Verset à verset Double colonne
La foi en Jésus-Christ, signe de la nouvelle naissance source de l’amour et de l’obéissance, moyen de la victoire sur le monde
Qui croit que Jésus est le Christ est un enfant de Dieu ; il aime son Père et ses frères. Notre amour pour nos frères se reconnaît à notre amour pour Dieu et notre amour pour Dieu à la fidélité avec laquelle nous gardons ses commandements. Ceux-ci ne sont pas pénibles, car quiconque est né de Dieu triomphe du monde. La victoire sur le monde, c’est notre foi, c’est de croire que Jésus est le Fils de Dieu (1-5).
Le témoignage sur lequel repose la foi en Jésus-Christ
Croire que Jésus est le Christ n’est pas simplement, dans la pensée de l’apôtre, croire en Jésus-Christ ; par ces mots, il reprend sa polémique contre ceux qui séparaient l’homme Jésus du Christ divin (comparer 1 Jean 2.22 ; 1 Jean 4.2 ; 1 Jean 4.3, note, 1 Jean 4.15, note).
Mais ici comme partout, il revient immédiatement aux présuppositions et aux conséquences pratiques de cette foi. Ainsi la foi en Jésus comme Christ prouve la régénération. Celui qui la possède est né de Dieu ; et comme celui qui est né de Dieu aime, cela va sans dire, Celui qui l’a engendré, il aime aussi celui qui est né de lui. Sa foi est la source de son amour pour ceux qui sont les enfants du même Père (1 Jean 4.20 ; 1 Jean 4.21).
Dans toute cette exhortation à l’amour fraternel (1 Jean 3.11 et suivants ; 1 Jean 4.7 et suivants), Jean suppose constamment que cet amour est le fruit de la foi (1 Jean 4.7, 2e note). Mais ici il affirme de manière à écarter toute erreur, qu’il entend un amour spécial et d’une nature toute divine, qu’éprouvent ceux qui sont nés de Dieu, pour leurs frères également nés de lui, pour ceux qu’il appelle, au verset suivant : les enfants de Dieu.
Jusqu’ici l’apôtre a fait de l’amour fraternel un signe du véritable amour pour Dieu (1 Jean 4.20 ; 1 Jean 4.21) ; maintenant il énonce la proposition inverse.
L’amour pour Dieu qui consiste à pratiquer ses commandements est la pierre de touche de l’amour fraternel.
L’amour qui n’accomplit pas toute la volonté de Dieu envers nos frères n’est qu’un vain et stérile sentiment, qui fait plus de mal que de bien, parce qu’il ne nous porte pas à aimer « en œuvre et en vérité » (1 Jean 3.18).
Nous n’aimons vraiment nos frères que lorsque nous aimons Dieu et dans la proportion où nous l’aimons et lui obéissons. Et tout cela n’a lieu que lorsque nous sommes « nés de lui » (verset 1).
1 Jean 2.3 ; 1 Jean 2.4, Jean 14.15 ; Jean 14.21. L’amour produit toujours l’obéissance.
Comparer Matthieu 11.30.
Les commandements de Dieu sont très pénibles à ceux qui ne l’aiment pas (verset 3) et qui sont incapables de les accomplir (Romains 8.7).
Quant aux enfants de Dieu, la seule chose qui pourrait les leur rendre pénibles (grec : « pesants »), ce serait l’opposition du monde (1 Jean 2.15 ; 1 Jean 2.16, note), soit au dehors, soit au dedans d’eux ; mais tout ce qui est né de Dieu (verset 1), ce qui est animé de son Esprit, pénétré de son amour, remporte la victoire sur le monde, sur ses séductions ou ses menaces (1 Jean 4.4).
Et le moyen par lequel nous remportons cette victoire, c’est notre foi (verset 4), mais une foi qui a pour objet le Fils de Dieu (verset 1, comparez Jean 20.31), le tout-puissant Sauveur auquel elle nous unit intimement. Notre chef a déjà vaincu le monde et il nous rend participants de sa victoire (Jean 16.33).
Par ces mots, Jean revient au grand principe exprimé au verset 1, et, après avoir ainsi attribué toutes choses à la foi, il va en montrer le fondement.
Grec : Celui-ci, ce Jésus présenté au verset 5 comme l’objet de la foi, est celui qui est venu avec (grec moyennant) de l’eau et du sang ; non avec (ou dans) l’eau seulement, mais avec (ou dans) l’eau et le sang.
En ces termes, Jean caractérise le Sauveur auquel notre foi doit s’attacher pour être victorieuse du monde.
Celui qui est venu, ce participe passé montre que l’apôtre pense au fait historique de l’apparition de Jésus. C’est ce fait qu’exprime toujours le verbe venir dans la langue de notre apôtre.
Les mots : avec de l’eau et avec du sang doivent donc s’entendre de faits qui ont marqué dans la carrière terrestre du Christ ; ils désignent son baptême et sa mort sur la croix. On a voulu y voir la mention du baptême et de la cène institués par Christ. Si telle avait été la pensée de Jean, il aurait dû écrire : Celui qui vient avec de l’eau et avec du sang ; et même ce dernier terme serait bien insolite pour désigner la cène.
Enfin, il n’y a pas lieu d’admettre, avec Augustin et les anciens interprètes, une allusion au trait de la Passion du Sauveur rapporté Jean 19.34. Si l’apôtre relève spécialement le baptême de Jésus et son supplice sanglant, c’est que le premier a inauguré son œuvre rédemptrice, le second l’a consommée. Et dans ces deux circonstances, Dieu l’a proclamé son Fils et l’a fait connaître comme tel (Jean 1.31-34 ; Jean 8.28 ; Jean 19.32-36).
Jean ajoute : non avec l’eau seulement, mais avec le sang ; le Christ n’a pas seulement reçu le baptême, il a subi la mort de la croix.
Cette affirmation est opposée aux enseignements des faux docteurs que Jean combat (1 Jean 2.22 ; 1 Jean 4.1-3) Ceux-ci prétendaient qu’au moment du baptême, le Christ, le Fils de Dieu s’était uni à l’homme Jésus, mais l’avait abandonné avant sa mort. L’apôtre affirme, au contraire que le Fils de Dieu est mort, que sa mort, aussi bien que son baptême, fait partie de l’œuvre messianique, que la foi qui sauve, c’est la foi au Fils de Dieu, qui s’est solidarisé, par le baptême, avec notre humanité pécheresse et qui a donné pour elle sa vie sur la croix.
Et qu’est-ce qui certifie au croyant l’efficacité de l’œuvre accomplie par le Fils de Dieu ? Le témoignage du Saint-Esprit. C’est l’Esprit que en rend témoignage, dit Jean. Il entend par l’Esprit non la vie spirituelle du croyant, mais l’Esprit de Dieu tel qu’il a agi dès la Pentecôte dans le cœur des disciples de Christ pour les régénérer, en faisant de la vie et de la mort de leur Sauveur les moyens de produire en eux une vie nouvelle. En la créant et en l’entretenant en eux, l’Esprit rend témoignage de l’efficacité de l’œuvre de Christ, il l’atteste aux yeux du monde et il édifie la foi des disciples sur le fondement inébranlable d’une expérience intime.
L’Esprit rend ce témoignage, il le rend avec une puissance irrésistible, parce que l’Esprit est la vérité, il l’est, comme Christ l’est lui-même (Jean 14.6), en tant qu’il est « la vie », la vie de Dieu manifestée et communiquée aux hommes, et, par conséquent, la réalité suprême.
Confirmation du verset précédent (car).
Notre foi repose sur le triple témoignage de l’Esprit, de l’eau et du sang (voir la note précédente).
Et ces trois sont unanimes (grec), sont pour le seul et même but, tendent à un but unique ; leur témoignage se rapporte au même fait, il fonde la certitude que Jésus est le Fils de Dieu et le Sauveur qui nous rend victorieux du monde (verset 5).
Dans le texte reçu la teneur des versets 7 et 8 est accrue par une interpolation célèbre dans l’histoire du texte du Nouveau Testament : « Car il y en a trois qui rendent témoignage dans le ciel : le Père, la Parole et le Saint-Esprit et ces trois-là sont un. Et il y en a trois qui rendent témoignage sur la terre : l’Esprit, l’eau et le sang et ces trois se rapportent à un ».
Les mots en italique sont inauthentiques. Ils ont leur origine dans une fausse interprétation des versets 6 et 7 (début du verset).
Quelques écrivains anciens (Cyprien) ont vu dans les trois qui rendent témoignage, une allusion à la Trinité. Cette interprétation, d’abord écrite en marge d’un manuscrit, aura été admise dans le texte par un copiste ignorant.
Ces paroles ne se trouvent dans aucun manuscrit grec, excepté dans un qui date du seizième siècle et dans un gréco-latin du quinzième siècle. Elles manquent également dans presque toutes les versions anciennes, dans tous les Pères de l’Église grecque, qui auraient eu tant d’intérêt à les produire dans les controverses ariennes et chez beaucoup d’écrivains de l’Église latine, tels que Tertullien, Hilaire, Ambroise, Augustin, Jérôme.
Elles apparaissent pour la première fois vers la fin du cinquième siècle dans des versions latines en Afrique, puis, dès le dixième siècle dans les manuscrits de la Vulgate.
Dans le Nouveau Testament grec imprimé par Erasme, elles ne furent point admises pour les éditions de 1516 et 1519 ; elles ne jouirent de cette faveur que dans l’édition de 1622, d’où elles passèrent dans les éditions de Robert Étienne, de Bèze et des Elzévir, c’est-à-dire dans le texte reçu dès lors.
Luther ne les a jamais acceptées dans sa version allemande et ce ne fut que longtemps après sa mort, en 1581, qu’elles y furent introduites.
Calvin adopte cette leçon tout en reconnaissant combien elle est contestable, mais le commentaire qu’il en donne montre assez combien elle est peu en harmonie avec la pensée de l’apôtre. Elle l’interrompt, en effet, et cela, pour y ajouter une idée dogmatique qui, ici, n’a aucun sens. Enfin, on sait que jamais la doctrine de la Trinité n’a été formulée de cette manière pendant l’ère apostolique. C’est par ces raisons historiques et exégétiques que tous les critiques de nos jours rejettent du texte la glose qui nous occupe.
D’après une disposition de la loi, à laquelle Jean pensait sans doute déjà en parlant des trois témoins (verset 7) et qu’il rappelle positivement ici, le témoignage des hommes, solennellement rendu en justice, était reçu lorsque les déclarations de deux ou trois témoins concordaient (Deutéronome 17.6 ; Deutéronome 19.15 ; Matthieu 18.16 ; Jean 8.17).
Or, si le témoignage des hommes nous inspire une confiance qui forme notre conviction, que sera-ce du témoignage de Dieu qu’il a rendu de son Fils et qui repose sur le triple fondement indiqué par l’apôtre (verset 6) ?
D’autres traduisent : « car voici le témoignage de Dieu, c’est qu’il a rendu témoignage à son Fils » ; le témoignage de Dieu consiste dans le témoignage qu’il a rendu à son Fils.
Celui qui croit au Fils de Dieu n’a pas seulement le témoignage que Dieu a rendu au Sauveur à son baptême, dans toute sa vie sur la terre et à sa mort (versets 6 et 9), mais il a ce témoignage au dedans de lui, vivant, intime, personnel. Il fait l’expérience du témoignage que le Saint-Esprit rend à Jésus-Christ comme Sauveur (verset 6, note).
Aucune négation ne saurait ébranler, aucun doute faire défaillir sa foi. Toutes les autres preuves peuvent avoir leur utilité, mais il n’en a plus besoin pour son salut (comparer Romains 8.16, note).
C’est se mettre en contradiction directe avec Dieu, le faire menteur, que de ne pas croire après avoir connu le témoignage qu’il a rendu de son Fils. Cette incrédulité volontaire est un péché qui entraîne la condamnation (Jean 3.18).
Ce témoignage, dont Jean indique le magnifique contenu (verset 11), n’est pas un autre que celui dont il a parlé jusqu’ici (versets 6-9). Il le considère seulement à un autre point de vue, c’est a dire dans l’expérience des croyants.
Pour eux, le témoignage de Dieu est irrécusable, évident, parce qu’il porte sur un fait actuellement accompli en eux : Dieu nous a donné la vie éternelle : (verset 11) celui qui a le Fils a la vie, il le sait, il ne peut en douter (verset 12). Mais comme cette vie éternelle est tout entière et exclusivement en son Fils (verset 11), il en résulte nécessairement que quiconque n’a pas le Fils de Dieu ne saurait avoir la vie.
Le texte reçu (majuscules) place les mots : à vous qui croyez au Fils de Dieu, après : je vous ai écrit ; et à la fin du verset il porte : et afin que vous croyiez au nom du Fils de Dieu.
Par ces paroles l’apôtre résume tout ce qu’il vient de dire (versets 6-12) et indique clairement le but de toute son épître, comme il le fait à la fin de son Évangile (Jean 20.31).
Il écrit afin d’affermir ceux qui croient dans l’assurance de la vie éternelle. Ils savent qu’ils la possèdent actuellement : ils le savent, d’une part, par le témoignage de Dieu (versets 6-9), d’autre part, par l’expérience qu’ils en ont en eux-mêmes (verset 10). Cette affirmation est répétée trois fois solennellement ci-dessous : nous savons (versets 18, 19 et 20).
La prière exaucée
Nous pouvons nous adresser à Dieu avec la certitude qu’il nous écoute. Notre certitude d’obtenir quoi que nous lui demandions se fonde sur les exaucements précédents (14, 15)
L’intercession pour le pécheur
Si quelqu’un voit son frère pécher d’un péché qui n’entraîne pas la mort, qu’il prie et il lui donnera la vie. Il y a un péché qui conduit à la mort ; l’apôtre n’enjoint pas de prier pour celui qui l’a commis. Toute iniquité est péché, mais il y a des péchés qui ne mènent pas à la mort (16, 17)
La certitude du chrétien
Il sait que tout homme qui est né de Dieu se garde du mal et ne donne aucune prise au démon. Il sait qu’il est de Dieu et que le monde entier est assujetti à la puissance des ténèbres. Mais il sait que le Fils de Dieu est venu et lui a ouvert l’esprit pour connaître le Véritable. Il est en lui par Jésus-Christ. C’est le Dieu véritable et la vie éternelle. Jean exhorte ses frères à se garder des idoles (18-21).
La possession de la vie éternelle (versets 6-12) nous donne l’assurance (grec) envers Dieu qu’il nous écoute et qu’il accorde à ses enfants toutes les grâces qu’ils lui demandent, pourvu que ce soit selon sa volonté (verset 14).
En effet, comment Celui qui a donné le plus, ne donnerait-il pas aussi le moins ?
Mais, malgré la puissance de cette raison, l’apôtre en produit une plus immédiate encore, celle de l’expérience, ou des faits : nous savons que Dieu écoute ou exauce la prière, parce que, si souvent déjà et de toutes manières, il nous a accordé ce que nous lui avons demandé (verset 15).
Tel nous paraît être le sens du verset 15. D’autres le traduisent ainsi : « Et si nous savons qu’il nous écoute, nous savons (aussi) que nous avons (recevrons, le présent mis pour le futur) les choses que nous lui avons demandées ». Raisonnement par trop naïf !
La prière du chrétien pour lui-même (versets 14 et 15) devient nécessairement prière pour ses frères, au moyen de la communion intime et vivante qui les unit et qui confond leurs intérêts éternels dans un même amour.
Ainsi tout fidèle qui voit son frère pécher et qui l’aime, deviendra son intercesseur auprès de Dieu ; et il a ici la miséricordieuse promesse qu’il rendra à cette âme le pardon et la vie. Il demandera et il lui donnera la vie.
Quel est le sujet de ce dernier verbe ? Les uns répondent : Dieu et la plupart de nos versions introduisent ce mot dans le texte. Mais il est plus naturel de donner aux deux verbes le même sujet : le frère qui prie, dont il est encore question à la fin du verset. Il donnera la vie à celui pour qui il intercédera, en lui procurant par sa prière le pardon et le secours de Dieu (comparer Jacques 5.15). Telle est, d’après l’apôtre, la puissance de la prière, qu’elle met le croyant, pour ainsi dire, en possession de la toute-puissance de Dieu. À une condition toutefois : c’est que le pécheur pour lequel on prie ne pèche pas d’un péché à la mort.
Que faut-il entendre par là ? Non pas un acte isolé, une transgression quelque grave qu’elle soit de la loi de Dieu et dans laquelle un chrétien serait tombé par faiblesse, par manque de vigilance, ou par l’entraînement d’une tentation ; mais ce péché à la mort révèle un état de mort spirituelle où est arrivée une âme qui a connu la vérité et commencé de vivre la vie nouvelle.
Une longue suite de péchés volontaires, la négligence des moyens de grâce, les séductions du monde, peuvent amener un tel état, qui a beaucoup de rapport avec le péché contre le Saint-Esprit (Matthieu 12.31 ; Matthieu 12.32). Alors, toute communion avec Dieu ayant cessé par l’abandon du Sauveur, l’âme devient étrangère aussi à la communion fraternelle et échappe aux influences bénies de l’intercession.
Jean ne défend pas de prier pour ce péché-là mais il ne le commande pas : Je ne dis pas (grec) qu’il prie pour ce péché-là. Et comme il arrive rarement que l’homme ait une connaissance suffisante et une conviction bien fondée d’un tel état d’âme chez son frère, il convient de ne faire usage de cet avertissement de l’apôtre qu’avec une extrême prudence et selon les conseils d’une vraie charité.
Pour rassurer les chrétiens sincères, mais toujours faillibles, l’apôtre ajoute : (verset 17) Sans doute, toute iniquité, tout ce qui est contraire à la volonté de Dieu (1 Jean 2.29 ; 1 Jean 3.7), est péché et le chrétien, qui pratique la justice selon que son Dieu Sauveur est « juste » (1 Jean 3.7), ne doit pas le tolérer dans sa vie ; mais il peut, malgré tout, se trouver chez lui tel péché, qu’il reconnaît, dont il se repent, que Dieu pardonne et qui dès lors ne détruit point le principe de la vie, n’est point à la mort (1 Jean 1.9 ; 1 Jean 2.1).
À la redoutable alternative du pèche qui mène à la mort (verset 16), l’apôtre oppose la certitude (nous savons) du salut assuré à quiconque est né de Dieu (comparer Hébreux 6.4 et suivants avec Hébreux 6.9 et suivants).
Il ne pèche point et par conséquent, il n’est pas exposé à commettre le péché qui mène à la mort. Cette affirmation absolue : il ne pèche point, est en contradiction avec ce que l’apôtre vient de concéder (verset 17), que dans toute vie chrétienne il y a des iniquités qui sont des péchés. Il n’est pas nécessaire, pour lever la contradiction, de sous-entendre : il ne pèche point « d’un péché qui mène à la mort » et par une conclusion inverse : celui qui commet ce péché n’est pas né de Dieu.
Il suffit de considérer que celui qui est né de Dieu l’est par la foi et ne jouit de l’immunité que lui confère cette naissance de Dieu que pour autant qu’il demeure par la foi en Dieu (comparer 1 Jean 3.6 ; 1 Jean 3.9, notes).
Mais si, par la foi, il se maintient dans sa position d’enfant de Dieu, il se garde lui-même (texte reçu, Weiss, d’après Codex Sinaiticus, majuscules) ou : le garde, s’attache à lui, c’est-à-dire à Dieu (Tischendorf, Westcott-Hort Nestle d’après B. A).
Et le malin, c’est-à-dire le diable, ne le touche point, ou, comme d’autres traduisent, il n’a aucune prise sur lui. On peut dire de lui ce que le Maître disait de soi-même (Jean 14.30).
Nouvelle expression de l’assurance que possèdent ceux qui sont de Dieu, nés de lui (verset 18) ; mais aussi, dans l’état du monde corrompu, un sérieux motif de vigilance et d’humilité.
Grec : le monde gît dans le mal. Ce dernier mot peut signifier en grec le mal moral, ou le malin, le démon. Plusieurs lui donnent cette signification, qu’il a au verset 18 et dans 1 Jean 2.13-14 ; Jean 3.12, ils traduisent : est au pouvoir du malin.
D’autres estiment que le verbe : être gisant dans est plus favorable au premier sens.
Le monde gît dans le mal, mais nous savons que le Fils de Dieu est venu ! Grand et consolant contraste, qui subsisterait même s’il fallait admettre la variante de A : Et nous savons. Il est venu et il est là : telle est la signification précise du verbe grec qui se retrouve Jean 8.42.
De même que les sens sont pour nous le moyen de percevoir le monde visible, que la raison est l’organe par lequel nous nous mettons en possession des vérités qui appartiennent à ce monde, de même le Fils de Dieu, venu sur la terre, a donné à ceux qui lui ouvrent leur cœur un sens nouveau, l’intelligence (spirituelle) pour connaître le Véritable et tout ce qui vient de lui.
Ce sens intime, c’est la foi, opérée par le Saint-Esprit et qui nous met en communion avec Dieu. Jean appelle cette communion être dans le Véritable. Mais nous ne sommes dans ce Véritable que parce que nous sommes en Jésus-Christ, seul Médiateur de notre communion avec Dieu. Jean, qui avait, comme Israélite, connu le vrai Dieu dès son enfance, confesse n’avoir reçu l’intelligence pour le connaître comme le Véritable, que depuis qu’il est en Jésus-Christ (Jean 14.6 ; Jean 14.9-10).
Ces paroles se relient aussi à ce qui précède (versets 18 et 19) concernant la précieuse assurance que nous avons de la vie éternelle (verset 13). L’apôtre exprime cette assurance par ce mot trois fois répété : (versets 18, 19 et 20) « Nous savons ! »
Dans la note qui précède, nous avons deux fois appliqué à Dieu, le Père, l’épithète : le Véritable et pour maintenir l’harmonie de la pensée de Jean nous inclinons à rattacher au même sujet la troisième déclaration : C’est lui, Dieu, qui est le Dieu véritable, etc.
Ceux qui la rapportent à Jésus-Christ en donnent pour raisons :
De son côté, l’opinion contraire s’appuie sur les observations suivantes :
Ce dernier avertissement, plein d’une tendre et paternelle affection, n’est pas dirigé contre le retour à l’idolâtrie extérieure, dans le culte païen. Le danger d’une telle rechute ne devait guère exister pour des chrétiens aussi avancés que l’étaient les destinataires de l’épître. Ces idoles sont opposées au Dieu véritable (verset 20).
Ce sont donc les fausses idées de Dieu que les hommes se font en tout temps. Celui qui n’a pas le Fils de Dieu pour Sauveur n’a point Dieu (1 Jean 2.23) ; et l’être imaginaire qu’il croit adorer dans le ciel, n’est qu’une idole.
Mais il ne faudrait pas limiter au domaine de la pensée le péril contre lequel l’apôtre met ses frères en garde. Les idoles n’étaient pas seulement des représentations erronées de Dieu, mais les passions diverses qui les poussaient à transgresser les commandements divins (1 Jean 2.4), à haïr leurs frères (1 Jean 2.9), à aimer le monde (1 Jean 2.16).
On n’a guère à se défendre des idoles de pierre ; mais combien il y en a dans notre cœur auxquelles nous ne sommes que trop attachés. Tout ce que nous aimons contre la loi de Dieu est l’idole que nous adorons. Où nous cherchons notre bonheur, c’est là qu’est notre Dieu