Livre premier
Le juste et le méchant
Le Livre I des Psaumes (1 à 41) est composé presque entièrement de cantiques attribués à David. Il en contient trente-sept, soit la moitié de ceux que le recueil entier des Psaumes place sous le nom du roi-prophète. Les psaumes 1, 2, 10 et 33 sont anonymes. Si l’on envisage les deux premiers comme l’introduction au livre entier et si, d’autre part, on donne raison aux Septante, qui réunissent le Psaume 10 au Psaume 9 et attribuent le 33 à David, il ne reste plus dans ce premier livre que des psaumes de David. Tous sont jéhovistes.
Psaume 1
Ce psaume comprend deux strophes, de trois versets chacune, qui décrivent, l’une le bonheur du juste (versets 1 à 3), l’autre le malheur du méchant (versets 4 à 6).
La condition du bonheur (versets 1 et 2) ; ce bonheur lui-même (verset 3).
Heureux. Ce terme, souvent employé dans les Psaumes (Psaumes 32.1 ; Psaumes 41.1 ; Psaumes 119.1 1 etc.), est proprement une exclamation : Oh ! Bonheur de l’homme… Comme le discours de Jésus sur la montagne, le premier psaume s’ouvre par une béatitude. La condition du bonheur est décrite d’abord d’une manière négative, sans doute parce que, le péché régnant partout, le fidèle doit commencer par ne pas agir comme le grand nombre. La première chose qui frappe en lui, c’est qu’il ne marche pas selon le conseil…
Marche…, s’arrête…, s’assied. Gradation dans le mal : on entre dans la mauvaise voie, on y persiste et on finit par ne plus la quitter. Un progrès semblable dans le mal est marqué par les termes : méchants, pécheurs, moqueurs.
Les méchants, littéralement : les gens peu stables, sans principes (Ésaïe 57.20).
Les pécheurs : ceux qui se sont habitués à une vie coupable (Luc 15.2).
Les moqueurs : ceux dont l’esprit, devenu tout à fait profane, ne voit plus dans ce qui est saint que matière à plaisanterie.
Après le mal à éviter, le bien à faire. La loi, expression de la volonté sainte et bonne de l’Éternel, est mise ici fortement en relief, en opposition au conseil des méchants. Job 1.8 présente aussi la méditation et l’observation de la loi comme condition de bonheur et de prospérité.
Eaux courantes. L’Esprit Saint qui pénètre toutes les révélations divines est une eau vive qui rafraîchit et renouvelle la vie intérieure (Jean 7.38).
En sa saison. Au moment convenable, les œuvres que Dieu attend du fidèle se trouvent faites (Éphésiens 2.10).
Il le mène à bien. Le succès n’est pas toujours immédiat ni apparent ; mais les revers eux-mêmes, comme ceux que nous rencontrons dans les vies de Joseph, de David et de tant d’autres hommes de Dieu, sont la condition d’un succès plus complet.
Le sort du méchant (4-6)
On plaçait les aires à battre le blé au sommet des collines, afin que, le battage achevé, la balle et la poussière fussent emportées par le vent. L’enveloppe du grain, la balle, peut tromper le regard par son apparence, mais elle est vide. Ainsi le méchant, vide de tout bien, ne peut qu’être emporté par les jugements divins.
L’hypocrite peut s’insinuer dans l’assemblée des justes, mais les dispensations de Dieu l’en excluent tôt ou tard.
Parole finale résumant les deux strophes du psaume.
L’Éternel connaît, d’une connaissance qui est de l’amour, les hommes en qui sa parole a créé un lien de parenté avec lui (Psaumes 31.8 ; Psaumes 37.18 ; Jean 10.14). Tout ce qu’il ne connaît pas de la sorte est voué à la perdition (Matthieu 7.23).
Aboutit à la ruine, littéralement : s’effondrera comme dans un gouffre. Quel contraste entre ce mot final du psaume et le premier : Heureux… !
Ce psaume, sans nom d’auteur, exprimant une vérité toute générale, semble avoir été placé en tête du recueil comme une sorte d’introduction. C’est à ce titre sans doute qu’à l’origine il ne portait pas même de numéro.
Aucune préface ne pouvait mieux ouvrir le recueil des chants sacrés d’Israël. Non seulement ce cantique répond à la perpétuelle et pressante question de l’homme relative au bonheur, mais, avant que la voix des psalmistes se fasse entendre, il rappelle que Dieu a parlé et que sa loi est le sol fécond et arrosé d’en-haut où la vie véritable plonge ses racines. Chacun des psaumes qui suivent ne sera-t-il pas d’ailleurs comme un fruit de cette vie, qui procède directement de Dieu ?
Malgré l’absence de toute indication relative à l’origine de ce psaume, nous pouvons observer qu’il doit être antérieur à Jérémie, puisque ce dernier en reprend et en développe l’image centrale (Jérémie 17.8). Par son ton calme et sentencieux et par certaines expressions, il rappelle le langage des Proverbes, ce qui porterait à ui assigner comme date une époque de calme, telle que l’une de celles où furent composés les Proverbes eux-mêmes. On a pensé au commencement du règne d’Ézéchias. À l’époque de la décadence, la note change et Jérémie est amené par les malheurs du temps à dire : Pourquoi la voie des méchants est-elle prospère ? (Jérémie 12.4).