Verset à verset Double colonne
Le règne de Salomon occupe la moitié du premier livre des Rois. C’est la période la plus brillante de l’histoire d’Israël. Résultat de toutes les luttes et de toutes les dispensations précédentes, ce règne est en même temps l’accomplissement des promesses que l’Éternel avait faites à son peuple (Genèse 22.17 ; Deutéronome 28.1-14) et plus particulièrement de la promesse spéciale adressée à David (2 Samuel 7.8-17).
Jamais sans doute Israël et son roi ne marchèrent plus régulièrement dans le chemin de la fidélité que pendant les premières années de ce règne et jamais non plus ils ne furent plus visiblement protégés et bénis. Cette paix complète, où chacun était assis sous sa vigne et sous son figuier ; cette prospérité générale dont jouissait le peuple de Dieu ; ce spectacle unique que présentait la Terre Sainte, alors que les rois voisins apportaient en tribut à Salomon les offrandes les plus précieuses, tous ces traits font de ce temps l’image historique la plus parfaite du règne messianique promis par les prophètes (Michée 4.4 ; Zacharie 3.10 ; Ésaïe 9.6 ; Psaumes 72.1-20 ; Matthieu 12.42).
Si les victoires de David sont le symbole des luttes de l’Église et de son futur triomphe, le règne paisible et glorieux de Salomon est l’image de ces temps bienheureux de rafraîchissement dont jouira l’humanité, lorsque le retour de Christ aura restauré toutes choses (Actes 3.20-21).
On ne s’étonnera donc pas de la place considérable accordée dans le livre des Rois au tableau du règne extraordinaire de Salomon. L’histoire de ce règne comprend cinq sections :
Ce chapitre raconte par quel concours de circonstances Salomon devint roi d’Israël, du vivant même de David. La conspiration d’Adonija, qui semblait devoir anéantir les promesses de l’Éternel, ne fit que hâter le moment de leur accomplissement.
Le contenu de ce chapitre se trouve résumé 1 Chroniques 23.1.
David devait avoir alors environ soixante-dix ans. Ses infirmités étaient l’effet non seulement de son âge, mais aussi de sa vie agitée.
Abisag, la Sunamite, du bourg de Sunem, aujourd’hui Solam, dans la plaine de Jizréel, au pied du petit Hermon (Josué 19.18 ; 1 Samuel 28.4, etc.).
Ces détails, conformes aux usages orientaux, sont mentionnés en vue des événements suivants qui en dépendent (1 Rois 2.13-25).
Adonija était le quatrième fils de David (2 Samuel 3.4). Comme ses deux frères aînés, Amnon et Absalom, avaient été tués et qu’il n’est jamais question du troisième, Kiléab, probablement mort jeune, il pensait avoir les premiers droits à la succession de son père (comparez 1 Rois 2.15, 1 Rois 2.22).
C’est moi… et non Salomon ; celui-ci, quoique beaucoup plus jeune, avait été désigné par l’Éternel pour succéder à David (2 Samuel 12.25 ; 1 Chroniques 22.7-10 ; 1 Chroniques 28.5-6 ; 1 Chroniques 29.1). Adonija se révoltait donc non seulement contre son père, mais aussi contre Dieu dont la volonté s’était clairement exprimée.
Il se procura… comme Absalom (2 Samuel 15.1).
Son père, par une faiblesse excessive, l’avait laissé faire. On traduit aussi : ne voulait pas l’affliger.
Joab nous est bien connu par les livres de Samuel. Il comprenait que David ne lui avait pas pardonné ses nombreux crimes (1 Rois 2.5) et ne le supportait plus qu’avec peine ; en s’attachant à Adonija, il cherchait à prévenir le coup dont il se sentait menacé.
Abiathar avait pris part aux luttes de David avec Saül (1 Samuel 22.20-23, etc.) ; c’était peut-être un motif de jalousie contre Tsadok, son collègue dans la grande sacrificature (voir 2 Samuel 8.17) ; qui l’engageait à prendre le parti d’Adonija. Avec le concours du général en chef et du grand-prêtre, Adonija comptait gagner l’armée et les sacrificateurs et par là tout le peuple.
Tsadok. Il descendait d’Aaron par la branche aînée, tandis qu’Abiathar était de la branche cadette (Exode 6.23 ; 1 Chroniques 6.3-8). Il exerçait la sacrificature dans le Tabernacle, alors établi à Gabaon, tandis que Tsadok, qui fonctionnait auprès de l’arche à Jérusalem (1 Chroniques 16.39), avait ainsi gagné peu à peu la confiance de David et obtenu un rang supérieur à celui d’Abiathar (voir surtout 2 Samuel 15.27, puis 2 Samuel 8.17 ; 2 Samuel 15.29-35 ; 2 Samuel 20.25).
Bénaïa : voir 2 Samuel 23.20-23.
Nathan : le prophète ; voir chapitres 7 et 12 de 2 Samuel.
Siméi ne doit pas être confondu avec le Siméi qui avait insulté David et dont il sera question 1 Rois 2.8-9, 1 Rois 2.36-46 ; il était probablement fils d’Ela (1 Rois 4.18).
Réi, inconnu.
Les vaillants hommes de David : voir 2 Samuel 23.8-39.
Comme Absalom (2 Samuel 15.11-12), Adonija veut préparer, par la joyeuse animation d’un grand festin, sa proclamation à la royauté (verset 25).
La fontaine de Roguel. Elle était située au sud-est de Jérusalem, un peu au-dessous de l’endroit où la vallée de Hinnom se réunit à celle de Josaphat, dans laquelle coule le Cédron (2 Samuel 17.17).
La pierre de Zohéleth. C’était probablement une paroi de rocher, à l’ombre de laquelle étaient dressées les tables du festin. Cette localité verdoyante est encore de nos jours un lieu de réjouissance pour les habitants de Jérusalem.
Tous les hommes de Juda. Nous ne savons pour quelle raison il croyait pouvoir compter sur eux plus que sur les autres serviteurs du roi.
Serviteurs du roi : employés publics.
Adonija connaissait leurs sentiments. Quant à Salomon, il n’ignorait pas que c’était à lui que le trône était réservé.
La situation était critique. La conspiration, habilement préparée, était sur le point d’éclater. Il importait aux amis de Salomon de l’arrêter dès le début. Nathan, qui avait lui-même annoncé au roi le choix que l’Éternel avait fait de Salomon pour son successeur, était appelé plus que tout autre à agir auprès de David, de qui devait partir la résistance.
Bathséba : voir 2 Samuel 11.3.
Il y allait bien en effet de sa vie et de celle de Salomon ; car, si Adonija avait triomphé, son premier soin aurait été, conformément aux mœurs de l’Orient, de se défaire de tous les deux.
N’as-tu pas juré…? Ce serment n’est pas rapporté dans les livres de Samuel ; il doit être postérieur à la promesse 2 Samuel 7.25, où Salomon n’est pas encore personnellement désigné.
S’est-il fait roi ? Elle a l’air de supposer que David est au fait de ce qui se passe et que la chose est plus avancée qu’elle ne l’est en effet.
Dans sa chambre. Le roi ne sortait plus de son appartement, ni même peut-être de son lit (verset 47).
Se prosterna. Usage oriental ; on n’aborde un roi qu’en se prosternant.
Les yeux de tout Israël… C’est de toi que le peuple attend le mot d’ordre qui doit décider de sa conduite. Montre donc ta volonté !
Comme des criminels : des rebelles qu’il faut envoyer à la mort.
Comme elle parlait encore… : avant que David eût le temps de répondre.
Nathan ne veut pas même supposer qu’une affaire aussi importante ait été arrangée sans le consentement de David, d’autant plus qu’il n’a point réprimé jusqu’à ce moment la conduite hautaine d’Adonija.
Ils disent : Vive le roi Adonija ! Cela se disait déjà tout haut parmi les convives.
Ici Nathan exprime beaucoup plus positivement ses doutes à l’égard du consentement de David.
Tes serviteurs : Nathan, Tsadok, Bénaïa, etc., auxquels il a toujours témoigné la plus grande confiance. Il fait ainsi sentir au vieux roi sa coupable inertie et réveille habilement chez lui le sentiment de sa responsabilité. Par cette courageuse initiative, il a prévenu une nouvelle guerre civile et rendu possible le règne de Salomon, si important pour la théocratie.
Appelez-moi Bathséba. Elle s’était retirée au moment où Nathan était entré ; comme aussi Nathan sort au moment où le roi fait revenir Bathséba (verset 32). Les règles de l’étiquette exigeaient que, lorsque le roi donnait une audience, nulle autre personne n’y assistât.
La prompte décision de David provient de la certitude qu’il a d’accomplir le dessein de Dieu.
De toutes les détresses. Ce mot exprime le trait caractéristique de toute la vie de David. Cette pensée revient dans la plupart de ses psaumes (Psaumes 3, 4, 27, 34, etc.).
Vive à jamais !… Formule en usage aussi chez les Babyloniens (Daniel 2.4 ; Néhémie 2.3).
Tsadok, Nathan, Bénaïa : les représentants du sacerdoce, du prophétisme et de l’armée. Tsadok est nommé le premier, comme chargé d’oindre le nouveau roi.
Les serviteurs de David sont les Kéréthiens et les Péléthiens (verset 38) et ceux d’entre les vaillants hommes de David qui n’avaient pas été conviés par Adonija ; ils n’appartenaient probablement pas à la tribu de Juda (verset 9) ; voir 2 Samuel 8.18, note.
Sur ma mule : celle dont le roi seul se servait, ce qui conférait à Salomon un honneur tout à fait exceptionnel (Esther 6.8) et le désignait comme successeur de David.
Guihon. On place ordinairement cette source à l’ouest de Jérusalem, au sud de la porte de Jaffa. Mais les deux passages 2 Chroniques 32.30 (Ézéchias boucha l’issue supérieure des eaux de Guihon et les conduisit sous le sol à l’occident de la cité de David) et 2 Chroniques 33.14 (il bâtit la muraille extérieure de la cité de David, à l’occident de Guihon, dans la vallée), conduisent plutôt à placer cette source dans la vallée du Cédron et à l’identifier avec la source de Marie dont Ézéchias a conduit les eaux par un canal souterrain jusque dans la partie inférieure du Tyropéon. L’expression : vous le ferez descendre, s’explique mieux si l’on place Guihon dans la vallée que sur les hauteurs à l’ouest de Jérusalem. Par le choix de Guihon la proclamation de la royauté de Salomon était plus ostensiblement opposée à celle d’Adonija.
L’oindront pour roi : comme les autres rois qui furent choisis directement par l’Éternel (Saül, David, Jéhu).
De la trompette : comme signal du grand événement qui vient de s’accomplir (Lévitique 25.9 ; Néhémie 4.20).
C’est ici l’acte d’abdication de David ; sans la révolte d’Adonija, Salomon ne serait monté sur le trône qu’après la mort de son père.
Sur Israël et sur Juda : sur le royaume tout entier. David lui-même pendant sept ans n’avait régné que sur Juda.
Amen : que cela soit ferme !
Bénaïa, chargé d’exécuter l’ordre du roi, en sa qualité de commandant, de la force armée, est ici l’interprète de tous les fidèles serviteurs de David. Il demande à Dieu de ratifier dans son ciel ce que David vient de commander.
Prit du Tabernacle la corne à huile. On ne courut pas à Gabaon pour y chercher l’huile sainte proprement dite dont on n’oignait que les sacrificateurs. Il s’agit donc de l’huile qui se trouvait dans le tabernacle provisoire que David avait fait dresser à Jérusalem pour recevoir l’arche de l’alliance (2 Samuel 6.17).
Monta : avec Salomon, de Guihon à la cité de David.
La flûte : instrument dont on jouait principalement dans les fêtes et les processions joyeuses (Ésaïe 5.12 ; Ésaïe 30.29 ; Luc 7.32).
La terre tremblait…, proprement : se fendait, expression énergique qui dépeint avec l’emphase orientale l’enthousiasme de la foule et montre combien Salomon était déjà aimé de la masse du peuple.
Le banquet terminé, les convives étaient sur le point de se mettre en route pour entrer triomphalement à Jérusalem.
Jonathan, fils d’Abiathar. Comparez 2 Samuel 15.27 ; 2 Samuel 17.17. Peut-être les conjurés l’avaient-ils laissé dans la ville pour observer les événements.
Bien au contraire. On peut traduire aussi : Oui vraiment ! dans un sens ironique.
Notre seigneur le roi : la conspiration n’avait pas été dirigée contre David.
Et même. Ce mot trois fois répété (versets 46, 47 et 48) exprime bien la surprise et l’effroi avec lesquels ces détails aggravants lui reviennent à l’esprit.
Pour bénir, ici dans le sens de féliciter.
S’est prosterné sur son lit (verset 15) : pour rendre grâces ; comparez Genèse 47.31.
David dépose le pouvoir sans regrets, car il voit dans ce qui vient de se passer l’accomplissement de la promesse qui lui avait été faite, 2 Samuel 7.8-16.
Saisis d’une grande terreur. Adonija avait été trompé par la faiblesse de David envers lui et comptait qu’il céderait au fait accompli. Maintenant il voit, ainsi que tous ses partisans, le danger qui plane sur leur tête.
Les cornes de l’autel : soit celui de Gabaon, soit un autel provisoire érigé devant le tabernacle de Sion (verset 39). L’autel était chez tous les peuples païens un lieu de refuge où l’on se plaçait sous la protection divine. Mais la loi n’admettait pas cet usage (Exode 21.14). Elle avait seulement établi des villes de refuge pour ceux qui avaient commis un meurtre involontaire. Si donc Salomon fait grâce à Adonija, c’est pure bienveillance de sa part.
S’il se trouve du mal en lui : s’il abuse de ma bonté et recommence à conspirer.
Descendre de l’autel. Les autels étaient dressés sur une petite éminence.
Et se prosterna devant le roi. Il rend hommage au pouvoir royal de Salomon.
Va dans ta maison. Il lui accorde une grâce complète, non seulement la vie, mais aussi la liberté. Cette manière d’agir témoigne à la fois de sa générosité et de sa prudence. Il pardonne le passé, mais réserve l’avenir. Si Adonija périt, il ne le devra qu’à lui-même.