Verset à verset Double colonne
1 Ayant donc de telles promesses, mes bien-aimés, purifions-nous de toute souillure de la chair et de l’esprit, achevant notre sanctification dans la crainte de Dieu.Ces promesses dont parle l’apôtre sont celles qu’il a citées (2 Corinthiens 6.16-18). Ces mêmes chrétiens qu’il a appelés « lumière, justice, temple de Dieu » (2 Corinthiens 6.14-16), il les exhorte à se purifier de leurs souillures !
Par là il nous montre, d’une part, que le combat dure autant que cette vie d’épreuve ; et, d’un autre côté, que l’assurance du salut, fondée sur la justification par la foi, est inséparable d’une sanctification toujours progressive.
Les souillures de la chair et de l’esprit sont en général celles du dehors et celles du dedans. Ces paroles condamnent également une orgueilleuse spiritualité, qui méprise les précautions dans les choses extérieures et le pharisaïsme, qui, tout occupé de ce qui frappe les regards, se met peu en peine des péchés du cœur.
Comprenez-nous ; nous n’avons nui à aucun de vous ; je ne vous accuse pas, je vous aime trop pour cela ; je suis même rempli de confiance et de joie à votre sujet (2-4).
Cet amour nous a inspiré la plus vive inquiétude à votre égard, des combats, des craintes ; mais Dieu nous a consolés par l’arrivée de Tite ; et quand il nous a raconté votre ardent désir, vos larmes, votre zèle, notre tristesse s’est changée en joie (5-7).
Le verbe grec signifie comprendre, contenir, faire place, accueillir ; ainsi Matthieu 19.11 « Faites-nous accueil dans vos âmes, à nous et à la vérité ; élargissez vos cœurs pour que nous y ayons place » (2 Corinthiens 6.11-13). Cette prière de l’apôtre a surtout rapport à ce qui va suivre.
Grec : « Tiré du profit de personne ». Ce sont là, sans doute, des réponses aux accusations des adversaires qui disaient de Paul « Il est injuste envers plusieurs, il leur fait tort, il les offense ; il en conduit d’autres à leur ruine par trop de sévérité (par exemple 1 Corinthiens 5) ; enfin il cherche envers tous des avantages terrestres ». Avec quelle douceur il repousse ces indignes reproches, toujours animé de l’esprit de son Maître « au milieu de la bonne et de la mauvaise réputation » (2 Corinthiens 6.8) !
Grec : « Pour votre condamnation ». Je ne me justifie pas pour vous accuser, ou bien : Je ne veux pas dire que vous ayez cru ces calomnies (verset 2) ou que vous les ayez propagées, car…
« Je vous l’ai déjà dit, notre affection est à la vie et à la mort ». Dans quel sens (voir 2 Corinthiens 6.12 ; comparez 2 Corinthiens 5.14 ; 2 Corinthiens 5.15 ; 2 Corinthiens 4.12) ?
Grec : « Beaucoup de franchise, de hardiesse » par la confiance du cœur.
La cause spéciale de cette consolation et de cette joie qui déborde, est indiquée aux versets 7 à 9.
Grec : « Notre chair n’avait aucun relâche ». Voir, sur ce voyage en Macédoine, 2 Corinthiens 2.12 ; 2 Corinthiens 2.13, note.
Combats contre les adversaires de l’Évangile, craintes sur les résultats de sa première épître aux Corinthiens.
Qui apportait de bonnes nouvelles de Corinthe (2 Corinthiens 2.13).
Les humbles signifient ici, selon un hébraïsme, ceux qui sont abaissés, attristés, misérables. Ce sont ceux-là que Dieu console !
Ou : « En sorte que je me suis plutôt réjoui ; » ma tristesse et mes inquiétudes furent changées en joie.
Ce verset décrit l’impression faite sur l’Église par la lettre de Paul (comparer verset 11).
Cet ardent désir avait pour objet de revoir l’apôtre, d’apaiser sa douleur.
Les larmes (ou même Grec : « lamentations ») étaient causées par le chagrin occasionné à Paul.
Le zèle exprime une sorte d’enthousiasme qui s’était réveillé dans les cœurs pour le grand serviteur de Dieu, ou l’ardeur qu’ils mettaient à le justifier des fausses accusations (verset 2).
Je ne me repens plus de vous avoir attristés pour un temps, je m’en réjouis au contraire, car c’était une tristesse selon Dieu, une vraie repentance, qui produit le salut, tandis que la tristesse selon le monde produit la mort ; et cette tristesse selon Dieu, quelles impressions vives, profondes, bénies, elle a produites en vous ! (8-11).
Si je vous ai écrit comme je l’ai fait, c’était moins en vue des personnes en cause, que pour donner lieu à votre zèle ; et c’est aussi pourquoi j’ai été consolé, réjoui par Tite (12, 13).
Tout le bien que je lui avais dit de vous et à vous de lui, s’est trouvé vrai ; aussi, quand il se souvient de la manière dont vous l’avez reçu, son affection pour vous s’augmente et moi, je suis rempli de confiance en vous (14-16).
Si l’apôtre s’était repenti d’avoir écrit sa lettre et de s’y être montré si sévère, ce qu’il ne nie nullement, mais qu’il affirme au contraire, cela ne veut point dire qu’il eût douté d’avoir été dans le vrai. Mais, incertain du résultat, plein de sympathie pour la tristesse de ses frères, il pouvait se demander : « Ai-je bien fait » ? Et toutefois son œuvre était de Dieu.
C’est ainsi que plus d’un serviteur de Christ, après quelque acte de sévérité accompli dans la foi, voyant la douleur qu’il a causée, peut, dans ses courtes vues et par amour pour ses frères affligés, craindre d’avoir été trop loin. L’exemple de l’apôtre nous montre que, dans ces cas-là, ce n’est pas une stoïque insensibilité qui est la vraie disposition d’un ministre fidèle, même s’il a la conviction d’avoir bien agi.
Calvin, prenant le mot se repentir dans le sens de éprouver de la douleur, écarte l’idée du repentir proprement dit ou du regret et paraphrase ainsi ce passage : « Quoique je vous aie froissés malgré moi et que j’aie éprouvé de la douleur d’avoir été forcément dur envers vous, je ne m’en afflige plus, car je vois que je vous ai été utile » (verset 9).
Mais à quoi bon forcer les termes au lieu de leur laisser leur sens naturel ? Pour sauver une certaine théorie de l’inspiration ? Ne vaut-il pas mieux la réformer d’après l’Écriture même ? L’Esprit de Dieu ne supprime aucune des affections ou même des fluctuations de ceux qu’il éclaire et anime ; il s’en sert même très avantageusement pour révéler tout entière cette vérité qui, pour nous être accessible, doit rester à la fois divine et humaine.
La construction ou ponctuation de ces versets 8 et 9 diffère dans les diverses éditions grecques aussi bien que dans nos versions.
Celle que nous avons adoptée rend ainsi le tour si vif de la pensée de l’apôtre : Je ne me repens pas (de vous avoir attristés) ; si je m’en suis repenti (ici il dit dans une parenthèse dont la phrase est suspendue la raison de ce repentir…), puis il se hâte d’ajouter : maintenant je me réjouis et il explique la cause de cette joie (verset 9).
Ce mot de la parenthèse : je vois se rapporte aux nouvelles qu’il venait de recevoir par Tite.
La tristesse selon Dieu est une tristesse qui se rapporte à Dieu, à sa volonté violée, au péché qui l’offense, elle est produite dans le cœur par son Esprit. Aussi produit-elle à son tour (grec : elle « opère ») une repentance (grec : « conversion, changement d’esprit, de disposition »), dont on ne se repent jamais, parce que cette conversion est pour le salut, ou plutôt elle est le salut même, elle délivre l’âme du péché et lui donne l’assurance de la vie éternelle.
Dire qu’on ne s’en repent jamais, c’est dire qu’on en recueille la joie la plus pure. Telle a été la tristesse des Corinthiens (verset 9).
La tristesse selon le monde, au contraire, se rapporte tout entière à cette terre, à ses avantages perdus, à ses espérances déçues, à notre orgueil froissé, à nos maux sans remède ; et comme le cœur n’en reste pas moins enchaîné à ce monde qui passe avec sa convoitise, l’âme, qui en est l’esclave, périt avec lui.
Cette tristesse produit la mort. Quelquefois même elle produit littéralement et brusquement la mort : le suicide !
Quelques interprètes rapportent les mots : dont on ne se repent pas, non à repentance, mais à salut.
C’est plus grammatical peut-être, mais c’est rendre fade la pensée. Qui a l’idée de se repentir du salut ? La pensée si applicable aux Corinthiens et exprimée par une piquante antithèse, est effacée par cette construction.
Tous ces sentiments et ces actes, résultats de la première lettre de l’apôtre, avaient pour objet le pécheur scandaleux jusqu’alors toléré dans l’Église (1 Corinthiens 5).
Pour leur défense (grec : apologie), les Corinthiens s’étaient empressés de l’exclure : ils montrèrent par là leur indignation pour son crime, leur crainte des jugements de Dieu, leur ardent désir de sa grâce, leur zèle pour sa gloire et pour la pureté de la profession de la foi ; de là, l’exemplaire punition dont le pécheur fut l’objet. C’est ainsi que les Églises se réveillent et prouvent que la vie de Dieu est en elles.
Non pas tous, sans doute, ni au premier abord, puisqu’il avait fallu la première lettre pour les réveiller ; mais ils s’étaient si bien purifiés, que l’apôtre leur en tient compte largement.
C’est-à-dire l’incestueux et son père qu’il avait outragé (1 Corinthiens 5.1). D’autres ont pensé que l’apôtre se désignait lui-même par ces mots : celui à qui le tort a été fait, mais cela ne nous paraît pas probable.
« Il ne s’agissait pas seulement, dit l’apôtre, de ce cas spécial, ni du châtiment du coupable ; mais il y allait de la pureté et de la vie de l’Église entière et de la fidélité de mon apostolat devant Dieu »
Par ces paroles conciliantes, Paul s’efforce d’écarter toutes les personnalités et leurs blessures, pour concentrer l’attention de tous sur la gravité de la chose.
Le texte reçu porte : « que fût manifesté notre empressement pour vous », au lieu de « votre empressement pour nous ». Les autorités et le contexte sont pour la leçon ici rétablie. C’est précisément de ce zèle des Corinthiens que parle l’apôtre (versets 11 et 13).
La consolation qu’a éprouvée l’apôtre vient de ce qui précède (surtout versets 9-11) ; mais cette consolation fut élevée jusqu’à la joie, par la joie que Tite témoignait de son séjour à Corinthe ; son esprit en avait été soulagé, récrée. Quel ardent amour des âmes dans ces hommes de Dieu !
Le texte reçu porte : « Nous avons été consolés par votre consolation », ce qui, dans l’ensemble, présente à peine un sens admissible.
« Crainte et tremblement » indique la profonde vénération avec laquelle les Corinthiens avaient reçu Tite comme un envoyé de l’apôtre et un envoyé de Dieu (comparer Philippiens 2.12 ; Éphésiens 6.5 ; Psaumes 2.11, etc.).
Ce saint respect est un des plus précieux caractères de la piété et de la charité. Il est rare de nos jours entre les chrétiens !
Ou : « être plein de courage à votre sujet »