Verset à verset Double colonne
1 Et longtemps après, dans la troisième année, la parole de l’Éternel fut adressée à Élie, disant : Va, montre-toi à Achab, et j’enverrai de la pluie sur la face de la terre.Dans la troisième année. On peut compter les trois années depuis la dernière date indiquée, 1 Rois 17.7, le départ du torrent de Kérith ; de cette manière, il n’y a pas contradiction avec la tradition juive mentionnée dans le Talmud, qui compte trois ans et demi de sécheresse, non plus qu’avec Luc 4.25 et Jacques 5.17. L’on donne dans ce cas au séjour près du Kérith la durée d’une année entière. Mais l’on peut dater les trois ans du commencement de la sécheresse. Dans ce sens on arrive difficilement à une durée de trois années et demie et si l’on ne veut pas admettre que cette donnée soit inexacte, il ne reste qu’à ajouter aux trois années de sécheresse proprement dite l’été qui avait précédé la première saison d’automne où la pluie régulière avait fait défaut.
Montre-toi à Achab. Élie n’avait pas demandé une sécheresse de trois ans et demi, mais d’une manière générale une sécheresse. La durée du fléau devait dépendre de l’attitude du roi et du peuple. Dieu, qui lit dans les cœurs, juge que maintenant le moment est venu de rendre la pluie au pays.
Samarie. La résidence royale elle-même souffrait et le mal devait être terrible pour que le roi se mît en personne à la tête de ceux qui cherchaient à y remédier.
Comment un homme qui craignait fort l’Éternel avait-il été maintenu dans un poste de confiance au sein d’une cour pareille ? La piété est parfois une recommandation aux yeux des impies eux-mêmes.
De pain et d’eau. Il avait fait pour eux ce qu’il avait pu, les empêchant au moins de mourir de faim et de soif, ce qui n’était pas facile en un temps de famine et de sécheresse.
La disparition subite d’Élie avait peut-être donné lieu de penser qu’il possédait le don de se rendre invisible.
Cette persécution avait eu lieu avant l’intervention d’Élie. Nous voyons par ces chiffres combien étaient nombreux ces jeunes hommes, appelés fils des prophètes, qui vivaient en commun sous la direction de prophètes plus âgés.
L’Éternel des armées : voir 1 Samuel 1.3, note.
Et maintenant… Assez de paroles ! Arrivons au fait.
Rassemble vers moi… Élie ne sort pas de sa position de sujet : il ne convoque pas lui-même Israël. Le roi accepte ; la détresse est grande ; à tout prix il faut chercher à y mettre fin.
Carmel (Josué 19.26 ; Ésaïe 35.2, note). Cette chaîne atteint 560 mètres au-dessus de la mer. Elle est couverte de pins, de chênes, de myrtes et de lauriers, belle végétation qui lui a valu son nom de Carmel (verger). Elle est toute percée de cavernes qui peuvent conserver l’eau et possède ainsi une humidité persistante. À son extrémité nord-ouest elle forme un promontoire qui domine la Méditerranée et la baie de Saint-Jean-d’Acre. Le cloître qui le couronne aujourd’hui est élevé de 150 mètres au-dessus de la mer. C’est à quelque distance, au sud-est de ce promontoire, que Van de Velde pense avoir trouvé le théâtre de la scène qui va suivre ; ce lieu porte le nom de El-Mohraka, l’endroit brûlé. C’est un plateau pierreux tout couvert de buissons et de broussailles. Ses pentes peu inclinées permettaient aux Israélites rassemblés de voir ce qui se passait. Le terrain abonde en gros blocs de pierre qui ont pu servir à l’érection des deux autels. Nulle part le Kison, où s’est terminée cette scène, n’est aussi rapproché du Carmel qu’en ce lieu. Dans le voisinage de El-Mohraka, à 75 mètres au-dessous du plateau, se trouve une source très abondante avec marches d’accès, comme dans les antiques sources du pays. Enfin, depuis ce plateau, qui regarde au nord-est, on peut, en montant vers le sud-ouest, arriver à un point d’où on a la vue sur la mer. Cet emplacement convient donc de toute manière au récit qui va suivre. Cette montagne était d’ailleurs le lieu le plus en vue de toute la contrée ; elle avait été précédemment consacrée par un autel dressé à l’Éternel.
Les prophètes. C’étaient peut-être des prêtres qui, pour tenir tête aux prophètes de l’Éternel, avaient adopté leur manière de parler et d’agir. Le verset 22 peut faire supposer que les 450 prophètes de Baal s’étaient seuls rendus au Carmel et que les 400 d’Astarté, mieux avisés ou retenus par Jézabel, s’étaient tenus à l’écart. Il est possible que les 400 prophètes qui se retrouvent 1 Rois 22.6 fussent précisément ces prophètes d’Astarté qui ne périrent pas en cette circonstance ; voir 1 Rois 19.1.
Jusques à quand clocherez-vous… ? D’un côté ils se laissaient entraîner par les séductions du culte de Baal et, de l’autre, ils ne pouvaient se résoudre à rompre entièrement avec le Dieu national, Jéhova. Cette position indécise et inconséquente doit cesser. Il faut choisir le Dieu que vous servirez.
Le silence du peuple est un aveu tacite de la fausseté de sa position : Le bon sens avait parlé par la bouche d’Élie.
Seul est opposé à ces quatre cent cinquante. Le peuple pensait que plus un Dieu a d’adorateurs sur la terre, plus sa puissance est grande et peut se déployer magnifiquement
Pas le feu. Cette idée pouvait lui être suggérée par Genèse 15.17, 2 Chroniques 7.1 ou Lévitique 9.24. On a accusé Élie d’oublier Deutéronome 6.16 et de tenter l’Éternel. Mais il se sentait tout pénétré de son Esprit et un avec lui.
Élie accorde aux adversaires tous les avantages qu’il peut leur concéder, afin de mieux faire ressortir leur défaite.
Se balançaient. Même mot qu’au verset 21 ; nous l’avons rencontré déjà Exode 12.13. Proprement : sautaient ; ici se démenaient, faisant des mouvements violents et cadencés, comme le font encore aujourd’hui en Orient les derviches-danseurs. Ils semblent avoir cru réellement à la possibilité du miracle.
Il est allé à l’écart : euphémisme.
Des incisions. L’anliquité et tout le paganisme sont pleins d’exemples de pareilles coutumes, par lesquelles on espérait obliger la divinité à intervenir.
Ils prophétisèrent, poussant des sons rauques qui passaient pour des oracles ou des prières, comme font aujourd’hui les derviches-hurleurs.
L’oblation : l’holocauste quotidien de l’après-midi, accompagné d’une offrande non sanglante (Exode 29.38 et suivants ; Nombres 28.3-8) ; c’était l’heure où le soleil commençait à s’abaisser vers l’horizon. Les prophètes de Baal avaient donc eu à leur disposition la plus grande partie de la journée. Cette remarque est en même temps destinée à montrer que, dans l’intention d’Élie, le culte extraordinaire qu’il allait offrir, quoique éloigné localement du temple, était spirituellement un avec le culte théocratique central ; voir encore verset 36.
Approchez-vous de moi : pour tout mieux voir et pour qu’ils se détournent enfin de ces impuissants imposteurs qui les avaient occupés tout le jour.
Et il répara l’autel. Ou bien cet autel datait d’avant la construction du temple (1 Rois 3.2), ou bien c’étaient de fidèles adorateurs de l’Éternel, dans le royaume des dix-tribus quelques-uns de ces 7000 qui n’avaient pas fléchi le genou devant Baal qui l’avaient élevé en ce lieu désert ; les partisans de Baal l’avaient renversé.
Douze pierres (Josué 4.3). Il y a dans ces mots du narrateur, comme dans l’acte d’Élie lui-même, une protestation implicite contre le schisme.
Israël sera ton nom. Cette citation de Genèse 32.29 ; Genèse 35.10, qui peut avoir fait partie du discours d’Élie, rappelle en tout cas que le peuple des dix tribus ne mérite son nom d’Israël qu’autant qu’il ne rompt pas l’union avec les deux tribus du royaume de Juda.
Un fossé de la capacité d’une double mesure de grains, c’est-à -dire de treize litres. Ce fossé, creusé tout à l’entour de l’autel, représentait une surface à peu près égale à celle qu’on peut ensemencer avec deux mesures. Le fossé rempli d’eau, le bois et l’autel fortement arrosés avaient pour but de faire ressortir d’autant mieux l’origine surnaturelle du feu qui allait tout dévorer.
Et que tu as ramené leur cœur ! Plusieurs traduisent : Et ramène leur cœur ! Notre traduction est plus conforme au texte. Le peuple doit devenir aujourd’hui conscient de l’œuvre que Dieu a faite et va faire encore pour le ramènera lui. Jamais il ne serait revenu de lui-même à son Dieu.
C’est ici l’un des moments les plus sublimes de l’histoire Israélite, celui où la manifestation glorieuse de la grandeur de Dieu, à la suite de cette longue et solennelle préparation, arrache enfin au cœur du peuple stupéfait le cri d’adoration qui aurait dû être l’âme de sa vie entière. Cette émotion n’a pas dans sa conscience des racines assez profondes pour pouvoir être de longue durée. Mais il est impossible qu’il ne soit pas resté de cette scène une impression salutaire qui ne fut pas entièrement perdue.
Élie profite du saisissement qui s’est emparé du peuple et du roi pour appliquer la loi du royaume à ces prêtres idolâtres, coupables du crime de lèse-majesté (Deutéronome 13.15-16 ; Deutéronome 17.5).
Le peuple exécute la sentence prononcée par le prophète, sans que le roi ait le courage de s’y opposer. L’exécution a lieu au pied de la montagne, près du Kison, qui doit emporter les cadavres dans la mer.
Il ressortait des paroles d’Élie, versets 18 et 19, qu’après cette épreuve victorieuse, il mettrait fin au châtiment qu’il avait, par la puissance de sa prière, infligé au peuple. C’est à quoi il travaille maintenant.
Monte. Cette invitation d’Élie à Achab prouve qu’Achab était descendu avec le peuple ; il doit maintenant remonter pour aller retrouver sa tente et les provisions préparées pour le repas qui avait été oublié pendant une semblable journée.
Car j’entends… par l’oreille de l’esprit.
Et Élie monta : jusqu’à un endroit de la montagne dans le voisinage duquel on avait la vue libre sur la mer.
Sa face entre ses genoux : la position du plus profond recueillement ; il se concentre en Dieu, tandis que son serviteur observe au dehors.
Du côté de la mer : vers l’occident, d’où doit venir la pluie demandée.
Et il lui dit : Retourne ! Élie persévère ; toute son âme est dans cette prière intense et dans l’attente de l’exaucement.
La septième fois : sept, le nombre de l’accomplissement divin.
Un petit nuage. Chacun sait ce que signifie, après une longue absence de pluie, une petite nuée montant à l’horizon, du côté de l’occident.
De peur que la pluie ne te retienne. Quand la pluie survient après une si longue sécheresse, elle se précipite par torrents ; elle pouvait ainsi rendre le retour d’Achab impossible jusqu’à son château de Jizréel, éloigné du Carmel de plusieurs kilomètres.
La main de l’Éternel… Le but d’Élie était sans doute, après avoir si profondément humilié le roi, de lui témoigner sa soumission, en faisant pour lui le service d’un humble coureur, tel qu’en ont toujours en Orient les riches devant leur chariot. La force de l’Éternel le soutint dans cette course extraordinaire.
À l’entrée de Jizréel. Élie continue à précéder le chariot d’Achab jusqu’à la porte même du château. Il ne veut pas laisser croire à Jézabel qu’il se cache devant elle.