Plan du commentaire biblique Cantiques des Maaloth — Psaumes 120 à 134
Les quinze psaumes portant le titre de Cantiques des Maaloth forment dans l’ensemble du psautier un petit recueil spécial.
Une combinaison très évidente a présidé à leur groupement. Au centre, se trouve un psaume attribué à Salomon (127). Une série de sept psaumes le précède, une série de sept psaumes le suit ; chacune de ces séries se divise en deux groupes, le premier de quatre cantiques, le second de trois et chacun de ces groupes renferme un psaume de David et contient douze fois le nom de Jéhova, qui apparaît ainsi vingt-quatre fois avant le psaume central et vingt-quatre fois après ; ce psaume central lui-même le contient trois fois. Il ne faudrait cependant pas ajouter une importance exagérée à tous les détails de cette symétrie si parfaite. La distribution régulière du nom de Jéhova, entre autres, a pu être introduite après coup, par le changement du nom d’Elohim (Dieu) en celui de Jéhova (l’Éternel), et cela, précisément dans le but de rendre la symétrie plus complète. Quant aux psaumes attribués à David et à Salomon, nous verrons que, pour la plupart d’entre eux, les témoignages des anciens documents ne sont pas unanimes. Sans donc nous arrêter à ces caractères extérieurs, nous verrons que, d’après leur contenu même, les psaumes de ce groupe forment un tout, dont l’ordre ne pourrait pas facilement être interverti.
Mais quelle pouvait être la destination spéciale de ce petit recueil ?
Le mot de Maaloth signifie montées . De quelles montées s’agit-il ? On a pensé a une tribune élevée (une élévation ) où se seraient tenus les prêtres pour chanter ces cantiques. C’est dans ce sens que Luther traduit : Ein Lied im höheren Chor . Mais le mot montée devrait, dans ce cas, être au singulier, maala .
L’explication généralement reçue dans l’antiquité est celle d’après laquelle il s’agirait de degrés conduisant au temple ; on a même fait observer que l’escalier montant du parvis des femmes à celui des hommes avait quinze marches ; chacun de nos psaumes correspondrait à l’une de ces marches et, pensaient les rabbins, devait être chanté par des hommes se tenant sur ce degré spécial. Nous ne nous arrêtons pas à cette hypothèse, qui repose sur un rapprochement bien extérieur et n’a en sa faveur aucun renseignement précis, non plus qu’à d’autres suppositions plus spécieuses encore. L’interprétation qui nous paraît rendre le mieux compte du titre lui-même, aussi bien que de la nature des psaumes portant ce titre, est celle qui rapproche le mot de montées de l’expression usuelle monter au sanctuaire, monter au temple ou à Jérusalem (Exode 34.24 ; 1 Samuel 1.3 ; 1 Rois 12.28 ; Luc 11.42 ; Luc 18.10 ; Actes 24.11 , etc.). Cette expression a son origine, non pas tant dans le fait de l’altitude de la colline du sanctuaire, que dans le sentiment de respect qu’avaient les adorateurs de l’Éternel pour ce lieu, qui leur apparaissait comme le centre et le faîte suprême de la vie nationale d’Israël. Nos psaumes seraient donc spécialement destinés aux pèlerinages annuels que les Hébreux faisaient à Jérusalem de toutes les parties du pays et même de l’étranger, à l’occasion des grandes fêtes religieuses. Vous entonnerez des cantiques , disait déjà Ésaïe, vous aurez l’allégresse au cœur, comme celui qui monte, au son de la flûte, à la montagne de l’Éternel, vers le Rocher d’Israël (Ésaïe 30.29 ). Dans les temps du second temple, après qu’Esdras eut rétabli les fêtes solennelles, ces pèlerinages devinrent encore plus chers aux Israélites qu’ils ne l’avaient jamais été. Plus ils se voyaient dispersés, plus ils tenaient à ce temple, qui était le symbole visible de leur unité et à ces fêtes, qui leur donnaient l’occasion de la maintenir (Félix Bovet, Psaumes des Maaloth, pages 23 et 24). À la lumière de nos psaumes, nous voyons les pèlerins partant des pays païens, qu’un grand nombre d’entre eux habitent encore, s’avançant vers la ville sainte, y arrivant, la traversant pour monter au temple, logeant chez leurs hôtes, célébrant la fête et se remettant en marche avec la bénédiction du sacrificateur.
Tous ces psaumes offrent entre eux des analogies qui leur donnent un air de famille assez marqué. Un trait qui les distingue est le soin donné à la forme. Plus que dans d’autres psaumes, nous y trouvons des détails pittoresques et gracieux. Plusieurs présentent en deux ou trois traits de petits tableaux pleins de charme… Si d’autres psaumes sont d’une veine plus abondante, d’un essor plus sublime ou d’un accent plus ému, ceux-ci sont surtout remarquables par une correction, une précision et une élégance qui en font de vraies œuvres d’art, dont la petite dimension ne fait que mieux ressortir la perfection (Bovet, pages 28 et 29).
Nous venons de citer le livre si estimé, à juste titre, de M. Félix Bovet, sur les Psaumes des Maaloth ; nous devons ajouter que nous ne cesserons, dans le cours de nos notes, de faire des emprunts à cet ouvrage, sans que pour cela M. Bovet doive être rendu responsable de toutes les idées que nous émettrons.
Psaume 120 — Israël au milieu des Gentils
Ce psaume exprime les soupirs d’un Israélite habitant au milieu d’un peuple infidèle et barbare et ceux d’Israël lui-même en butte à l’hostilité des Gentils.
Sans faire aucunement allusion aux fêtes de Jérusalem, il fait comprendre à quel besoin profond répondaient ces solennités, dans lesquelles Israël reprenait conscience de lui-même, comme peuple de l’Éternel.