Verset à verset Double colonne
Salutations, actions de grâces
Origine et but de l’apostolat de Paul. Il adresse à Dieu pour Timothée son vœu apostolique (1,2).
Il rend grâces à Dieu et prie sans cesse pour lui ; il désire le voir, se souvenant de ses larmes, ainsi que de sa foi, qui était déjà en sa mère et en son aïeule (3-5).
Paul indique en deux mots quelle est l’origine et le but de son apostolat : son origine, c’est la volonté de Dieu (1 Corinthiens 1.1 ; 2 Corinthiens 1.1 ; Éphésiens 1.1 ; comparez 1 Timothée 1.1), qui en fait l’autorité et la force ; son but c’est d’annoncer aux hommes pécheurs la promesse de la vie, de la vie éternelle qui est en Jésus-Christ (Jean 1.4 ; 1 Jean 1.1). La vie, cette vie impérissable, qui est victorieuse du monde, du péché, de la mort, voilà la grande parole par laquelle Paul aime à résumer tout l’Évangile au moment où il touche à son dernier et suprême combat.
En la foi (1 Timothée 1.2, note).
Comparer Romains 1.7 note ; 1 Timothée 1.2.
Grec : « à qui je rends un culte depuis mes ancêtres avec une conscience pure ».
L’apôtre veut rappeler que la piété dont il est animer plonge ses racines dans le passé, puisqu’elle était déjà connue et pratiquée de ses pères et qu’il avait été élevé dans le culte du vrai Dieu. C’est à ce point de vue uniquement qu’il peut parler d’une conscience pure, c’est-à-dire de la sincérité, de la droiture qu’il a toujours apportée dans ce culte, même dans le temps de son ignorance et de sa haine contre l’Évangile (comparer Actes 23.1 ; Actes 24.14-16 ; Philippiens 3.6).
Quand Paul parle dans un sens absolu de sa responsabilité devant un Dieu saint et juste, on sait qu’il fait entendre un langage bien différent, lui qui nous a si vivement décrit les combats de sa conscience (Romains 7.7 et suivants ; comparez 1 Corinthiens 15.9 ; 1 Timothée 1.13 ; 1 Timothée 1.15).
Gerlach pense que l’apôtre ne parle point ici du temps d’avant sa conversion, mais de sa conscience de chrétien, purifiée par le sang de Christ et par l’Esprit de Dieu. Ce sens n’est pas conforme à l’ensemble de notre passage.
Comparer Romains 1.9 ; Philippiens 1.3 ; Philippiens 1.4 ; Colossiens 1.3 ; 1 Thessaloniciens 1.2.
Larmes que répandait Timothée, probablement en prenant congé de Paul, qu’il aimait comme un père (comparez Actes 20.37-38 ; Actes 21.13), ou en d’autres occasions, dans les tristesses de son ministère et de sa vie.
Comparer Romains 1.10-12 ; Philippiens 1.8. Quel amour mutuel entre ces deux hommes dénotent ces larmes du disciple, ce désir ardent de Paul de le revoir, cette joie qu’il s’en promet !
Grec : « Ayant reçu le souvenir ». Le terme original indique qu’une circonstance inconnue vient rappeler à Paul la foi de son disciple. Nos versions effacent cette nuance en traduisant simplement : « me souvenant ».
Ce souvenir de la foi dont avaient été animées la mère et l’aïeule de Timothée, est provoqué par le même sentiment qui portait Paul à parler de ses ancêtres : (2 Timothée 1.3) c’est une profonde reconnaissance pour les grâces de Dieu déjà répandues sur ces familles de pieux Israélites et qui n’avaient été que les arrhes de grâces plus grandes encore. En effet, Timothée ayant été converti à l’Évangile dès sa jeunesse, il est probable que ces membres de sa famille l’avaient été aussi avec lui.
Tous ces précieux souvenirs que l’apôtre aime à rappeler, sont l’objet de ses actions de grâce (2 Timothée 1.3), et en même temps un motif puissant de l’exhortation qui va suivre (2 Timothée 1.6 et suivants).
Timothée doit ranimer toujours le don de Dieu par le moyen de cet Esprit qui inspire, non la témérité, mais la force, la charité et la prudence ; alors il n’aura point honte de l’Évangile, ni de Paul, mais aura le courage de souffrir avec lui (6-8).
Le grand motif de cette fidélité, c’est que Dieu nous a sauvés gratuitement par sa grâce, qui a été manifestée en Jésus-Christ quand il a détruit la mort et mis en lumière la vie éternelle par cet Évangile dont Paul a reçu le ministère pour les païens (9-11).
Un autre motif invoqué par l’apôtre, c’est l’exemple de ses souffrances, de son courage, de l’assurance de sa foi. Timothée doit donc retenir la saine doctrine, dans la foi et la charité et garder soigneusement ce précieux dépôt (12-14).
Littéralement : « de ranimer le feu du don de la grâce de Dieu » (charisme). Il s’agit surtout ici du don de son ministère, reçu par l’imposition des mains (2 Timothée 1.7).
Depuis le moment où l’apôtre lui imposa les mains et par un effet de cet acte. Comparer 1 Timothée 4.14, note.
Rien n’est plus opposé à la timidité et à la crainte des hommes que cet Esprit de Dieu, qui communique à la faiblesse naturelle d’un serviteur de Jésus-Christ quelque chose de sa puissance divine (1 Corinthiens 2.4 ; comparez Romains 8.15) ; cet Esprit qui, répandu dans une âme, y allume et entretient le feu d’un amour auquel ne coûte aucun sacrifice (Romains 5.5) ; cet Esprit dont la lumière et la sagesse divine inspirent la seule vraie prudence dans les positions les plus difficiles (Ce dernier mot peut se rendre aussi par ceux de sagesse, modération, bon sens).
Quelques interprètes entendent par cet esprit, non l’Esprit de Dieu en soi, mais l’esprit de l’homme, que Dieu anime de ces dispositions. La pensée serait la même, seulement affaiblie.
Cette pensée de l’apôtre prépare admirablement le lecteur à celle qui va suivre (2 Timothée 1.8).
Non seulement Timothée, comme tout serviteur de Dieu, ne doit point avoir honte du témoignage qu’il est appelé à rendre à Jésus-Christ au milieu du monde (Romains 1.16) ; mais Paul va l’inviter à se rendre auprès de lui, prisonnier à Rome (2 Timothée 4.9 ; 2 Timothée 4.21), au moment où il prévoit une mort sanglante (2 Timothée 4.6).
Il s’agit donc pour son disciple de partager son opprobre et ses dangers et de porter le témoignage de Jésus-Christ à ceux mêmes qui vont le faire mourir.
De là ces mots : ni de moi, son prisonnier (le prisonnier du Seigneur ; Philippiens 1.9 ; Éphésiens 3.1) ; de là aussi cette exhortation à souffrir avec lui (grec : « souffrir les maux »). pour l’Évangile.
Et il y a des critiques qui trouvent cette exhortation indigne de Timothée, prétendant que c’était l’accuser de « lâcheté » ! Paul, au contraire, sent le besoin de rappeler à Timothée, en un tel moment, la puissance de Dieu, dont il lui a déjà montré la source dans le Saint-Esprit (2 Timothée 1.7).
Le but de l’apôtre, en mentionnant ces grandes vérités du salut, est évident : celles-ci sont l’inébranlable fondement de l’exhortation qui précède, de sa propre expérience qu’il va rappeler (2 Timothée 1.11 ; 2 Timothée 1.12), et de l’encouragement qu’il y ajoute pour son disciple (2 Timothée 1.13) :
Rien, en effet, n’anime tant un cœur qui connaît la grâce, à tout faire et à tout souffrir pour Dieu, que la vue de la miséricorde toute gratuite dont il l’a prévenu
Et que l’assurance du salut éternel, fondé sur le dessein de la grâce de Dieu.
Cette grâce abaisse l’homme jusque dans la poussière, mais pour l’élever au-dessus de tout crainte ; elle le dépouille de toute force propre, mais pour le revêtir de la puissance de Dieu (2 Timothée 1.7 ; 2 Timothée 1.8).
Du reste, chacune de ces vérités qui constituent l’Évangile, se retrouve ailleurs, sous la plume du même apôtre et est expliquée en son lieu (voir sur la vocation, Romains 8.28-30, note ; sur les œuvres relativement au salut, Romains 3.27, note ; Éphésiens 2.9 ; sur le dessein de Dieu, Romains 9.12 ; Romains 9.13, note ; Éphésiens 1.4 ; Éphésiens 1.8 ; Éphésiens 1.11, note).
« La grâce qui nous a été donnée avant les temps éternels ». Ailleurs (1 Corinthiens 2.7) Paul dit seulement que le salut nous était « destiné ». Mais ce que Dieu nous destine, c’est comme s’il nous l’avait déjà donné.
L’apparition de notre Seigneur Jésus-Christ sur la terre n’a fait que manifester ou mettre en lumière cette grâce (2 Timothée 1.9) et cette vie qui étaient de toute éternité dans le dessein de miséricorde de Dieu.
La mort et la vie sont prises ici dans leur sens absolu, s’appliquant au corps et à l’âme. Pour l’âme et pour le corps, la mort a été le résultat immédiat de la séparation de l’homme d’avec Dieu, source unique de la vie ; la réconciliation avec Dieu, par la mort de Christ, la régénération par la puissance de sa résurrection, détruisent la mort et rendent à l’homme tout entier la vie véritable.
À ce grand mot de vie et pour l’expliquer, l’apôtre ajoute celui d’incorruptibilité (non pas immortalité qui est autre chose), par lequel il qualifie la vie véritable, la vie éternelle, comme élevée désormais au-dessus de toute atteinte de la corruption (comparer 1 Corinthiens 15.53, note).
Le but immédiat de l’apôtre est ici le même qu’au verset précédent : si la grâce de Dieu pouvait délivrer Timothée de toute crainte, quel courage nouveau ne devait-il pas puiser dans la considération de cette puissance de Christ en lui, laquelle est victorieuse de la mort et conduit ses rachetés à l’incorruptibilité des cieux !
1 Timothée 2.7. Pour lequel, c’est-à-dire pour l’Évangile. Cette glorieuse raison de sa vocation et de ses souffrances, dont, à cause de cela, il n’a « point de honte » (2 Timothée 1.12), était à la fois une douce consolation pour lui et un précieux encouragement pour Timothée (comparer 2 Timothée 1.8).
Des manuscrits importants omettent des païens.
« Parce que j’ai été prédicateur », etc.
Ou plutôt : « Je sais à qui je me suis confié ». De là son assurance au sujet de son « dépôt ».
Ce dépôt, c’est celui de son salut éternel (comparez 2 Timothée 1.14 et 1 Timothée 6.20) Il sait qu’il le retrouvera entre les mains de son Dieu-Sauveur, qui le lui garde jusqu’à ce jour-là, c’est-à-dire jusqu’au jour du retour de Christ (2 Timothée 1.18 ; 2 Timothée 4.8 ; 2 Thessaloniciens 1.10, note).
Quelques interprètes pensent que Paul entend par son dépôt, non pas sa foi ou son salut, mais son apostolat, dont il doit rendre compte. Mais ce sens est beaucoup moins en harmonie avec la pensée de l’apôtre, dont voici l’expression complète : « Je sais à qui je me suis confié et je suis persuadé qu’il (Dieu) est puissant pour garder mon dépôt (que je lui ai confié) jusqu’à cette journée-là ».
« Le modèle ou le type des saines paroles » (ou des saines doctrines, voir, sur cette expression, 1 Timothée 1.10, note) signifie les principes fondamentaux de ces doctrines, les traits spécifiques qui les distinguent.
Paul invite Timothée à les retenir, non comme une lettre morte, mais dans la foi et l’amour qui est en Jésus-Christ, c’est-à-dire dans une communion vivante avec le Sauveur. C’est là ce qui donne la vie aux doctrines et qui les développe par l’expérience qu’on en fait.
Comparer 2 Timothée 1.12, note ; 1 Timothée 6.20, note.
L’apôtre vient d’employer ce mot de dépôt pour désigner sa foi, son salut éternel, qu’il a confié à son Dieu (2 Timothée 1.12) ; maintenant il nomme ainsi le précieux trésor de la saine doctrine (2 Timothée 1.13) transmis à Timothée et que celui-ci doit garder.
Le sens est-il différent ? Nullement. La foi, qui renferme la vie et le salut, a toujours deux éléments inséparables : objectivement, la vérité divine qui en est l’objet et subjectivement cette confiance du cœur qui en est l’essence même.
Or, ces deux éléments sont dans la pensée de l’apôtre, dans les trois passages où il emploie ce terme de dépôt. Et si, d’une part, Dieu est fidèle pour nous conserver ce que nous lui confions (2 Timothée 1.12), il veut que nous le soyons aussi pour garder jusqu’à la fin ce qu’il nous confie. Mais, afin de montrer à son disciple quelle est la source et le garant de la fidélité qu’il lui demande, il s’empresse d’ajouter : par le Saint-Esprit qui habite en nous et qui rend vivant, en nous l’appropriant, le dépôt de la saine doctrine.
Plusieurs disciples ont abandonné Paul pour retourner en Asie (15).
Onésiphore, au contraire, l’a consolé, et, loin d’avoir honte de ses chaînes, il l’a cherché et trouvé à Rome ; vœu de l’apôtre pour lui et sa famille (16-18).
Paul entre dans ces détails personnels sur quelques-uns de ceux qui avaient été avec lui, afin de rendre son exhortation plus impressive, par l’exemple de l’infidélité des uns et de la persévérance des autres (2 Timothée 1.16-18).
Ceux qui sont en Asie, au nombre desquels il cite deux noms, maintenant inconnus, sont probablement des hommes qui, après avoir abandonné Paul à Rome, au moment du danger, étaient retournés en Asie, où Timothée se trouvait alors ; c’est pourquoi l’apôtre lui rappelle ces faits en lui disant : tu sais…(comparer 2 Timothée 1.17 ; 2 Timothée 4.10 ; 2 Timothée 4.16).
Ce touchant éloge d’Onésiphore, cherchant à Rome le pauvre prisonnier de Jésus-Christ, sans avoir honte de sa chaîne, sans craindre les dangers auxquels il s’exposait, paraît faire allusion à des faits récents ; tandis que les services rendus par ce fidèle chrétien à Éphèse, Timothée lui-même en avait été témoin (La plupart des versions portent : « combien de services il m’a rendus ». Ce pronom n’est pas dans le texte).
Paul exprime sa tendre reconnaissance pour ce disciple, en implorant par deux fois la miséricorde du Seigneur sur lui et sur sa famille. Ce dernier mot (2 Timothée 1.16) peut faire penser que, lorsque Paul écrivait cette lettre, Onésiphore était mort.