Commentaire biblique de Exode 40.36 La description des versets 36 à 38 est un coup d’œil jeté sur tout le voyage dans le désert, Dieu lui-même conduit son peuple conformément à sa promesse primitive (Exode 23.20-21 ), qu’il avait retirée, mais qu’il a maintenant renouvelée. Le peuple peut ainsi reconnaître que l’Éternel a réellement fait son domicile de cette maison qu’il vient de lui élever. Ainsi est enfin accomplie la promesse Exode 25.22
Conclusion sur le Tabernacle
À l’époque où le peuple d’Israël campait au pied du Sinaï, le temps n’était pas encore venu de lui demander le culte en esprit et en vérité inauguré par Jésus-Christ. Quoique marqué déjà du sceau de l’élection divine et porteur de l’héritage spirituel de l’humanité, il n’était pas mûr encore pour un culte dégagé de formes extérieures et symboliques. Bien des siècles devaient s’écouler avant qu’il fût arrivé, selon l’expression de saint Paul (Galates 4.1 et suivants), à l’âge de majorité fixé par le Père. De plus Israël n’avait point été jusque là sans culte ; et de même que son développement intellectuel et moral, religieux même, ne pouvait manquer d’être en rapport avec celui des autres peuples, ses contemporains, il devait en être ainsi à bien des égards de ses cérémonies de culte. Or Moïse, dans les institutions qu’il lui légua, ne pouvant faire entièrement abstraction de ce qui existait déjà, il ne faut pas s’étonner des points de contact que l’on y découvre avec les formes de culte reçues chez les peuples environnants et particulièrement avec celles que nous constatons chez les Égyptiens, parmi lesquels Israël venait de faire un si long séjour.
Ce qui est beaucoup plus digne de remarque que ces ressemblances, ce sont les traits fermes et caractéristiques par lesquels s’accentue dans les institutions mosaïques le vivant monothéisme qui fut dès l’origine l’âme du peuple hébreu ; c’est le spiritualisme élevé qui pénètre tous les détails de ce culte extérieur et matériel.
Rappelons d’abord les traits généraux des différents cultes égyptiens, puisque ce sont ceux-là qui présentent le plus d’analogies avec le culte israélite. Les temples étaient entourés d’une vaste cour extérieure destinée à séparer la demeure de la divinité du monde environnant. Le temple lui-même était formé d’une ou plusieurs salles soutenues par plusieurs rangs de colonnes, où la lumière ne pénétrait qu’à peine par des ouvertures pratiquées dans le haut des murailles. Le sanctuaire proprement dit était une petite chapelle de pierre ou de bois, rectangulaire, fort basse, située vers le fond de la salle la plus reculée et où la lumière n’avait aucun accès. C’était là la vraie maison du dieu, qui renfermait son effigie, l’idole dans laquelle une opération magique était censée avoir fait passer quelque chose de l’âme de la divinité qu’elle représentait. Dans les jours de grandes fêtes la statue était transportée dans une barque sacrée jusqu’à la cour extérieure où tout le peuple avait accès. Mais le roi seul avait le droit de s’approcher du dieu dans son sanctuaire pour lui présenter les offrandes. Celles-ci consistaient en quartiers de viande, pain, fruits et légumes ; elles étaient placées devant l’idole sur la table sacrée et accompagnées de libations de vin. Il y avait aussi à certains jours des sacrifices sanglants, spécialement en faveur des mânes des défunts. Dans ces cérémonies on chargeait la tête de la victime d’une imprécation, en demandant que, si quelque malheur menaçait le roi qui offrait le sacrifice ou l’Égypte elle-même, le mal fût détourné et fondit sur cette bête. Il ne paraît pas que jusqu’ici on ait trouvé en Égypte rien qui ressemble à un autel spécialement destiné à recevoir le sang des victimes ou leur corps pour la combustion.
M. Maspéro, auquel nous empruntons une partie de ces détails (L’Archéologie égyptienne , 1887), résume le culte égyptien dans les traits suivants : La présentation de l’offrande a lieu par le roi, comme fils du Soleil, seul digne de communiquer avec la divinité et agissant au nom de l’humanité tout entière. Le temple est construit à l’image de l’univers, le dallage représentant la terre et le toit, parfois voûté, l’immensité du ciel.
Plusieurs traits dans le culte mosaïque rappellent quelques-uns de ceux que nous venons d’indiquer : ainsi la division du lieu de culte en trois parties principales ayant différents degrés de sainteté, la table chargée de pain, les sacrifices sanglants. Mais il n’est pas nécessaire de voir dans ces ressemblances le résultat de l’imitation, car ces mêmes traits se retrouvent chez d’autres peuples de l’antiquité. Ils sont fondés sur la nature même des choses. Ainsi la demeure de Dieu doit naturellement être séparée par un espace convenable du domaine profane et quant aux offrandes et aux victimes, elles sont pour l’homme le moyen le plus naturel d’exprimer à Dieu sa reconnaissance et de chercher à se le rendre favorable. Du reste, sous ces analogies mêmes se cachent des différences que chaque lecteur attentif aura remarquées à la simple lecture de l’exposé qui précède et que nous croyons superflu de relever en détail.
Ce qui distingue essentiellement le culte israélite des nombreuses formes du culte égyptien, comme de tous les cultes des peuples voisins, c’est l’absence de toute représentation matérielle de la divinité.
Le Lieu très saint ne renfermait aucun simulacre. L’arche ne contenait que les deux tables de la foi, monument de la sainte volonté du Dieu invisible. Le couvercle de l’arche, le propitiatoire, rappelait la grâce de ce Dieu qui pardonne et les chérubins, qui, avec leurs ailes étendues, étaient comme les porteurs du trône céleste, ne représentaient point des êtres divins ou même envisagés comme réels, mais n’étaient que les symboles de la puissance vivifiante que Dieu déploie dans toute la nature animée. Dieu lui-même, quoiqu’il se manifestât dans ce lieu, n’était point censé y être enfermé ; la nuée, symbole de sa présence, planait au-dessus et en dehors du Lieu très saint.
Dans le Lieu saint, qui précédait ce lieu le plus reculé du sanctuaire, se trouvait tout au fond, en face de celui qui y entrait depuis le parvis, l’autel d’or où fumait matin et soir le parfum, emblème des actions de grâces et de la prière du peuple ; à sa gauche, du côté du midi, le candélabre aux sept branches, représentant la révélation de la vérité divine dont Dieu éclaire son peuple ; à droite, du côté du nord, la table des pains sur laquelle Israël offrait à son Dieu, chaque jour de sabbat, les produits du sol, les fruits de son travail.
Dans la cour extérieure, ou parvis, se dressait l’autel des holocaustes. Le Dieu qui habite cette demeure est saint : il ne saurait tolérer l’approche du péché. Chaque jour donc, le peuple qui demeure autour de ce sanctuaire, devra être purifié et consacré de nouveau par le sang de l’holocauste offert matin et soir sur cet autel. La cuve d’airain, qui se trouvait entre l’autel et la Tente et qui rappelle les bassins d’eau qu’on trouve dans le voisinage des temples égyptiens, était, comme ceux-ci, destinée aux purifications des sacrificateurs.
Le sanctuaire israélite représentait ainsi les trois degrés de la relation de l’homme pécheur avec l’Éternel.
Le premier, celui de la réconciliation par l’expiation et de la consécration qui en résulte, avait pour théâtre ordinaire le parvis ;
le second, celui de l’adoration par laquelle le pécheur gracié glorifie son Dieu, était représenté par le Lieu saint ;
enfin, le Lieu très saint, au-dessus duquel Dieu habitait et où il se communiquait directement à celui qui devait exécuter ses ordres, correspondait à l’état de communion directe et personnelle avec Dieu auquel est admis l’homme rentré en grâce et pénétré de reconnaissance pour son pardon.
De la réconciliation à l’adoration, de l’adoration à la communion : voilà le progrès et, pour ainsi dire, l’ascension que représentait le lieu de culte israélite. Mais, en même temps, par les restrictions de plus en plus étroites apportées au droit d’entrée dans chacune de ces parties, Dieu faisait sentir l’état d’infériorité dans lequel le peuple et même ses sacrificateurs étaient encore retenus.
L’aspect du Tabernacle vu depuis le camp était à peu près celui-ci : D’abord une vaste enceinte rectangulaire, de cent coudées de long et de cinquante de large, tout entourée d’une tenture blanche, haute de cinq coudées et suspendue à des piliers de bois recouverts d’airain ; l’entrée de cette enceinte, tournée vers l’est, formée par cinq piliers de bois doré et garnie d’un somptueux rideau de lin blanc avec de magnifiques broderies rouges, bleues et cramoisies ; à l’intérieur, d’abord. l’autel des holocaustes ; puis, plus loin, la cuve d’airain, placée un peu vers le sud ; enfin, au fond, la Tente, aussi de forme rectangulaire, longue de 30 coudées, large et haute de 10, dépassant par conséquent de moitié, en hauteur, la tenture de l’enceinte ; cette tente formée de quatre tapis superposés reposant sur des pieux d’acacia revêtus d’or. Le tapis le plus extérieur n’est qu’une espèce de fourre destinée à protéger le tout contre le sable et la poussière et contre les pluies torrentielles qu’amènent parfois les orages dans le désert. Il est de peaux de dauphin, d’un gris bleuâtre. Si on le replie en tout ou en partie, on voit une seconde tenture de peaux de bélier teintes en rouge. La troisième est de peaux de chèvre, aux poils longs et soyeux, de couleur noirâtre, peut-être rayées de blanc. La quatrième, qui proprement forme la Tente, est de fin lin blanc, tissée avec des fils teints en rouge, en bleu et en cramoisi.
Que signifient ces couleurs et ces dimensions ? Car tout dans ces arrangements indique l’intention la plus réfléchie et le soin le plus minutieux. Le blanc , qui forme le fond des tentures, est évidemment l’emblème de la pureté, de la sainteté. Le rouge est le symbole naturel de la vie ; le violet ou bleu foncé, qui rappelle l’azur du ciel, représente la félicité divine. La réunion de toutes ces couleurs, telle qu’elle se trouve dans l’étoffe de la tenture intérieure et dans celle des trois voiles, à l’entrée du Lieu très saint, du Lieu saint et du parvis et telle aussi que nous la retrouvons dans une partie des vêtements du grand sacrificateur, figure naturellement la réunion et l’harmonie des perfections représentées par chaque couleur prise à part.
Quant aux nombres , ils ne sont pas plus arbitrairement choisis que les couleurs.
Celui qui règne dans tout le sanctuaire est le nombre 10 . Ce nombre, qui est celui des doigts humains, représente, par un symbolisme naturel, une totalité parfaite. Il domine absolument la forme du Lieu très saint qui est un cube parfait de 10 coudées dans ses trois dimensions. Ce sanctuaire est signalé par là comme l’emblème de la perfection.
Le Lieu saint, qui a une longueur double (20 coudées) de sa hauteur et de sa largeur, présente la forme rectangulaire, qui est moins parfaite que celle du cube et représente ainsi l’acheminement à la perfection plutôt que la perfection elle-même. On comprend que l’auteur de l’épître aux Hébreux ait vu dans le Lieu saint le type le plus élevé de l’ancienne alliance.
Dans les dimensions du parvis domine le nombre 5 (5 colonnes en formant l’entrée, les piliers de 5 coudées de hauteur, distants l’un de l’autre de 5 coudées.)
Sans doute d’après Exode 27.16 ; Exode 38.19 il semble que la porte du parvis n’avait que quatre piliers ; mais ce n’est qu’une apparence, comme on le voit par les versets précédents (Exode 27.10-15 , note), d’où il résulte que cinq piliers supportaient le voile d’entrée ; mais soit le premier soit le dernier était compté comme appartenant à l’aile adjacente.
La raison de ce nombre appliqué au parvis est sans doute celle-ci : Si 10, comme représentant les deux mains, est le chiffre de la totalité, 5, comme n’en représentant qu’une seule, est celui de l’incomplet, de la demi-perfection ; il convient ainsi au parvis, qui n’est que le vestibule de la demeure divine.
À côté du nombre 10, le nombre 4 a aussi sa place dans le Lieu très saint. Car la figure cubique est un composé de carrés parfaits et l’entrée de cette partie du sanctuaire est formée par 4 colonnes, tandis que celle du Lieu saint et celle du parvis en ont 5. Il doit y avoir là une intention. Et on la comprend si l’on se rappelle que le nombre 4, qui rappelle les quatre côtés de l’horizon, est par là même le chiffre le plus propre à représenter l’idée du monde ; appliqué au Lieu très saint, ce nombre parait donc signifier que le monde entier est destiné à devenir un jour ce qu’est actuellement ce lieu sacré, la demeure de Dieu et le théâtre de ses manifestations : comparez Apocalypse 21.16 , où la nouvelle Jérusalem a, comme le Lieu très saint du Tabernacle, la forme d’un cube et apparaît ainsi comme ce Lieu très saint agrandi.
Nous ne rencontrons le nombre 7 qu’une seule fois, et cela, dans le candélabre aux sept lampes. Le nombre 7 est généralement appliqué dans l’Écriture à la richesse des forces qui constituent la plénitude de la vie divine et des activités dans lesquelles ces forces se déploient. D’après Apocalypse 5.6 , l’agneau assis sur le trône a sept yeux et sept cornes, c’est-à-dire qu’il possède en plein la toute-science et la toute-puissance divines. C’est dans le même sens que dans Apocalypse 1.4 , le Saint-Esprit, placé entre Dieu et Jésus le Messie, est désigné comme les sept esprits qui sont devant le trône de Dieu ; c’est-à-dire comme renfermant tous les dons que Dieu répand sur Jésus et en vertu desquels il mérite le nom d’Oint ou Christ, comparez Ésaïe 11.2 . C’est ainsi encore que Zacharie (Exode 3.10 ) parle des sept yeux de l’Éternel qui sont fixés sur la pierre angulaire du temple rebâti par Zorobabel. On doit, conclure de là que les sept lampes du candélabre représentent la richesse, pleine de diversité et d’harmonie, des dons de connaissance et d’action que le Saint-Esprit (l’huile du candélabre) communique au peuple de Dieu.
Ce peuple lui-même est représenté par le nombre 12 . Ce nombre paraît deux fois : dans les douze pains placés sur la table dans le Lieu saint et dans les douze pierres précieuses que portait sur son pectoral le grand sacrificateur et sur lesquelles étaient gravés les noms des douze tribus. Ces deux applications qui sont faites de ce nombre sont significatives. Le nombre 12 provient de la combinaison du 3 et du 4, dont le premier est le chiffre de l’être divin considéré dans son essence, le second. comme nous venons de le voir, celui du monde ; il désigne en conséquence la relation de Dieu avec les créatures, particulièrement avec celle qui par sa nature spirituelle peut entrer en relation morale avec Dieu. C’est ainsi le chiffre qui caractérise l’union de Dieu avec les hommes, la pénétration de l’humain par le divin ; c’est le chiffre du peuple de l’alliance.
Nous avons fait observer dans l’explication des chapitres précédents le choix des métaux employés dans les trois parties du sanctuaire. Nous retrouvons ici une gradation analogue à celle que nous avons observée plus haut. L’or , le plus parfait des métaux, est celui qui domine dans le Lieu très saint et dont sont même recouverts les meubles du Lieu saint qui en sont le plus rapprochés. D’autre part c’est l’airain , métal sombre, mais solide, qui domine dans le parvis. Dans l’espace intermédiaire se retrouve fréquemment l’argent , sorte de transition entre les deux autres métaux.
C’est ainsi que tout dans les dimensions, dans les couleurs et dans les matériaux employés concordait, dans la construction du lieu de culte, à caractériser les degrés de sainteté de ses différentes parties.
Même gradation dans la dignité des personnes appelées à fonctionner dans le Tabernacle. L’accès du parvis est ouvert à tout Israélite qui a un sacrifice à y offrir et c’est dans cette partie que fonctionnent les lévites, comme substituts des premiers-nés de toutes les familles d’Israël. Les sacrificateurs ont seuls accès dans le Lieu saint et le grand sacrificateur pénètre seul dans le Lieu très saint, et cela, une fois l’année seulement, le jour des Expiations. Entre le souverain sacrificateur et le Lieu très saint, il existe une relation spéciale qui est signalée par deux faits :
l’or entre dans les vêtements particuliers dont ce premier fonctionnaire de la théocratie se revêt lorsqu’il officie ; ces vêtements d’or (biguedé zahav , comme les appellent les rabbins pour les distinguer des autres habits de cérémonie) sont la tiare, l’éphod et le pectoral ;
l’étoffe du pectoral, de l’éphod et de la ceinture est la même que celle de la tenture du Lieu très saint.
L’aspect de ce personnage revêtu de son costume de cérémonie était celui-ci : Sur sa tête, le turban que Josèphe dit avoir été bleu, mais qui, en raison du silence du texte sur ce point, doit plutôt avoir été de fin lin blanc ; sur son front, la lame d’or avec son inscription sublime ; sur ses épaules, les deux pierres d’onyx portant chacune le nom de six tribus ; sur sa poitrine, le pectoral de couleur bleue, rouge et cramoisie avec des fils d’or ; sous le pectoral, l’éphod, justaucorps de la même étoffe, descendant jusque vers les hanches ; sous l’éphod, le surplis, robe courte descendant jusqu’au-dessous des genoux, de couleur bleu-foncé, avec sa guirlande de grenades de pourpre et de clochettes d’or au bord inférieur ; enfin, sous le surplis, la chemise de lin blanc, descendant jusqu’aux pieds et dont on ne pouvait voir dans le haut du corps que les manches et au bas que la partie dépassant le surplis. La ceinture qui la tenait serrée au corps était de la même étoffe précieuse que l’éphod et le pectoral, mais on n’en pouvait voir que les deux bouts pendant au bas du surplis.
Revêtu de ce costume magnifique, le grand sacrificateur apparaissait comme l’Israélite idéal, le serviteur normal du Maître de cette habitation divine.
Les autres sacrificateurs, qui fonctionnaient dans le Lieu saint et le parvis, avaient aussi leur costume d’office, mais beaucoup plus simple.
Plusieurs critiques modernes, partant du fait que ce récit est emprunté uniquement au document élohiste, prétendent que tout ce Tabernacle décrit par l’Exode et le culte qui devait s’y célébrer n’ont jamais existé en réalité et que plus tard seulement on a, sur le modèle du temple de Salomon, imaginé le Tabernacle du désert, tel que nous le trouvons ici décrit. Cette supposition s’accorde avec l’idée que se font ces savants de toute l’histoire israélite, dans laquelle il ne voient que le résultat d’un développement purement naturel, d’où serait exclue toute intervention divine. Mais qu’on lise Lévitique, chapitres 16 et 17, où reviennent sans cesse les expressions dans le camp, hors du camp et où le Tabernacle est mentionné fréquemment et l’on comprendra que cette supposition impliquerait une fraude réfléchie qui s’étendrait au livre du Lévitique, comme à celui de l’Exode. Il en serait de même des Nombres (comparez Nombres 11.16 et suivants Nombres 11.24 et suivants) et enfin du Deutéronome qui n’appartient point au document élohiste et où il est parlé de l’arche de l’alliance dans laquelle furent placées les deux tables de la loi (Deutéronome 10.1-5 ), ainsi que de la Tente d’assignation et de la nuée (Deutéronome 31.15 ).
Le deuxième livre de Samuel raconte (Exode 6.17 ) que lorsque l’arche de l’Éternel fut amenée par David à Jérusalem, il la plaça sous une tente qu’il lui avait dressée. Pourquoi une tente à Jérusalem, si la tradition antique n’eût consacré ce mode d’habitation divine comme celui qui avait existé primitivement ? Au chapitre 7 nous trouvons un autre passage remarquable. Le roi David y parle à Nathan (verset 2) de l’arche de Dieu et exprime le regret qu’elle habite dans une tente, tandis que lui-même habite dans une maison de cèdres et en réponse à cette communication de David, l’Éternel répond ainsi par la bouche de Nathan : Je n’ai habité jusqu’ici dans aucune maison depuis le jour où j’ai fait monter d’Égypte les enfants d’Israël jusqu’à ce jour, mais j’ai marché, ça et là avec les enfants d’Israël dans une Tente et sous un pavillon .
Tout ce récit serait-il une fraude destinée à corroborer celle de l’auteur des trois livres moyens du Pentateuque ? Comparez aussi ce qui est dit de la résidence du Tabernacle à Silo et à Nob (Juges 18.31 ; 1 Samuel 1.3 ; 1 Samuel 1.21 ).
En face de ces faits, il ne nous paraît pas possible de nier l’existence d’un sanctuaire national existant dès le temps qui a suivi la sortie d’Égypte.
Mais on s’est demandé si ce sanctuaire pouvait avoir déjà à cette époque la grandeur et la magnificence qui lui sont attribuées dans la description de l’Exode et l’on a prétendu qu’un Tabernacle aussi considérable n’eût pu être construit, ni transporté dans les conditions de la vie du désert. Nous avons déjà répondu à l’objection relative à la construction ; nous aurons plus tard l’occasion de nous occuper de celle relative au transport. Voir à Nombres 7.1-9 ; Nombres 16.38 et suivants.
Sur les trois expressions suivantes :
therouma : offrande, offrande élevée ou prélevée, don (Exode 25.2-3 ; Exode 29.27-28 , etc.), voir Lévitique 7.14
jikdasch : sera saint (Exode 29.37 ; Exode 30.29 , etc.), voir Lévitique 6.18
nikeretha : sera retranché (Exode 12.15-19 ; Exode 30.33-38 ; Exode 31.14 ), voir Lévitique 7.20
Commentaire biblique de Exode 40.36