1 Et Moab se révolta contre Israël après la mort d’Achab.
Rien ne justifie la coupure des deux livres des Rois en cet endroit, si ce n’est peut-être que par cette notice s’ouvre la longue liste des revers du peuple infidèle. Jusqu’alors Israël n’avait point subi d’amoindrissement ; à ce moment se produit une première brèche dans son domaine, échec qui sera bientôt suivi d’échecs toujours plus grands, jusqu’à la ruine complète de Samarie et enfin même de Jérusalem.
Moab se révolta. Les Moabites avaient été soumis par David (2 Samuel 8.2). Après le schisme, le royaume du nord hérita de cette possession et ce fut probablement la malheureuse campagne d’Achab et de Josaphat contre Rarnoth de Galaad, suivie de la mort du roi d’Israël, qui engagea les Moabites à se révolter. Cette révolte se manifesta par le refus du paiement du tribut qu’ils devaient au roi d’Israël (2 Rois 3.4-5). Nous voyons par 2 Chroniques 20.1 qu’au commencement du règne de Josaphat, ainsi un certain nombre d’années avant cette révolte, les Moabites, aidés des Ammonites et des Édomites, avaient déjà tenté une expédition pour s’affranchir ; mais cette coalition avait échoué par la foi de Josaphat.
2 Et Achazia tomba par le treillis de sa chambre haute à Samarie, et il fut malade et il envoya des messagers en leur disant : Allez, consultez Baal-Zébub, dieu d’Ékron, pour savoir si je relèverai de cette maladie.
Achazia : voir 1 Rois 22.52.
Le treillis : probablement une fenêtre à barreaux ; d’autres entendent : une trappe.
Baal-Zébub, le maître des mouches. Toutes les variétés de Baal, Baal-Berith, Baal-Péor, Baal-Tséphon, représentent sous des faces diverses le Soleil, le dieu suprême du panthéon sémitique. Baal-Zébub est le soleil en tant que producteur des mouches, celui qui, en conséquence, peut aussi en débarrasser les hommes. En Grèce et à Rome, où Jupiter était le dieu correspondant au Baal de l’Orient, on adorait un Jupiter chasseur des mouches et dans les fêtes d’Apollon le culte des mouches avait aussi une place. Les Juifs changèrent la dernière lettre de ce mot, b, en l, de manière à lui faire signifier dieu du fumier et c’est ainsi que le mot Béelzébul est devenu le nom de l’esprit malin.
3 Et l’ange de l’Éternel dit à Élie, le Thisbite : Lève toi, monte à la rencontre des messagers du roi de Samarie et dis-leur : Est-ce faute d’un Dieu en Israël que vous allez consulter Baal-Zébub, dieu d’Ékron ?
L’ange de l’Éternel. Voir la notice à la fin du chapitre 21 de Genèse.
4 C’est pourquoi, ainsi a dit l’Éternel : Tu ne descendras pas du lit sur lequel tu es monté, car tu mourras certainement. Et Élie alla. 5 Et les messagers revinrent vers le roi, et il leur dit : Pourquoi donc revenez-vous ? 6 Et il lui dirent : Un homme est monté à notre rencontre et il nous a dit : Allez, retournez vers le roi qui vous a envoyés, et vous lui direz : Ainsi a dit l’Éternel : Est-ce faute d’un Dieu en Israël que tu envoies consulter Baal-Zébub, dieu d’Ékron ? C’est pourquoi tu ne descendras point du lit sur lequel tu es monté, car tu mourras certainement. 7 Et le roi leur dit : Comment était l’homme qui est monté à votre rencontre et qui vous a dit ces paroles ? 8 Et ils lui dirent : C’est un homme vêtu de poil avec une ceinture de cuir autour des reins. Et le roi dit : C’est Élie, le Thisbite.
Vêtu de poil. Élie portait le manteau fait de peaux de mouton ou de chèvre qui était l’insigne des prophètes en Israël (Zacharie 13.4). La rusticité de ce vêtement faisait contraste avec les habillements ordinaires. Elle convenait aux prédicateurs de la repentance, dénonciateurs des jugements divins (Matthieu 3.4 ; Hébreux 11.37).
Une ceinture de cuir. La ceinture est ordinairement la partie la plus luxueuse du vêtement oriental.
9 Et il envoya vers lui un chef de cinquante hommes avec ses cinquante hommes, qui monta vers Élie, et voici il se tenait sur le sommet de la montagne. Et il lui dit : Homme de Dieu, le roi a dit : Descends.
Sur le sommet de la montagne : peut-être le Carmel, qui était sans doute pour lui, comme pour Élisée, le lieu où il aimait à se retirer (2 Rois 2.25).
10 Et Élie répondit et dit au chef des cinquante hommes : Si je suis un homme de Dieu, que le feu descende du ciel et te dévore, toi et tes cinquante hommes ! Et le feu descendit du ciel et le dévora, lui et ses cinquante hommes.
Feu (esch) et homme (isch) sont deux mots qui se ressemblent beaucoup en hébreu : Ce qui descendra, ce sera le feu et non pas l’homme. Si cet ordre du prophète avait été un acte de vengeance personnelle, Dieu ne l’aurait pas ratifié. Mais en venant saisir l’homme de Dieu pour le ramener captif comme un criminel, c’était à Dieu lui-même que s’en prenait cette troupe et au milieu de ce peuple qui l’oubliait, Dieu devait punir sévèrement cet outrage et revendiquer avec éclat son honneur foulé aux pieds.
11 Et Achazia envoya de nouveau contre lui un autre chef de cinquante hommes avec ses cinquante hommes ! Qui monta et dit à Élie : Homme de Dieu, ainsi a dit le roi : Descends vite ! 12 Et Élie répondit et leur dit : Si je suis un homme de Dieu, que le feu descende du ciel et te dévore, toi et tes cinquante hommes ! Et le feu descendit du ciel et le dévora, lui et ses cinquante hommes. 13 Et de nouveau Achazia envoya un troisième chef de cinquante hommes avec ses cinquante hommes ; et le troisième chef de cinquante hommes monta et vint vers Élie ; et il se mit à genoux devant Élie, et il le supplia et lui dit : Homme de Dieu, je te prie, que ma vie et la vie de tes serviteurs, ces cinquante hommes, soit précieuse à tes yeux ! 14 Voici, le feu est descendu du ciel et a dévoré les deux premiers chefs de cinquante hommes et leurs cinquante hommes… ; et maintenant, que ma vie soit précieuse à tes yeux ! 15 Et l’ange de l’Éternel dit à Élie : Descends avec lui ; n’aie pas de crainte de lui. Et il se leva et descendit avec lui vers le roi. 16 Et il lui dit : Ainsi a dit l’Éternel : Parce que tu as envoyé des messagers consulter Baal-Zébub, dieu d’Ékron, est-ce faute d’un Dieu à consulter en Israël ? À cause de cela tu ne descendras point du lit sur lequel tu es monté, car tu mourras certainement.
Achazia ne meurt proprement pas de sa chute, mais par suite de son impiété.
17 Et il mourut, selon la parole de l’Éternel qu’Élie avait prononcée ; et Joram régna à sa place, la seconde année de Joram, fils de Josaphat, roi de Juda ; car Achazia n’avait point de fils.
D’après ce qui est dit ici, Joram de Juda aurait commencé à régner un ou deux ans avant la mort d’Achazia et l’avènement de Joram d’Israël. Cette donnée paraît en contradiction avec 2 Rois 3.1, passage d’après lequel Joram d’Israël aurait commencé à régner dès la dix-huitième année de Josaphat, qui régna vingt-cinq ans, par conséquent neuf ans avant l’avènement de Joram, fils de Josaphat. Et de plus, une autre différence se rencontre avec 2 Rois 8.16, où l’avènement de Joram d’Israël est placé cinq ans avant celui de Joram de Juda, c’est-à-dire deux à trois ans plus tard que dans le passage précédent. Comparez aussi 1 Rois 22.52.
Si l’on ne veut pas admettre une contradiction absolue entre les données d’un seul et même livre, il faut supposer :
Que Josaphat appela son fils à régner conjointement avec lui la dix-septième année de son règne, probablement à l’occasion de son départ pour la guerre qu’il allait entreprendre avec Achab contre Ben-Hadad, roi de Syrie. Ainsi s’explique notre passage et s’établit l’accord avec 2 Rois 3.1.
De plus, pour concilier ces passages avec 2 Rois 8.16, passage d’après lequel Joram de Juda a commencé à régner la cinquième année de Joram d’Israël, on admet que, deux ans avant sa mort, Josaphat abandonna complètement le trône à son fils Joram. Ces suppositions peuvent paraître bien arbitraires ; cependant elles ont une espèce d’appui dans le passage 2 Chroniques 21.3, où nous lisons que Josaphat avait fait de grands dons en argent et en or à ses fils cadets, mais avait donné le royaume à Joram, son premier-né, ce qui semble faire allusion à des arrangements pris de son vivant.
18 Le reste de l’histoire de ce qu’a fait Achazia, cela n’est-il pas écrit dans le livre des Annales des rois d’Israël ?