Verset à verset Double colonne
Les destinataires, leur situation, vœu
Pierre, apôtre, écrit à des étrangers qui sont dispersés en plusieurs provinces de l’Asie Mineure et qu’il salue comme des élus de Dieu. Leur élection se manifeste dans leur sanctification opérée par l’Esprit, pour qu’ils deviennent obéissants et soient purifiés par le sang de Jésus-Christ. L’apôtre leur souhaite grâce et paix en abondance (1-2).
Le bonheur de ceux qui, régénérés par Jésus-Christ, pour une espérance vivante, connaissent le salut qui fut l’objet des investigations des prophètes
Grec : aux étrangers élus de la dispersion du Pont, etc., selon la prescience.
Élus et étrangers sont juxtaposés dans l’original. Il est probable que le premier est adjectif, le second substantif.
Le mot que nous traduisons, faute de mieux, par étranger, signifie proprement l’étranger en séjour, l’habitant, qui n’a qu’un domicile momentané dans un pays, par opposition au citoyen qui a le droit de bourgeoisie.
Les noms énumérés sont ceux des provinces romaines de l’Asie Mineure. L’Asie était appelée aussi Asie proconsulaire et comprenait une partie de la Phrygie, la Mysie, la Lydie, la Carie et plusieurs îles. Les Églises de ces contrées avaient été fondées par Paul.
Ces étrangers, qui vivaient dans la dispersion (diaspora, comparez Jacques 1.1 ; Jean 7.35) n’étaient pas seulement des Juifs, comme ce terme de diaspora pourrait le faire croire, mais aussi des païens convertis à l’Évangile (1 Pierre 2.10 ; 1 Pierre 4.3), et auxquels l’apôtre applique le mot qui d’ordinaire désignait les Juifs vivant hors de la Palestine.
Il envisage tous ces chrétiens, quelle que soit leur origine, comme l’Israël spirituel, le vrai peuple de Dieu. Ils se sentaient étrangers parmi les païens d’autant plus qu’ils étaient dispersés, ne formant que de petits groupes sans beaucoup de rapports entre eux.
En tout temps d’ailleurs, les chrétiens ne sont-ils pas dans ce monde des étrangers des habitants de passage (1 Pierre 2.11 ; Philippiens 3.20 ; Hébreux 11.13 ; Hébreux 13.14 ; Psaumes 39.13) ?
Grec : pour l’obéissance et l’aspersion du sang de Jésus-Christ.
Étrangers et dispersés, ils sont fortifiés dans leur isolement par la pensée que Dieu les a élus. Ce mot est en tête de l’adresse, car c’est en leur qualité d’élus que l’apôtre leur écrit. L’élection, sous l’ancienne Alliance, s’appliquait au peuple entier (Ésaïe 41.8 ; Ésaïe 43.20 ; Deutéronome 7.6 ; Deutéronome 9.4-6).
L’apôtre appelle encore les chrétiens une « race élue » ; cependant, pour eux, l’élection de Dieu est devenue individuelle. Elle se manifeste par l’appel que Dieu, dans sa grâce, selon sa prescience, adresse à chaque âme.
La prescience de Dieu n’est pas seulement sa connaissance anticipée et passive de ce qui arrivera, mais sa volonté déterminée et son amour. On a traduit le terme employé par l’apôtre : « selon une détermination prise d’avance » (Stapfer). Ce caractère actif de la prescience divine ressort de nombreuses déclarations de l’Écriture (1 Pierre 1.20 ; Romains 8.28 ; Romains 8.29 ; Éphésiens 1.5).
Le chrétien fonde sur sa qualité d’élu de Dieu l’assurance de son salut. Celui-ci n’est pas son œuvre, mais l’œuvre de Dieu, qui achèvera ce qu’il a commencé (Philippiens 1.6).
Élus non pas de nous-mêmes, mais selon l’ordre de Dieu, car nous ne nous introduirons pas nous-mêmes dans le ciel, pas plus que nous ne créons nous-mêmes la foi dans nos cœurs. Dieu ne laissera pas entrer indistinctement tous les hommes dans le ciel, il comptera exactement les siens. Ici la doctrine du libre arbitre et de nos propres forces ne signifie rien ; il ne s’agit pas de notre propre volonté, mais de la volonté de Dieu et de son élection.
Mais Dieu n’élit pas ses enfants pour qu’ensuite ils fassent ce que bon leur semble, qu’ils restent dans leurs péchés. Il les élit dans la sanctification de l’Esprit (1 Thessaloniciens 4.7 ; 2 Thessaloniciens 2.13 ; 2 Thessaloniciens 2.14), c’est-à-dire que, pour accomplir son dessein de miséricorde en eux, il les renouvelle et les sanctifie par son Saint-Esprit. C’est là pour eux le témoignage seul certain de leur élection.
L’Esprit (de Dieu) est l’auteur de la sanctification. D’autres, avec moins de raison, entendent l’expression de l’esprit de l’homme sur lequel s’exerce l’action sanctifiante :
élus selon la prescience de Dieu et sanctifiés en leur esprit.
Le but en vue duquel Dieu les a élus et les sanctifie par l’Esprit, c’est l’obéissance, non l’obéissance à Jésus-Christ, comme traduisent quelques-uns, car le complément de Jésus-Christ ne se rapporte qu’à l’aspersion du sang ; mais à l’obéissance, au sens absolu, à l’obéissance qui est l’attitude normale de l’enfant de Dieu (1 Pierre 1.14 ; 1 Pierre 2.8 ; Hébreux 5.9), et que Paul appelle « l’obéissance de la foi » (Romains 1.5 ; 2 Corinthiens 10.5).
À cette disposition du croyant répond, de la part de Dieu, l’aspersion du sang de Jésus-Christ. Ce dernier terme est emprunté aux usages des sacrifices, où le sacrificateur faisait aspersion du sang de la victime sur ceux qui l’offraient, afin de les rendre participants de l’efficace figurative de ce sacrifice (Exode 24.7 ; Lévitique 4.6-17 ; Lévitique 16.14 ; Hébreux 9.19 ; Hébreux 12.24).
La mention de l’aspersion après la sanctification de l’Esprit montre qu’il s’agit moins de la justification du pécheur devant Dieu que d’une appropriation perpétuelle des mérites de Jésus-Christ et de sa mort, nécessaire à ceux mêmes qui sont régénérés, aussi longtemps qu’ils vivent dans ce monde de péché (comparer 1 Jean 1.7). Weiss (Lehrbuch der biblischen Theologie, 4e édition, page 147), prenant le terme de sanctification dans son sens primitif de mise à part, consécration, voit ici une allusion au baptême, par lequel l’élu de Dieu était séparé du monde. Ce baptême, il le recevait « pour le pardon des péchés » (Actes 2.38), et il était par lui consacré à Dieu. Aussi le don du Saint-Esprit suit-il le baptême (Actes 2.38 ; Actes 10.44).
La grâce et la paix (Romains 1.7, note) découlent de l’œuvre de Dieu, qui vient d’être décrite ; mais elles peuvent être multipliées dans le cœur du fidèle : que ne sommes-nous plus remplis d’ardeur à les demander à Dieu comme l’apôtre et pour nous-mêmes et les uns pour les autres !
Comparer 2 Corinthiens 1.3 ; Éphésiens 1.3. Pierre ouvre son épître par une ardente action de grâce pour le salut qu’il embrasse ici d’un regard, depuis son origine, qui est la miséricorde éternelle de Dieu, notre Père, jusqu’à son parfait accomplissement (verset 7).
C’est sur ce glorieux salut que l’apôtre fonde toutes les consolations qu’il offre à ses lecteurs (verset 6), aussi bien que les exhortations qu’il leur adresse à mener une vie sainte. Ce salut, dont Dieu n’a pu trouver la raison souveraine que dans son amour, s’accomplit en nous par l’œuvre à la fois divine et humaine de la régénération (comparez Jean 3.3-5, notes), source d’une vie nouvelle. Celle-ci a pour premier et principal fruit, une espérance vivante.
L’espérance du chrétien est vivante, d’abord quant à son objet, puisqu’elle est une possession anticipée de la vie éternelle (verset 4) ; elle est vivante surtout en elle-même, parce qu’elle fait partie intégrante de cette vie nouvelle et divine qui commence avec la régénération et dont la source intarissable est la résurrection de Jésus-Christ d’entre les morts.
La résurrection du Fils de Dieu, sa victoire sur la mort physique et morale, a ouvert pour lui et pour ses rachetés les sources de la vie éternelle. Christ est entré dans la gloire avec notre humanité : là où est le Chef, la tête, là sont déjà tous les membres (Éphésiens 2.6), non seulement par la certitude de leur espérance vivante, mais parce qu’en réalité Christ est leur vie.
L’épithète de vivant est appliquée à tous les attributs de Christ considéré dans ses rapports avec ses rachetés : il est pour eux « la pierre vivante » (2.4), « l’eau vivante » (Jean 4.10 ; Jean 7.38), « le pain vivant » (Jean 6.51), « le chemin vivant » (Hébreux 10.20).
Quelques-uns traduisent « Qui nous a, par la résurrection de Jésus-Christ d’entre les morts, fait renaître à une vivante espérance ». Ils pensent que Pierre fait allusion à son expérience personnelle.
Toutes ses espérances messianiques avaient été ruinées par la mort de Jésus, la honte du triple reniement, dont il s’était rendu coupable, achevait de l’accabler. La vue de Jésus-Christ ressuscité, le pardon que lui accorda le Maître qu’il avait trahi, le firent renaître à une espérance, qu’il peut qualifier de vivante, parce qu’il sent qu’elle ne saurait être détruite, comme les espérances plus ou moins charnelles et chimériques qu’il nourrissait auparavant.
Cette explication renferme une part de vérité. Il est possible que Pierre ait pensé à sa propre histoire en écrivant ces lignes, c’est même probable Ainsi s’explique le changement de personne : nous au verset 3, vous au verset 4. Mais en traduisant : « nous a fait renaître à l’espérance », on affaiblit le sens du mot grec et l’on ne saisit pas la pensée de l’apôtre dans sa profondeur.
Le même terme se retrouve au verset 23, où, employé sans régime, il exprime l’idée, complète en elle-même, de la régénération. Dans notre passage déjà, Pierre a cette régénération en vue. La résurrection de Jésus-Christ n’a pas eu seulement pour effet de ranimer son espérance ; elle a régénéré, créé à nouveau tout son être spirituel et est devenue ainsi le fondement d’une espérance qui est à la fois impérissable et vivifiante.
Le texte reçu porte : pour nous ; cette leçon, très peu autorisée, est une correction provoquée par le nous du verset 3.
L’objet de l’espérance, la vie éternelle, est ici représenté sous l’image d’un héritage, désignation tirée de l’Ancien Testament, où elle est appliquée au pays de Canaan promis à Abraham et à sa postérité (Genèse 13.15 ; Genèse 28.4 ; Deutéronome 4.21 ; Deutéronome 12.9 ; Galates 3.18, Éphésiens 5.5 ; Hébreux 9.15).
Dans l’impossibilité où nous sommes de concevoir la félicité des cieux, l’Écriture nous en fait des descriptions presque toujours négatives, la mettant en opposition avec les misères de notre vie actuelle (comparer Apocalypse 7.16 ; Apocalypse 21.4).
Tel est le but des trois épithètes qui caractérisent l’héritage : incorruptible (1 Pierre 1.23 ; Romains 1.23), car le vrai héritage, c’est Dieu même, la source de la vie éternelle, opposée à la vie humaine qu’attend la corruption du sépulcre, qui ne peut être souillé (grec : « immaculé, sans tache, sans souillure », comparez Hébreux 7.26), par opposition à ce monde de péché où les choses les plus saintes ne sont pas à l’abri de la contagion, qui ne peut se flétrir (grec : « inflétrissable »), tout l’opposé de ces fleurs auxquelles un seul jour enlève leur grâce, leur fraîcheur, leur parfum (1 Pierre 1.24 ; 1 Pierre 5.4).
L’existence céleste est donc vie éternelle, sainteté parfaite, jeunesse perpétuelle (comparer 1 Corinthiens 15.42 et suivants, 1 Corinthiens 15.53 et suivants).
Double fondement de certitude pour l’espérance vivante : l’héritage est conservé pour nous dans les cieux (verset 4) et nous sommes gardés pour cet héritage qui ne nous serait guère assuré, si nous-mêmes n’étions gardés au milieu des épreuves (versets 6-9).
La puissance de Dieu est la garde qui nous protège contre les puissances hostiles (1 Pierre 5.8-10 ; Philippiens 4.7 ; Romains 8.31-39).
Mais comme l’assentiment et la confiance de l’homme sont toujours la condition de son salut, l’apôtre ajoute : par la foi. C’est dans la mesure où il se confie en la puissance de Dieu que l’homme est sauvé par elle (verset 9).
Grec : En quoi vous tressaillez d’allégresse.
En quoi se rapporte à tout ce qui précède versets 3 à 5, c’est-à-dire à cette espérance vivante, à cet héritage céleste dont les chrétiens ont l’assurance ; c’est là pour eux un sujet d’allégresse.
Quelques interprètes pensent que le pronom relatif se rapporte au mot qui précède immédiatement : le dernier temps (verset 5). Ce serait seulement au dernier temps qu’aurait lieu cette allégresse, « en la révélation de Jésus-Christ » (verset 7) ; le verbe au présent : vous tressaillez, serait pris dans le sens du futur (comparer : Matthieu 26.2) ; c’est ainsi que traduisent Luther et d’autres.
Mais après avoir décrit le salut assuré aux croyants, après en avoir béni Dieu avec effusion (versets 3-5), l’apôtre ne doute pas que cette immense grâce ne soit déjà actuellement pour les chrétiens auxquels il écrit le sujet d’une grande et sainte joie, d’une joie qui peut, par sa nature même, subsister au sein des diverses tentations ou épreuves auxquelles ils sont exposés (1 Pierre 4.13 ; Jacques 1.2 ; Jacques 1.3).
Il les exhorte plutôt qu’il ne les loue. Car son intention est de montrer quel profit nous revient de cette espérance de salut : à savoir joie spirituelle, par laquelle non seulement est adoucie l’aigreur et âpreté de tous maux, mais aussi toute tristesse est surmontée… Mais les fidèles ne sont point troncs de bois et ils n’ont tellement dépouillé le sentiment humain, qu’ils ne soient touchés de douleur, qu’ils ne craignent les dangers, que la pauvreté ne leur soit ennuyeuse et les persécutions âpres et difficiles à porter… Mais la tristesse de tous ces maux est tellement adoucie par la foi, qu’ils ne laissent point pourtant de se réjouir. D’autre part, quoique la joie surmonte la tristesse, elle ne l’ôte pas entièrement, d’autant qu’elle ne nous dépouille pas de toute fragilité humaine
« Bien que vous soyez attristés maintenant, pour un peu de temps », Ces deux termes, qui forment en grec un pléonasme sont destinés à marquer la courte durée des souffrances du chrétien en regard de l’éternelle félicité qui l’attend (1 Pierre 5.10) L’auteur ajoute : s’il le faut, car le chrétien n’est pas nécessairement toujours exposé à l’affliction ; mais si elle lui est envoyée, qu’il la considère comme une épreuve qui doit se produire, qui est selon la volonté de Dieu (1 Pierre 3.17).
En appelant les souffrances de ses lecteurs des épreuves ou tentations (Jacques 1.2), Pierre montre ce qu’elles sont, soit dans l’intention des persécuteurs, qui espèrent par elles ébranler les croyants, soit dans l’intention de Dieu, qui les leur inflige pour les fortifier dans la foi (verset 7).
Le mot rendu ici par l’épreuve ne se retrouve, dans le Nouveau Testament, que à Jacques 1.3 (voir la note). Il est employé par les Septante, dans Proverbes 27.21. Il signifie proprement « le moyen par lequel on éprouve ».
Les plus récents interprètes lui donnent, dans notre passage, ce sens, qui seul se justifie d’après le grec profane.
D’autres s’en tiennent au sens assez voisin : l’action d’éprouver. La traduction : résultat de l’épreuve, solidité éprouvée, est inadmissible.
Pierre veut dire : « Il faut que vous soyez attristés par diverses épreuves (verset 6), afin que ce moyen par lequel votre foi est éprouvée et qui est beaucoup plus précieux que celui par lequel on éprouve l’or périssable (qui cependant est éprouvé par le feu), tourne à votre louange ». Le feu est pour le fondeur un agent précieux, indispensable pour purifier l’or.
Bien plus précieuses sont pour Dieu et pour le croyant qui se place au point de vue de Dieu, les souffrances et les tentations qui éprouvent la foi, pourvu que ce moyen d’éprouver (ou cette action d’éprouver) tourne (grec soit trouvé) à louange et à gloire et à honneur pour le fidèle. Et sans doute plus l’épreuve aura été grande, douloureuse, plus la gloire sera grande aussi.
Mais tout cela se montrera en la révélation de Jésus-Christ, lorsque Jésus-Christ apparaîtra, lui qui seul manifestera les secrets des cœurs (1 Corinthiens 4.5 ; Jacques 1.12). Alors ces persécutions, par lesquelles les lecteurs de l’épître étaient éprouvés et qui pour le présent, les couvraient de honte les couvriront de gloire.
Et pour nous aussi, les croix que nous avons à porter, si elles sont d’abord un sujet d’humiliation, de renoncement, de mort, deviendront notre suprême honneur à l’avènement de Jésus-Christ (2 Corinthiens 4.17 ; Colossiens 3.3 ; Colossiens 3.4 ; 2 Timothée 1.12 ; 2 Timothée 2.8-13).
Quel motif, pour le chrétien, de supporter patiemment l’épreuve, mais aussi de sonder avec soin la réalité de sa foi !
Telle est la leçon de Codex Sinaiticus, B. C.
A, majuscules, texte reçu, portent : « sans l’avoir connu », c’est-à-dire connu personnellement, selon la chair, car spirituellement ils le connaissaient bien. Le sens des deux leçons est au fond le même.
L’apôtre revient à la joie que produit l’espérance du salut (verset 6), pour la rattacher directement à la personne de Christ qui en est la source. Il montre comment cette joie ineffable et glorieuse (qu’on ne peut exprimer en paroles et qui participe déjà par sa nature de la gloire du ciel, car le grec porte : joie ineffable et glorifiée), peut exister dès maintenant, quand même sa pleine manifestation n’aura lieu qu’au retour du Seigneur : elle est produite par deux sentiments qui unissent indissolublement l’âme fidèle au Sauveur, l’amour et la foi.
Il indique par une double antithèse que ces deux affections du cœur ont le pouvoir de s’attacher à un objet invisible : Vous ne l’avez pas vu et vous l’aimez ; vous ne le voyez pas encore, mais vous croyez et c’est assez pour tressaillir d’une joie ineffable et glorieuse.
Croire des mystères aussi incroyables que ceux de l’incarnation, de la mort, de la résurrection d’un Dieu homme, aimer un inconnu qui ne prêche qu’humiliation, que croix et que renoncement ; au milieu de tout cela, goûter par avance les joies du ciel et les délices de la gloire : c’est ce que la philosophie humaine ne peut comprendre et c’est ce que fait la foi dans le cœur d’un homme mortel.
Ces mots indiquent pourquoi les chrétiens peuvent dès maintenant se réjouir : « En tant que remportant… »
Le but de la foi est aussi son résultat définitif, glorieux son dernier triomphe.
Quoique le mot remporter évoque l’idée de prix, de couronne obtenue par un vainqueur (1 Pierre 5.4 ; 2 Timothée 4.8 ; 2 Corinthiens 5.10 ; Éphésiens 6.8, etc.), on peut lui conserver son sens ordinaire : but, fin.
Ce but, auquel tend la foi, c’est le salut de l’âme. Et ce salut, dans la pensée de l’apôtre, est présent, actuel, possédé par anticipation. Si les avant-goûts de ce salut sont déjà une joie ineffable, que sera-ce quand nous le posséderons pleinement ?
L’intention de l’apôtre, dans ce passage (versets 10-12), est de célébrer la grandeur du salut qui fait la joie des chrétiens (versets 8 et 9), en montrant que de tout temps il a été l’objet des désirs, des recherches, des espérances de tous les hommes de Dieu et même des anges du ciel (verset 12).
Chaque mot est digne d’arrêter l’attention.
C’est peut-être aussi dépasser la pensée de l’apôtre que de dire :
Il ne sépare point Christ de son corps. Par quoi ceci ne doit être restreint à la personne de Christ… Il ne parle point de ce qui est propre à Christ, mais il traite de tout l’état de l’Église en général.
Les « recherches » des prophètes portaient bien sur les souffrances personnelles du Messie et il est remarquable que leurs prédictions les plus précises, par exemple, le Psaume 22 et Ésaïe 53, que notre apôtre avait surtout dans la pensée (1 Pierre 2.23-25), renferment d’abord une pathétique description de ses souffrances, puis une vue triomphante de sa glorification. En rappelant ces données de la prophétie, Pierre avait aussi, sans doute, l’intention de consoler ses frères dans leurs propres souffrances, ce qui est le but principal de son épître (1 Pierre 4.1 ; 1 Pierre 4.12-19). Lui-même ne connaît pas de plus beau titre à se donner que celui-ci : « témoin des souffrances de Christ » (1 Pierre 5.1).
Il fut révélé aux prophètes (l’apôtre ne dit pas comment, mais on peut en voir un exemple dans Daniel 12.4 ; Daniel 12.9 ; Daniel 12.13) que ce n’était pas en leur temps que s’accompliraient ces choses (les souffrances et les gloires de Christ, verset 11) qu’ils administraient (grec servaient), comme d’humbles instruments, qu’ils annonçaient en fidèles messagers, mais qu’elles étaient pour vous, dit l’apôtre, pour les chrétiens des temps évangéliques, auxquels cette grâce était destinée (verset 10).
Ce qui ne veut pas dire que le ministère des prophètes concernant le salut à venir fut sans utilité pour eux-mêmes et pour leurs contemporains, au contraire, ils fondaient sur ce salut toute leur espérance et y puisaient toute leur consolation. Mais comment ne pas admirer l’humble renoncement de ces hommes de Dieu, qui, sachant qu’ils employaient leurs forces et enduraient tant d’épreuves pour des générations futures, n’en restaient pas moins infatigables dans leurs travaux, inébranlables dans leur foi et leur fidélité !
Les prophètes prédisaient les grands faits du salut par l’Esprit-Saint, les apôtres les ont annoncés, après leur accomplissement, par le même Esprit-Saint ; les deux économies du salut sont remplies de cet Esprit. Là est la grandeur divine de ce salut. L’Esprit-Saint est indiqué spécialement comme envoyé du ciel.
Les uns pensent qu’en ajoutant ces mots l’auteur a l’intention d’évoquer le souvenir de la Pentecôte (Actes 2.1-4), les autres estiment qu’il fait allusion à l’action de l’Esprit qui s’exerçait partout où l’Évangile était annoncé (Actes 8.15-17 ; Actes 10.44 ; Actes 19.1-7 ; 1 Thessaloniciens 1.6 ; 1 Corinthiens 2.4). Il reste encore un trait pour achever le tableau, le désir des anges !
Grec : désirent s’incliner pour contempler de plus près (voir le même mot Jacques 1.25). Peut-être une allusion aux chérubins qui s’inclinaient sur le propitiatoire, dans l’attitude de la contemplation et de l’adoration (Exode 25.20). La grandeur divine de la rédemption est relevée à nos yeux par la part qu’y prennent les esprits purs qui n’en ont pas besoin pour eux-mêmes, mais qui y apprennent à connaître la sagesse de Dieu (Éphésiens 3.10, note).
Les anges, qui contemplent la face de Dieu (Matthieu 18.10) et sont à son service (Hébreux 1.14), sont présents aux plus grands événements de la vie du Sauveur sur la terre (Luc 2.13 ; Luc 2.14 ; Jean 1.51 ; Matthieu 4.11 ; Luc 22.43 ; Luc 24.4 et suivants ; Actes 1.10 ; Actes 1.11) ; ils se réjouissent de la conversion d’un pécheur (Luc 15.10), unissent leurs chants de louange à ceux des rachetés (Apocalypse 5.11 ; Apocalypse 7.11 ; Apocalypse 7.12), s’intéressent à la rédemption par amour d’un monde perdu et parce que cette rédemption glorifie le Dieu qu’ils servent.
Ainsi contemplent-ils tous les jours avec grand ébahissement les œuvres magnifiques de Dieu au gouvernement de son Église. Combien seront-ils plus étonnés quand ils verront ce dernier et excellent acte de la justice, bonté et sapience divine, lorsque le royaume de Christ s’accomplira ?
Cette explication justifie la mention des anges dans notre passage. L’auteur n’a pas voulu dire que les anges désirent en vain scruter le mystère du salut, que la connaissance de la rédemption leur est refusée tandis qu’elle est accordée à ses lecteurs dont il ferait ainsi ressortir le privilège unique.
Pour avoir une espérance parfaite, renoncez aux convoitises anciennes et soyez saints
La conséquence du salut qui vient d’être décrit, c’est que vous devez posséder votre âme et votre corps pour conserver entière votre espérance jusqu’au retour de Jésus-Christ. Enfants obéissants, ne vous laissez plus aller aux passions qui dominaient sur vous quand vous ignoriez la vérité ; mais soyez saints comme celui qui vous a appelés (13-16).
Une conduite vigilante s’impose à qui a été racheté à grand prix
Le nom de Père que vous donnez à celui qui juge chacun selon son œuvre, vous engage à marcher dans la crainte, à vous souvenir que vous avez été délivrés de la manière de vivre que vous aviez héritée de vos pères, au prix, non de biens périssables, mais du sang de Christ, agneau sans défaut, prédestiné dès avant la création, manifesté à la fin des temps en votre faveur. Par lui, votre foi et votre espérance reposent sur Dieu qui l’a ressuscité et glorifié (17-21).
Conclusion de tout ce qui précède : parce que vous êtes régénérés pour une espérance vivante, si certaine qu’elle ne peut être ébranlée par aucune épreuve et si glorieuse qu’elle préoccupe prophètes et anges. Plus l’homme pécheur considère la grandeur du salut dont il a été l’objet, plus il en est assuré, plus aussi il trouve dans cette assurance l’obligation et la force de mener une vie sainte (versets 13-16).
Comme les anciens ceignaient leur longue robe (grec ayant ceint en haut, ayant relevé votre robe en vous ceignant) autour des reins pour le voyage ou pour le combat (Éphésiens 6.14, 1re note ; Luc 12.35), ainsi le chrétien doit être préparé à tout ordre du Maître et de plus rester sobre de corps et d’âme (1 Pierre 5.8 ; 1 Thessaloniciens 5.6), se tenant dans un état d’attente qui n’est pas l’appréhension de la crainte, mais qui consiste à espérer parfaitement (grec : jusqu’au but ; comparez verset 9).
Et quel est le fondement sur lequel s’appuie cette espérance ? La grâce qui leur sera apportée à la révélation de Jésus-Christ, c’est-à-dire la pleine délivrance qui accompagnera le retour de Christ (1 Pierre 1.7 ; 1 Corinthiens 1.7 ; 2 Thessaloniciens 1.7-10).
D’autres entendent par la révélation de Jésus-Christ sa manifestation par l’Évangile (versets 10-12,20). Ils se fondent sur le fait que le grec porte : « La grâce qui vous est apportée » (au présent).
Mais, suivant l’usage constant du Nouveau Testament, la révélation de Jésus-Christ est son retour glorieux à la fin des temps.
Grec : Des enfants d’obéissance, qui obéissent à la vérité (versets 2 et 22), et par opposition aux « enfants de rébellion » ou de « désobéissance », ce dernier terme de signant l’état naturel de l’homme inconverti (Éphésiens 2.2, 2e note). Dans de telles locutions (comparez aussi les expressions : enfants « de lumière », Éphésiens 5.8 « de colère », Éphésiens 2.3 « de malédiction », 2 Pierre 2.14), l’accent ne porte pas sur le mot enfants, mais sur le complément qui lui est adjoint.
Quelques interprètes pensent que l’auteur emploie ici le mot enfant, parce qu’il a déjà en vue la pensée qu’il exprimera au verset 17 « Si vous invoquez comme Père… » Cela est moins probable.
Quand vous étiez dans l’ignorance, grec dans votre ignorance.
Les hommes à qui l’apôtre parle ainsi étaient plutôt d’anciens païens que d’anciens juifs, car leur ignorance est celle décrite Éphésiens 4.18 et suivants, non celle mentionnée à Actes 3.17.
Lévitique 11.44 ; Lévitique 19.2. La sainteté de Dieu est pour tout homme le plus impérieux motif de devenir saint. S’y refuser, serait s’exclure de la communion avec Dieu, qui, par sa nature même, ne peut avoir aucun contact avec ce qui est souillé.
Ces paroles et l’application qu’en fait l’apôtre, prouvent combien il est faux d’admettre que dans l’Ancien Testament le mot saint signifie seulement « mis à part », consacré pour le service de Dieu et n’implique pas l’idée de la pureté morale.
Si tous les objets qui servaient au culte étaient appelés saints, s’il était défendu de les employer à aucun usage profane, c’était là un symbole qui devait prêcher aux adorateurs du vrai Dieu la sainteté réelle du cœur et de la vie qu’il exige de ses enfants (verset 22 et suivants).
Comparer Romains 2.6, note ; 1 Corinthiens 3.13 ; 2 Corinthiens 5.10.
Le doux nom de Père que nous donnons à Dieu, pas plus que le privilège d’espérer parfaitement en la grâce (verset 13), n’exclut la crainte, c’est-à-dire le sentiment de notre péché et de la justice de Dieu.
Les deux dispositions s’accordent très bien dans l’expérience des consciences vraiment délicates. Pour d’autres, au contraire, la confiance en la grâce de Dieu peut les porter à croire que ce Père envisage leurs fautes avec l’indulgence de la faiblesse.
Aussi l’apôtre nous rappelle-t-il que ce Père reste notre Juge qu’il ne fait pas acception de personnes, qu’il n’y a point devant lui de privilégiés, mais que, pour tous, la foi qui ne produit pas l’amour, l’obéissance, la sainteté, ne saurait les sauver de la condamnation (comparer 1 Jean 2.6 ; 1 Jean 3.3 ; Hébreux 12.28 ; Philippiens 2.12).
La pensée que notre vie ici-bas n’est qu’un séjour (les mots sur la terre ne sont pas dans le grec) très court, donne plus de force encore à l’exhortation de l’apôtre.
Pierre indique à ses lecteurs un nouveau motif de se conduire avec cette crainte sanctifiante dont il vient de parler : (versets 15-17) le prix immense auquel ils ont été rachetés.
D’après d’autres, les paroles qui suivent sont destinées à montrer la possibilité de la sanctification : vous pouvez être saints, car vous avez été rachetés. La première liaison nous paraît plus naturelle. La croix de Jésus-Christ, démonstration du péché de l’homme et de la justice de Dieu, sera toujours le plus puissant mobile de la sanctification, en même temps qu’elle est la source de la paix. Mais tous les détails de cette parole de l’apôtre ont leur importance.
Vous avez été rachetés, de quoi ? de votre vaine manière de vivre. Cette expression semble indiquer que l’apôtre a surtout en vue l’asservissement de la volonté, l’esclavage créé par le péché d’habitude et que le rachat est pour lui ce que Paul, dans Romains 6, appelle l’affranchissement du péché, en d’autres termes la sanctification (Comparer 2.14).
Mais peut-être considère-t-il aussi la malédiction que le péché fait peser sur celui qui l’a commis et envisage-t-il le rachat comme sa réconciliation avec Dieu, d’après Romains 3.24 et suivants ; Hébreux 9.15 ; comparez Hébreux 2.14 et suivants Notre apôtre associe les deux idées dans 1 Pierre 2.24. La manière d’être du pécheur est vaine (comparez Éphésiens 4.17), parce qu’elle est sans réalité, comme les faux dieux que les hommes opposent au Dieu vivant (Actes 14.15), et parce qu’elle est vouée à la ruine et au néant (Romains 8.20).
Une manière de vivre vaine est celle qui ne laisse aucun fruit quand le temps de la vie est écoulé.
Telle était la manière de vivre des lecteurs avant qu’ils connussent l’Évangile ; elle leur avait été transmise par leurs pères et ce pouvait être pour eux une raison d’y persévérer.
Dans les choses de la religion, les hommes et les Juifs en particulier, tiennent trop à ce qui leur a été transmis par leurs pères.
Le rachat, la délivrance de cette vie de péché ne pouvait se faire par de l’argent ou de l’or, comme pour des prisonniers de guerre ou des esclaves. Cette antithèse fait ressortir la grandeur de l’œuvre accomplie par Christ et montre en même temps la signification de son sacrifice.
Un sang précieux, voilà le prix de notre rédemption. Sous l’ancienne économie, le rachat du pécheur était accompli symboliquement par le sang d’un agneau, qui toujours devait être sans défaut et sans tache (Lévitique 4.32 ; Exode 12.5).
La comparaison de Christ avec un agneau est empruntée à la seconde partie du livre d’Ésaïe, spécialement à Ésaïe 53, où l’image de l’agneau symbolise la patience et l’innocence du serviteur de l’Éternel (Ésaïe 53.7 ; Ésaïe 53.9). L’idée de la délivrance par voie de rachat est fréquente dans cette prophétie (Ésaïe 44.22-24 ; Ésaïe 51.11 ; Ésaïe 52.3, où il est même dit : « Ce n’est pas à prix d’argent que vous serez rachetés »).
Pierre s’est inspiré de cette prophétie, qu’il cite textuellement dans 1 Pierre 2.22-25. La parfaite sainteté du Christ est ce qui rend le sang de son sacrifice précieux (2 Corinthiens 5.21 ; Hébreux 7.26 ; Hébreux 9.12 ; 1 Jean 3.5).
Telle est la pensée de l’apôtre, pensée à laquelle il revient à plusieurs reprises (1 Pierre 1.2 ; 1 Pierre 2.22 ; 1 Pierre 3.18), comme Jésus-Christ lui-même (Matthieu 20.28 ; Matthieu 26.28).
Préconnu signifie aussi prédestiné selon le conseil de Dieu soit que la prescience divine se rapporte à Christ, comme ici, soit qu’elle s’applique aux élus (verset 2). Dieu avait déterminé dès avant la fondation du monde la rédemption (1 Corinthiens 2.7) et ceux qui y auraient part : (Éphésiens 1.4) cela suppose évidemment que le Rédempteur était dès lors aussi préconnu et prédestiné pour cette œuvre (Jean 17.24 ; Actes 17.31).
C’est en Christ, son Fils bien-aimé, que Dieu a aimé le monde (Jean 3.16), l’humanité dont il prévoyait le péché et qui, sans cet amour, eût été perdue.
Cet enseignement nous fait entrevoir comment, sous le règne d’un Dieu qui est sainteté et amour, a pu se produire le mystère insondable de la chute. Et comme le Sauveur a été manifesté (grec) au dernier des temps (Hébreux 1.1 ; Hébreux 9.26), celui où l’apôtre écrivait, il voit dans ce fait de la miséricorde éternelle de Dieu un nouveau motif d’obéissance et d’amour, qu’il indique à ses lecteurs : à cause de vous.
Le chrétien n’est arrivé à croire en Dieu, comme en son Père, que par Jésus-Christ.
La résurrection et la glorification de Christ sont, d’après versets 3-5, la condition de cette foi : parce que nous avons un Sauveur vivant auprès de Dieu, nous pouvons nous approcher de lui avec la confiance de la foi (Éphésiens 3.12 ; Hébreux 4.14-16 ; Hébreux 6.20).
Quelques-uns traduisent : « En sorte que votre foi est aussi votre espérance en Dieu ». La traduction admise est plus naturelle ; elle rend mieux compte de la position des mots : en Dieu. C’est sur eux et non sur l’espérance que porte l’accent.
La phrase ainsi traduite ne fait pas double emploi avec celle qui ouvre le verset : (grec) qui êtes par lui croyants en Dieu. Il y a gradation : parce qu’ils sont devenus tels, leur foi et leur espérance reposent sur Dieu. L’objet de la foi est le présent, celui de l’espérance l’avenir. L’une et l’autre sont vivantes (verset 3) en Dieu.
L’amour des frères, fruit de la vie régénérée et impérissable
Si donc vous avez purifié vos âmes, en obéissant à la vérité, pour avoir un sincère amour fraternel, pratiquez cet amour sans relâche, puisque vous avez été régénérés par la parole de Dieu, qui demeure, tandis que toute chair passe comme l’herbe (22-25).
Progrès dans la vie chrétienne
Dépouillant toute disposition contraire à la charité, désirez, comme des nouveaux-nés, le pur lait de la Parole, afin de croître dans le salut, si vous avez éprouvé la bonté du Seigneur (2.1-3).
Dans les versets précédents, l’apôtre a exprimé la pensée que nous sommes enfants du Père céleste. Il en conclut (donc) que nous devons nous aimer comme des frères.
La purification de l’âme, siège des affections, la destruction de tous ses penchants égoïstes et impurs, n’a lieu que par l’obéissance pratique à la vérité divine, reçue dans le cœur (Le texte de quelques majuscules ajoute : par l’Esprit).
Et c’est ce qui seul rend possible un vrai amour fraternel. Pour aimer selon Dieu il faut aimer en Dieu. Lui seul nous rend capables de nous aimer les uns les autres ardemment, d’un amour qui persévère dans son intensité (Matthieu 24.12 ; Jean 13.1), qui provienne du fond d’un cœur dépris de lui-même et qui soit absolument sans hypocrisie (comparer 1 Jean 4.10 et suivants, note).
Le texte reçu (Codex Sinaiticus, C) porte : d’un cœur pur. Cette épithète n’étant pas authentique, il y a simplement dans le grec : « Aimez-vous les uns les autres, de cœur, ardemment ».
La régénération est ici envisagée comme motif d’un vrai amour fraternel : elle en fait un devoir sacré, en le rendant possible. Le moyen de ce renouvellement n’est pas terrestre (semence corruptible) ; la vie nouvelle ne vient pas de ce monde, mais de Dieu, c’est sa parole, semence incorruptible, qui agit par le Saint-Esprit et crée la vie dans les âmes.
Cette Parole est vivante et permanente (les mots pour l’éternité du texte reçu, quoiqu’ils se lisent dans plusieurs majusc, ne sont pas authentiques) et c’est pour cela que la vie qui en provient est impérissable comme tout ce qui est divin (comparer Jacques 1.18).
On pourrait aussi traduire, avec Calvin et Bèze : la parole du Dieu vivant et qui demeure. Daniel 6.26 présente cette formule mais dans Hébreux 4.12, on lit : la parole vivante. Dans notre passage aussi, le grand nombre des interprètes rattachent l’épithète à la parole.
Grec : évangélisée.
Pierre veut encore prouver par une solennelle déclaration de l’Écriture que la parole de Dieu et la vie qu’elle crée demeurent à toujours, tandis que tout ce qui est chair, humain, périt comme la fleur de l’herbe. Pour cela, il cite Ésaïe 40.6 (Le texte reçu, avec quelques majuscules, porte : la gloire de l’homme, au lieu de sa gloire). Mais il ajoute aussitôt que cette parole divine est parvenue à sa plénitude de vérité et de vie par l’Évangile qui a été annoncé.
Cet Évangile contenu en germe et sous le voile de la prophétie dans l’ancienne Alliance, est maintenant le moyen puissant de régénération et de vie, depuis qu’il a été manifesté au monde.