Édom et Israël (chapitres 35 à 37)
Le morceau précédent opposait aux mauvais rois d’Israël le nouveau David ; les trois chapitres suivants développent un second contraste. Ils opposent à la dévastation éternelle d’Édom la restauration de la terre d’Israël. Le prophète s’adresse aux montagnes des deux pays. Pour les peuples montagnards, les chaînes et les sommités qu’ils ont habituellement sous les yeux deviennent des êtres connus et se personnifient en quelque sorte. Ce sont les silencieux témoins de l’histoire du peuple. Dépositaires de ses plus profondes émotions et de ses plus chers souvenirs, ils les transmettent d’une génération à l’autre. Peut-être en était-il tout particulièrement ainsi chez les Israélites ; car les montagnes avaient joué un rôle dans plusieurs des faits importants de leur histoire religieuse, tels que le sacrifice d’Isaac sur Morija, celui d’Élie sur le Carmel, l’établissement du temple sur la colline de Sion.
Le prophète s’adresse en premier lieu, chapitre 35, au mont de Séir ou d’Édom. Il désigne ainsi les deux chaînes parallèles qui, partant de l’extrémité méridionale de la mer Morte, vont aboutir au plus oriental des deux golfes par lesquels se termine au nord la mer Rouge. C’était dans ces deux chaînes et dans la vallée intermédiaire qu’habitaient les descendants d’Ésaü.
Ce discours prophétique est divisé en trois strophes :
- la première, versets 1 à 4, renferme la sentence de destruction prononcée sur le pays d’Édom
- la seconde, versets 5 à 9, indique un premier considérant de cette sentence : les Édomites ont répandu le sang israélite.
- La troisième , versets 10 à 15, énonce le second considérant : les Édomites ont avidement convoité la possession de la terre d’Israël après la destruction du peuple.
Chacune de ces trois strophes se termine par la formule : Et tu sauras (ou : et vous saurez, verset 9, ou : et l’on saura, verset 15) que je suis l’Éternel.
Il ressort de plusieurs paroles de ce discours qu’Édom est envisagé dans ce morceau comme le représentant du paganisme le plus endurci et le plus hostile au règne de Dieu ; comparez en particulier le verset 14, où à toute la terre qui se réjouira du salut divin est opposé Édom qui restera un lieu désolé. Ce rôle d’Édom est confirmé par le fait que dans le chapitre 25 sa destruction lui avait été annoncée en commun avec plusieurs autres peuples, tandis qu’ici il reste seul en scène, pour servir de pendant à l’Israël glorifié.
Mont de Séir : comparez Ézéchiel 25.8.
Une haine éternelle : comparez pour l’expression Ézéchiel 25.8 et pour le sens Ézéchiel 25.12, note et Amos 1.11.
Livré à l’épée : c’est ici le premier crime d’Édom.
Le temps de l’iniquité finale : comparez Ézéchiel 21.30. C’est le moment où l’iniquité d’Israël, parvenue à son comble, avait amené sur lui la ruine totale.
Je te mettrai à sang. Il y a probablement ici allusion au nom d’Édom et pour le son et pour le sens. Le mot qui signifie sang en hébreu est dâm (analogue à dôm) ; et de plus Édom signifie rouge.
Comparez avec ce verset et les suivants Ésaïe 34.5-10.
Parce que tu dis. C’est ici le second forfait d’Édom. En voyant la terre d’Israël privée de ses habitants, les Édomites, qui ont aidé à la destruction du peuple de Dieu, espèrent, par la grâce des Chaldéens, la posséder désormais.
Les deux nations et les deux pays. Les territoires des deux royaumes de Juda et des dix tribus, avec le peu d’habitants qui y étaient restés.
Et l’Éternel y était ! C’était donc du Dieu d’Israël, le vrai possesseur de Canaan, qu’ils se moquaient en parlant de la sorte. Profanes comme leur ancêtre (Hébreux 12.16), les Édomites ne voyaient que le côté matériel des choses et n’en comprenaient pas le sens divin.
Je me ferai connaître. Le jugement d’Édom, surtout par son contraste avec le retour d’Israël, sera pour celui-ci une révélation nouvelle de la puissance de son Dieu, dont s’est moqué ce peuple.
Quand toute la terre… Édom s’est réjoui quand Israël est tombé ; en retour, il viendra un jour où toute la terre se réjouira du salut divin, tandis qu’Édom seul en sera privé.
L’on saura Au verset 4, c’était Édom qui devait apprendre, pour son humiliation ; au verset 9, c’étaient les Israélites que cette grande leçon devait éclairer ; au verset 15, l’expression est plus générale : l’on saura. C’est le monde entier qui recevra instruction.