Élie devant Achab, au torrent de Kérith et à Sarepta
L’intervention d’Élie. Cette entrée en scène a un caractère subit. C’est comme un éclair tombant du ciel. L’absence de la formule ordinaire : La parole de l’Éternel fut adressée à …, semble en faire une explosion d’indignation de la part du prophète, plutôt que le résultat d’une révélation et d’un ordre de l’Éternel ; comparez aussi Jacques 5.17-18. Il se sentait un de volonté et de sentiment avec son Dieu. Des menaces telles que Lévitique 26.19 ; Deutéronome 11.17 ; Deutéronome 28.23, avaient pu suggérer à Élie l’idée du fléau dont Israël méritait d’être frappé et qui devait lui prouver que Baal n’était pas le vrai maître de la nature. Une fois ayant conçu cette idée, il la soumet à son Dieu, et, assuré de son approbation et de l’exaucement de sa prière (Jacques 5.17), il sort de sa retraite et paraît devant le roi. Josèphe rapporte que, dans le temps du roi Ithobal, il y eut en Phénicie une sécheresse d’une année.
Élie : Mon Dieu est Jéhova ! Le nom de son père n’est pas indiqué ; toute son apparition a quelque chose de mystérieux.
Le Thisbite : originaire de Thisbé, localité de la Haute-Galilée, d’après Tobie 1.2, passage qui place Thisbé à droite de Ky-dios, probablement Kadès.
D’entre les habitants de Galaad. Cette expression paraît signifier qu’Élie avait émigré avec d’autres Israélites dans le pays de Galaad, à l’est du Jourdain et qu’il y vivait en étranger. La traduction d’Ostervald : L’un de ceux qui s’étaient habitués à Galaad, s’explique par le fait que le mot hébreu thoschav peut se rendre par habitant ou par habitué.
Le Dieu d’Israël ; à côté duquel Baal n’est qu’un intrus.
Devant qui je me tiens, comme l’un de ses messagers, prêt à recevoir et à exécuter ses ordres (Ésaïe 6.2).
Ces années-ci. Durée indéterminée. C’était la repentance du peuple qui devait déterminer la durée de l’épreuve.
Sinon à ma parole. C’est peut-être là la raison pour laquelle Achab le chercha plus tard si soigneusement. Le fait lui avait appris que la parole d’Élie était une puissance réelle (1 Rois 18.10). Cette parole renferme un défi hardi jeté aux prophètes de Baal. Qu’on compare, dit Calmet, tout ce que le paganisme a pu inventer de plus prodigieux, avec ce trait de l’activité prophétique ! Achab, sous le coup de cette menace, ne songe pas à arrêter Élie.
Retraite d’Élie (2-7)
Élie devait être soustrait à la mort qui l’attendait aussi bien que les autres prophètes (1 Rois 19.14).
Vers l’orient, de Samarie.
Kérith, qui est à l’orient du Jourdain. Si cette traduction est exacte, comme nous le pensons, il faut abandonner l’opinion, fort répandue depuis Robinson, que le Kérith est le Wadi Kelt, à l’occident du Jourdain, dans le voisinage de Jéricho. Le Kérith est vraisemblablement le Wadi Adschlun, à l’est du Jourdain, qui est fort encaissé et qui répond bien au sens étymologique du nom de Kérith, qui vient de karath, couper.
Aux corbeaux. Quelques-uns ont voulu traduire le mot orabim par Arabes ou par marchands, ou par habitants d’Arabo, ville voisine de Beth-Séan, mais sans raison suffisante. Dieu se sert d’instruments propres à faire éclater sa puissance. En lui faisant une telle promesse, Dieu mettait la foi du prophète à une forte épreuve.
Au bout de quelque temps : indication vague. Les deux séjours de Kérith et de Sarepta réunis doivent avoir duré au moins deux ans (1 Rois 18.1).
Sarepta, aujourd’hui Sarafend, ville située sur un promontoire entre Tyr et Sidon.
Qui appartient à Sidon : ainsi, située en dehors de la Palestine, où sa retraite eût été trop aisément connue du roi.
Une veuve. Encore une épreuve pour la foi d’Élie, qui doit recevoir son entretien d’une femme dénuée elle-même de tout appui. Pour s’assurer que c’est bien là la femme chez laquelle Dieu l’envoie, le prophète la met à l’épreuve.
Reconnaissant sa docilité et l’esprit dont elle est animée, il la soumet à une épreuve plus grande encore.
L’Éternel ton Dieu. Elle reconnaît que cet homme est un prophète et qu’il est hébreu et elle jure par le nom, connu d’elle, du Dieu des Hébreux. Habitant près de la frontière, elle avait entendu parler de Jéhova.
Pas un morceau. C’était le dernier moment pour lui demander ce sacrifice et en même temps venir à son secours.
De pain cuit. Le mot ainsi rendu (maôg, de la racine oug, être recourbé ou rond) désigne les gâteaux que l’on cuisait en appliquant la pâte contre les parois intérieures du four ; voir Genèse 18.6, où se trouve le terme ougga, qui est employé dans notre récit au verset 13. Sur ces fours, voir Lévitique 2.4, note.
Huile : en Orient, l’huile remplit le rôle du beurre chez nous.
Encore un appel au renoncement.
La résurrection de l’enfant (17-24)
C’est ici le premier fait de ce genre qui ait eu lieu dans le monde : le souffle de vie venant réhabiter le corps qu’il avait abandonné.
Qu’y a-t-il…? (Juges 11.12 ; 2 Samuel 16.10). Pourquoi un homme comme toi est-il venu chez une personne comme moi ? Cela ne pouvait aboutir qu’à une catastrophe ! Tu étais trop saint pour entrer chez une pauvre païenne ; tu as avec toi un Dieu qui juge. Même sentiment que Pierre, Luc 5.8.
Élie sent son œuvre auprès de cette femme compromise par celle mort. Voilà donc le salaire dont Dieu paierait celle qui a accueilli son serviteur !
S’étendit… trois fois… Cette espèce d’incubation a pour but de communiquer à l’enfant sa propre chaleur et son propre souffle de vie. Il faut se rappeler que la mort n’avait jusqu’alors jamais été vaincue. Pour la première fois, l’idée d’un pareil triomphe de la vie s’emparait de l’esprit d’un homme. Mais quel contraste entre cet effort violent et la manière calme et assurée du Prince de la vie ressuscitant Lazare ou le fils de la veuve de Naïn !
Que la parole de l’Éternel qui est dans ta bouche est la vérité. Cette expression ne peut s’appliquer uniquement à l’espèce de promesse implicitement renfermée dans ce mot : Donne-moi ton fils (verset 19) ; promesse qui aurait dû être plus expressément énoncée pour justifier le terme : la parole de l’Éternel. Elle ne peut donc désigner que les entretiens qu’Élie avait eus avec cette femme, sur Jéhova, sa grandeur, sa puissance et sa bonté, ainsi que sur le néant des idoles. Il semble que le miracle journalier de la reproduction de l’huile et de la farine aurait dû suffire à la convaincre ; mais la mort de son fils l’avait probablement ébranlée dans sa foi naissante et poussée à se demander si ce bienfait ne lui était pas venu par quelque autre voie qu’elle ne connaissait pas. Maintenant ce dernier bienfait miraculeux achève de lui prouver la vérité de la religion de Jéhova.