Verset à verset Double colonne
1 Et il arriva, lorsque l’Éternel fit monter Élie au ciel dans le tourbillon, qu’Élie, avec Élisée, partit de Guilgal.Ce verset est comme le titre du récit suivant.
Le tourbillon. L’article signifie peut-être simplement : le tourbillon que Dieu employa dans ce cas ; ou bien il désigne le tourbillon en général, dans le sens de : un tourbillon.
De Guilgal. Le mot descendirent, au verset 2, ne permet pas de penser au Guilgal de la plaine, du Jourdain, près de Jéricho. Il s’agit donc de celui dont il est parlé Josué 9.6. Voir note.
Reste ici. Élie désire être seul, soit par besoin de recueillement, soit par humilité.
Béthel. Le culte du veau d’or dans ce lieu n’avait pas empêché la présence d’une école de prophètes.
Aussi vrai que… Plus Élie désire se soustraire à la vue des hommes, plus Élisée sent le besoin de s’attacher à lui.
Les fils des prophètes. Voir 1 Samuel 10.5, note. Comment connaissaient-ils ce qui allait se passer ? Une révélation accordée à l’un d’eux, aussi bien qu’à Élisée, les en avait sans doute avertis. Comprenant toute la grandeur de cet événement, ils n’en parlent que sous le sceau du mystère.
Cette course d’Élie était son dernier adieu à ses fils spirituels, parmi lesquels Élisée était comme l’aîné.
T’enlever ton maître, littéralement. prendre ton maître d’au-dessus de ta tête, ce qui inclut une ascension.
À Jéricho. Sur cette ville, voir 1 Rois 16.34, note.
Vis-à-vis : ayant le Jourdain en face d’eux, à quelque distance et les yeux dirigés vers les deux prophètes qu’ils n’osent suivre de trop près.
Une double part : non le double de ce qu’avait possédé Élie, mais une double portion de l’héritage que, comme père spirituel, il laisse à ses enfants, les prophètes. Élisée demande à être traité comme le fils aîné (Deutéronome 21.17).
Ton Esprit. L’Esprit de Dieu tel qu’il se manifestait chez Élie ; esprit de zèle brûlant et de force sainte, en rapport avec les besoins du peuple à cette époque.
Une chose difficile. Élie savait par quelles expériences il avait été amené à posséder l’Esprit qui l’avait soutenu dans son ministère et il comprend le travail par lequel Élisée devra passer pour être élevé à la même hauteur.
Si tu me vois enlever… Dieu te juge digne d’être, toi seul entre tous les fils des prophètes, témoin du fait qui va se passer, ce sera pour toi la preuve qu’il t’accorde la demande que tu lui fais.
Il ne peut s’agir ici d’un tourbillon ordinaire accompagné d’éclairs et de coups de foudre et dans lequel Élisée aurait cru voir un chariot et des chevaux de feu. Car ce tourbillon passe entre lui et Élie. Mais il s’agit d’un phénomène surnaturel auquel fut donnée la forme symbolique ainsi décrite. Cette forme était en rapport avec l’enlèvement qu’elle devait figurer.
Vers le ciel : le ciel comme symbole visible de la sphère de vie supérieure dans laquelle Élie est élevé sans avoir passé par la mort.
La présence d’Élie au sein du peuple valait toute une armée.
Les déchira : signe de deuil ordinaire en Israël, mais cela signifie en même temps la substitution à l’ancien vêtement du vêtement qui figure la charge nouvelle à laquelle il est appelé.
La charge d’Élie lui est transmise ; il veut expérimenter aussitôt si elle est accompagnée du même pouvoir qui a donné efficacité au ministère de son maître.
Où est l’Éternel ? S’il est ici avec moi, qu’il fasse pour moi ce qu’il a fait pour Élie !
Oui, lui-même ? Il nous le faut ici, lui, lui-même, lui vivant, lui qui reste après qu’Élie nous a quittés.
Ils le reconnaissent comme leur directeur futur.
Ils pensent bien que l’esprit d’Élie a été enlevé dans le séjour divin, mais ils craignent que son corps ne soit retombé sur la terre et veulent l’ensevelir. Élisée voit là une atteinte à la grandeur du miracle dont Dieu a honoré Élie.
Sur la lettre adressée par Élie à Joram de Juda, fils de Josaphat, d’après 2 Chroniques 21.12 et suivants, voir à ce passage.
L’auteur de l’Ecclésiastique (48.1) a dit d’Élie que ce prophète parut comme un feu et que sa parole brûlait comme une flamme. Une telle apparition était appelée par l’état du peuple qui menaçait de se confondre entièrement avec les nations idolâtres qui l’entouraient. Il s’agissait de relever la muraille du monothéisme et de la loi mosaïque qui tombait en ruines dans le royaume du nord. Si nous tenons compte de cette situation critique, les interventions divines extraordinaires qui ont signalé le ministère d’Élie nous paraîtront naturelles, nécessaires même, aussi bien que celles qui ont caractérisé celui de Moïse, dont Élie a maintenu et sauvé l’œuvre. Son enlèvement final a répondu à cette vie passée dans le commerce de Dieu et résumée dans ces mots : L’Éternel devant lequel je me tiens. Élie est en quelque sorte l’Hénoc de l’ère théocratique et son enlèvement, le lien entre celui d’Hénoc et l’ascension de Jésus-Christ.
Le séjour de la ville est bon. Située dans la profonde dépression du Ghôr, Jéricho, la ville des palmiers (Deutéronome 34.3), jouissait d’un climat tropical et Josèphe appelle la contrée environnante un pays divin.
Les eaux : probablement l’Aïn-es-Sultan ou source du sultan, qui jaillit, à deux kilomètres au nord-ouest de Jéricho, au pied d’une petite chaîne de collines, à quelque distance à l’est de la montagne de la Quarantaine. Les chrétiens aiment à appeler cette source la fontaine d’Élisée. Elle sort de terre avec une température de vingt-trois degrés centigrade. C’est à elle qu’était due pour une bonne part la fertilité du pays, mais on peut conclure des paroles du prophète au verset 21 qu’elle avait cependant des propriétés fâcheuses et qu’en particulier elle provoquait des avortements.
Une écuelle neuve et par là digne de l’usage saint qui allait en être fait.
Du sel. Ce sel n’est pas le moyen de l’assainissement des eaux, puisqu’elles furent changées d’une manière permanente, mais le symbole de l’action divine qui opéra cette purification.
Le prophète donne gloire à Dieu ; le narrateur (verset 22) relève la part du prophète dans ce miracle.
De jeunes garçons. Même expression que 1 Rois 3.7 ; ce sont des jeunes gens déjà en âge de responsabilité.
Monte : allusion non à l’ascension d’Élie, mais à la montée qui conduisait à Béthel et dont parle le commencement du verset.
Chauve. Nous ne savons par quelle raison Élisée était atteint de calvitie, car il était encore jeune, puisqu’il vécut environ soixante ans après cet événement. Mais ce défaut parait avoir été un déshonneur, comme une belle et abondante chevelure était un honneur. Béthel était le centre du culte du veau d’or et de l’hostilité contre le service et les prophètes de l’Éternel. Retenue par l’autorité d’Élie cette opposition se déchaîne contre Élisée, qui n’avait pas encore fait ses preuves.
Et les vit : constata leur âge.
Au nom de l’Éternel : ce n’était pas une vengeance personnelle.
Deux ourses. Voir sur la redoutable colère de ces animaux Proverbes 17.12 ; Osée 13.8 ; Daniel 7.5.
Déchirèrent et non dévorèrent.
Carmel : dans la solitude, pour se fortifier en Dieu ; à Samarie : où, comme théâtre de son activité, il avait son domicile (2 Rois 6.32).
Les miracles de bénédiction et de malédiction qui viennent d’être rapportés, furent la légitimation du minisière d’Élisée, comme continuation de celui d’Élie, soit aux yeux des prophètes, soit aux yeux du peuple.