Verset à verset Double colonne
Ce que doivent être les anciens ou évêques
Excellence de cette charge (1).
Qualification de l’ancien dans son caractère et sa conduite morale (2,3).
Il doit bien gouverner sa maison pour pouvoir gouverner l’Église de Dieu (4, 5).
Il ne doit pas être un nouveau converti et il doit avoir un bon témoignage de la part du monde (6, 7).
Grec : « Fidèle » (voir 1 Timothée 1.15, note).
Grec : « Si quelqu’un aspire à un épiscopat », c’est-à-dire, littéralement, à une surveillance dans l’Église. Le mot d’évêque (1 Timothée 3.2) signifie surveillant.
D’après Actes 20.17-28 ; Actes 1.5 ; Actes 1.7, il est de toute évidence que les titres d’évêque et d’ancien désignaient les mêmes personnes et la même charge (voir Actes 20.17, note) ; et, d’après Philippiens 1.1 ; 1 Timothée 4.14, il n’est pas moins évident qu’il y avait dans chaque Église plusieurs de ces évêques ou anciens ou Presbytère (de presbyteros, ancien).
C’est seulement après le siècle apostolique que l’on voit apparaître une différence entre ces deux charges et une supériorité de l’évêque sur les anciens. Les instructions de l’apôtre consignées ici pour l’évêque s’adressaient donc à tout membre du corps des anciens.
Plus la charge était excellente (grec : « belle ou bonne »), élevée et sainte, plus il était nécessaire d’en écarter tous ceux qui y auraient prétendu par des mauvais motifs et d’insister sur les qualités requises des vrais serviteurs de l’Église.
Cette prescription paraît dirigée contre la polygamie, admise par les païens et dont il y avait encore alors des exemples parmi les Juifs. Elle condamne également le divorce, suivi d’un second mariage du vivant de la première femme et plus généralement toutes relations illégitimes avec des personnes d’un autre sexe (1 Corinthiens 9.5, note).
Plusieurs commentateurs modernes se refusent à voir dans cette parole l’interdiction de la polygamie ou des relations illicites, parce qu’une telle interdiction serait trop évidente pour n’être pas superflue. Ils pensent que Paul exige de l’évêque qu’il n’ait pas contracté un second mariage après la mort de sa première femme.
Mais dans notre épître même (1 Timothée 5.14), l’apôtre exhorte les jeunes veuves à se remarier. Il ne voit donc rien de blâmable dans une seconde union. La recommandation qu’il fait au sujet de l’évêque (ici et 1.6), des diacres (1 Timothée 3.12) et des veuves (1 Timothée 5.9) paraîtra moins superflue, si l’on considère l’extrême licence des mœurs de ce temps et la fréquence des divorces (comparer 1 Timothée 3.3, note).
Quel que soit d’ailleurs le sens que l’on donne à cette parole, elle est opposée au célibat des prêtres, tel que l’a institué l’Église catholique. Aussi des commentateurs catholiques ont-ils prétendu que mari d’une seule femme signifiait « pasteur d’une seule Église ».
L’Église grecque voit dans ce passage l’interdiction d’un second mariage pour l’évêque ; mais elle y voit aussi pour lui l’ordre positif d’être marié.
Ce mot signifie aussi vigilant (1 Thessaloniciens 5.6 ; 1 Pierre 5.8). Mais ici, dans sa relation avec le mot suivant (prudent), il indique la sobriété du corps et de l’esprit (1 Timothée 3.11 ; 1 Timothée 2.2).
Modéré, sage, exempt de ces passions qui troublent la justesse du jugement.
Posé, d’une conduite décente.
Cette qualité est, à l’extérieur, ce que la prudence est au dedans.
Exercer l’hospitalité était regardé chez les anciens comme un devoir sacré ; pour les premiers chrétiens, souvent déplacés par la persécution, souvent en voyage pour répandre l’Évangile, il était précieux de trouver en tous lieux des frères pour les accueillir. Les membres des Églises avaient ainsi fréquemment l’occasion d’exercer l’hospitalité ; les apôtres leur rappellent souvent ce devoir (Romains 12.13 ; 1 Pierre 4.9 ; Hébreux 13.2 ; comparez Matthieu 25.35).
Aujourd’hui la facilité des voyages a trop fait oublier cette obligation, qui peut être accompagnée de bénédictions bien supérieures au bienfait matériel de l’hospitalité elle-même.
Comparer 1 Timothée 5.17, note ; 1.9, note et surtout 2 Timothée 2.24, où se retrouve le même terme. Bien que la parole fût permise dans les assemblées à tous ceux qui avaient un don à exercer pour l’édification commune, Paul exige ici de l’évêque autre chose, à savoir l’instruction et le talent de la communiquer, qualités sans lesquelles nul n’est propre à enseigner.
Pour comprendre que l’apôtre ne dédaigne pas de mentionner des vices grossiers, comme l’ivrognerie, la violence (grec : « prompt à frapper »), il faut se souvenir que les chrétiens d’alors étaient entourés de toutes les immoralités du paganisme et qu’ils y avaient vécu eux-mêmes jusqu’à leur conversion, en sorte que les mœurs parmi eux ne pouvaient s’élever tout d’un coup à une hauteur qui aurait rendu superflues de telles recommandations.
Le texte reçu ajoute ces mots : « ni porté au gain déshonnête » (comparez 1 Timothée 3.8 et 1.7) qui ne sont pas authentiques. Mais l’idée se retrouve dans notre verset même.
Ces dernières qualifications indiquent précisément le contraire des vices condamnés dans les paroles qui précèdent et se trouvent recommandées à tous les chrétiens dans 3.2 (comparer 2 Timothée 2.24).
Il est souvent beaucoup plus facile à un pasteur de bien gouverner une Église que sa propre maison, où la vue journalière de ses propres défauts frappe tous ceux qui l’entourent, les scandalise et ruine son influence.
Mais celui qui n’est pas fidèle dans les petites choses ne saurait l’être dans les grandes (Luc 16.10). Dans ce cas, la fidélité apparente apportée dans les devoirs de l’Église vient bien plus d’un zèle charnel et du désir de plaire aux hommes, que de l’amour de Dieu et de nos frères.
Souvent aussi, à force de donner tous ses soins, son temps, ses forces aux choses du dehors, on néglige celles du dedans et l’on détruit d’une main le bien que l’on voudrait faire de l’autre. Ce précepte apostolique est donc de la plus haute importance.
Grec : « néophyte » ; littéralement : « nouvellement planté » (comparer 1 Corinthiens 3.6-9).
Au moment de la fondation des Églises, il eût été difficile d’exclure de tout emploi les nouveaux convertis.
Mais les troupeaux que Paul a ici en vue subsistaient depuis de longues années. Après la mort des premiers anciens, que les apôtres eux-mêmes avaient institué, Paul voulait qu’ils fussent remplacés par des hommes éprouvés et que les troupeaux qui se formaient encore reçussent aussi des conducteurs semblables.
Quelle sagesse dans ce conseil ! Même pour la vie intérieure de tous les chrétiens, il faut que la tribulation produise la patience et la patience l’expérience, ou l’était d’une âme éprouvée (Romains 5.4) ; combien plus cela est-il nécessaire à l’homme qui doit être le conducteur de ses frères ! Ces prescriptions apostoliques sont tout particulièrement indispensables dans les temps de réveil au sein de l’Église.
Ce que Paul dit ici, écrivait Calvin, nous l’éprouvons aujourd’hui. Non seulement les nouveaux convertis sont d’une ardeur à tout oser, mais enflés d’une folle confiance en eux-mêmes, comme s’ils pouvaient voler sur les nuées. Ce n’est donc pas sans raison qu’ils doivent être éloignés de l’épiscopat, jusqu’à ce qu’ils soient redescendus de la hauteur de leur esprit
Qu’il ne lui arrive, à cause de son orgueil, comme à Satan qui fut précipité de sa hauteur dans l’abîme, par le jugement de Dieu. Ou bien : qu’il ne tombe sous le jugement, c’est-à-dire sous les calomnies que le diable (le calomniateur) exerce par les ennemis de l’Évangile (comparer 1 Timothée 3.7). Comme les deux faits sont possibles, l’une et l’autre de ces interprétations sont admissibles.
Même ceux du dehors (1 Corinthiens 5.12 ; 1 Corinthiens 5.13, note ; Colossiens 4.5) doivent être forcés en voyant la vie d’un évêque de lui rendre un bon témoignage.
Sans cela l’opprobre de sa conduite retomberait sur son ministère et sur l’Évangile et ce serait pour lui-même, à plus d’un égard, un piège du démon qui pourrait entraîner sa ruine.
Les nouveaux convertis (1 Timothée 3.6) dont la vie précédente a donné du scandale, doivent trouver dans cette considération un motif de ne point se hâter d’occuper dans l’Église une place qui les mette en évidence, mais de rechercher plutôt le silence et la retraite dans une humble communion avec Dieu, qui seul connaît les cœurs.
Dans leur caractère moral et leur vie religieuse (8-10).
Préceptes relatifs aux femmes qui servent dans l’Église (11).
Revenant aux diacres, l’apôtre prescrit ce qu’ils doivent être dans leurs propres familles et dans leur service, afin d’obtenir un degré honorable dans l’Église et une grande liberté dans leur foi en Christ (12, 13).
On voit dans Actes 6 quelle fut l’institution et l’office des diacres.
Bien que spécialement chargés du soin des pauvres et de la distribution des aumônes, il était dans la nature des choses que leur foi, leur piété, leur charité en fissent les compagnons d’œuvre des évêques ou anciens dans la direction des âmes et, en général, dans tout ce qui avait rapport à l’édification de l’Église.
Dans leurs relations avec leurs frères, ils ne devaient pas se borner à une œuvre tout extérieure, à des secours d’argent, qui ne sont que les moyens de la vraie charité. De là l’importance que l’apôtre attache aux qualités requises pour cette charge.
La charge des diacres les conduisant sans cesse dans l’intérieur des familles, ils devaient inspirer à tous une entière confiance par la droiture et la candeur de leurs paroles. Être double en paroles, c’est dire tantôt une chose, tantôt le contraire.
Voir 1 Timothée 3.3.
La foi, soit dans sa nature, soit dans son objet, est un mystère pour la raison humaine et pour le monde (comparer 1 Timothée 3.16 et 1 Corinthiens 2.7, note).
Plus ce précieux trésor échappe aux regards, plus il est nécessaire de le conserver dans une conscience pure, comme dans un vase digne de ce qu’il contient (comparer sur ce rapport de la foi et d’une bonne conscience 1 Timothée 1.5 ; 1 Timothée 1.19, notes).
Voir 1 Timothée 3.6, note.
Nos versions ordinaires (Calvin, Luther) traduisent : « leurs femmes » et entendent ainsi les femmes des diacres, auxquels l’apôtres revient ensuite (1 Timothée 3.12).
Ce sens est d’autant plus admissible que très probablement les femmes des diacres assistaient leurs maris dans le soin des pauvres, surtout des personnes de leur sexe.
Les Pères de l’Église et quelques exégètes modernes, pensent que l’apôtre parle ici des diaconesses proprement dites (Romains 16.1) et en donnent pour raison :
Médisantes serait mieux rendu par calomniatrices ; sobres pourrait se traduire par vigilantes (1 Timothée 3.2, note).
Voir 1 Timothée 3.2, note.
Voir 1 Timothée 3.5, note.
Un rang honorable peut désigner la considération et la confiance dont jouissait auprès de l’Église ceux qui avaient bien servi ; ou un emploi plus élevé. Il était naturel qu’on choisît les évêques ou anciens parmi les diacres qui avaient prouvé leur fidélité et acquis une précieuse expérience dans leur charge.
Une grande liberté dans la foi est cette ferme assurance du salut auprès de Dieu, qui augmente avec les expériences et la fidélité dans la vie chrétienne (comparer 1 Jean 3.21).
Tel est, croyons-nous, le sens le plus naturel de ces deux pensées de 1 Timothée 3.13.
D’autres interprètes les appliquent l’une et l’autre aux fonctions bien remplies des diacres : un degré honorable dans l’Église et une liberté d’action d’autant plus grande.
D’autres, au contraire, n’y voient qu’un progrès dans leur vie spirituelle.
Ainsi :
Le but de l’apôtre, en écrivant, est que son disciple sache comment se conduire dans l’Église de Dieu, colonne et appui de la vérité (14, 15).
Cela est d’autant plus important qu’il s’agit du grand mystère de piété, Christ manifesté en chair et glorifié dans toute son œuvre (16).
Cette lettre devait servir à Timothée à la fois d’instruction pour lui-même et de légitimation auprès des Églises, afin que, de toutes manières, il pût réformer les abus, s’opposer à l’erreur, confirmer la vérité, jusqu’à l’arrivée de Paul, qui exprime l’espoir de revenir bientôt en Asie. Il est douteux, toutefois, qu’il ait pu le faire (voir l’Introduction).
L’Église est appelée la maison de Dieu (Éphésiens 2.19-22 ; 1 Pierre 2.5), parce que Dieu y fait sa demeure, réalisant en elle ce dont le temple de Jérusalem offrait le symbole (2 Corinthiens 6.16). Le peuple de Dieu est son temple vivant sur la terre (Hébreux 3.6 ; 1 Pierre 4.17 ; 1 Corinthiens 3.16).
Si nous admettons comme la vraie construction celle d’après laquelle ces glorieuses épithètes de colonne et d’appui de la vérité s’appliquent à l’Église du Dieu vivant, il est évident que Paul s’en sert pour inspirer à Timothée et à tous les serviteurs de cette Église le plus profond sentiment de l’importance de leurs fonctions et de la terrible responsabilité qui pèse sur eux.
Si la Parole de Dieu est seule la source de la vérité, l’Église du Dieu vivant, la société et la communion de ses enfants sur la terre en est la colonne et l’appui, non seulement parce que l’Église est dépositaire de ce trésor divin, mais parce que la vérité, rendue vivante dans l’Église par le Saint-Esprit, se propage au moyen de ce témoignage perpétuel, qui correspond à celui de la parole révélée, l’explique et le confirme.
Ainsi, par le ministère que Dieu a établi dans son sein et par le vivant témoignage qu’elle rend au milieu du monde, la vraie Église de Jésus-Christ est la mère de tous les hommes pieux, puisqu’elle les régénère par le moyen de la parole de Dieu, les éduque toute leur vie, les affermit et les conduit jusqu’à la perfection.
Tel est le sens de ce passage dans sa construction ordinaire, qui attribue à l’Église cette grande mission d’être « la colonne et l’appui de la vérité » ; mais il en est une autre, soutenue par d’excellents interprètes et d’après laquelle ces derniers mots s’appliqueraient non à l’Église, mais au mystère de piété (1 Timothée 3.16).
Voici, dans cette pensée, comment il faudrait construire les versets 1 Timothée 3.15 ; 1 Timothée 3.16 « Afin que, si je tarde, tu saches comment il faut se conduire dans la maison de Dieu, qui est l’Église du Dieu vivant. Colonne et appui de la vérité, et, de l’aveu de tous, grand est le mystère de piété : Dieu manifesté en chair, justifié en Esprit, etc ».
Que la manifestation de Dieu en chair soit la colonne et le fondement de la vérité, c’est ce qui est évident et partout confirmé dans les Écritures (1 Jean 4.2). Cette image est plus rigoureusement vraie et d’un sens plus profond appliquée au mystère de piété que si elle est appliquée à l’Église.
On reproche à cette construction de rendre la phrase moins coulante ; mais le style de Paul offre bien d’autres exemples de cette rudesse. On objecte encore que cette construction détache la pensée de ce qui précède ; cela est vrai, mais c’est ici le commencement d’un nouvel enseignement, qui se poursuit dans le chapitre suivant, où il est destiné à combattre des erreurs tendant à nier ou à fausser le grand mystère de piété, colonne et appui de la vérité. L’une et l’autre interprétation peuvent se défendre et renferment une grande pensée à méditer.
Avant d’expliquer ce passage important (voir la note suivante), il faut remarquer qu’il présente trois variantes qui ont beaucoup occupé la critique : la première, celle du texte reçu, porte : « Dieu manifesté en chair » ; la seconde s’exprime ainsi : « Celui qui a été manifesté en chair… » Le sens reste exactement le même, à l’exception du nom de Dieu donné à Jésus-Christ ; car lui seul a été manifesté en chair (Jean 1.14 ; Romains 8.3 ; 1 Jean 4.2) ; l’homme n’apparaît pas en chair, il est né de la chair (Jean 3.6). Aussi tout le reste du passage ne peut s’appliquer qu’à Jésus-Christ.
Enfin, la troisième variante donnerait cette construction à la phrase entière : « Grand est le mystère de piété qui a été manifesté en chair ». Cette dernière leçon, bien qu’elle soit adoptée par la Vulgate, n’a pas pour elle les témoignages des manuscrits et des Pères. Elle ne facilite pas l’explication du passage ; elle l’obscurcit au contraire.
Les deux premières variantes, qui seules méritent considération, se partagent les témoignages d’une manière à peu près égale. Les critiques les plus célèbres, Wettstein, Griesbach, Lachmann, Tischendorf se déclarent pour la seconde.
Après tous les travaux de la critique sur ce passage, la question reste forcément indécise.
Pour comprendre comment ces deux leçons, Dieu et Celui, ont pu surgir, il suffit de rappeler qu’en grec Dieu (Theos) s’écrit ainsi « 0ç » (N.D.E. θεός, οῦ, ὁ) en abrégé et que le pronom Celui s’écrit « Oç » (N.D.E. δότης, ου, ὁ), deux signes extrêmement semblables.
L’apôtre n’hésite pas à convenir et même à proclamer bien haut que la manifestation de Dieu dans notre humanité est un mystère (1 Corinthiens 2.7, note), mystère insondable, mais mystère de piété.
Le fait de l’incarnation, avec ses suites pour le salut du monde, est la source de toute vérité divine, de toute vie religieuse, en un mot de toute piété. En y regardant de près, on se convaincra facilement, qu’en dehors de la foi à ce mystère, il n’y a point de piété véritable. Ce mystère, de l’aveu de tous, d’un aveu unanime (tel est le sens du mot grec), est grand, profond, immense, d’une importance infinie.
Après avoir ainsi caractérisé l’incarnation, l’apôtre en déroule à grands traits les principales phases en six propositions consécutives, sans s’astreindre à suivre l’ordre dans lequel les faits se sont succédé (Ainsi l’élévation de Christ dans la gloire, qui termine ce tableau, a précédé, dans le temps, la prédication de son nom parmi les nations).
L’apôtre voulait décrire d’abord toutes les suites de l’incarnation sur la terre avant de montrer la glorification de Christ dans le ciel, glorification qui renferme déjà virtuellement celle de toute son Église. Chacune de ces propositions, ou de ces grandes phases de la rédemption, forme, avec celle qui la suit, une antithèse destinée à relever la grandeur de cette œuvre, malgré ses apparences de petitesse et d’humilité.
Ainsi : « Dieu a été manifesté en chair », mais « justifié en esprit ». Le contraste de ces deux mots doit être entendu dans le même sens que celui développé Romains 1.3 ; Romains 1.4, note. Le premier indique la nature humaine de Christ, soumise à toutes les infirmités qui sont la suite du péché ; le second désigne sa nature divine, par laquelle il a été de toutes manières justifié « comme Fils de Dieu en puissance, selon l’Esprit de sanctification, par sa résurrection d’entre les morts » (Romains 1.4).
Sans doute, toutes les marques de divinité que Christ a fait éclater dans sa personne et dans sa vie entière appartiennent à cette « justification en Esprit ; » mais sa résurrection en a été le couronnement, parce que ce fait glorieux a, pour ainsi dire, anéanti toutes les apparences qui étaient contre lui, aux yeux de la chair (comparer 1 Pierre 3.18, note).
Dans son état d’humiliation, puis de gloire, le Fils de Dieu a été vu des anges (grec : « est apparu aux anges ») : ce qui doit rappeler, non seulement la part que les anges de Dieu ont prise à tous les grands moments de sa vie terrestre, à sa naissance, à sa tentation, à son agonie en Gethsémané, à sa résurrection ; mais surtout la manifestation de sa gloire aux anges du ciel, après l’achèvement de son œuvre ici-bas.
En sorte que la rédemption du monde a été pour les anges une révélation nouvelle des perfections divines (voir Éphésiens 1.10 ; Éphésiens 3.9 ; Éphésiens 3.10, notes ; Colossiens 1.20 et surtout 1 Pierre 1.12).
Christ n’est apparu durant sa vie terrestre qu’au peuple d’Israël ; mais, son œuvre accomplie, le conseil de la miséricorde divine a été manifesté à d’autres peuples, prêché aux nations, pour accomplir la parole du Sauveur lui-même (Matthieu 24.14).
Et ce n’a pas été en vain ; partout où est parvenue la bonne nouvelle du salut en Christ crucifié, les élus de Dieu l’ont reçu par la foi ; il a été cru dans le monde, malgré l’opposition du cœur de l’homme et de toutes les puissances du siècle.
Enfin, l’homme Jésus, le représentant et le chef de notre humanité, a été élevé dans la gloire que le Fils de Dieu possédait auprès du Père « avant que le monde fût fait » (Jean 17 ; 5), et par lui, en lui, qui est la tête, comme même gloire est acquise et assurée à tous ceux qui sont ses membres.
Ainsi l’apôtre déroule en peu de mots l’œuvre immense de notre rédemption, dont chaque fait particulier élève nos pensées vers un monde nouveau de sagesse et d’amour divins. L’Église de Jésus-Christ retient d’une main ferme cette profession de sa foi par laquelle elle surmonte le monde et repousse toutes les falsifications de la parole du salut.
Quelques interprètes admettent même que ces sentences détachées, qui glorifient Christ et son œuvre, sont empruntées par l’apôtre à quelque antique confession de foi ou à un hymne de l’Église primitive. Quoi qu’il en soit, il a ainsi opposé la grande vérité de l’Évangile aux erreurs qu’il va combattre au chapitre suivant.