Le Dieu qui prend soin des petits et des affligés
Ce psaume a été nommé le Magnificat de l’ancienne alliance. Il magnifie, en effet, comme déjà le cantique d’Anne (1 Samuel 2.1-10) et comme plus tard celui de Marie (Luc 1.46-55), le Dieu dont la majesté suprême ne dédaigne pas de prendre en sa protection le petit et le délaissé et de s’abaisser jusqu’à lui. Or tel était Israël, pauvre et chétif, au retour de la captivité. Aussi de quelle consolation ne devait pas être pour lui l’assurance que l’Éternel regardait à sa bassesse et pouvait faire de nouveau de la maison stérile une nation nombreuse et prospère. Nous pensons en effet que le Psaume 113 date du retour de l’exil. Il offre plus d’une analogie avec les promesses d’Ésaïe relatives à cette époque (Ésaïe 41.14 et surtout Ésaïe 54.1).
Les trois strophes du psaume se résument comme suit : Que le nom de l’Éternel soit loué toujours et partout (versets 1 à 3). Car l’Éternel est infiniment grand (versets 4 à 6). Il relève les petits de la poudre et prend en mains la cause des affligés (versets 7 à 9).
Avec ce psaume s’ouvre la série des cantiques appelés par les Juifs Hallel (louange). Ce sont les Psaumes 113 à 118. On les chantait lors des grandes fêtes, à la fête de Pâques en particulier ; les Psaumes 113 et 114 à l’entrée du repas, avant de faire circuler la deuxième coupe, les Psaumes 115 à 118 à la fin du repas, après la quatrième coupe (comparez Matthieu 26.30).
Louez l’Éternel ! (1-3)
Serviteurs de l’Éternel. Ce titre, qu’aucune autre désignation ne vient compléter, s’applique ici, non aux seuls Lévites, comme au Psaume 134, mais à toute la partie fidèle du peuple de Dieu, ainsi que c’est souvent le cas dans la seconde partie d’Ésaïe (Ésaïe 41.8 ; Ésaïe 42.1, Ésaïe 42.19, etc.).
Le nom de l’Éternel : le nom sous lequel il s’est fait connaître (Exode 3.14 ; Exode 6.2), qui est la révélation de sa gloire et qui rappelle tout ce qu’il a fait pour son peuple.
L’Éternel, infiniment élevé au-dessus de toute créature (4-6)
Toutes les nations… Elles sont grandes et surtout croient l’être ; mais l’Éternel est plus grand qu’elles toutes ; les cieux sont élevés, mais sa gloire les surpasse.
Il habite très haut et son regard pénètre très bas (5-6)
Il s’abaisse pour regarder… Image expressive, destinée à donner une idée à la fois de la grandeur et de la bonté de Dieu. Rien n’est grand pour lui et même pour s’occuper des créatures les plus élevées, il faut, de sa part, un acte de condescendance. Et par cela même que rien n’est grand à ses yeux, rien non plus n’est trop petit ni trop humble pour lui. Comparez Ésaïe 57.15. Cette idée de la bienveillance de Dieu envers les petits est développée dans la strophe suivante.
L’Éternel et les petits (7-9)
Ces versets sont tirés presque textuellement du cantique d’Anne. Comparez versets 7 et 8 avec 1 Samuel 2.8 ; verset 9 avec 1 Samuel 2.5.
De la poussière, du fumier : images bien propres à exprimer le dernier degré de l’abaissement et de la pauvreté. On voit encore, en Syrie et en Palestine, des malheureux, lépreux ou autres, qui, bannis de la société des hommes, font leur gîte dans des amas de cendre ou de fumier et implorent de là la charité des passants. Comparez Job 2.8.
Avec les princes : témoin David lui-même et avant lui Joseph. Comparez Job 36.7.
Avec, le cantique d’Anne se présente au souvenir du psalmiste l’exemple d’Anne elle-même, relevée de son opprobre.
Celle qui était stérile, littéralement : la femme stérile de la maison, expression qui fait sentir que, par le fait de cette épreuve, la maison prend fin. La parole de ce verset, accomplie à l’égard de Sara, de Rébecca, d’Anne et d’autres encore, a eu aussi plus d’une fois son accomplissement à l’égard d’Israël comme peuple et, dans son sens spirituel, à l’égard de l’Église (Ésaïe 54.1 ; Galates 4.27).
Il fait d’elle la mère joyeuse, littéralement : Il la fait habiter, mère d’enfants, pleine de joie. Le pléonasme, mère d’enfants, fait ressortir la richesse dont est comblée celle qui avait souffert de sa solitude.