Verset à verset Double colonne
Actions de grâces et joie de l’apôtre, à cause de l’état florissant de l’église
Signature et adresse de l’épître ; vœu apostolique
Objet des actions de grâces et des prières de l’apôtre : la foi, la charité, l’espérance de ses frères, dont il reconnaît l’élection en ce que l’Évangile a déployé au milieu d’eux toute sa puissance divine et qu’ils l’ont reçu avec la joie que donne le Saint-Esprit (3-6).
Ainsi l’Église de Thessalonique a été en exemple à celles de la Macédoine et de la Grèce, où s’est répandue la renommée de sa foi ; on raconte même, dans ces pays, comment les membres de cette Église se sont convertis des idoles à Dieu pour attendre son Fils qui reviendra des cieux (7-10).
Silvain est le compagnon d’œuvre de Paul, qui est plus connu sous le nom de Silas (Actes 15.22 ; Actes 15.32-34 ; Actes 15.40 ; Actes 16.19-25 ; Actes 18.5 ; comparez avec 2 Corinthiens 1.19 ; 1 Pierre 5.12).
Il avait pris part à la fondation de l’Église de Thessalonique et se trouvait auprès de l’apôtre quand ce dernier écrivit notre épître (Actes 17.4 ; Actes 17.14-15 ; Actes 18.5). Paul le nomme avec lui, ainsi que Timothée (1 Thessaloniciens 1 : l’introduction), en tête de sa lettre, par déférence et affection fraternelle (comparer Philippiens 1.1 ; Colossiens 1.1).
C’est-à-dire : Église fondée sur la foi en Dieu le Père et en Jésus-Christ le Seigneur et qui subsiste dans sa communion, qui vit de sa vie (comparer 1 Thessaloniciens 2.14 ; Philippiens 1.1 ; Colossiens 1.2).
Voir sur ce vœu apostolique Romains 1.7, note.
Le texte reçu ajoute : de la part de Dieu notre Père et du Seigneur Jésus-Christ. Ces mots sont très probablement inauthentiques.
Comparer 1 Corinthiens 1.4 ; Philippiens 1.3-5 ; Colossiens 1.3.
Paul a dans la pensée cette trinité de grâces évangéliques, la foi, l’amour, l’espérance, qu’il considère partout comme les éléments essentiels de la vie chrétienne (1 Corinthiens 13.13 ; Colossiens 1.4 ; Colossiens 1.5 ; 1 Thessaloniciens 5.8 ; comparez Hébreux 6.10-12).
Mais, au lieu de nommer simplement ces grâces, il accompagne chacune d’elles d’une épithète qui en exprime la réalité pratique.
L’œuvre de votre foi est une foi qui ne consiste point seulement en opinion ou en parole, mais qui est opérante et active, riche en bonnes œuvres (L’interprétation de Calvin, qui voit dans ces mots l’œuvre du Saint-Esprit opérant la foi dans les cœurs, détruit l’harmonie du contexte).
Le travail de votre charité indique un amour qui n’est pas tout sentiment, émotion, contemplation, mais qui est dévoué et qui se donne aux autres par l’action, le sacrifice, la peine.
La constance (grec : « patience ») de votre espérance en Jésus-Christ, est une espérance qui persiste au milieu de tous les combats, de toutes les épreuves, qui reste inébranlable dans son attente du retour de Jésus-Christ pour le triomphe et la perfection de son règne.
Ainsi Paul, en ces termes : œuvre, travail, patience, placés avant le nom de chacune des grâces qu’il énumère, a voulu indiquer avec précision et énergie comment la foi, la charité, l’espérance doivent se prouver à nous-mêmes et aux autres.
C’est là ce que l’apôtre se rappelle sans cesse devant Dieu, c’est-à-dire dans ses actions de grâces et ses prières (verset 2).
Ce sachant pourrait, grammaticalement, avoir pour sujet soit les lecteurs, soit l’apôtre. Ce dernier sens est le seul vrai, car Paul continue ici à exposer les raisons de ses actions de grâces pour ceux qu’il nomme avec amour : frères, bien-aimés de Dieu.
Mais à quoi se rapporte cette grande et consolante pensée de l’élection dans l’ensemble de notre passage ? Les uns la lient à ce qui précède et en font, ainsi que du verset 3, l’objet des actions de grâces exprimées au verset 2, ou le fondement de la ferme espérance des chrétiens (verset 3) ; les autres la rapportent à ce qui suit et pensent que l’apôtre voit dans les succès de l’Évangile parmi ses lecteurs (verset 5) les signes de leur élection.
Ces deux constructions sont également vraies. D’une part, en effet, le sentiment de l’amour de Dieu et de son élection de grâce est très propre à soutenir la « patience de l’espérance » au milieu de tous les combats et de tous les dangers ; d’autre part, le chrétien n’a de signe certain de son élection que la transformation opérée dans son cœur par l’Évangile ; or, ce signe, l’apôtre le décrit (verset 5) d’une manière qui ne peut laisser aucun doute dans l’esprit de ses lecteurs. Il faut même traduire le commencement du verset 5 dans son rapport avec verset 4 « Sachant frères, bien-aimés de Dieu, votre élection parce que notre Évangile n’a pas consisté à votre égard en parole seulement, mais, etc. ».
La puissance est celle de l’Esprit-Saint même (comme 1 Corinthiens 2.4 ; 1 Corinthiens 2.5). Cette puissance divine a agi, à la fois dans la prédication de l’apôtre et dans le cœur de ses auditeurs, de manière à produire en ceux-ci cette pleine certitude de persuasion : tel est le sens du mot grec que nous traduisons par pleine certitude, mais dont aucune expression de notre langue ne peut rendre toute la force.
Ce terme se retrouve comme épithète de l’intelligence (Colossiens 2.2), de l’espérance (Hébreux 6.11), de la foi (Hébreux 10.22). Il ne faut pas l’entendre, dans notre passage, de preuves miraculeuses auxquelles l’apôtre ferait allusion.
Paul en appelle au témoignage de ses auditeurs eux-mêmes, pour les affermir par le souvenir de ce que fut son ministère au milieu d’eux. Ces dons que Dieu lui avait accordés n’étaient pas destinés à glorifier l’apôtre, comme aussi ce n’est pas pour en tirer vanité qu’il les rappelle. Je les ai reçus, dit-il, à cause de vous, pour le salut de vos âmes (comparer 2 Corinthiens 4.15 ; 2 Corinthiens 8.9).
Ces mots appartiennent encore aux signes de l’élection des chrétiens de Thessalonique (verset 3), et même l’apôtre en développe avec amour les témoignages jusqu’à la fin de ce chapitre.
Ils ont été ses imitateurs et il ne craint pas de recommander cette imitation à ceux qu’il a amenés à la foi (1 Corinthiens 4.16 ; 1 Corinthiens 11.1 ; Philippiens 3.17) ; mais pour qu’ils ne se méprennent pas sur la portée de son exhortation et ne perdent pas de vue le seul modèle parfait, il ajoute : et du Seigneur.
Et de plus, en quoi ont-ils été les imitateurs du Seigneur et de ses apôtres ? Non en ce qu’ils ont reçu l’Évangile, mais en ce qu’ils l’ont reçu au milieu de beaucoup d’afflictions, et cela, avec la joie du Saint-Esprit, c’est-à-dire une joie que le Saint-Esprit seul peut inspirer et entretenir (Romains 14.17 ; Colossiens 1.11 ; comparez Actes 5.41).
L’apôtre ne veut pas dire que l’Église de Thessalonique eût porté l’Évangile en tous ces lieux, mais que la renommée des succès qu’il avait eus au milieu d’elle s’était répandue partout (verset 9), ce qui sans aucun doute contribuait aussi à l’avancement du règne du Sauveur.
La Macédoine et l’Achaïe étaient alors deux provinces romaines, dont la première renfermait, outre la Macédoine proprement dite, la Thessalie, l’Épire, l’Illyrie et dont la seconde s’étendait sur tout le Péloponnèse.
Les mots en tout lieu doivent s’entendre des pays où se trouvaient des Églises chrétiennes, spécialement de l’Asie Mineure, peut-être même de la Syrie et de la Palestine. Si l’on se rappelle le peu de temps qui s’était écoulé depuis la fondation de l’Église de Thessalonique, ces termes supposent une action bien puissante de la Parole et de l’Esprit de Dieu sur elle. En même temps ils montrent combien étaient fréquents et étendus les rapports mutuels des fidèles dès l’âge apostolique et quelle vive part ils prenaient aux triomphes de l’Évangile par tout le monde (Romains 1.8 ; 2 Corinthiens 9.2).
L’odeur du bon exemple se répand bien loin en peu de temps. La foi de plusieurs peuples entiers peut être le fruit de la piété d’une seule Église et quelquefois d’une seule famille, d’une seule âme.
Eux-mêmes, ce sont les gens de la Macédoine, de L’Achaïe et d’ailleurs, témoins de cet accès de l’apôtre chez les Thessaloniciens. L’accès (grec : « entrée ») peut avoir été au milieu d’eux, ou en eux, par la puissance de l’Évangile (comparer 1 Thessaloniciens 2.1).
L’apôtre oppose le Dieu vivant et véritable aux idoles mortes et fausses (Actes 14.15), et indique le but de la conversion à Dieu par ce double caractère : servir Dieu et attendre Christ des cieux. C’est là toute la vie chrétienne (comparer Philippiens 3.20).
Mais afin que cette attente de Christ soit pour le fidèle un objet de consolation et de joie et non d’effroi, Paul rappelle que Dieu l’a ressuscité des morts, ce qui est le triomphe de son œuvre de rédemption et que, par là même, il nous délivre de la colère à venir, c’est-à-dire des châtiments réservés au pécheur impénitent (comparer sur ce mot Jean 3.36, note).
Paul savait que cette attente était très vive chez les chrétiens de Thessalonique et lui-même l’encourage (1 Thessaloniciens 4.13-18) ; mais en même temps il les prémunit contre les écarts auxquels aurait pu donner lieu l’ardent désir de cette délivrance finale, ou plutôt les fausses idées que s’en faisaient quelques membres de l’Église (1 Thessaloniciens 5.1 ; 2 Thessaloniciens 2.1).