des anges, couronné de gloire et d’honneur, à cause de la mort qu’il a soufferte. C’est sur ces derniers mots que porte l’accent de la phrase grecque. Cette mort soufferte par Jésus, qui empêchait beaucoup de Juifs de reconnaître en lui le Messie, a été précisément la cause de son élévation. Celle-ci est présentée comme la récompense de l’obéissance que Jésus a montrée dans ses souffrances (comparer Philippiens 2.8 ; Philippiens 2.9).
Enfin le but qui devait être atteint par les souffrances et la mort de Jésus, est indiqué en ces mots : afin que, par la grâce de Dieu, il goûtât la mort pour tout homme. La mort du Rédempteur est destinée à procurer le salut à tout homme qui met en elle sa confiance ; et il en est ainsi en vertu d’une dispensation de la grâce de Dieu, cause première de toute l’œuvre de la rédemption.
M. Weiss objecte que, dans notre épître, la grâce de Dieu n’est pas, comme dans les épîtres de Paul, le principe du salut, mais sa conséquence, la faveur divine rendue au pécheur ensuite de l’expiation opérée par Christ. Il préfère, pour cette raison, une leçon qui ne se lit que dans un seul majuscule et quelques versions, mais qu’Origène indique comme la plus répandue de son temps et qui porte sans Dieu, au lieu de : par la grâce de Dieu. L’auteur ferait allusion, d’après M. Weiss, à l’abandon de Dieu que Jésus éprouva sur la croix et qui marqua le point culminant de ses souffrances (Marc 15.34).
Les nestoriens interprétaient cette leçon en disant que Jésus « goûta la mort, sans participation de sa nature divine ; » Origène y trouvait ce sens : « afin qu’il goûtât la mort pour tout être, excepté Dieu ».
La plupart des exégètes modernes s’en tiennent à la leçon du texte reçu et lui donnent le sens que nous avons indiqué plus haut.
Notre auteur emploie si rarement le terme de grâce, qu’on ne saurait fixer avec certitude la signification qu’il lui attribue, ni affirmer qu’il ne lui donne jamais le même sens que Paul. Le sens paulinien du terme pourrait être revendiqué pour Hébreux 10.29 et Hébreux 13.9
Le prince de notre salut, formé par les souffrances
Dieu, qui voulait élever à la gloire un grand nombre de fils, devait préparer par des souffrances Celui qu’il destinait à être leur conducteur dans la voie du salut. En effet, Celui qui sanctifie et ceux en qui la sanctification est opérée, sont fils d’un même Père ; il les considère comme ses frères, ainsi que le prouvent divers passages de l’Écriture (10-13).
Le Fils partageant l’infirmité de ses frères pour briser la puissance de Satan, expier leurs péchés et les secourir dans leurs tentations.
Le Fils a revêtu la chair des frères qu’il voulait sauver, afin d’anéantir le pouvoir de celui qui les détenait dans la crainte de la mort. Venant délivrer non des anges, mais des descendants d’Abraham, il a dû être rendu semblable à ses frères en toutes choses, pour être un sacrificateur miséricordieux et fidèle qui pût faire l’expiation des péchés ; en effet, tenté lui-même, il peut secourir ceux qui sont tentés (14-18).
Bien loin donc que les Hébreux ébranlés dans leur foi dussent voir un sujet de scandale dans les souffrances et la mort du Sauveur, ils devaient y trouver une divine convenance, y voir un fait qui, de toutes manières, glorifie Dieu lui-même au plus haut degré.
Il convenait que Christ souffrit, puisque c’est Dieu lui-même, Celui par qui et pour qui sont toutes choses, qui l’a voulu ainsi dans son insondable sagesse (Matthieu 26.42).
Cela convenait, puisque Dieu, dans son éternelle miséricorde, voulait conduire plusieurs fils à la gloire et que pour eux, comme pour le prince de leur salut, il n’y a point d’autre chemin qui mène à la gloire que celui des humiliations et des souffrances.
C’est pourquoi le Sauveur est appelé ici le prince, ou le chef du salut (Hébreux 12.2 ; Hébreux 5.9), car il a frayé la voie à ceux qui sont sauvés, au travers du monde, du péché, de la douleur, de la mort, de tous les ennemis et par sa victoire il a rendu possible la victoire des siens.
Quant à la signification de cette parole « élever à la perfection (grec perfectionner) par des souffrances », appliquée au Sauveur, voir Hébreux 5.9, note.
Celui qui sanctifie, Jésus-Christ et ceux qui sont sanctifiés, ses rachetés, sont, par l’œuvre de la rédemption, fils d’un seul et même Père, soit quant à leur origine, soit en vertu de la seconde naissance qui rend les pécheurs participants de l’Esprit que le Sauveur possédait dans sa plénitude ; ce que le Frère aîné possède de toute éternité, il le partage avec ceux qu’il n’a point honte d’appeler ses frères (Hébreux 2.12 ; Jean 20.17).
Quand on rapproche ce verset du précèdent, on voit que le Sauveur sanctifie les siens au moyen de ses souffrances et de sa mort, par lesquelles il ôte leur péché, leur fait part de sa justice et les rend capables de le suivre dans cette même voie du renoncement et d’une sainte obéissance.
Cette pensée revient souvent dans notre épître (Hébreux 9.13-14 ; Hébreux 10.10 ; Hébreux 10.14-29 ; Hébreux 13.12 ; comparez Jean 17.19).
Ces paroles sont tirées de Psaumes 22.31. Dans la première partie de ce Psaume, le prophète chante les douleurs du Messie : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as tu abandonné » ? Mais bientôt il entrevoit la victoire et son cantique devient un chant de triomphe.
C’est alors que le vainqueur voit une grande assemblée de rachetés qu’il appelle ses frères (exactement comme Jean 20.17) et auxquels désormais il annoncera le nom de Dieu et il le célébrera par des hymnes de louange.
La citation répond donc parfaitement au but de notre auteur, qui est de justifier le titre glorieux de fils de Dieu et de frères du Seigneur donné aux rachetés et en même temps de rappeler, par l’Écriture, le moyen de leur délivrance.
On a vu dans ces mots une citation de Psaumes 18.2, ou plutôt de 2 Samuel 22.3, où le Psaume est reproduit et où la version des Septante est exactement conforme à notre texte. D’autres font dériver cette citation d’Ésaïe Ésaïe 8.17. La parole qui est citée aussitôt après rend cette opinion plus probable.
Les Septante ont au commencement de Ésaïe 8.17 Et il dira. Ce verbe au futur, qui manque dans l’hébreu, a amené les Juifs à donner un sens messianique aux paroles d’Ésaïe (voir la note suivante).
Quoique fils de Dieu, il a fallu que, dans son abaissement et ses souffrances, le Sauveur mit en Dieu sa confiance, comme un faible mortel. En cela aussi, il a été « fait semblable à ses frères » (Hébreux 2.17).
Ésaïe 8.18. Cette citation encore est destinée à justifier aux yeux des lecteurs de l’épître la grande pensée de ces « fils amenés à la gloire » (Hébreux 2.10) par Celui qui est devenu semblable à eux C’est de lui-même et de ses propres fils que parlait Ésaïe.
Mais on doit considérer les circonstances dans lesquelles ces fils lui naquirent et les noms dont il dut les appeler par l’ordre de l’Éternel pour qu’ils devinssent des « signes et des présages », annonçant d’affreuses calamités sous Achaz, puis la délivrance de la nation.
On conçoit alors que l’auteur, selon la manière allégorique d’appliquer l’Ancien Testament, voie, dans le prophète devenu le sauveur de son peuple, une image du grand Libérateur qui présente à Dieu « ceux que le Père lui a donnés »
Les enfants prophétiques dont l’auteur vient de parler et en général les enfants des hommes dont le Sauveur fait des « fils de Dieu » (Hébreux 2.10). Il ne s’agit point ici des petits enfants en particulier.
C’est-à-dire à la nature humaine, faible, infirme, mortelle, sujette à la douleur, à la mort, à toutes les suites de la chute de l’homme (comparer Jean 1.14, note ; Romains 1.3 ; Romains 1.4, note).
Ces paroles, qui indiquent clairement la cause et de l’incarnation et de la mort de Jésus-Christ, se rattachent encore à Hébreux 2.10 et expliquent, ainsi que les versets suivants, pourquoi « il convenait » que l’auteur du salut fût « consommé par la souffrance ».
Il a dû participer à notre nature afin que, par sa mort, il anéantit celui qui a la puissance de la mort ; voilà la rédemption objective accomplie sur la croix. Par là, il délivre tous les jours encore ceux qui trouvent dans la crainte de la mort une affreuse servitude ; voilà la rédemption subjective, personnelle, accomplie dans tous les croyants.
Ce n’est pas seulement la mort que le Sauveur devait détruire par sa victoire, mais celui qui a la puissance de la mort, le diable. Satan est le prince de la mort, car par lui « le péché est entré dans le monde et par le péché la mort » (Romains 5.12). Jésus-Christ enseigne la même vérité (Jean 8.44).
La mort n’est point seulement la destruction du corps, mais la ruine de l’âme (comparer Romains 1.32, note ; Romains 5.12, 2e note). Satan est l’auteur de la mort temporelle et éternelle ; en lui le royaume des ténèbres trouve son unité et son chef.
Tant qu’il reste sous la domination du péché, l’homme est toute sa vie assujetti à la crainte de la mort et de la condamnation, comme à une servitude tyrannique. Si cette crainte ne se manifeste pas en tous également, si, à force de légèreté, de distractions mondaines, d’oubli de Dieu et d’eux-mêmes, beaucoup d’hommes parviennent à s’y soustraire pendant un temps, ce n’est que pour se préparer un réveil d’autant plus terrible et leur vie sans Dieu est un effet indirect de la servitude dont parle ici l’apôtre.
C’est d’un tel état que Jésus-Christ a délivré les croyants. Par sa mort, il a expié leurs péchés, il les a réconciliés avec Dieu et leur a rouvert les sources du pardon ; et par sa résurrection, en triomphant de la mort, en devenant les prémices de leur propre résurrection, de leur vie éternelle, il a pleinement accompli leur délivrance. Ils peuvent mourir avec lui, ressusciter avec lui, marcher avec lui dans une vie nouvelle et rien ne saurait plus leur nuire (comparer les notes sur Romains 5.6-10 ; Romains 6.4-6 ; Romains 8.1 ; 2 Corinthiens 5.19-21 ; Éphésiens 2.14 ; Éphésiens 2.15).
C’est ici, en d’autres termes, la vérité déjà exprimée à Hébreux 2.5 et dont la suite n’a été que le développement profond. Le monde à venir, la participation à la gloire de Christ, la rédemption, qui seule peut y conduire, tout ce que le Sauveur a été et a fait, ne concerne point des anges, mais l’homme pécheur.
Cette réflexion est une confirmation (car) de la nécessité où se trouvait le Sauveur de « participer au sang et à la chair ». Il devait délivrer non des anges, mais des hommes, donc il devait être homme.
Si l’auteur dit ici la postérité d’Abraham, quand, d’après le contexte, on aurait attendu la postérité d’Adam, c’est parce qu’il parle à des descendants du patriarche, sans que pour cela il exclue les païens.
L’auteur énonce une conséquence du fait que le Fils porte secours à des hommes faibles et malheureux : il devait être rendu semblable à ses frères en toutes choses, afin qu’il pût devenir compatissant et se présenter à eux comme un souverain sacrificateur fidèle.
C’est sous cette forme si consolante et si vraie que l’auteur introduit pour la première fois l’idée de la sacrificature de Jésus, qui occupe une si grande place dans son épître.
Il ne faudrait pas conclure de cette parole que Jésus-Christ ne fût pas compatissant avant d’être devenu semblable aux hommes ; c’est sa compassion infinie qui l’a porté à naître au sein de notre humanité pour nous sauver. Mais s’il n’avait connu par lui-même l’infirmité de notre nature et ses tentations, il n’aurait pu éprouver de sympathie humaine pour de pauvres pécheurs souffrants et tentés, il n’aurait pu être ce Sacrificateur qui intercède pour ses frères dans un sentiment personnel de leurs besoins.
Mais, quand nous le voyons souffrir, combattre, prier, pleurer avec ses frères et accomplir son œuvre de Sacrificateur auprès de Dieu en épuisant jusqu’à la mort la coupe des douleurs que le péché a enfantées sur la terre, nous reprenons courage et confiance en lui (Hébreux 4.15-16).
C’est ainsi que nous devons le contempler (grec) faisant la propitiation pour les péchés du peuple (voir sur ce grand fait de l’expiation et de la sacrificature de Christ, les chapitres Hébreux 7 ; Hébreux 8 ; Hébreux 9 ; Hébreux 10, qui sont consacrés à ce sujet).
Ici l’auteur n’a pas seulement en vue le sacrifice d’expiation, accompli une fois pour toutes sur la croix, mais encore l’intercession du Sauveur qui fait prévaloir auprès de Dieu l’efficace perpétuelle de ce sacrifice en faveur de tout pécheur repentant (Hébreux 4.16 ; Hébreux 7.25 ; Hébreux 9.24 ; Hébreux 10.19 et suivants ; comparez Romains 8.34 ; 1 Jean 2.1).
De même, quand il ajoute (Hébreux 2.18), comme un motif de l’obligation qui incombait au Fils de devenir semblable à ses frères : car, parce qu’il a souffert, ayant été tenté, il a en vue, non seulement la mort de Jésus, mais toutes les souffrances que le Sauveur a endurées et il les envisage moins en elles-mêmes que comme des moyens par lesquels le Fils fut lui-même tenté, exercé à l’obéissance envers Dieu (Hébreux 5.8) et élevé ainsi à la perfection (Hébreux 2.10).
Et parce qu’il s’est ainsi « sanctifié lui-même » pour les hommes (Jean 17.19), le Fils peut, d’une part, expier leurs péchés (Hébreux 2.17), car sa sainteté parfaite fait la haute valeur morale de son œuvre expiatoire ; et d’autre part, il peut secourir ceux qui sont tentés (Hébreux 2.18), les soutenir de sa sympathie, les faire participer à sa victoire (Jean 16.33), les délivrer de cette crainte de la mort (Hébreux 2.15) qui risque de les rendre infidèles à leur profession. Cette pensée sert de transition à l’exhortation suivante.
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