La vision des figues
Jérémie oppose une vision véritable aux songes des faux prophètes. La principale déportation avait eu lieu sous Jéhojachin ; ce roi avait été lui-même emmené à Babylone et remplacé sur le trône par son oncle Matthania, auquel Nébucadnetsar avait donné le nom de Sédécias. De même que la tribu de Juda s’était enorgueillie de son sort, en voyant la ruine du royaume du nord (comparez Jérémie 3.6-11), il est probable que la partie du peuple qui avait été laissée par le conquérant sur le sol de la patrie, avait pris occasion de cet avantage qu’ils avaient sur leurs frères déportés, pour entretenir des illusions sur eux-mêmes et sur leur avenir. Le prophète combat ces nouveaux mensonges dans la vision de ce chapitre. Il montre que la partie du peuple qui la première a subi le châtiment divin, forme, malgré les apparences contraires, l’élite de la nation, objet des grâces futures du Seigneur, tandis que ceux qui se croient les meilleurs, en raison du privilège dont ils se vantent, seront atteints bientôt par un châtiment irrévocable. Le jugement de Dieu commence le plus souvent par les siens ou par ceux chez qui il discerne encore la faculté de le devenir ; et l’espèce d’immunité dont il laisse jouir pendant un temps encore les méchants endurcis, ressemble au calme terrible qui, dans la nature, précède les catastrophes décisives.
Jérémie fera allusion à cette vision dans la lettre écrite aux Israélites de l’exil, Jérémie 29.17.
Elles représentent ici les enfants du peuple. Les paniers sont placés devant le temple, sans doute pour être présentés à Dieu, comme on lui offrait les prémices des récoltes (Deutéronome 26.2).
Placés le mot hébreu employé ici renferme une allusion aux usages sacrés.
Les charpentiers et les serruriers. Le sens de ces deux mots reste sujet à conjecture ; comparez 2 Rois 24.14 ; 2 Rois 24.16.
Me donna une vision, littéralement : me fit voir (contempler). Tout ici est révélation et le symbole et la chose signifiée. L’œil de Dieu seul pouvait, en effet, discerner une différence morale aussi absolue entre les deux fractions du peuple, celle qui était déjà en captivité et celle qui occupait encore le sol de Canaan.
Figues de la première récolte. Le figuier a en général deux récoltes, l’une en juin, l’autre en automne ; la première est la plus recherchée (Osée 9.10 ; Michée 7.1). La seconde n’a pas toujours le temps de mûrir.
Ces promesses seront répétées avec développements Jérémie 29.10-14 ; les menaces qui suivent, également ; comparez Jérémie 29.16-19.
Reproduction des images Jérémie 1.10.
Au pays d’Égypte. C’est probablement là que les complices de la révolte de Jéhojakim avaient fui les vengeances de Nébucadnetsar. Comparez les mêmes menaces adressées aux Juifs qui s’enfuirent en Égypte après le meurtre de Guédalia, chapitres 42 à 44.
Tourmentés… malheureux… Voir plus haut Jérémie 15.4 ; Deutéronome 28.37. Chacun sait comment ces prophéties ont été accomplies.