Verset à verset Double colonne
1 Quand les jours de la mort de David approchèrent, il donna ses ordres à Salomon, son fils, en disant :Le chemin de toute la terre. Dans la vie chaque homme a son chemin, mais tous ces chemins divers aboutissent à un passage commun, celui de la mort (Josué 23.14).
Sois un homme : 1 Samuel 4.9. Le sentiment de sa responsabilité, bien loin de l’abattre, doit lui inspirer un nouveau courage : Conduis-toi, malgré ta jeunesse, avec la mâle énergie et la prudence d’un homme fait.
Statuts, commandements… Ces quatre termes synonymes rappellent à Salomon le nombre et la diversité des commandements qu’il doit s’efforcer de garder et doivent stimuler son zèle.
Sa parole qu’il a prononcée. Voir 2 Samuel 7.14-16 ; Psaumes 132.11-12. Si l’homme est infidèle, Dieu reste fidèle en reportant ses promesses sur d’autres.
Tu ne manqueras jamais… Il y aura toujours un homme de ta famille capable de monter sur le trône ; Dieu oppose ici la famille de David à celle de Saül. Il y a aussi à cet égard un contraste frappant entre la dynastie unique du royaume de Juda et les nombreuses familles de rois qui se sont succédé dans le royaume des dix-tribus (1 Rois 14.10 ; 1 Rois 15.29, etc.).
Ce que m’a fait Joab. Par le meurtre d’Abner, Joab avait compromis David aux yeux du peuple, en l’exposant au soupçon d’être l’auteur de ce crime (2 Samuel 3.27 et suivants ; comparez verset 37) ; par le meurtre d’Amasa (2 Samuel 20.10), il avait bravé ouvertement l’autorité royale (2 Samuel 19.13 ; 2 Samuel 20.4). David ne mentionne pas la mort d’Absalom, parce que le meurtre de celui-ci, tué dans la bataille, n’était pas, comme les précédents, un lâche assassinat. C’était le sang de la guerre.
Abner, fils de Ner : voyez 1 Samuel 14.50.
Amasa, fils de Jéther… Jéther ou Jithra (2 Samuel 17.25) était un Ismaélite qui avait eu ce fils d’Abigaïl, sœur de David. Amasa était donc le neveu de David et le cousin de Joab (1 Chroniques 2.13-17).
Le sang de la guerre, c’est-à -dire le sang qu’il est permis de répandre dans la guerre. Autre chose est de tuer un ennemi loyalement dans un combat régulier ; autre chose de l’assassiner, en pleine paix, lorsqu’il ne songe pas à se défendre.
Sur la ceinture… Joab restait souillé de ce sang innocent qui s’était comme attaché à ses vêtements.
Selon ta sagesse. David, qui avait déjà remarqué chez son fils une sagesse plus qu’ordinaire (verset 9), s’en remet lui pour le choix des voies et moyens d’exécution à l’égard de l’ordre difficile qu’il lui donne. Ce n’était pas chose facile que de frapper un aussi illustre coupable que le général en chef des armées d’Israël ; David lui-même avait reculé devant cette tâche, tant à cause de la puissance de Joab que par égard pour les services qu’il lui avait rendus (2 Samuel 3.9). Sa conscience lui avait sans doute reproché souvent sa faiblesse. Avant de mourir, il se décharge de cette responsabilité sur son fils, qui sera plus libre que lui d’exercer ce juste jugement.
Descendre en paix. Meurtrier, il doit mourir de mort violente.
Sépulcre : en hébreu, non le tombeau, mais le séjour des morts (Genèse 37.35 ; Ésaïe 5.14).
Aux yeux du roi mourant, la récompense d’un service reçu est un devoir aussi sacré que la punition d’un crime.
Aux fils de Barzillaï. Voir 2 Samuel 17.27-29 ; 2 Samuel 19.31-39. Dans ce dernier passage il n’est question que d’un fils, Kimham, qui était probablement l’aîné ; mais David veut que ses frères aussi participent à la faveur royale dont Kimham avait été l’objet.
Manger à la table du roi : non seulement être nourris aux frais du roi, comme les serviteurs du palais, mais être traités comme membres de la famille royale (2 Samuel 9.7, 2 Samuel 9.10-11).
C’est ainsi qu’ils sont venus à ma rencontre. Ce qu’ils ont fait pour moi dans ma détresse, tu le feras désormais pour eux. Les fils de Barzillaï accompagnaient leur père octogénaire lorsqu’il vint au-devant de David.
Siméi : voir 2 Samuel 16.5-13 ; 2 Samuel 19.18-23.
Près de toi : à ta portée. La distance entre Jérusalem et Bahurim, le domicile de Siméi, n’était que de 6 km (2 Samuel 16.5).
Mahanaïm : 2 Samuel 17.24.
Et maintenant… Le sens est : Toi qui n’es pas lié comme moi par un serment… (2 Samuel 19.23).
Tu es un homme sage (verset 6, note). Ici encore, comme dans le cas de Joab, David ne prescrit rien à Salomon quant au mode d’exécution. Il n’est pas nécessaire, pour justifier cet ordre, de supposer que Siméi fût un homme dangereux pour la sécurité du royaume. D’après la loi divine, Siméi avait mérité la mort, comme ayant outragé l’oint de l’Éternel (Exode 22.28 ; Lévitique 24.14-15 ; 1 Rois 21.10-13). David aurait fait périr également tout homme qui se serait attaqué de la même manière à l’un de ses ennemis, à Saül, par exemple (1 Samuel 24.5-7 ; 2 Samuel 1.1-6) ; c’est donc bien à tort que l’on a vu dans ces ordres des actes de vengeance personnelle et des preuves de son prétendu caractère implacable et rancuneux. La vie de David montre bien plutôt en lui un modèle au point de vue du pardon des injures, surtout si nous considérons que cette conduite faisait contraste avec la manière d’agir ordinaire sous l’alliance de la loi. Dans le cas de Siméi et pour autant que sa personne seule était en jeu, il avait supporté les insultes de cet homme avec une patience et une humilité étonnantes et il lui avait pardonné plus tard. Mais, en sa qualité de juge suprême du peuple, il ne pouvait laisser à jamais impunis des crimes que, pour son compte personnel et ensuite de diverses circonstances, il avait cru devoir tolérer. Au point de vue de la théocratie, la responsabilité du crime laissé impuni retombe sur le peuple entier et sur son chef (Nombres 35.33 ; Deutéronome 21.8-9 ; 2 Samuel 21.1-23) ; voir le verset 33 qui donne la clef de tout le récit. La présence de deux hommes comme Joab et Siméi, ouvertement coupables de meurtre et de lèse-majesté, restait là comme un défi jeté à la loi de Dieu et comme une accusation contre David qui avait autorisé cette impunité. Il sent avant de mourir le besoin de réparer ce désordre. Cependant il le fait avec mesure. Il enjoint seulement à Salomon d’avoir l’œil sur ces deux hommes et s’ils abusent de leur impunité, comme il sait bien qu’ils ne manqueront pas de le faire, de leur appliquer alors toute la sévérité de la loi. On ne voit pas ce qu’il y a à reprendre dans cette conduite aussi prudente que ferme.
S’endormit avec ses pères : voir Genèse 15.15, note.
La cité de David, c’est-à -dire le mont de Sion, autrefois la forteresse des Jébusiens, dont David avait fait sa résidence royale (2 Samuel 5.7-9). On conclut de certains indices que le sépulcre de David devait être un caveau creusé sur la pente orientale de la colline de Sion, vis-à -vis du réservoir de Siloé. D’après Actes 2.29, ce tombeau existait encore au temps de Jésus-Christ.
Quarante ans. Ces quarante ans ne datent que du moment où, après la mort de Saül, David fut reconnu comme roi à Hébron par la tribu de Juda (2 Samuel 2.4).
Sept ans à Hébron : plus exactement, sept ans et six mois, 2 Samuel 2.11 ; 2 Samuel 5.5.
Bien affermi (verset 46). Toute velléité d’opposition de la part des principaux adversaires avait disparu. Salomon se sentait solidement établi sur le trône de son père.
Serait-ce ici l’indice d’un nouveau complot ourdi par Adonija, de concert avec Joab et Abiathar ? En Orient, l’homme qui épousait la veuve d’un roi acquérait par ce fait un droit à la royauté (2 Samuel 16.21). Adonija, dans ce cas, cacherait son jeu. Par de belles paroles il cherche à se concilier la faveur de la mère du roi.
Viens-tu pour la paix ? dans de bonnes intentions. La question de Bathséba était naturelle après les événements du chapitre précédent.
En effet, d’après le cours ordinaire des choses, il pouvait s’envisager comme l’héritier du trône et il est probable qu’une partie du peuple l’aurait vu de bon œil succéder à son père (voir 1 Rois 1.5 et suivants).
Parce que l’Éternel… Cette parole montre que les ennemis mêmes de Salomon considéraient sa royauté comme le résultat d’une volonté supérieure. Cependant Adonija pense pouvoir réclamer une faible compensation.
Car il ne te la refusera pas. Délicate flatterie. Adonija se sert de toutes les armes pour gagner la confiance de Bathséba.
Pour femme Abisag. Vu qu’elle n’avait point été réellement la femme de David (1 Rois 1.4).
Bathséba ne voit là qu’une simple affaire d’inclination.
Se leva… et se prosterna. Dans les cours d’Orient, la reine-mère jouit d’une considération et d’une influence plus grandes que la femme même du roi ; comparez l’accueil différent de David, 1 Rois 1.16, 1 Rois 1.28.
À sa droite : la place d’honneur après celle du roi (Psaumes 110.1).
Petite demande. Peut-être Bathséba, en travaillant à satisfaire la passion d’Adonija, espérait-elle lui faire accepter plus facilement la souveraineté de Salomon.
Salomon devine immédiatement sous cette démarche un complot à l’exécution duquel sa mère sert d’instrument inconscient (verset 13, note). De là cette explosion d’indignation.
Demande donc… : demande tout d’un temps la royauté pour lui !
Car il est mon frère aîné. Sa qualité de fils aîné lui donnait déjà certains droits au trône et son mariage avec Abisag aurait eu pour résultat de fortifier ses prétentions.
Pour Abiathar…, Joab (1 Rois 1.7), qui, en cas de succès du complot, auraient partagé le pouvoir avec Adonija.
Jura. Ce serment devait fermer la bouche à Bathséba.
Qu’ainsi Dieu me fasse… : voir pour cette formule d’imprécation 1 Samuel 3.17.
Au prix de sa vie… Car il vient de montrer par cette démarche qu’ il y a du mal en lui (1 Rois 1.52).
Qui m’a affermi. Cette expression doit être comparée avec celle employée par David, 1 Rois 1.29. Pour l’un, Dieu s’est manifesté par la délivrance de ses perpétuelles angoisses ; pour l’autre, par son élévation sur le trône.
Edifié une maison. Peut-être Salomon pense-t-il à son fils Roboam qui était déjà né à ce moment-là ; comparez 1 Rois 11.42 avec 1 Rois 14.21.
Le capitaine de la garde du corps était chargé des exécutions capitales importantes.
Destitution d’Abiathar. Anathoth : aujourd’hui Anata, bourgade située à 5 km au nord-est de Jérusalem ; patrie du prophète Jérémie (Jérémie 1.1).
Dans tes terres. C’était le déposer de sa charge.
Aujourd’hui : dans ce jour où je suis occupé à rendre à chacun ce qu’il mérite. Salomon fait grâce à Abiathar, bien qu’il fût digne de mort, parce qu’il avait porté l’arche et exercé les fonctions de sacrificateur (2 Samuel 15.24) et partagé depuis le commencement les souffrances de David (1 Samuel 22.20 ; 1 Samuel 23.8, etc.).
Sur la maison d’Eli : 1 Samuel 2.30-33. Abiathar avait seul échappé au massacre de la famille d’Éli (1 Samuel 22.17-20). La charge de souverain sacrificateur passa dès lors à Tsadok, descendant d’Eléazar (1 Rois 1.7-8, note) et resta jusqu’à la fin dans sa famille, conformément a la promesse faite par l’Éternel à Phinées (Nombres 25.10-13 ; comparez Ézéchiel 44.15).
Et il saisit… En apprenant la mort d’Adonija et l’exil d’Abiathar, Joab avait compris que son tour ne tarderait pas à venir et il cherche un refuge dans le Tabernacle (1 Rois 1.39, note), espérant que la sainteté du lieu le garantira de la mort (1 Rois 1.50, note).
Bénaïa n’ose prendre sur lui de verser le sang de Joab dans le sanctuaire ; ce dernier refusant d’en sortir, il en réfère à Salomon.
Le roi fait taire les scrupules de Bénaïa, qui étaient en effet mal fondés, puisque Joab, coupable d’un double crime, n’était pas un meurtrier involontaire (Exode 21.14).
Tu ôteras ainsi (voir note verset 9). Salomon avait bien compris le sentiment qui avait dicté à David ses dernières recommandations (versets 5, 6, 8, 9).
L’armée d’Israël : celle d’Isboseth, alors que David ne régnait encore que sur la tribu de Juda (2 Samuel 2.8).
Armée de Juda : 2 Samuel 20.1-4.
Et leur sang retombera… comparez la parole de David, 2 Samuel 3.29.
Pour David… il y aura paix : par le fait que la justice aura reçu la satisfaction qu’elle réclamait (Deutéronome 19.13).
Dans sa maison, c’est-à -dire dans sa propriété. Il n’y avait pas de cimetière commun, mais seulement des sépulcres de famille (1 Samuel 25.1).
Au désert : le désert de Juda. On appelait de ce nom le pays montagneux et aride qui s’étend au sud de Bethléem et à l’ouest de la mer Morte (Juges 1.16).
Du compte de Joab, Salomon passe à celui de Siméi.
Bâtis-toi… à Jérusalem. Siméi demeurait à Bahurim (2 Samuel 16.5). Salomon le plaçait ainsi sous sa surveillance immédiate. Cette manière de procéder était pleine de sagesse ; il n’infligeait par là à Siméi qu’une peine légère et tenait compte de l’engagement pris par David, 2 Samuel 19.23, tout en lui fournissant l’occasion de montrer sa soumission, sous peine de faire retomber sur sa tête le châtiment mérité.
Torrent du Cédron. Ce torrent bien connu (2 Samuel 15.23), maintenant desséché, coulait au fond du ravin qui sépare la ville de Jérusalem et en particulier la colline du temple, de la montagne des Oliviers, limite est de la banlieue de Jérusalem. Cette frontière est mentionnée, plutôt que celle du sud ou du nord, parce que Bahurim, la patrie de Siméi, était située de ce côté et que pour s’y rendre, il fallait passer le Cédron.
Ton sang sera sur ta tête : Si lu meurs, tu ne pourras t’en prendre qu’à toi-même.
Siméi accepte avec empressement des conditions aussi douces.
Les mots : au bout de trois ans, montrent que l’auteur anticipe ici sur les événements du chapitre suivant pour en finir avec l’histoire de Siméi.
Akis : probablement le même roi que celui dont il est question 1 Samuel 21.10 ; 1 Samuel 27.2 ; contemporain de David, il pouvait lui avoir survécu.
Gath, patrie de Goliath et lieu de refuge de David, avait été anciennement le chef-lieu d’un des cinq gouvernements des Philistins (Josué 13.3) ; c’était maintenant la capitale d’un petit royaume devenu après beaucoup de guerres tributaire du royaume d’Israël (2 Samuel 5.18-25 ; 2 Samuel 8.12 ; 1 Rois 5.1).
Il eût pu réclamer ses esclaves par un intermédiaire.
Le serment de l’Éternel, prononcé on invoquant son nom.
Siméi gardant le silence, le roi reprend : Souviens-toi…, littéralement : Tu connais toi-même tout le mal que ton cœur connaît que tu as fait, etc.
Que l’Éternel fasse retomber… Souvent une cause futile est le moyen dont Dieu se sert pour amener le châtiment sur celui qui s’est rendu coupable de plus grandes fautes.
Dans ce verset s’exprime la vraie pensée de tout ce chapitre. Il en était de Salomon comme de Dieu même, dont il est dit que la justice est la base de son trône (Psaumes 97.2).
La royauté fut affermie… Cette remarque, tout en résumant ce chapitre, sert de transition au suivant (voir 1 Rois 3.1-2, note). Cet affermissement du royaume (versets 12 et 24), sur lequel insiste l’auteur, fait contraster la solidité de la maison de David avec la chute de celle de Saül.