Verset à verset Double colonne
Introduction, actions de grâces
Signature et adresse de l’épître ; vœu apostolique (1, 2).
Effusions de reconnaissance pour tant de consolations reçues dans l’épreuve ; ces consolations abondent avec les afflictions et Dieu fait tourner les unes et les autres au bien spirituel des Corinthiens (3-7).
Paul fait part à ses lecteurs des grands dangers auxquels il a été exposé, des grandes délivrances dont il a été l’objet, de sa confiance pour l’avenir, moyennant le secours de leurs prières (8-11).
Soit à cause de ses adversaires, soit pour imprimer dans les âmes l’autorité divine de son apostolat, Paul, au commencement de la plupart de ses lettres, déclare ainsi solennellement que c’est la sainte volonté de Dieu qui l’a appelé à cette charge dans son Église (Romains 1.1 ; 1 Corinthiens 1.1 ; Galates 1.1 ; Éphésiens 1.1, etc.).
Bien que Paul soit seul l’auteur de cette lettre, il s’associe Timothée, par un humble sentiment d’amour fraternel et de déférence pour ce dernier, à qui probablement il la dicta (comparer 1 Corinthiens 1.1 ; Philippiens 1.1 ; Colossiens 1.1 ; 1 Thessaloniciens 1.1) Il avait de plus l’intention de relever Timothée aux yeux des Corinthiens qui ne l’avaient peut-être pas accueilli comme ils l’auraient dû quand il était venu à eux chargé d’une mission par Paul (1 Corinthiens 4.17 ; 1 Corinthiens 16.10 ; 1 Corinthiens 16.11. Comparer l’Introduction).
L’Achaïe comprenait tout le Péloponèse, vaste presqu’île rattachée au continent par l’isthme sur lequel était située Corinthe. Dans toute cette province de la Grèce il y avait des chrétiens dispersés qui se rattachaient à l’Église de la capitale et Paul ne les oublie pas (1 Corinthiens 1.2).
Voir Romains 1.1 note.
Comparer sur le rapport de ces termes : Dieu des miséricordes, de consolation, de patience, de paix, Romains 15.5, note.
Père des miséricordes ne signifie pas seulement Père miséricordieux ; mais l’apôtre désigne par là Celui qui, devenu pour ses enfants un tendre Père réconcilié, est pour eux la source intarissable de toutes les miséricordes dont ils sont et seront les objets. Il en est de même de ces mots : Dieu de toute consolation.
L’apôtre dit nous et il ne comprend pas seulement lui et Timothée (verset 1) dans ce pluriel significatif, mais aussi ses frères auxquels il écrit. Telle est la réalité et l’intimité de la communion dans laquelle Paul se sent avec les Églises, qu’il considère toutes ses expériences, afflictions ou consolations, comme étant à la fois son partage et celui des âmes qui lui sont confiées (versets 6, 7 et 11).
Ce grand et saint avantage des afflictions, pour les serviteurs de Dieu et pour les chrétiens en général, c’est qu’après avoir été ainsi affligés et consolés par Dieu lui-même, ils sont aussi rendus capables de consoler leurs frères dans leurs douleurs. Quiconque n’a pas souffert et éprouvé la puissance de la grâce pour relever le courage, ne saurait offrir aux âmes affligées les vraies consolations.
Ce sont les souffrances de Christ qu’endure l’apôtre ; elles se renouvellent en lui (Galates 6.17 ; Philippiens 3.10 ; Romains 8.17 ; Romains 9.3, note ; Colossiens 1.24, note) ; c’est-à-dire que le Chef de notre salut à ouvert la carrière du combat et de la victoire et que les siens, dans une communion vivante avec lui, le suivent dans cette voie.
Les causes des douleurs que le monde a accumulées sur le Sauveur, subsistent pour les siens ; seulement, lui seul a souffert comme Médiateur, portant la peine de nos péchés et nous rendant son imitation possible par sa parfaite obéissance ; tandis que tout pécheur souffre à la fois comme tel et pour le nom de Christ.
Toutefois, en tant qu’il endure l’épreuve pour le nom de Christ, pour sa vérité, pour ses frères, dont il facilite le combat et la victoire, ses souffrances sont bien réellement les souffrances de Christ. C’est dans ce sens que Paul s’appelle prisonnier de Jésus-Christ (Éphésiens 3.1).
De là vient que sa consolation abonde aussi par Christ. Sa communion avec Christ est la source de sa consolation, comme de ses souffrances (Hébreux 2.17 ; Hébreux 2.18), parce que cette communion a pour terme la victoire et la gloire où Christ est entré pour lui-même et pour les siens. Par la nature des choses et par une dispensation de la bonté de Dieu, ces deux choses, souffrance et consolation, sont toujours proportionnées l’une à l’autre : lorsque la première abonde, la seconde abonde aussi : douce et précieuse assurance !
Soit la souffrance, soit la consolation d’un serviteur de Jésus-Christ contribuent également à la consolation et au salut de l’Église : sa souffrance, parce que c’est par là qu’un témoin du Sauveur surmonte le péché et le monde, fortifie la foi de ses frères et augmente leur patience pour endurer les mêmes épreuves (verset 6) ; sa consolation, parce qu’au sein de ses renoncements et de ses douleurs, il fait une expérience plus profonde et plus riche de la grâce qu’il annonce aux âmes et les en rend participantes (verset 7).
En un mot, comme il y a entre eux une intime communion dans le même salut, il y a aussi une sainte communion de souffrance et de consolation.
La construction de ces deux versets (versets 6 et 7) varie dans les manuscrits et dans les éditions critiques du Nouveau Testament Nous avons adopté l’ordre des plus anciens manuscrits.
Le texte reçu place la proposition : soit que nous soyons consolés c’est pour votre consolation et pour votre salut à la fin du verset 6, après la phrase : qui déploie son efficace…
Mais toutes les autorités mettent ces mots du verset 7 : et l’espérance que nous avons de vous est ferme, immédiatement après ceux-ci du verset 6 : les mêmes souffrances que nous souffrons. Et ces derniers doivent dès lors terminer verset 6. La pensée de l’apôtre reste d’ailleurs à peu près la même.
Soit à Éphèse (1 Corinthiens 15.32 et plus tard, Actes 19), soit dans d’autres villes de l’Asie Mineure, l’apôtre avait été exposé à de grandes épreuves, à de terribles dangers, que les Corinthiens ne pouvaient pas ignorer entièrement, dont les détails devaient leur être donnés par les porteurs de cette lettre et que Paul décrit ici par quelques mots énergiques. Mais comparez 2 Corinthiens 11.22 et suivants.
D’autres pensent que Paul fait allusion à quelque grave maladie, ce qui est moins probable d’après les termes qu’il emploie.
Grec : « Mais nous-mêmes avions en nous-mêmes la sentence de mort ; » tout semblait l’annoncer ; nous avions en nous, selon la volonté de Dieu, ce pressentiment, afin que notre délivrance inattendue nous apparût avec d’autant plus d’évidence comme une œuvre du Dieu qui ressuscite les morts.
Là où il n’y a plus d’espérance humaine, il reste toujours au chrétien la toute-puissance de Dieu. C’est pourquoi il ne craint pas les dangers, car, quoi qu’il arrive, l’issue est pour lui une victoire, soit sur la terre, soit dans le ciel.
Grec : « Afin que ce don de la grâce (charisma) obtenu à nous par plusieurs soit remercié de plusieurs personnes pour nous ». Encore ici (comparez verset 4, note) l’apôtre associe ses frères, leurs prières, leurs actions de grâces, à sa délivrance et à tout ce qui lui arrivera dans la suite.
Quelle foi en la prière ! quelle puissante réalité que la communion des âmes en Jésus-Christ !
Il proteste de la sincérité de sa conduite et de sa parole, en en appelant à ce que ses lecteurs savent eux-mêmes fort bien (12-14).
C’est dans ce sentiment qu’il avait projeté son voyage en Macédoine et à Corinthe (15, 16).
Si ce plan ne s’est pas réalisé, est-ce une preuve de versatilité ? Il repousse cette accusation en attestant la fidélité de Dieu, la vérité de Jésus-Christ qu’il a prêché, la certitude des promesses divines, l’onction et le sceau de l’Esprit de Dieu (17-22).
La vraie raison de son retard, c’est qu’il voulait épargner à l’Église de Corinthe des mesures sévères ; il ne veut pas dominer sur la foi des fidèles, mais contribuer à leur joie (23, 24).
C’est par ces mots que Paul commence cette apologie de son ministère, qui occupe une si grande partie de l’épître et que les fausses accusations de ses adversaires rendaient indispensable. Il la rattache (car) à cette communion de prières qui remplit son cœur (verset 11).
Il avait promis aux Corinthiens de les visiter, afin de combattre par sa présence les nombreux abus qui s’étaient introduits dans leur Église. Il n’avait point encore jusqu’ici rempli cette promesse, parce que, au milieu de ses combats et de ses souffrances, il redoutait de paraître dans une Église qui lui était si chère avec toute la sévérité de son autorité apostolique (2 Corinthiens 1.23 ; 1 Corinthiens 4.21 ; 2 Corinthiens 13.10).
Ses adversaires, loin d’être humiliés par sa première lettre, s’étaient saisis de cette circonstance pour l’accuser de versatilité (verset 17) et de crainte des hommes (2 Corinthiens 10.1-10). Ce sont ces reproches qu’il doit repousser pour l’honneur et l’efficacité de son ministère.
Il proteste donc en invoquant le témoignage de sa conscience qui est son sujet de gloire, qu’il s’est conduit dans le monde, c’est-à-dire aux yeux de tous, en simplicité (d’autres lisent en sainteté) et en sincérité de Dieu, c’est-à-dire en sincérité qui vient de Dieu et qui lui est agréable.
Pour comprendre toute la force du terme que nous traduisons par sincérité, il faut remonter à son étymologie : il se compose des deux mots soleil et jugement et signifie : la qualité d’un objet transparent dont on juge aux rayons du soleil ; ainsi, la pureté sans tache d’un cristal, et, au moral, la limpidité d’une âme que la lumière de l’Esprit de Dieu pénètre tout entière et qui se juge par là.
Ce substantif composé se retrouve 2 Corinthiens 2.17 ; 1 Corinthiens 5.8 L’adjectif formé des mêmes racines se lit, Philippiens 1.10 ; 2 Pierre 3.1.
Il faut remarquer encore ici le profond contraste que l’apôtre établit entre la sagesse charnelle, c’est-à-dire l’habileté de la raison humaine livrée à elle-même, à ses moyens équivoques et la grâce de Dieu, qui éclaire l’intelligence, purifie le cœur et sanctifie tous les motifs.
La version d’Ostervald, en traduisant ces verbes au passé : « Ce que vous avez lu et reconnu », peut faire penser à la première lettre de l’apôtre, dont il affirmerait le parfait accord avec ce qu’il vient de dire. Tel n’est pas le sens.
L’apôtre, pour témoigner encore de sa sincérité en d’autres termes, après l’avoir fait au verset 12, déclare qu’il n’y a dans ce qu’il écrit ici et que ses lecteurs lisent, aucune arrière-pensée, aucun détour et qu’ils peuvent eux-mêmes le reconnaître.
Il y a dans le grec un gracieux jeu de mots par le fait que, dans cette langue, les verbes lire et reconnaître ont la même étymologie et s’écrivent de la même manière, à une particule près.
Pour persuader tout à fait ses lecteurs, l’apôtre en appelle à leurs relations précédentes, à leur confiance mutuelle : « Vous, vous avez reconnu en moi (du moins en partie, pas tous et pas entièrement) un fidèle serviteur de Dieu et vous vous glorifiez de moi ; de mon côté, j’ai reconnu en vous de sincères disciples, qui seront ma gloire, non devant les hommes, mais au tribunal de Jésus-Christ, lorsqu’il mettra en pleine lumière les secrets des cœurs. Pourquoi donc des défiances » ? Voilà la sainte éloquence du cœur et de la vérité !
Grec : « Une seconde grâce », par sa présence pour la seconde fois au milieu d’eux après son retour de Macédoine (verset 16). C’est pour leur procurer cette seconde grâce que l’apôtre avait résolu d’aller premièrement vers eux.
Paul, ayant conscience des dons qui lui ont été confiés pour les âmes, ne cherche point à les voiler par une fausse humilité (Romains 1.11).
Comparer verset 12, note et 1 Corinthiens 16.5 ; 1 Corinthiens 16.6. On peut se demander à quel moment l’apôtre avait fait ce projet non exécuté et l’avait communiqué aux Corinthiens.
Est-ce dans notre première épître ? Non, car dans cette épître il expose un plan de voyage par la Macédoine (1 Corinthiens 16.5 ; 1 Corinthiens 16.6) qu’il est en voie d’exécuter au moment où il écrit notre épître.
La supposition la plus probable c’est qu’il fit part aux Corinthiens de son intention d’aller les voir directement avant de se rendre en Macédoine dans une première lettre qu’il leur écrivit et qui est aujourd’hui perdue (1 Corinthiens 5.9).
Dans la première aux Corinthiens actuelle, il trahissait déjà un changement de projet (1 Corinthiens 16.5 ; 1 Corinthiens 16.6) et s’attirait ainsi les reproches dont il s’efforce de se justifier.
Comme mes adversaires m’en accusent (1 Corinthiens 4.18).
Le oui et le non en même temps, des contradictions entre mes paroles et ma conduite, ou des assurances jetées à la légère et qui ne signifient rien ? Ce serait là agir selon la chair, c’est-à-dire selon les impulsions de la nature, non selon les principes moraux que produit la vérité chrétienne, l’Esprit de Dieu.
Ces versets (versets 18-22) forment un tout inséparable, présentent une admirable réfutation de l’accusation portée contre l’apôtre (verset 17), et montrent comment le moindre événement de sa vie, toute pensée de son cœur et toute parole de sa bouche, se rattachent aux profondeurs de la Parole de Dieu et de l’expérience du chrétien.
En effet, il commence par invoquer la fidélité de Dieu (verset 18), comme le garant et la source de sa propre fidélité dans ses paroles et dans sa conduite.
Ensuite, ce qu’il affirme de ses paroles dans les relations de la vie, il l’étend à toute sa prédication de Jésus-Christ et à celle de ses compagnons d’œuvre (verset 19). Et c’est avec raison ; car si l’accusation était fondée sur un point, pourquoi ne le serait-elle pas sur tous ? L’efficace de la prédication serait détruite, la confiance des auditeurs anéantie.
Mais, bien plus, c’est à Jésus-Christ lui-même qu’il en appelle, à la parfaite vérité avec laquelle il a paru dans le monde, sans aucune ombre de contradiction ; et ainsi il devient le garant de ses apôtres, qui sont ses imitateurs et qu’il conduit par son Esprit.
Bien plus encore : tout cet Évangile de Jésus-Christ repose sur les promesses de Dieu (verset 20), dont pas une seule ne s’est trouvée démentie par l’événement, mais qui ont toutes été confirmées en Christ (Oui en lui, trois fois répété).
Le texte reçu porte : « le Oui en lui et l’Amen en lui » (en Christ qui a accompli toutes les promesses de Dieu faites dans l’Ancien Testament) ; et d’ordinaire on prend les mots oui et amen comme synonymes, exprimant la certitude de l’accomplissement.
D’autres entendent par le oui la certitude objective (en Christ) et par l’amen l’assurance subjective, la foi chez les fidèles qui, dans le culte, répètent tous ensemble amen après chaque prière. Ce sens est confirmé par une variante très autorisée que nous avons admise dans la traduction : « le oui en lui et c’est pourquoi aussi l’amen par lui ; » c’est-à-dire l’amen que nous prononçons par notre foi en lui, et cela, à la gloire de Dieu, que nous glorifions ainsi (par nous).
Enfin, si Dieu en Christ est le garant infaillible de sa vérité, il l’est une seconde fois par son œuvre en vous, en nous, en tout vrai croyant ; car c’est lui qui nous affermit en Christ, nous unissant à lui comme les membres avec la tête, nous rendant participants de sa nature ; par quel moyen ? Par la même onction de l’Esprit que Christ a reçue (Christ signifie oint et les mots de l’original font ce rapprochement qui paraît si hardi, verset 21).
Par cet Esprit de vérité, il nous a scellés, comme on confirme et rend authentique un document au moyen d’un sceau officiel (Éphésiens 1.13).
En le répandant dans nos cœurs, il l’a donné comme les arrhes de tout ce qu’il a promis (Éphésiens 1.14), comme cette partie du prix convenu que l’on paie à l’avance et qui ratifie un contrat (verset 22). C’est pourquoi le chrétien a, dès ici-bas, la vie éternelle (Jean 3.16 ; Jean 5.24).
Quelle apologie dans ces grandes et profondes pensées ! Aussi l’apôtre ne s’arrête-t-il plus à se les appliquer pour le cas présent ; il se contente de dire aux Corinthiens la vraie raison pour laquelle il n’est pas venu vers eux et cette raison est propre à les humilier (verset 23), non moins que la défense de l’apôtre.
Relativement à ce solennel serment de l’apôtre, voir Matthieu 5.37, note.
C’est-à-dire, afin de ne pas y exercer lui-même une sévère discipline, en usant de son autorité apostolique. Comparer 1 Corinthiens 4.21.
Par ces dernières paroles, Paul adoucit ce qu’il y avait de sévère dans le verset précèdent.
Il veut d’autant moins dominer despotiquement sur la foi de ses frères, que c’est par cette même foi qu’ils demeurent fermes. S’il en était autrement, toute discipline ne servirait de rien.
En l’exerçant, il est bien convaincu qu’il ne fait, en définitive, que contribuer à la joie de l’Église, joie qui serait bientôt troublée par les désordres qu’il avait à reprendre, si les membres n’étaient pas affermis par la foi.