Verset à verset Double colonne
Les témoins de la résurrection de Jésus-Christ
L’Évangile que je vous ai annoncé, qui peut vous sauver, si vous y persistez et si vous n’avez pas cru en vain, repose tout entier sur le fait que Jésus est mort pour nos péchés et qu’il est ressuscité (1-4).
Or, ce Jésus ressuscité a été vu par Céphas, par les douze apôtres, par plus de cinq cents frères en même temps, par Jacques en particulier et enfin, après tous, par moi-même (5-8).
Je suis indigne du nom d’apôtre, parce que j’ai persécuté l’Église ; mais la grâce a tout réparé et j’ai travaillé plus qu’eux tous. Soit donc eux ou moi, nous prêchons le même Évangile (9-11).
Paul, tout rempli du grand sujet qu’il va traiter, recommence pour ainsi dire de nouveau à faire connaître aux Corinthiens l’Évangile qu’il leur a annoncé et par lequel seul ils peuvent être sauvés. Il leur rend le témoignage qu’ils l’ont reçu, qu’ils s’y sont tenus fermes jusqu’ici, mais déjà il jette un regard inquiet et triste sur l’erreur qu’il va attaquer relativement à la résurrection.
De là, cette restriction conditionnelle : si vous le retenez… non seulement tel, mais (grec) « selon la parole par laquelle je vous l’ai annonce ». Paul oppose la certitude et le contenu de cette parole divine aux objections des adversaires, qui, tout en retenant l’Évangile, le faussaient. De là, pour eux, le danger d’avoir cru en vain (comparer verset 14).
Voir, sur ces expressions, 1 Corinthiens 11.23 et surtout 1 Corinthiens 7.40.
Voilà donc l’Évangile que Paul avait transmis aux Corinthiens. Ce n’est pas un système religieux, c’est un fait, le fait de la rédemption du monde par la mort et la résurrection du Sauveur. Si ce fait est nié, que reste-t-il ?
Rien n’est plus frappant, relativement à l’autorité divine des Écritures, que le soin avec lequel Jésus-Christ et ses apôtres en appellent sans cesse à cette autorité, même lorsqu’il s’agit d’un fait dont ils sont eux-mêmes les témoins, comme ici la mort et la résurrection du Sauveur (voir leurs citations de l’Écriture sur ce fait, entre autres : Matthieu 12.40 ; Matthieu 26.31 ; Luc 22.37 ; Luc 24.25-27 ; Luc 24.44-47 ; Jean 19.36-37 ; Actes 2.25-28 ; Actes 2.34-35 ; Actes 3.22 ; Actes 4.25 et suivants, 1 Pierre 1.10-11 comparer 1 Pierre 2.24 ; 1 Pierre 2.25).
Cette apparition du Seigneur à Céphas, ou Pierre, est mentionnée Luc 24.34.
Quant aux douze apôtres, ils l’ont vu très souvent après sa résurrection (Jean 20.19 et suivants ; Luc 24.36 et suivants ; Actes 1.3). Ils n’étaient plus que onze ; mais cette dénomination les douze était devenue si habituelle, qu’elle resta même après la chute de Judas.
Cette apparition à plus de cinq cents frères à la fois n’est pas rapportée par les évangélistes, elle eut lieu sans doute en Galilée (Matthieu 28.10 ; Matthieu 28.16 ; Matthieu 28.17), où le Sauveur avait plus de disciples que partout ailleurs.
Ces témoins vivaient encore au temps de Paul, il en appelle à eux, malgré la certitude divine de son propre témoignage (verset 3). Il n’est aucun fait de l’histoire plus inébranlablement confirmé que celui de la résurrection de Jésus-Christ.
Encore un fait dont Paul a seul conservé le souvenir (verset 3).
Voir 1 Corinthiens 15.5 ; Luc 24.36 et suivants ; Jean 20.19 et suivants ; verset 25. Paul revient ici à tous les apôtres pour rappeler les nombreuses communications qu’ils eurent avec le Seigneur pendant les quarante jours de son séjour parmi eux.
Voilà le motif de cette expression énergique de mépris contre lui-même (verset 8).
Le terrible souvenir d’avoir persécuté Christ dans les siens, accompagna Paul durant toute sa vie comme une cause d’humiliation et de tristesse (Éphésiens 3.8 ; 1 Timothée 1.13) ; mais aussi ce souvenir même, joint au sentiment de la miséricorde immense dont il avait été l’objet, devint en lui un motif tout-puissant de consacrer ses forces et sa vie, jusqu’à son dernier soupir, à l’avancement de la sainte cause qu’il avait eu le malheur de méconnaître. C’est ainsi que la grâce de Dieu transforme en bien même l’erreur et le péché (verset 10).
Par ces mots travaillé plus qu’eux tous, faut-il entendre plus que tous ensemble, ou plus que chacun d’eux ? Les opinions des exégètes sont divisées sur cette question. Quoi qu’il en soit, Paul se hâte d’expliquer sa pensée en attribuant à la grâce ses travaux et ses succès, mais à la grâce qui est avec lui, ce qui exprime l’action de Dieu et de l’homme dans leur pleine harmonie. Plusieurs manuscrits lisent en effet : « la grâce de Dieu avec moi ».
L’humilité chrétienne a un caractère absolument différent de ce qui porte ce nom, ou le nom de modestie dans la morale du monde. Le chrétien, profondément convaincu qu’il n’est rien en lui-même, rien qu’un pécheur digne de condamnation et que tout ce qu’il possède, il le doit uniquement à la miséricorde divine, peut, néanmoins, sans blesser aucunement cette humilité, sans que, pour ainsi dire, cela le regarde, avouer hautement tout ce que Dieu a accompli en lui et par lui.
C’est ce que fait Paul ici et ailleurs (Romains 15.18 et suivants, par exemple), mais toujours en attribuant tout le bien de sa vie à la grâce de son Dieu, pour le glorifier et s’accusant de tout le mal qu’il avait fait avant sa conversion. L’homme du monde, au contraire, réduit à sa propre valeur morale dans le bien comme dans le mal, a intérêt à voiler l’un et l’autre ; le mal, parce qu’il en serait accablé sans remède devant Dieu et devant les hommes ; le bien, parce que le bon ton lui commande de ne pas se glorifier lui-même et que la modestie est une gloire de meilleur aloi.
Grec : « Ainsi nous prêchons et ainsi vous avez cru », c’est-à-dire, comme il l’a exposé (versets 1-4), et comme prêchent tous les témoins qu’il a énumérés jusqu’au verset 8.
Que Christ, malgré ces témoignages, n’est pas non plus ressuscité ; qu’alors notre prédication est vaine, vaine aussi votre foi ; que nous sommes de faux témoins ; que vous êtes encore dans vos péchés ; que vos morts sont perdus ; que, jouets d’une espérance trompeuse, nous sommes plus misérables que les autres hommes (12-19).
Mais tout cela est faux, Christ est ressuscité ; il est les prémices de la résurrection, le second Adam, en qui tous revivent, comme tous meurent dans le premier (20-22).
Mais chacun en son rang : d’abord, les prémices, Christ ; puis les siens ; puis vient la fin. Christ, vainqueur de toute puissance ennemie, remet le royaume à Dieu le Père ; la mort est détruite ; toutes choses sont assujetties à Christ, lui-même est assujetti à Dieu, qui est tout en tous (23-28).
Si les morts ne ressuscitent pas, pourquoi des baptêmes pour les morts ? Pourquoi souffrons-nous tous ces dangers, ces combats, ces morts ? Jouissons plutôt de la vie ! Ainsi peuvent se corrompre les mœurs ; réveillez-vous plutôt pour vivre justement (29-34).
Voilà donc, exprimée en termes très clairs, la grossière et funeste erreur contre laquelle Paul dirige tout cet admirable chapitre.
Il y avait à Corinthe, et cela, dans l’Église (entre vous), des docteurs de mensonge qui niaient la résurrection des morts. Observons d’abord que cette erreur n’était point universelle : quelques-uns ; et ensuite, que ces docteurs ne niaient pas tous la résurrection de Jésus-Christ, puisque l’apôtre part de ce fait pour prouver la résurrection en général.
Deux questions se posent ici, sur lesquelles on a fait maintes hypothèses :
La réfutation de l’apôtre semble admettre cette dernière opinion (voir surtout versets 18, 19 et 32 et cette sévère répréhension, versets 33 et 34). Quoi qu’il en soit, l’erreur qu’il combat emportait à ses yeux l’anéantissement de l’espérance chrétienne et de la vie éternelle (versets 14-18).
De ce principe général : la résurrection des morts est impossible, résulte nécessairement cette conséquence de fait que Jésus, homme, n’a pu ressusciter.
Mais il y a deux manières d’entendre ce raisonnement, qui divisent les interprètes :
Dès lors, ces mêmes interprètes voient ici un raisonnement fondé sur la signification dogmatique de la résurrection de Jésus-Christ. Dans le plan divin de la rédemption, Jésus n’est ni mort ni ressuscité pour lui-même, mais pour nous et dans une solidarité absolue avec notre humanité. Or, ce but suprême serait manqué si les morts ne ressuscitaient point, et, de fait, Christ ne serait pas ressuscité.
Ainsi Christ, homme, n’est pas ressuscité parce que, en tant que Dieu, il avait une puissance surnaturelle sur la mort, mais parce que Dieu ne pouvait permettre que « son Saint » sentit la corruption (Actes 2.24-27), et parce que « l’Esprit de sainteté » a vaincu en lui le péché et sa suite naturelle, la mort (Romains 1.4).
Nul ne peut comprendre la doctrine de l’Écriture touchant la résurrection s’il n’a clairement présent à l’esprit le rapport intime et indissoluble qu’il y a entre le péché et la mort, aussi bien qu’entre la justification et la sanctification, d’une part, la résurrection et la glorification du corps, d’autre part.
Les apôtres ont été dans le monde les témoins de Dieu.
L’objet principal de leur témoignage étant la résurrection de Jésus-Christ, fondement de la résurrection des siens, ils ne seraient pas seulement de faux témoins si cette doctrine n’est pas vraie, mais ils auraient témoigné contre Dieu et contre sa vérité en prenant son nom en vain.
Il y a donc une triple gradation dans ces conséquences que tire l’apôtre : la prédication est vaine ; donc la foi qui s’appuie sur elle est vaine aussi ; enfin, les prédicateurs sont des imposteurs.
L’apôtre pose une seconde fois le principe erroné exprimé déjau verset 13, afin d’en rendre les conséquences d’autant plus claires et impressives.
On voit par ce chapitre, comme par l’Évangile tout entier, que Jésus-Christ, dans sa mort et dans sa résurrection, est absolument identifié avec les croyants (verset 17, note).
Et c’est pour avoir ignoré cette profonde vérité qu’on a pu accuser ici l’apôtre d’avoir fait un faux raisonnement, et, ce qui est bien pire, que d’autres se sont imaginé qu’ils pouvaient nier la résurrection de Jésus-Christ ou la déclarer indifférente, sans ruiner de fond en comble le christianisme même.
Voilà une quatrième conséquence de l’erreur qu’il combat ; il en indique (verset 18) une cinquième, non moins terrible ; et enfin (verset 19), une sixième qui les résume toutes.
Être dans ses péchés (comparez Jean 8.21), c’est non seulement n’en avoir point le pardon, être condamné par la justice de Dieu, mais être livré à toutes les conséquences du péché non vaincu, à l’esclavage de la corruption, à la mort temporelle et éternelle. Preuve que, dans la pensée de l’apôtre, ce n’est que la résurrection de Jésus-Christ qui a consommé toute son œuvre de rédemption ; de là aussi la conséquence du verset 18.
Perdus, parce qu’ils restent dans leurs péchés (verset 17) et dans la mort. Paul ne connaît pas ou n’admet pas l’idée païenne d’une immortalité sans rédemption et sans résurrection. Ce faux spiritualisme est aussi contraire à une vraie philosophie l’Évangile.
Quelle douloureuse émotion devait produire cette conséquence chez ceux qui pleuraient leurs morts endormis en Christ, c’est-à-dire, en fondant leurs espérances sur sa résurrection !
Dernière conséquence que l’apôtre tire de la triste supposition qu’il combat et qui complète la pensée du verset 18.
On pourrait objecter que, même pour cette vie, le chrétien est plus heureux que l’homme du monde. Sans aucun doute une heure de la paix de Dieu vaut mieux que toutes les jouissances que le monde peut offrir. Mais il ne faut pas oublier que nulle communion véritable avec Dieu n’existerait si l’erreur que combat l’apôtre était vraie.
Jouet d’une vaine illusion, se nourrissant d’un mensonge, le chrétien n’aurait réellement en partage ici-bas que ses renoncements et ses combats, et, dans l’avenir, une déception pour toute espérance. Ou plutôt il n’y aurait jamais eu de chrétiens sur la terre et ainsi la supposition de l’apôtre devient un argument irréfutable pour toute sa démonstration.
Avec un sentiment évident de soulagement et de triomphe et par ces mots : mais maintenant (verset 20), l’apôtre oppose à la triste négation dont il a déduit les conséquences l’affirmation du grand fait sur lequel il va fonder la résurrection des croyants (versets 20-28).
Christ est les prémices de la résurrection et de la vie (Apocalypse 1.5), comme ces premiers fruits de la saison, consacrés à Dieu dans le temple, étaient les gages certains de la récolte.
L’Écriture enseigne fréquemment la vérité profonde d’une humanité une et solidaire, dont chaque membre, malgré son individualité, « ne vit pas pour lui-même ».
Ainsi, comme du péché d’Adam est venue la mort pour sa race (Romains 5.12), de même le second Adam, le représentant de l’humanité nouvelle, n’est pas mort et ressuscité pour lui seul, mais de lui émanent la justice et la vie (voir le développement de ce contraste dans Romains 5.12-21).
Paul considère ici cette doctrine uniquement par son côté objectif ; c’est pourquoi il dit : « tous seront rendus vivants par Christ », sans faire de distinction entre « une résurrection de vie » et une « résurrection de jugement » (Jean 5.29). Il est bien évident, d’après la nature même des choses, que Christ n’est la justice et la vie que pour ceux en qui cette justice et cette vie s’accomplissent réellement par leur union avec lui (verset 23).
Ceux qui sont à Christ seront rendus vivants à sa venue.
Ici encore l’apôtre ne parle que de ceux-là, parce que, pour eux seuls, la doctrine de la résurrection qu’il enseigne sera une délivrance, la rédemption parfaite.
Le rang ou l’ordre de ces solennels événements, qui s’accompliront au retour de Christ, n’est pas un ordre chronologique, distingué par des intervalles dans le temps ; mais plutôt un ordre de dignité, partant de Christ, les prémices, l’auteur du royaume et du salut et aboutissant à Dieu le Père, source éternelle à qui toute gloire doit être rendue (verset 28).
La fin sera celle du monde actuel de l’économie présente, par le jugement définitif qui suivra la résurrection et qui séparera du royaume toute puissance ennemie (verset 25 ; comparez Matthieu 13.30 ; Matthieu 13.41 ; Matthieu 13.49 ; Matthieu 25.32).
Le royaume que Christ remet au Dieu et Père, c’est l’Église des rachetés, dont il a été le Médiateur, le Fondateur, par son incarnation, son sacrifice, sa résurrection, en un mot par toute son œuvre. C’est la domination divine confiée au Sauveur pour reconquérir l’empire sur le péché et la puissance des ténèbres (Matthieu 11.27 ; Matthieu 28.18 ; Jean 13.3 ; Jean 17.2), et que le Fils rend à Dieu son Père, comme fruit de sa victoire. Dès que le péché et la révolte sont détruits, son œuvre, comme Médiateur, est achevée et Dieu est tout en tous.
Il y a un autre règne universel de Dieu, la création, que Dieu a tirée du néant et conservée par la Parole éternelle (Jean 1.3 ; Hébreux 1.2) ; ce n’est pas ce royaume-là qui doit lui être remis, car il ne s’en est jamais départi.
Psaumes 110.1. Tel est le terme du règne du Médiateur.
Tous les êtres créés à l’image de Dieu devaient ne former qu’un royaume sous la domination de son amour. Le péché et tous les maux qui en sont la suite, ont rendu nécessaire le règne de Christ sur la terre et ce règne dure jusqu’à ce que le Fils de Dieu n’ait plus d’adversaires à soumettre.
Ou plus littéralement : « comme dernier ennemi, la mort est détruite ».
La puissance du péché et de Satan a été vaincue par la rédemption et cette victoire s’accomplit sans cesse en chaque fidèle ; mais la mort, virtuellement détruite par la résurrection de Christ, exerce pourtant encore ses ravages sans distinction du croyant et de l’infidèle ; c’est pourquoi elle sera le dernier ennemi à soumettre par la résurrection finale et par la manifestation complète de la vie de Christ dans les siens.
Ceux qui niaient la résurrection de Jésus-Christ ne pouvaient donc pas admettre que tous les ennemis seraient vaincus par lui, ni que son œuvre de rédemption fût parfaite, puisque la mort aurait conservé sa victoire et ses victimes.
Psaumes 8.7. Voir sur cette citation Hébreux 1.2 et suivants, notes.
Celui qui lui a assujetti toutes choses ne peut être que Dieu. Cette remarque sert à préparer l’idée de la subordination du Christ au Père (verset 28).
Nous retrouvons évidemment ici encore la même pensée qu’au verset 24. Christ remet le royaume à Dieu son Père et c’est en ce sens qu’il lui est assujetti, c’est-à-dire dans sa dignité de Messie ou de Médiateur. Jusque-là Dieu règne par lui, dès lors il règne immédiatement.
Comme Parole éternelle (Logos), Christ reste, après son dernier triomphe sur le mal, comme avant son incarnation, dans un rapport d’inaltérable unité avec Dieu. Le changement de relation qui est ici indiqué aura lieu lorsque son œuvre de rédemption sera achevée.
Tant que le péché ou la mort règnent encore sur ses rachetés, leur combat continue sous la conduite de Christ, leur Chef, leur Roi ; mais quand tout péché aura été détruit en eux, quand leur corps même aura été rendu conforme à son corps glorieux, alors ils lui seront semblables (1 Jean 3.2), étant parvenus à l’état d’homme parfait (Éphésiens 4.13). Alors ils n’auront plus besoin de la médiation de l’Homme-Dieu, parce qu’ils seront participants de la nature divine (2 Pierre 1.4), et que Dieu sera toutes choses en tous.
Ce que l’apôtre a voulu exprimer ici, c’est cette idée sublime : que le terme de l’histoire et le but de l’existence de l’humanité est la formation d’une société d’êtres intelligents et libres, amenés par Christ à une parfaite communion avec Dieu et rendus par là capables d’exercer, comme Jésus lui-même ici-bas, une activité inaltérablement sainte et bienfaisante. Cette intuition écarte d’un côté le panthéisme qui refuse toute existence propre et toute activité libre à la créature, — le en tous (en chacun d’eux) s’y oppose, — et de l’autre le déisme, qui attribue à l’homme une activité dans le bien isolément de Dieu, ce qu’exclut le toutes choses en de saint Paul.
Ce passage (versets 24-28) a été invoqué dans les temps modernes et non sans raison, pour appuyer la doctrine d’un rétablissement universel, du salut final de tous les hommes, car si le but de l’humanité est un état de choses dans lequel Dieu soit tout en tous, il est difficile de concevoir que, ce but une fois atteint, il subsiste une classe d’êtres séparés de Dieu. Ils constitueraient à perpétuité l’empire du Prince des ténèbres, dont Paul (versets 24-26) annonce la destruction.
Toutefois, il faut reconnaître que dans ce chapitre, l’apôtre ne traite pas directement ce sujet de l’avenir des incrédules. Il parle seulement de ceux « qui se sont endormis en Christ » (verset 18), et il établit, par la résurrection du Sauveur, qu’ils ne resteront point la proie de la mort, mais en seront délivrés tout entiers, corps et âme, par la plénitude de la vie. Cela lui suffisait pour répondre victorieusement aux négations qu’il savait être répandues dans l’Église de Corinthe.
Après la digression des versets 20-28 sur le fait de la résurrection de Jésus-Christ et ses suites jusqu’au dernier triomphe, l’apôtre revient à son argumentation interrompue au verset 19. Il reprend la supposition que les morts ne ressuscitent point, pour en développer les conséquences désastreuses et réduire à l’absurde cette supposition, d’abord aux versets 14-19, puis ici, versets 29-32.
Ce verset 29, certainement très clair pour les premiers lecteurs de l’épître, parce qu’il suppose un usage du baptême qui leur était connu, est pour nous d’une interprétation tout à fait incertaine, l’usage auquel il fait allusion n’étant pas mentionné ailleurs. On est donc réduit à des suppositions.
L’une consiste à croire que les chrétiens se faisaient administrer le baptême pour des morts (parents ou amis), qui n’avaient pas pu le recevoir de leur vivant, ou à leur place ; mais outre que cet usage, adopté plus tard dans certaines sectes, probablement d’après ce passage même, ne pouvait guère exister au temps des apôtres, peut-on admettre que Paul eût approuvé une telle superstition et argumenté d’une erreur pour établir une vérité ? D’ailleurs, l’emploi de l’article défini : les morts, montre qu’il avait en vue, non certains cas accidentels, mais la généralité des morts.
D’autres estiment qu’il fait allusion à l’usage d’administrer le baptême sur les morts, c’est-à-dire sur les tombeaux des chrétiens, spécialement des martyrs, ce qui n’est pas plus admissible, bien que le sens grammatical permette cette version.
Enfin, M. Godet et quelques interprètes pensent qu’il ne s’agit pas ici du baptême d’eau, mais d’un baptême de sang, c’est-à-dire de chrétiens qui subissaient le martyre et qui étaient ainsi introduits dans l’Église glorifiée.
Passant sur les nombreuses interprétations qui ont été proposées encore, nous nous arrêtons à celle qui nous paraît la plus probable.
Le baptême, outre sa signification intérieure, était, au dehors, le moyen de l’introduction dans l’Église. On sait que, dès les temps les plus anciens, on le demandait fréquemment aux approches de la mort seulement, soit dans une maladie dangereuse, soit dans les persécutions (verset 32), surtout avec l’idée de ne plus pécher après l’avoir reçu. Celui qui recevait le baptême en de telles circonstances était baptisé, non pour les vivants, mais pour les morts, c’est-à-dire était introduit dans l’Église déjà glorifiée et non plus dans celle qui combattait sur la terre.
Mais s’il n’y a point de résurrection des morts, ce besoin du cœur, cette vive espérance n’était qu’une déception de plus ; à quoi bon ce baptême qui trompe ? Que feront-ils ? Qu’ont-ils à attendre ? Ce raisonnement est déjà tout entier dans le verset 18 et se reproduit sous une autre forme dans versets 30-32. On peut ponctuer ainsi : « Que feront ceux qui sont baptisés pour les morts ? Si absolument les morts ne ressuscitent point, pourquoi aussi sont-ils baptisés pour les morts (variante préférable : pour eux) ? »
Ces exemples, tirés de la vie de l’apôtre, s’unissent intimement au verset 29, dans le sens que nous lui avons donné. Lui aussi reçoit chaque jour un baptême de souffrances, de dangers, de renoncements (Matthieu 20.22 ; Luc 12.50), qui constitue pour lui une mort de chaque jour (non seulement le danger de mort, mais une mort intérieure, progressive, la mort en détail) ; à quoi bon tout cela, sans l’espérance d’une résurrection glorieuse ? Une telle vie serait le comble de la folie.
Mais où est la conscience chrétienne que ne révolte une telle pensée ? Pour l’apôtre, c’est son sujet de gloire et par conséquent d’espérance. Aussi en appelle-t-il solennellement à la conscience des Corinthiens, qui tous pouvaient comprendre un tel sujet de gloire et de joie éternelle.
On exposait les criminels (et plus tard les martyrs chrétiens) aux combats du cirque contre des bêtes féroces, jusqu’à ce qu’ils en fussent dévorés pour l’amusement du peuple. C’est à cet usage barbare que Paul compare les dangers et les mauvais traitements qu’il avait subis à Éphèse de la part des méchants ; on ignore à quelle époque et dans quelles circonstances, car l’émeute soulevée contre lui (Actes 19.23 et suivants) n’avait pas encore eu lieu. Peut-être faut-il voir une mention de ces souffrances dans Romains 16.4.
Quoi qu’il en soit, il n’est pas probable que Paul entende ce combat contre les bêtes dans son sens littéral : sa qualité de citoyen romain le protégeait contre cette ignominie et il y a toute apparence que les chrétiens n’y furent pas exposés avant la persécution plus générale qui eut lieu sous Néron.
Selon l’homme signifie dans des vues humaines, sans espérances plus élevées que celles des hommes terrestres.
Ces mots : Si les morts ne ressuscitent pas, peuvent se joindre à la phrase qui précède ou à celle qui suit. L’apôtre, en exprimant ce principe charnel du matérialisme dans des termes empruntés à Ésaïe (Ésaïe 22.13), ne voulait pas dire qu’il y eût dans l’Église de Corinthe des hommes qui tinssent ce langage, mais bien que la négation de la résurrection y conduisait logiquement.
Quiconque abandonne l’espérance d’une entière délivrance du péché par la glorification de tout l’homme, doit nécessairement chercher icibas la plus grande mesure possible de jouissances. Pourquoi s’imposerait-il des renoncements ? Aussi, est-ce dans les temps d’incrédulité que l’on voit renaître sous toutes ses formes la doctrine de la « réhabilitation de la chair ».
Cette dernière sentence est, selon saint Jérôme, un vers emprunté au poète grec Ménandre et qui était devenu un proverbe populaire. Il paraît que la négation de la résurrection était propagée par de faux docteurs, étrangers à l’Église de Corinthe et dont Paul voulait que celle-ci évitât la société.
Grec : « Devenez sobres justement », comme vous le devez ; exhortation qui suppose déjà un certain degré d’enivrement par les séductions de l’erreur et d’une fausse liberté.
Afin d’humilier des hommes enflés de leur propre sagesse, l’apôtre prononce cette énergique accusation d’ignorance de Dieu (grec), qui n’a rien d’exagéré ; car en ceux qui possèdent l’Évangile toute erreur volontaire de doctrine et de morale obscurcit la vérité divine tout entière et trouble leur communion avec Dieu.
Les analogies de la nature peuvent répondre : soit le grain de semence, auquel Dieu donne un corps comme il l’a voulu ; soit la diversité des corps dans l’homme, dans les bêtes ; soit la diversité des corps célestes (les astres) (35-41).
Application de ces analogies à la résurrection : le corps, semé dans son misérable état actuel, ressuscite transformé, glorifié, spirituel (42-44).
La réalité de ces deux états opposés se trouve, d’une part, dans le premier Adam, de l’autre, dans le second, Jésus-Christ, esprit vivifiant : l’un, corps animal, terrestre ; l’autre, spirituel, céleste ; comme nous ressemblons à l’un, nous serons transformés à l’image de l’autre (45-49).
L’apôtre, après avoir prouvé qu’il y a une résurrection des morts, en vient au comment de cette doctrine et traduit par sa question une objection que l’on faisait sans doute à Corinthe contre la doctrine de la résurrection.
Les faux docteurs en niaient la possibilité, parce qu’ils se représentaient le corps ressuscité comme étant de même nature matérielle que le corps terrestre ; et c’est là, aujourd’hui encore, à l’égard de cette doctrine, la cause d’ignorance la plus fréquente, ou le prétexte d’incrédulité le plus répandu.
Aussi Paul, appelant à son secours diverses analogies de la nature, enseigne-t-il que la résurrection est une complète glorification du corps (versets 36-44).
Comment ressusciterait un corps entièrement dissous par la corruption ? Voilà l’objection (verset 35).
L’apôtre y répond par l’exemple analogue du grain de semence, que Jésus-Christ avait employé avant lui (Jean 12.24, note).
Voici quel est ici le point principal de la comparaison : le grain jeté en terre et la plante qui en sort sont bien identiques et ils sont pourtant si complètement divers, que tout ce qu’il y a de visible dans le grain semé périt. Ainsi, même dans la nature, la mort conduit à la vie et la destruction de tout ce qu’il y a de visible dans un être n’est pas une raison de douter qu’un corps nouveau ne puisse émaner de l’ancien.
L’application de l’image au corps humain se fait d’elle-même. Un germe de nature psychique (verset 46, note) se revêtira du corps glorifié. Toutefois, il ne s’agit point uniquement d’un procédé naturel : la résurrection est un acte direct de la toute-puissance divine, un fruit de la grâce en Jésus-Christ.
Le laboureur n’a pas semé le corps qui naîtra du grain (verset 37) ; c’est Dieu qui se donne, c’est-à-dire qui le crée, comme il l’a voulu, déterminé d’avance au jour de la création et c’est toujours un corps de même nature que la semence.
Pourquoi ne recevrions-nous pas de même un corps approprié à notre état futur ? Pourquoi nous laisserions-nous arrêter par l’idée du corps matériel qui se dissout ? Pourquoi douterions-nous de la puissance de Dieu, visible dans la création ?
Cette seconde image élève la pensée au-dessus de notre horizon borné. Nous sommes trop tentés d’envisager avec une sorte de mépris ce qu’il y a en nous de corporel, parce que nous n’y voyons qu’une masse grossière de chair et de sang.
Mais il n’en sera pas toujours ainsi. La diversité infinie des corps dans la nature devrait suffire à nous en avertir. C’est là ce que veut dire l’apôtre : « Voyez combien le corps de l’homme est déjà plus noble plus admirablement organisé que celui des bêtes et quelle diversité il y a entre ces dernières ! Élevez-vous plus haut encore : ce ne sont là que des corps terrestres : mais contemplez ces corps célestes, si éthérés, si lumineux ! Là aussi se retrouve la diversité ; vous pouvez concevoir des corps plus immatériels encore : d’où vient donc cet aveuglement qui vous fait juger du corps glorifié par ce corps d’argile ? »
Les corps terrestres (verset 40) sont ceux des hommes et des animaux ; mais qu’est-ce que les corps célestes ?
Plusieurs interprètes entendent par là les corps des anges. Sans doute, cette idée conviendrait très bien, en tant qu’exemple, à l’argumentation de Paul. Mais comme lui-même parle aussitôt après du soleil, de la lune, des étoiles, n’est-il pas plus probable que c’est là ce qu’il entend par corps célestes ?
Dans ces versets 42-44, l’apôtre applique à la fois les deux comparaisons qui précédent ; celle du grain se retrouve dans les termes : il est semé et celle de la diversité des corps, dans tous ces glorieux contrastes entre notre corps actuel et celui dont nous serons revêtus après le triomphe final de Christ.
Afin de peindre plus vivement à nos regards les scènes de cette dernière victoire sur la mort, l’apôtre parle au présent « Le corps est semé ; il ressuscite », ainsi, à cinq reprises successives.
Sur ces mots : corps animal (qu’il faudrait pouvoir traduire par corps psychique) et corps spirituel, voir la note suivante et l’opposition de ces deux mêmes épithètes, 1 Corinthiens 2.14 ; 1 Corinthiens 2.15, note.
Pour bien comprendre ces paroles qui nous ouvrent une vue profonde sur la nature de l’homme et sur les rapports de la création et de la rédemption, il faut se souvenir que, selon l’Écriture, l’homme est composé de l’esprit, de l’âme et du corps dans une indivisible unité (1 Thessaloniciens 5.23).
L’esprit est la faculté la plus élevée, celle qui met l’homme en rapport avec Dieu ; l’âme (grec : psyché) est l’élément de la vie, que nous avons en commun avec tous les animaux de là, la traduction corps animal, doué d’âme (en latin anima, voir 1 Corinthiens 2.14, note), avec l’immense différence toutefois, que chez l’homme cette âme est unie à un esprit immortel qui la rend intelligente et en fait le siège, non seulement de sensations et d’instincts, mais de sentiments dont nous avons la conscience et la responsabilité.
Le corps enfin est l’organe matériel de l’esprit et de l’âme. Dieu, en créant l’homme en âme vivante (verset 45, Grec : pour une âme vivante, c’est-à-dire pour grandir toujours plus dans la vie véritable dont la source lui était ouverte, Genèse 2.7-9), voulait que le développement graduel de sa créature se fit par un progrès ascendant vers la spiritualité.
L’esprit de l’homme, en communion vivante avec l’esprit de Dieu, aurait pénétré l’âme et par elle le corps, l’être tout entier. Ainsi, l’esprit aurait dominé sur toutes les facultés de l’homme, comme l’homme devait dominer sur la nature entière et il serait parvenu à sa destination glorieuse sans passer par la mort et la résurrection.
Mais, par la chute, toute cette harmonie a été brisée : la communion avec Dieu, source de la vie, fut interrompue ; l’esprit, au lieu de régner, tomba sous la domination de l’âme et du corps, c’est-à-dire des passions et des sens ; l’ordre du progrès fut interverti ; l’homme, destiné à être spirituel, devint charnel et terrestre et le roi de la création fut l’esclave du péché et de la mort.
Tel est le premier homme Adam, auquel l’apôtre oppose, dans un puissant contraste, le dernier Adam (verset 45), Jésus-Christ. Né dans notre nature, Christ était sans doute susceptible de souffrir et de mourir ; mais ayant, par cette souffrance même, par son obéissance et par sa mort, « accompli toute justice », il rétablit en sa personne et en sa vie l’harmonie détruite ; l’esprit qui, en lui, était le temple de l’Esprit de Dieu, pénétra de sa vie l’âme et le corps ; aussi « les liens de la mort ne purent-ils le retenir ; » il fut « vivifié en esprit » (1 Pierre 3.18), il ressuscita « par l’Esprit de sainteté » (Romains 1.4) avec un corps glorifié.
Il a donc été fait, pour lui-même et pour les siens en esprit vivifiant (verset 45), ce que Paul oppose à l’âme vivante du premier Adam.
Christ, en demeurant dans ses rachetés, les rend semblables à lui en toutes choses (1 Corinthiens 15.48 ; 1 Corinthiens 15.49 ; Romains 8.11 ; comparez 1 Corinthiens 6.5). Leur corps nouveau, « conforme au corps glorieux du Christ » (Philippiens 3.21), est ici appelé corps spirituel, par opposition au corps animal (ou psychique) d’Adam (verset 44), parce qu’il sera entièrement pénétré, glorifié par l’Esprit, manifestant au dehors ce que cet esprit est en lui-même et reflétant l’éternelle sagesse, la sainteté, la beauté morale, l’amour.
Devait venir après en Adam lui-même et vient après dans l’enfant de Dieu régénéré et ressuscité ; d’où l’on peut conclure que la glorification future sera infiniment supérieure à ce qu’était l’innocence primitive d’Adam (versets 45-47).
Le premier homme, par l’origine terrestre de son corps, est poussière (grec) et condamné à retourner en poudre.
Le second homme (ici le texte reçu ajoute à tort le Seigneur) est du ciel et communique aux siens sa nature céleste (versets 48 et 49).
Ces versets 47-49 sont l’application aux chrétiens du grand principe posé au verset 45. Paul revient souvent à cette pensée très profonde d’une solidarité étroite entre le premier homme et sa postérité, d’une part et entre Christ et ses rachetés, d’autre part (voir surtout Romains 5.12-21).
Adam et Jésus-Christ sont, dans un sens directement opposé, la souche de deux humanités différentes. La seule question pour nous est de savoir à laquelle nous appartenons.
Quant à la résurrection et à la glorification du corps, rien n’est plus propre à nous en donner l’idée que d’en montrer le type accompli en Jésus-Christ. C’est ce que Paul fait, ici et dans toutes ses épîtres (voir, par exemple, Philippiens 3.21).
Donc, ce n’est pas le corps actuel, corruptible, composé de chair et de sang, qui héritera le royaume céleste (50)
Même ceux qui vivront au dernier jour seront transformés ; car il faut que tous soient revêtus d’incorruptibilité et d’immortalité ; alors, la mort sera détruite (51-54).
Où donc est la mort et le péché et la loi ? Grâces à Dieu, qui nous a donné la victoire sur tous ces ennemis ! (55, 56)
Restez donc fermes, car votre œuvre sera couronnée d’un plein succès dans le Seigneur (57)
Ce que je dis, ou ce que je veux dire, ce que je conclus de toute cette instruction destinée à réfuter l’objection (verset 35) qu’on tire de l’idée que nous ressusciterons et entrerons au royaume de Dieu avec ce corps grossier.
La chair et le sang, c’est l’homme naturel, déchu, pécheur, sujet à la corruption (Romains 1.3, note).
L’entrée au royaume de Dieu ne peut donc nous être ouverte qu’autant que Christ nous a renouvelés à son image, dès ici-bas par son Esprit, et, au dernier jour, par la résurrection ; de là l’incorruptibilité en harmonie avec la vie du ciel.
Paul appelle un mystère telle doctrine ou tel fait caché dans le conseil de Dieu et dont il a reçu directement la révélation (1 Corinthiens 2.7, note ; comparez Romains 11.25 ; Éphésiens 3.3 et suivants).
Le mystère dont il s’agit ici concerne ceux qui vivront encore au retour de Christ. Que deviendront-ils, tandis que les morts ressusciteront incorruptibles ?
L’apôtre enseigne, ici et ailleurs (1 Thessaloniciens 4.15-17 ; 2 Corinthiens 5.2-4), qu’ils seront changés, transformés, revêtus de cette incorruptibilité qui seule peut hériter le royaume de Dieu (verset 50). Cela aura lieu, non par un lent procédé de glorification, mais en un instant, par un miracle de la puissance divine tout semblable à celui de la résurrection et simultanément avec cette dernière (1 Thessaloniciens 4.15).
Le signal de ces grands événements sera donné par la dernière trompette, c’est-à-dire celle du dernier jour. Dans le langage symbolique de l’Écriture, le son de la trompette est le signe du combat (1 Corinthiens 14.8 ; Zacharie 9.14) ; celle-ci annoncera la victoire finale sur le dernier ennemi (verset 26). Le bruit de cet instrument était aussi le signal des grandes assemblées du peuple de Dieu ; ici sera le dernier accomplissement de la prophétie d’Ésaïe (Ésaïe 27.13), l’assemblée éternelle de tous les rachetés.
Quand l’apôtre dit nous et paraît se comprendre parmi ceux qui vivront au jour de Christ (comparez 1 Thessaloniciens 4.15), il ne faut pas oublier que « le jour et l’heure » avaient été positivement cachés à l’Église (Matthieu 24.36), afin qu’elle se tint constamment dans un état vigilant d’attente et que, par conséquent, tous les premiers chrétiens qui espéraient le retour de Christ de leur vivant, étaient fondés à le faire.
Nous voyons aussi, par ce fait, que les apôtres eux-mêmes ne connaissaient des desseins de Dieu sur notre avenir que ce qui leur avait été positivement révélé, et cela, doit rendre d’autant plus grande notre confiance en leur témoignage.
Il le faut, tant pour les vivants que pour les morts du dernier jour, selon le principe absolu exprimé au verset 50.
L’incorruptibilité est la condition absolue de l’immortalité.
L’Écriture ne connaît pas la notion stérile d’une immortalité de l’âme indépendante de la résurrection et surtout du renouvellement de tout notre être.
Le mot même d’immortalité appliqué à l’homme ne se trouve qu’ici dans tout le Nouveau Testament (versets 53 et 54) ; et dans le seul passage où il paraît encore (1 Timothée 6.16), il est dit que « Dieu seul possède l’immortalité ».
Ou « en victoire »
M. Godet paraphrase : « La mort est absorbée en la vie inaltérable ».
C’est une citation libre de Ésaïe 25.8, où on lit : « Il engloutit la mort pour toujours », ce qui suppose bien la victoire proclamée ici par l’apôtre.
Citation encore plus libre de Osée 13.14. Saisi de la grandeur de son sujet et de la gloire de ses espérances, l’apôtre entonne un chant de triomphe (comparez Romains 8.31-39) sur la défaite des plus terribles ennemis de Christ et du chrétien.
Il emprunte pour cela à Osée cette apostrophe hardie : « Où est ton fléau, ô mort ? Où est ta peste, ô enfer ? » Mais l’apôtre modifie l’élan poétique du prophète à un double égard.
D’abord, au terme de ses instructions profondes sur la résurrection, il adresse deux fois son défi à la mort.
La variante du texte reçu, qui lui fait dire : « ô enfer ! » (hadès, le lieu invisible, faussement rendu dans nos versions par sépulcre) n’est qu’une correction selon le passage d’Osée. Ensuite, à ces mots du prophète : où est ton fléau, ta peste ? Il substitue ceux-ci : ton aiguillon, ta victoire.
L’aiguillon est l’arme d’un animal venimeux, d’un scorpion, qui pique et tue (comparer le verset suivant, note).
L’aiguillon de la mort, son arme, ce qui la rend si horrible, ce qui lui imprime au front le caractère d’une malédiction, c’est le péché.
Sans le péché il n’y a point de mort. Le péché, à son tour, a dans la loi toute sa puissance, car c’est la loi qui condamne le pécheur et le livre à la mort (Romains 5.20-21 ; Romains 7.7-14).
L’apôtre insère ici ces paroles pour relever encore la grandeur de la victoire de Christ et du chrétien par une revue rapide de nos terribles ennemis et ainsi il prépare l’ardente action de grâces de son cœur pénétré de reconnaissance : Mais grâces à Dieu !…
La pressante exhortation par laquelle Paul termine ce riche chapitre, prouve puissamment le rapport intime qu’il y a entre la doctrine de la résurrection et la vie chrétienne tout entière.
L’œuvre du Seigneur, c’est la propagation et l’accroissement de son règne au dehors et au dedans : sans la vivante espérance de la résurrection cette œuvre n’aurait ni terme ni triomphe à attendre ; jamais la puissance du péché, de la chair, de la mort ne serait entièrement vaincue et détruite.
Où donc serait notre courage ? C’est par la résurrection que nous triomphons même en succombant, ainsi que notre Maître qui, en mourant, a vaincu la mort !