Aucune réponse encourageante n’étant donnée, Job reprend ses plaintes.
Il partage la destinée des hommes en général. Mais sa souffrance, à lui, se compte par mois et non par jours et elle a envahi même ses nuits.
Encore aujourd’hui on offre au voyageur, près du monastère de Job dans le Hauran, de petites pierres longues et cylindriques, censées être les vers de Job pétrifiés.
Mes jours, ma vie. Les heures sont longues parfois (verset 4) et les années rapides.
Vive prière qui lui est inspirée par le sentiment que le temps est court désormais pour l’exaucement (7-10)
Souviens-toi. Dieu n’est pas nommé ; les versets 7 et 8 lui sont cependant adressés.
Tes yeux me chercheront : pour me faire du bien, mais ce sera trop tard.
Sépulcre. Voir Ésaïe 5.14, note.
N’en remonte pas : pour recommencer à vivre sur la terre, comme l’indique le verset 10.
N’ayant plus d’espoir, je veux profiter des moments qui me restent pour exhaler ma plainte et pour vider mon cœur. Job va se donner plus libre carrière qu’il ne l’a fait jusqu’ici : il reproche à Dieu ses procédés, tels du moins qu’il peut les comprendre. Il semble que Dieu me tient à distance, comme si j’étais pour lui un être dangereux (verset 12). La nuit (versets 13 et 14) je suis poursuivi par des cauchemars tels que j’aimerais mieux mourir. D’ailleurs je ne suis plus qu’un squelette (verset 15). Il faut que cela finisse ! Que t’importe, à toi, que ce soit un peu plus tôt ou un peu plus tard (versets 16 à 18) ? Tout ce que je te demande, c’est que tu ne t’occupes plus de moi (verset 19). Tu allègues mes péchés comme t’obligeant à intervenir ; mais tu es si grand ! Que te peuvent mes péchés (verset 20) ? Ne veux-tu pas, pendant qu’il en est temps, pardonner mes fautes réelles ou prétendues (verset 21) ?
Etouffer. La lèpre produit souvent un asthme qui délivre le malheureux de la vie.
La mort : n’importe quel genre de mort.
Ces versets semblent être une parodie de Psaumes 8.5 : il ne vaut pas la peine de s’occuper de l’homme si c’est pour le tourmenter.
Le temps d’avaler ma salive. Locution proverbiale encore usitée en Orient. Nous dirions : le temps de respirer.
Ô gardien des hommes. Ici aussi, ironie. Dieu n’est pas un protecteur (Psaumes 121.3), mais un geôlier sévère, un surveillant mal intentionné !
Job, dans ce dernier morceau, s’est compromis comme il ne l’avait pas fait jusqu’ici. Il a pris Dieu directement à partie et sur un ton tel qu’il est évident que son cœur aigri, privé de toute vraie consolation, n’est plus maître de lui et, dans un moment d’oubli, attribue à Dieu injustice et dureté.