Mort de Sara et achat de la caverne de Macpéla
Ce morceau, qui appartient au document élohiste, est intéressant non seulement comme tableau de mœurs, mais surtout comme récit d’un événement significatif dans la vie du patriarche. En achetant la caverne de Macpéla, Abraham affirme deux choses :
- qu’il se considère comme étranger dans le pays, puisqu’il ne s’arroge pas le droit d’enterrer Sara où bon lui semble ;
- qu’il a l’assurance que ses descendants posséderont un jour ce pays, puisqu’il tient à y être enterré avec tous les membres de sa famille.
C’est donc la foi, la foi patiente et soumise, qui est, ici encore, le trait dominant du caractère d’Abraham. Cette caverne de Macpéla est comme les arrhes de la possession de la terre de Canaan et c’est à ce lieu que se rattacheront les espérances de la famille patriarcale quand, pendant plusieurs générations, elle se verra asservie en Égypte.
Mort de Sara (1-2)
Nulle part ailleurs, la Bible n’indique la durée de la vie d’une femme ; mais Sara a une dignité spéciale comme mère du peuple élu.
Kirjath-Arba : ville d’Arba. Arba était un héros cananéen, père d’Anak (Josué 14.15).
Hébron. Voir Genèse 13.18, note.
Dans le pays de Canaan. Ces mots ont une importance particulière : c’est dans le pays de la promesse que Sara sera enterrée.
Abraham avait donc quitté Béerséba pour revenir à Hébron. On ne peut pas conclure, en effet, de la fin du verset (Abraham vint … ) qu’Abraham ait, dans ce temps-là, vécu à Béerséba et Sara à Hébron. Ces mots signifient plutôt qu’Abraham se retira dans la tente de Sara pendant le temps de son deuil. Comparez l’expression la tente de Sara dans Genèse 24.67.
Achat de la caverne de Macpéla (3-18)
Abraham doit avant tout acquérir un lieu de sépulture pour y enterrer Sara, car jusqu’à ce moment, il ne possède aucune terre dans ce pays dont Dieu lui a promis la possession.
Fils de Heth. Voir Genèse 10.15, note.
Lieu de sépulture. Chaque famille avait dans sa propriété une caverne naturelle ou artificielle où elle déposait ses morts.
Cette offre des Héthiens montre en quelle haute estime ils tiennent Abraham, car il était de règle de ne pas recevoir d’étrangers dans les tombeaux de famille.
Un prince de Dieu : un chef que la bénédiction de Dieu accompagne. Comparez Genèse 21.22.
Abraham a déjà fait son choix, mais il veut que la caverne à laquelle il a pensé soit sa propriété particulière, bien et dûment acquise. Il ne veut rien devoir aux habitants du pays.
Ephron veut se donner l’air de faire un présent à Abraham mais il n’en insinue pas moins le prix fort élevé qu’il veut de son champ. Les mêmes formes de politesse sont encore aujourd’hui en usage dans ces mêmes contrées quand il s’agit de traiter une affaire.
Ceux qui entraient par la porte de sa ville : ceux qui avaient le droit de prendre part aux assemblées publiques ; ils doivent être témoins du marché qui va être conclu, car dans ce temps on ne passait pas encore des actes par écrit.
Entre moi et toi, qu’est-ce que cela ? : Une bagatelle entre des gens riches comme nous.
Quatre cents sicles : environ 6 kg d’argent. Comparez Genèse 20.16.
Pesa. On ne se servait pas encore d’argent monnayé, mais seulement de morceaux de métal d’un certain poids qu’on était convenu d’employer dans le commerce (ayant cours chez le marchand).
Macpéla, vis-à-vis de Mamré, c’est-à-dire à l’orient de Mamré, qui faisait partie d’Hébron, d’après le verset 19. La situation de Macpéla est parfaitement connue, dans la partie sud-est de la ville d’Hébron ; la caverne, qui est double, se trouve actuellement sous une mosquée, dont l’entrée est interdite aux chrétiens ; quelques privilégiés seuls ont pu y entrer, mais ils n’ont pas vu la caverne : les Mahométans croient que, si quelqu’un pénétrait dans ce lieu redoutable, les patriarches se lèveraient immédiatement pour le tuer.
Mamré, situé, d’après notre verset, à l’occident de Macpéla, ne peut guère être cherché que sur la pente orientale de la montagne qui s’élève à l’ouest d’Hébron. La tradition qui place cette localité au nord d’Hébron est donc erronée.