Azaria, fils de Hosaïa, probablement le même personnage que Jézania, fils de Hosaïa, Jérémie 42.1. Il était nommé dans ce passage après Johanan, et, Jérémie 40.8, le dernier parmi les chefs. Il s’était donc peu à peu poussé à la tête des affaires. Ainsi s’explique peut-être le changement de ton du prophète.
Ils n’osent suspecter la bonne foi de Jérémie, mais ils accusent Baruc d’exercer une pression sur son maître ; comparez Jérémie 36.17-18.
Johanan, fils de Karéah. Ce personnage, qui s’était montré jusqu’ici partisan de la seule politique sensée en se rattachant à Guédalia ne paraît pas avoir été de force à lutter contre l’influence d’Azaria. Dès ce moment il disparaît de la scène.
Ils emmènent Jérémie et Baruc avec eux, soit qu’ils ne veuillent pas laisser en Palestine des témoins de leur faute, soit qu’ils ne veuillent pas être privés entièrement de leurs conseils.
Tachpanès : la première ville d’Égypte, du côté de la Palestine ; voir à Jérémie 2.16. Là ils font halte et Jérémie leur fait entendre une parole de Dieu, rendue plus frappante par un acte symbolique.
Jérémie doit plonger les grosses pierres dans le creux de chaux qui se trouve près de la tuilerie, dans le voisinage du palais de Pharaon ; et il annonce en même temps que ce sera là l’endroit où Nébucadnetsar, vainqueur de l’Égypte, dressera son trône pour prononcer ses sentences sur le roi d’Égypte et ses sujets. Cette image exprime la même pensée que ces mots : le roi de Babel, mon serviteur (verset 10). Nébucadnetsar agit, sans le savoir, comme instrument de l’Éternel ; il accomplit les jugements divins (Jérémie 27.6). Aussi est-ce Dieu lui-même qui fonde et affermit son trône. Ces pierres, que Dieu donne d’avance pour base au trône du roi de Babel par la main de Jérémie, contrastent avec les briques fragiles dont est construit le palais de Pharaon. On a demandé comment une tuilerie et un creux de chaux pouvaient se trouver près du palais royal. Pourquoi pas, si cet édifice était en ce moment en construction ou en réparation ?
Son tapis : le tapis magnifique sur lequel sera dressé son trône et qui recouvrira le lieu même où Jérémie a placé ces pierres. Quelques-uns ont voulu voir ici le tapis de cuir sur lequel se faisaient les exécutions et dans lequel on emportait les cadavres des victimes.
La conquête de l’Égypte par Nébucadnetsar est annoncée aussi par Ézéchiel 29.19 ; Ézéchiel 30.10. Comme Hérodote n’en fait aucune mention, bien des savants ont nié qu’elle ait jamais eu lieu. Jusqu’à ces derniers temps on ne pouvait leur répondre que par un passage de l’historien babylonien Bérose, contemporain d’Alexandre-le-Grand. Nous pouvons faire mieux à cette heure. De deux inscriptions babyloniennes, récemment découvertes, l’une établit que Nébucadnetsar envahit l’Égypte au temps d’Hophra, en 572 avant Jésus-Christ, exactement la date indiquée par Ézéchiel 29.17 (note). Le conquérant pénétra jusqu’à Syène et aux frontières de l’Éthiopie. D’après l’autre, Nébucadnetsar attaqua de nouveau l’Égypte quatre ans après. L’inscription conservée au musée britannique est endommagée. On peut déchiffrer la dernière syllabe, su, probablement la fin du nom Amasu ou Amasis, successeur d’Hophra.
Les brûlera : les temples ; les emmènera : les idoles.
Comme échantillon de la désolation de l’Égypte, Jérémie annonce en terminant la destruction d’un de ses temples les plus fameux, celui du Soleil, à On (Genèse 41.45), ville appelée par les Grecs Héliopolis et dont on voit les ruines à quelque distance du Caire, au nord-ouest. Ce sanctuaire de Râ (le dieu du Soleil) était remarquable par ses nombreux obélisques. C’est de là que proviennent la plupart de ceux qui ont été transportés en Europe, entre autres la fameuse Aiguille de Cléopâtre. L’un d’entre eux, de 150 pieds, est à Rome, où Auguste le fit transporter. L’un reste encore debout dans un jardin de Matarieh (village sur l’emplacement de On) ; il doit avoir été élevé par Usertésen 1er, roi de la douzième dynastie, antérieurement à l’invasion des Hycsos et au temps d’Abraham. La chute de ces obélisques (les colonnes) est le symbole de celle de la magnificence et du paganisme égyptiens.