Le second signe symbolique
Va encore aimer une femme… Une femme ; ce n’est donc pas la femme du chapitre 1. Et c’est là l’argument décisif, nous semble-t-il, contre l’interprétation littérale de ces deux tableaux. Les partisans de cette interprétation pensent, il est vrai, qu’il est encore question de Gomer ; mais le prophète est obligé d’acheter cette femme (verset 2) ; ce ne peut donc pas être la même que précédemment. À certains égards, l’image est la même, mais elle est modifiée par l’adjonction d’un trait tout nouveau : un temps de châtiment durant lequel Israël se trouvera dans la position la plus étrange et que jusqu’alors il n’avait jamais connue, qui ne sera ni l’adoration du vrai Dieu, ni celle des idoles.
Aimée d’un amant : cet amant, c’est Baal ; adultère : envers son mari légitime ; ce mari, c’est Dieu.
Les gâteaux de raisin… Tandis que Dieu aime les fils d’Israël même dans leur état repoussant de dégradation, eux ne recherchent que les jouissances sensuelles, les fêtes voluptueuses qui accompagnent le culte idolâtre ; ces plaisirs sont comparés aux gâteaux de raisin, à cause du goût douceâtre de ceux-ci.
E je l’achetai… La somme mentionnée représente le prix d’un esclave d’après Exode 21.32, à savoir 30 sicles (comparez Zacharie 11.12). La dégradation de cette femme est telle que son acheteur l’obtient en ne payant que la moitié de la somme en espèces ; le reste est remis en orge.
Un homer et un létec : le létec est un demi-homer. L’homer contenait dix éphas ; le létec, cinq ; et l’épha (3 séas) coûtait un sicle et demi, d’après 2 Rois 7.16 ; 2 Rois 7.18 ; cela fait donc largement les quinze autres sicles.
Cette réclusion de la femme pendant laquelle elle n’est visitée ni par son mari, ni par ses amants, figure un temps durant lequel les premières relations d’Israël avec le Dieu de ses pères seront rompues, mais durant lequel aussi ses relations coupables avec les divinités païennes auront cessé. On ne saurait mieux dépeindre l’état dans lequel Israël est entré dès sa première captivité et dans lequel il se trouve encore depuis sa seconde dispersion. D’une part, rupture avec l’idolâtrie ; de l’autre, aucune relation vivante avec le vrai Dieu vivant qu’il a repoussé et auquel il n’adresse plus qu’un culte mort et de pure forme.
Sans roi et sans chef… : sans roi légitime, comme David et sa dynastie et sans chef, comme les chefs de propre choix qu’il s’était donnés en la personne de Jéroboam et de ses successeurs. Cette parole implique la perte de toute indépendance nationale, telle que le peuple la possédait encore soit sous la forme du royaume de Juda, soit même sous celle du royaume des dix tribus.
Sans sacrifice et sans statue… : sans culte divinement institué, comme celui qui se célébrait dans le temple à Jérusalem : et sans culte idolâtre et de propre invention, comme celui des veaux d’or, qui se célébrait à Dan et à Béthel.
Sans éphod et sans théraphim : sans oracles vraiment divins comme ceux que Jéhova accordait au grand sacrificateur par l’Urim et le Thummim déposés dans l’éphod (Exode 38.30) ; et sans oracles dûs aux enchantements comme ceux des devins ou des dieux domestiques (les théraphim) que consultaient les païens. L’éphod était le surplis du souverain sacrificateur, dont il se revêtait pour consulter l’Éternel (1 Samuel 23.9 ; 1 Samuel 30.7). Les théraphim étaient de petites statues portatives que l’on consultait et auxquelles on attribuait une influence bienfaisante sur la maison où elles se trouvaient (Genèse 31.19).Quel tableau frappant de l’état d’Israël dans son premier exil d’abord, puis de son état présent qui est un exil à la seconde puissance et qui a duré déjà de longs jours !
Comme la femme dont il est question, finira sans doute par s’humilier et par prier son mari de la reprendre tout à fait à lui, lui promettant d’être fidèle, ainsi Israël retournera à son Dieu ; puis il recherchera en même temps son roi (David) ; car, avec la conversion religieuse, le schisme politique prendra fin tout naturellement. Après l’exil, l’idolâtrie et le schisme cessèrent du même coup. Mais ce n’était là qu’un commencement d’accomplissement, prélude de l’accomplissement plus parfait à l’époque du Messie (voyez note Osée 1.11).
Tremblants… vers l’Éternel… Ils s’approcheront de l’Éternel avec l’humble tremblement du pécheur repentant (Osée 11.11).
À la fin des temps. La fin de l’exil se confond pour le regard du prophète avec les derniers temps.