1 Venez et retournons à l’Éternel ! Car c’est lui qui a déchiré, il nous guérira. Qu’il frappe, il bandera nos plaies. 2 En deux jours, il nous fera revivre ; le troisième jour, il nous relèvera, et nous vivrons devant sa face. 3 Connaissons l’Éternel, appliquons-nous à le connaître ; son lever est certain comme celui de l’aurore, et il viendra à nous comme la pluie tardive arrosant la terre. 4 Que te ferai-je, Éphraïm ? Que te ferai-je, Juda ? Votre amour est comme une nuée du matin, comme la rosée qui passe de bonne heure. 5 C’est pourquoi j’ai taillé en pièces par les prophètes, je les ai tués par la parole de ma bouche ; ton jugement, voilà la lumière qui se lèvera ! 6 Car je prends plaisir à l’amour, et non au sacrifice, à la connaissance de Dieu plus qu’aux holocaustes. 7 Mais eux, à la façon des hommes, ont transgressé l’alliance ; là, ils m’ont trompé. 8 Galaad est une, ville de malfaiteurs, remplie de traces de sang. 9 Comme des bandits guettent les gens, ainsi une bande de prêtres, assassine sur la route du côté de Sichem ; car ils commettent des scélératesses. 10 Dans la maison d’Israël, j’ai vu des horreurs ; là est la prostitution, la souillure d’Israël. 11 Juda même a fait de toi une moisson quand j’ai relevé mon peuple.
On envisage ordinairement, les paroles mises versets 1 à 3 dans la bouche d’Israël comme réalisant l’avenir de repentance qu’annonçait le verset 15 du chapitre 5. Mais la réponse de Dieu, versets 4 à 10, ne s’accorde pas avec ce sens ; car Dieu repousse le mouvement de foi que semble exprimer le langage du peuple. Malgré les apparences pieuses de ce langage, il faut remarquer, en effet, que dans ces trois versets manque toute expression de reconnaissance humble du péché ; le peuple s’encourage lui-même en se berçant de l’espoir du relèvement politique que ne peut lui refuser son Dieu. C’est pourquoi Dieu n’accepte pas ce retour extérieur qui ne repose pas sur une sincère humiliation. Juda aussi reçoit en passant un avertissement (verset 4).
Les Israélites s’encouragent mutuellement à revenir à l’Éternel, qui est bon et puissant et qui guérira aussi certainement que c’est lui qui a frappé. Mais cette confiance est étrangère au sentiment sérieux de la sainteté de Dieu. La délivrance pour eux, c’est celle du châtiment, mais non pas du péché.
Dans ces conditions, la délivrance leur paraît prompte et facile : en deux jours. Grâce au traitement du divin médecin, deux jours suffiront pour que le malade, le peuple, après avoir reçu le coup, soit arraché à la mort ; et au troisième jour, il se trouvera de nouveau sur pieds ! Ainsi se flatte Israël.
Le peuple, auquel le prophète a reproché comme l’un de ses plus grands péchés le manque de connaissance de l’Éternel, s’exhorte lui-même à rechercher cette connaissance, comme s’il pouvait l’obtenir par son propre effort ; et il compte qu’aussitôt après, le salut divin brillera sur lui comme le soleil, sur le lever duquel on peut compter, ou descendra sur lui comme la pluie qui, peu avant la moisson, achève de faire mûrir les blés.
Il ne s’y fie point, parce qu’Israël ne parle que de souffrance et non point encore de péché. La confiance n’a de valeur que quand elle a été précédée par l’humiliation. Il faudra qu’Israël passe tout de bon par la destruction.
Que te ferai-je ? Quel moyen, soit de grâce, soit de punition, Dieu emploiera-t-il encore pour obtenir d’Israël un retour réel ? Car tout ce que le peuple vient de dire n’est l’effet que d’une émotion superficielle et passagère. Ici Dieu renvoie en quelque sorte à Éphraïm ses propres paroles du verset 3, il disait : Dieu se lèvera comme l’aurore, viendra comme la pluie. C’est votre amour, répond Dieu, qui ressemble à la nuée matinale ou à la rosée qui disparaît.
C’est pourquoi… Il en était déjà ainsi de vos pères. C’est pourquoi je les ai frappés si sévèrement. Les menaces du prophète sont présentées ici comme revêtues d’une puissance qui en assure l’exécution (Jérémie 1.10 et ailleurs).
Voilà la lumière… La lumière qui se lèvera sera non pas, comme tu le crois, le salut, mais le châtiment dans lequel resplendira la justice de Dieu.
L’amour, est mis en parallèle avec le sacrifice, parce qu’il est lui-même le vrai sacrifice, celui de nous-mêmes et que, sans ce sacrifice, le culte extérieur est pour Dieu comme une offrande sans parfum.
La connaissance de Dieu résulte de la révélation de son amour et de sa sainteté ; cette révélation reçue dans le cœur allume en nous l’amour et fait de notre vie le vrai holocauste. Il était nécessaire de rappeler cette pensée à un peuple toujours enclin à faire de la cérémonie extérieure le service demandé par l’Éternel et il est absurde d’en conclure, comme le font plusieurs, que les prophètes méprisaient le culte rituel. Voir 1 Samuel 15.12 ; Ésaïe 1.11-17 ; Michée 6.7 ; Michée 6.8 ; Psaumes 40.7-9 ; Psaumes 50.8-9 ; Matthieu 9.13.
À la façon des hommes… On peut traduire à la façon d’Adam… Le sens serait qu’Israël transgresse, comme Adam, un commandement positif et rompt à son exemple le contrat qui l’unissait à Dieu. Mais il paraît plus naturel de prendre le mot Adam dans le sens collectif : l’homme, pour les hommes, l’humanité en général. Le sens est dans ce cas : comme les hommes, c’est-à-dire les païens, ne se font pas scrupule de rompre les traités contractés par eux.
Là… Comparez l’expression toute semblable (Psaumes 14.5). Le prophète contemple en esprit un endroit qu’il ne désigne pas plus clairement. Est-ce Galaad, dont il va parler au verset 8, ou Béthel, ce théâtre permanent du divorce entre le peuple et l’Éternel ? Oui, ne serait-ce pas plutôt, d’après les versets 10 et 11, où Israël est opposé à Juda, le pays d’Israël tout entier, devenu un théâtre d’infidélité ?
Le prophète fait évidemment allusion à des scandales récents qui avaient eu lieu, l’un dans le pays à l’est du Jourdain, en Galaad, l’autre à l’ouest, près de Sichem.
Galaad. L’expression : ville de malfaiteurs, pourrait faire penser qu’il s’agit ici d’une ville proprement dite ; et en effet, Eusèbe mentionne une ville de ce nom dans le Liban ; mais cet endroit est totalement inconnu, du reste et il est plus naturel de penser au pays de Galaad, si connu, à l’est du Jourdain, qui est peuplé de malfaiteurs, comme une ville l’est de ses habitants.
Sichem : dans le pays d’Éphraïm, entre l’Ébal et le Garizim. C’est par là que passait la route traversant la Palestine du nord au sud et, par conséquent, le chemin des caravanes des dix tribus quand elles se rendaient à Béthel pour les fêtes du veau d’or. Or, il y avait des prêtres assez oublieux de leur vocation pour se mettre aux aguets sur cette route comme une bande de brigands et tomber à l’improviste sur les passants qu’ils assassinaient.
Là est… : sur cette terre même que son Dieu lui a donnée.
Juda même a fait… Ce verset a été interprété diversement ; on en a même séparé les deux parties en réunissant la première au verset précédent et la seconde au chapitre suivant. La vraie traduction dispense de ce procédé peu naturel. Osée fait allusion à un fait analogue à celui dont il avait parlé déjà Osée 5.10 et dont il parlera encore Osée 8.14 : à une époque antérieure, Juda avait subi les invasions d’Israël et avait presque été absorbé par lui (voir 2 Rois 14.12-14, où Joas d’Israël bat Amatsia de Juda, pille Jérusalem, y prend des otages, etc.) ; mais dans les derniers temps, tout avait changé de face, la puissance de Juda s’était raffermie (voir 2 Chroniques chapitres 26 et 27, les règnes d’Ozias et de Jotham), tandis que celle d’Israël déclinait rapidement (voir 2 Rois 15.8-31). C’est ce relèvement de Juda, pensons-nous, qu’Osée signale par ces derniers mots : quand j’ai relevé mon peuple. Et il faut supposer, d’après ces expressions de notre prophète, que Juda, à son tour, profita du raffermissement de son pouvoir pour faire d’Israël une moisson, en l’envahissant et le pillant (voir verset 10 et Osée 5.8-9).
Quand j’ai relevé… C’est le même terme hébreu que celui qui est employé pour le rétablissement de Job (Job 42.10).
Mon peuple : Juda.
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