Trait suprême de la misère et de la dépopulation du pays : sept femmes pour un homme et toutes lui demandant comme une grâce de les prendre pour épouses. Ce qu’elles réclament, ce n’est pas leur entretien, mais simplement de pouvoir porter son nom, afin d’échapper à la flétrissure qui, selon les idées de l’Orient, s’attache au célibat aussi bien qu’à la stérilité.
Le reste d’Israël sanctifié et glorifié (2-6)
Par le jugement qui détruit les pécheurs, Sion est purifiée, par conséquent sauvée. Un reste seulement a donc part au salut, reste saint, qui vit désormais paisible et glorieux sous l’égide de Jéhova. Le discours se termine par un tableau lumineux semblable à celui qui en avait été le texte (Ésaïe 2.2-4).
En ce jour-là : le jour même du jugement, qui vient d’être décrit. Ésaïe passe sans transition du tableau du jugement à celui de la gloire, parce que le jugement, en rendant le salut possible, est le point de départ du relèvement. Dans l’accomplissement historique, le châtiment qui est décrit ici comme unique, s’est réparti en une série de jugements successifs ; et de même la gloire annoncée ne se réalise que graduellement.
Le germe de l’Éternel n’est pas le reste saint destiné à former le noyau du nouveau peuple de Dieu, car c’est pour ce reste même, pour les réchappés, que ce germe sera un ornement et une gloire. Cette expression ne peut non plus désigner simplement les produits du sol, que la bénédiction de Dieu fera germer. Car des bénédictions purement temporelles ne caractériseraient pas ici assez dignement la gloire de Sion restaurée et n’expliqueraient pas ce résultat magnifique : que les peuples regardent à elle et reconnaissent son Dieu comme le leur (Ésaïe 2.2). Ésaïe désigne ailleurs le Messie comme un rejeton qui surgit du tronc d’Isaï (Ésaïe 11.4 ; comparez Ésaïe 53.2). Il est donc naturel de supposer que c’est lui qu’il appelle ici le germe de l’Éternel (le germe planté et protégé par l’Éternel). C’est par ce germe qu’aura lieu le relèvement du peuple de Dieu, L’application de ce passage au Messie est confirmée par le nom de germe, que Jérémie (Ésaïe 23.5 ; Ésaïe 33.15 : Je susciterai à David un germe juste) et Zacharie (Ésaïe 3.8 ; Ésaïe 6.12) ; donnent à ce personnage. Chez ce dernier prophète, ce terme devient même une espèce de nom propre : Je vais faire venir mon serviteur Germe… Voici un homme dont le nom est Germe.
L’ornement et la gloire… C’est le Messie lui-même qui sera l’ornement de son peuple ; la gloire répandue par sa présence remplacera celle dont le jugement l’a dépouillé (Ésaïe 3.16 à 4.1). En Ésaïe 28.5, Dieu est appelé l’ornement du reste d’Israël. Comparez Luc 2.32, où le Christ est appelé la gloire de ton peuple d’Israël.
Le fruit de la terre pourrait désigner la prospérité temporelle dont jouira Israël sous le règne du Messie ; le passage parallèle Ésaïe 45.8 (voir l’hébreu) nous porte à l’appliquer plutôt au salut et à la justice dont son œuvre sera la source en Israël.
Les rechapés, le reste : les fidèles épargnés par le jugement, la semence sainte (Ésaïe 6.13).
Sera appelé saint. Ce n’est pas là un vain titre ; on les appellera ainsi, parce qu’ils le seront réellement. Séparés des pécheurs, qui auront péri dans le jugement et purifiés de leurs souillures, qu’emportera le souffle de l’Esprit de Dieu, ils réaliseront l’idée du peuple sacerdotal (Exode 19.6).
Inscrits pour la vie. Dieu inscrit, met à part les fidèles qu’il veut épargner dans le jugement. Cette image s’explique par l’usage qu’avaient les Israélites d’inscrire dans un registre les habitants de chaque ville (Nombres 1.18 ; 1 Chroniques 9.1 ; Esdras 2 ; Ézéchiel 13.9). Moïse intercédant pour Israël parle déjà du livre de Dieu (Exode 32.32). Comparez Psaumes 69.29 : Ils seront effacés du livre de vie et ils ne seront pas inscrits avec les justes. (Daniel 12.1 ; Luc 10.20 ; Philippiens 4.3, etc.).
Deux traits caractérisent le péché de Jérusalem : la souillure des filles de Sion, leur luxe, leur conduite légère (Ésaïe 3.16 et suivants) ; et le sang demeuré dans les rues de la ville à la suite des injustices et des meurtres qui y ont été commis (Ésaïe 1.15 ; Ésaïe 3.14-15). Volupté et cruauté vont ensemble.
Par l’esprit de… L’Esprit ou le souffle de Dieu est l’organe de son action dans les créatures : par son Esprit il crée, soutient, vivifie (Psaumes 104.29-30), mais aussi il juge et détruit (Ésaïe 11.4). Jean-Baptiste dit du Christ jugeant : Il baptisera d’Esprit et de feu.
Son assemblée : ceux qui s’y assemblent au temps des grandes fêtes.
Le même feu produit, de jour, une fumée qui donne de l’ombre, et, de nuit, une flamme qui éclaire. Cette image est tirée de l’histoire du séjour d’Israël au désert. La sortie d’Égypte est le type de la délivrance finale d’Israël et de toutes les délivrances particulières qui la préparent. Au désert, la nuée reposait sur le tabernacle, résidence visible de Jéhova ; ici, elle repose sur toute l’assemblée, parce que celle-ci même est devenue le véritable sanctuaire où Dieu habite. Il n’est plus question de temple (Apocalypse 21.22).
Sur toute sa gloire… La gloire dont le Messie fait part à Sion (verset 2), est mise à l’abri de tout danger : Dieu couvre comme d’un dais toute l’assemblée des élus ; dans sa communion, ils n’ont plus aucun péril à redouter (verset 6). La gloire promise ici à Sion se réalise spirituellement par le moyen de la prédication de l’Évangile (Ésaïe 2.2, note), mais elle est destinée à éclater un jour d’une manière visible, à tous les yeux.