1 Bildad de Suach prit la parole et dit : 2 Jusqu’à quand tiendras-tu ce langage,
Et les paroles de ta bouche seront-elles une violente tempête ? 3 Dieu fera-t-il plier le droit,
Et le Puissant la justice ? 4 Si tes fils ont péché contre lui, Il les a livrés au pouvoir de leurs fautes. 5 Mais si toi, tu te tournes vers Dieu,
Et que tu implores le Puissant, 6 Si tu es pur et droit, Alors certes il s’éveillera en ta faveur, Il rétablira la demeure de ta justice ; 7 Ton commencement aura été petit, Ta fin sera fort grande. 8 En effet, informe-toi auprès des générations anciennes, Applique ton cœur à la sagesse des pères ; 9 Car nous, nous sommes d’hier et nous ne savons rien, Car nos jours sont une ombre sur la terre. 10 Ne t’instruiront-ils pas, ne te parleront-ils pas,
Et ne feront-ils pas sortir de leur cœur ces paroles : 11 Le papyrus croît-il où il n’y a pas de marais ? Le jonc s’élève-t-il où il n’y a pas d’eau ? 12 Quand il en est encore à son premier jet et qu’il n’est pas mûr pour la faux, Il sèche avant toute autre herbe. 13 Tels sont les sentiers de tous ceux qui oublient Dieu ;
Et l’espérance de l’impie périra. 14 Son assurance se brise, Sa confiance est une toile d’araignée. 15 Il s’appuie sur sa maison, elle ne tient pas ; Il s’y cramponne, elle ne reste pas debout. 16 Il verdoie en plein soleil, Ses rejetons s’étendent sur tout son jardin ; 17 Ses racines s’entrelacent dans les pierres, Il pénètre jusqu’au roc ; 18 Mais qu’on l’arrache de sa place, Elle le renie : Je ne t’ai jamais vu ! 19 Telle est la joie de sa vie,
Et de la poussière d’autres germeront. 20 Dieu ne rejette donc pas l’homme intègre ; Mais il ne prend pas les méchants par la main. 21 Il remplira encore ta bouche de rire,
Et tes lèvres de jubilation. 22 Ceux qui te haïssent seront revêtus de honte, La tente des méchants disparaîtra.
Ce premier discours est relativement modéré. La justice de Dieu, telle en est l’idée centrale. Bildad ne relève pas les attaques personnelles de Job (Job 6.14-27) ; il en reste à la question en elle-même, et, sans prendre précisément le ton affectueux que Job avait réclamé (Job 6.28), il use cependant d’une certaine retenue dans l’application de son point de vue, qui est le même que celui d’Éliphaz. Cependant il a le triste courage d’insinuer que la mort des enfants de Job est causée par leurs péchés.
Il commence par répondre aux accusations que Job vient de diriger contre la justice divine, tout en faisant espérer à son ami une réhabilitation (versets 2 à 7) ; il a recours à la sagesse des pères pour prédire la ruine inévitable des méchants (versets 8 à 19) : il termine par une perspective consolante (versets 20 à 24), sans oublier la menace (verset 22).
Ce langage : les reproches que Job vient d’adresser à Dieu (Job 7.11-21).
Si tes fils… Bildad n’affirme pas ; il suppose le cas où les fils de Job auraient péché. Mais on voit bien qu’il pense qu’il en a été réellement ainsi.
Il les a livrés… Les fautes ont un pouvoir, auquel à un moment donné Dieu livre leurs auteurs. La pensée est vraie (Romains 1.24 ; Jean 8.34), mais l’application de cette vérité est fausse. Dieu est juste, mais les événements de la vie ne sont pas toujours le fait de la justice rétributive de Dieu (Jean 9.1-3 ; Luc 13.4-5). Le lecteur, qui a lu le prologue, comprend cela. Mais ce qu’il y a précisément de tragique dans notre drame, c’est que les acteurs, Job et ses amis, ignorent ce qui s’est passé entre Dieu et Satan et qui expliquerait tout.
Mais si toi… qui vis encore et qui, moins frappé, es moins coupable.
Ta fin : toute la suite de ta vie. En proportion de la prospérité qui t’attend, ton bonheur d’autrefois paraîtra peu de chose. Cette prédiction se réalisera mieux que Bildad ne le pense (Job 42.10-17).
Auprès des générations anciennes. Éliphaz en a appelé à une révélation ; Bildad a pour lui la tradition.
Nous vivons trop peu de temps pour pouvoir faire fi de la sagesse accumulée pendant des siècles.
De leur cœur. Dans l’Ancien Testament le cœur est le siège de la raison tout autant que des affections. Voir déjà le verset 8.
Il sèche. Toute cette luxuriante végétation aquatique est la première à périr quand l’eau vient à manquer. Ainsi ceux qui oublient Dieu peuvent prospérer un temps, mais c’est là une vie sans consistance.
Une toile d’araignée, littéralement : une maison d’araignée. L’auteur aurait pu employer le mot de toile (Ésaïe 49.5) ; il a voulu préparer le verset suivant.
Quand des fautes personnelles affaiblissent un malheureux, il lui reste les avantages que lui donnent son nom, sa famille, sa fortune. Mais cela même ne le sauve pas toujours.
Il peut pendant un certain temps prospérer admirablement.
Il pénètre jusqu’au roc, littéralement : Il voit la demeure des pierres.
Mais il peut être arraché comme un autre et alors c’est pour jamais.
Elle le renie et dit… Même personnification que Job 7.10.
Telle est la joie de sa vie, littéralement : de sa route. Ironique. Peut-on vraiment parler d’un joyeux voyage à propos d’une vie qui se termine ainsi, après avoir été peut-être un objet d’envie pour plusieurs ?
D’autres germeront. Cette plante ne fera pas même un vide ; il se trouve immédiatement, d’autres plantes qui croissent à sa place.
Tu vois que, selon les pères, il ne faut pas accuser Dieu d’injustice : si d’une part, il ne rejette pas l’homme intègre (début du verset 20), de l’autre il ne soutient pas le méchant (fin du verset 20). De ces deux vérités, c’est surtout la première qui est, développée dans ce qui suit (verset 21 et début de 22). Cependant Bildad ne peut pas terminer autrement que par la note grave (fin du verset 22).
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