Verset à verset Double colonne
Le désir de David de bâtir un temple à l’Éternel, au lieu de l’ancien sanctuaire qui était tombé en désuétude et de la tente provisoire qu’il avait élevée à Jérusalem, se rattachait naturellement à la nouvelle situation créée par l’établissement de sa résidence et par le transport de l’arche dans cette ville. C’est ce désir, exprimé au prophète Nathan, qui a provoqué l’une des scènes les plus importantes de sa vie, On peut dire que toutes les promesses messianiques prononcées plus tard par les prophètes reposent sur le message divin adressé à David en cette circonstance par le prophète. La famille de David est installée par l’Éternel comme dépositaire irrévocable de la royauté messianique par laquelle doit être réalisée cette promesse faite à Abraham : Toutes les nations de la terre seront bénies en ta postérité. En même temps la série des antiques promesses messianiques aboutit ici à son terme. En dedans de la famille de Noé avait été choisie la descendance de Sem, dans le sein de celle-ci, la famille d’Abraham, en dedans de cette dernière, la famille d’Isaac, puis celle de Jacob ; au milieu de celle-ci la tribu de Juda avait été mise au premier rang et maintenant, en dedans de la tribu de Juda, est désignée, comme élue à toujours, la famille de David.
Il ne nous paraît pas que cet événement soit raconté ici à sa place chronologique. Il est dit aux versets 4 et 9 qu’il n’eut lieu qu’après que l’Éternel eut donné du repos à David en abaissant tous ses ennemis a l’entour de lui. Or les chapitres suivants racontent plusieurs guerres que David eut à soutenir. Puis cette parole de David : J’habite dans une maison de cèdres, suppose une époque de son règne plus avancée que les premiers temps si agités dans lesquels se sont passés les faits précédents.
Nathan : le prophète qui, avec Gad, eut la plus grande influence sur le règne de David.
Maison de cèdre. Voir 2 Samuel 5.14.
Un prophète lui-même peut se tromper lorsqu’il parle avant d’avoir entendu (Jean 5.20 ; Jean 5.30). Nous constatons ici clairement la distinction entre la parole du prophète comme simple homme et sa parole comme organe de Dieu (comparez 1 Samuel 16.6-7). Dans ce second cas, la décision prophétique est si peu l’expression du sentiment personnel de celui qui l’énonce, qu’elle peut même y être directement opposée, comme cela arrive en cette circonstance.
Car je n’ai point habité… Je n’ai point eu besoin jusqu’ici d’une demeure somptueuse au milieu de mon peuple pour habiter avec lui et lui faire sentir ma présence.
Tente…, tabernacle… : les tentures et la charpente qui les soutenait.
Ai-je dit un mot ? Me suis-je jamais plaint de ce que vous ne m’ayez pas bâti une demeure digne de moi, ou vous ai-je demandé de le faire ?
À quelqu’un des chefs d’Israël. Le mot hébreu peut signifier aussi : à quelqu’une des tribus d’Israël, expression qui se rapporterait à l’hégémonie qu’ont successivement exercée différentes tribus sur le reste du peuple, à mesure que l’Éternel choisissait un juge dans le sein de l’une d’elles.
Cette parole n’est pas destinée à repousser le projet de David, mais à purifier l’esprit dans lequel il pouvait être conçu, comme s’il s’agissait de rendre service à Dieu. David doit comprendre que ce ne sera pas lui qui rendra un service à Dieu, en lui offrant une demeure, mais que ce sera Dieu qui l’honorera en acceptant cet hommage (Actes 17.24).
Dieu est celui qui l’a prévenu de toutes manières et qui l’a gratuitement béni dans l’élévation merveilleuse qu’il lui a accordée jusqu’à ce moment et ce sera encore gratuitement qu’il y ajoutera le dernier bienfait qu’il lui réserve et qu’il lui annonce en ce moment par la bouche de Nathan (verset 11).
Pâturage. Voir 1 Samuel 16.11.
L’Éternel t’établira une maison. En hébreu, comme en français, le mot maison peut désigner une dynastie aussi bien qu’un édifice. Cette promesse joue évidemment sur le double sens du mot.
La promesse se rapporte avant tout à l’élévation du fils sur le trône de son père, comme le prouvent le verset 13 et les paroles parallèles de 1 Chroniques 28.5-6 ; mais en même temps il est manifeste que, dans la personne de Salomon, est comprise sa descendance tout entière, car les versets 14 à 16 n’ont de sens qu’en admettant l’extension de cette promesse à toute la race de David.
J’élèverai : sur ton trône.
Celui qui sortira. Ces mots n’impliquent pas nécessairement qu’au moment où Nathan parlait, Salomon ne fût pas encore né ; car on peut traduire : Celui qui sera sorti. L’idée sur laquelle cette expression appuie, est en tout cas celle-ci : ton propre fils, ta chair et ton sang. Le règne reste tien en la personne de ton fils.
C’est lui qui bâtira. La maison de l’Éternel était le symbole du repos de Dieu sur la terre et de celui de la terre en Dieu. Elle devait être bâtie dans un temps de paix et non au milieu d’agitations et de guerres continuelles, comme fut le règne de David. Ce motif n’est pas allégué ici par Nathan, mais il est développé à plusieurs reprises par David lui-même dans le premier livre des Chroniques (1 Chroniques 22.8 ; 1 Chroniques 28.3) et comme une déclaration qui lui a été faite par l’Éternel, sans que nous sachions si ce fut directement ou bien par l’intermédiaire de Nathan ou de quelque autre prophète. Comparez 1 Chroniques 22.9 : Un fils va te naître, qui sera un homme de paix.
Pour toujours. Ce mot implique l’application de cette promesse à la postérité de Salomon, y compris le Messie dont le règne est seul éternel (comparez verset 16 et Luc 1.32-33).
Si cette postérité de David, à partir de Salomon lui-même, devient infidèle, elle sera châtiée, mais non retranchée tout à fait, comme l’a été Saül et sa famille.
Père. La relation de père et fils comprend non seulement la protection, mais aussi l’éducation, par conséquent les châtiments.
Verge d’hommes : telle que les hommes peuvent l’infliger. L’homme ne peut aller jusqu’à supprimer de son chef une famille, comme on le voit par l’insuccès de Saül avec la famille d’Ahimélec ou celui d’Athalie avec celle de Joram.
Devant toi. On a souvent voulu corriger ces mots en : devant moi. Mais ils peuvent s’appliquer à David, désormais certain de l’indestructibilité de sa maison.
Toute cette vision. Dieu avait parlé à Nathan, non en songe seulement, mais sous la forme plus réelle encore de la vision.
Deux sentiments inspirent cette prière : l’humiliation et la reconnaissance. David sent vivement que cette heure est l’heure suprême de sa vie, celle qui en résume tout le passé et en renferme tout l’avenir.
Et ce serait là… On a compris ces mots d’une foule de manières. Notre traduction signifie : Est-ce bien là ce qui est destiné à un homme ? N’est-ce pas trop pour une si infime créature : un règne éternel !
Tu connais. Tu lis toi-même toute la reconnaissance qui est dans mon cœur.
Je ne puis m’attribuer en aucune façon de pareilles grâces ; elles sont uniquement l’effet de ta libre volonté, l’accomplissement de tes promesses faites à nos pères, promesses absolument gratuites (selon ton cœur).
Après l’action de grâces, la prière.
Fais comme tu as dit. L’homme doit, par un amen solennel, ratifier la promesse divine et travailler à son accomplissement en se l’appropriant personnellement.
David ne pense point seulement à ce qui le concerne, lui et sa famille, dans ce qui vient de se passer ; son regard se porte aussi sur tout son peuple : il pense à la gloire qui rejaillira de cette dispensation divine sur Israël et, en retour, sur l’Éternel lui-même qui se manifeste d’une manière si éclatante comme son Dieu.