Verset à verset Double colonne
Encouragement au combat et à la souffrance
Pour cela, Timothée doit se fortifier dans la grâce et transmettre fidèlement à d’autres les enseignements de l’apôtre (1, 2).
Trois comparaisons lui montreront comment il doit combattre et être prêt à tout souffrir : comme un soldat, il doit n’être pas embarrassé des affaires de la vie, comme l’athlète dans la lice, lutter selon les lois établies, comme le laboureur, travailler avant de récolter (3-7).
Il doit bien considérer ces vérités, et, pour son encouragement, se souvenir toujours de Jésus-Christ ressuscité ; il a aussi sous les yeux l’exemple de Paul, qui souffre jusqu’à être lié comme un malfaiteur, et cela, pour l’amour des élus, qu’il s’agit d’amener au salut et à la gloire éternelle (8-10).
Cette destinée est celle de tous les chrétiens : souffrir et mourir avec Christ, pour vivre et régner avec lui ; mais ceux qui le renient par incrédulité seront reniés de lui (11-13).
Toi donc…« en considération des exemples que je viens de citer, imitant celui d’Onésiphore, fuyant ceux de Phygelle et Hermogène… » (2 Timothée 1.15-18).
La grâce qui est en Jésus-Christ, la pleine possession du salut qu’il a accompli, telle est la force du serviteur de Dieu. Plus il se pénètre de cette grâce, moins il se confie en lui-même, plus aussi il est préparé au combat (2 Timothée 2.3).
Par ces témoins, les uns entendent ceux qui avaient assisté avec Timothée aux instructions de l’apôtre, à sa prédication ; d’autres, avec plus de raison, comprennent par là les anciens en présence de qui ce disciple avait fait sa profession de christianisme (1 Timothée 6.12) et qui lui avaient imposé les mains (1 Timothée 4.14 ; 2 Timothée 1.6).
C’est ce qui l’autorisait à commettre ces choses à d’autres.
Grec : « d’en instruire aussi d’autres ».
Il n’y a dans cette commission de Paul à Timothée pas un mot qui permette de penser que ce dernier recevait par là le pouvoir d’instituer lui-même des anciens, sans l’assentiment des Églises, comme on l’a trop souvent prétendu.
Toute ce que l’apôtre recommande à son disciple, c’est de transmettre à d’autres les enseignements qu’il a entendus de lui.
Que ces enseignements concernassent surtout les devoirs des anciens, aptes eux-mêmes à enseigner, c’est ce qui est évident ; mais cela ne prouve nullement que Timothée pût les revêtir de ces charges de sa propre autorité, lui qui, bien que choisi par l’apôtre Paul, n’en avait pas moins reçu l’imposition des mains par tout le corps des anciens (1 Timothée 4.14).
Le serviteur de Jésus-Christ doit donc, pour plaire au Chef, pour lui donner tout son temps, toutes ses forces et même sa vie, n’être point embarrassé par les choses de ce monde, par des occupations étrangères à sa vocation (1 Corinthiens 7.29-34).
Cette seconde image, différente de la précédente (2 Timothée 2.4), est empruntée aux combats de la lice, où aucun athlète n’était couronné s’il n’avait combattu selon les lois prescrites.
Ces lois, pour le serviteur de Jésus-Christ, sont celles que lui dictent la Parole et l’Esprit de Dieu : il doit combattre selon la vérité, la charité, l’humilité, surtout en ne recherchant que la gloire de Dieu dont il attend la couronne (comparer 1 Corinthiens 9.25-27).
Troisième image, destinée à inspirer au serviteur de Dieu cette patience de la foi, qui travaille avec constance avant de recueillir les fruits de son travail et même sans en voir aucun fruit. La récompense est réservée pour le ciel ; la terre est le lieu du combat, de l’activité, de la souffrance.
Voici quel est le sens littéral du grec : « Le laboureur qui prend de la peine doit participer le premier aux fruits ». C’est bien là son droit, mais le droit de celui qui prend de la peine, qui laboure sons champ. En sorte qu’il n’est point ici question de cette autre vérité que « l’ouvrier est digne de son salaire » et que, pour le sens, cette version littérale revient à celle que nous laissons subsister dans le texte.
La dernière image que Paul a employée réveille dans l’esprit tout un ordre de pensées relatives aux glorieuses promesses faites aux serviteurs fidèles (Daniel 12.3 ; Matthieu 19.28 ; Matthieu 25.21), à la peine, à la patience, aux renoncements qui sont inséparables de leur vocation : voilà ce que Timothée doit considérer, méditer encore pour son encouragement, avec cette intelligence que le Seigneur lui donnera.
Le texte reçu exprime cette dernière pensée sous la forme d’un vœu : « Que le Seigneur te donne l’intelligence ». Cette leçon n’est pas autorisée, la particule car aurait dû déjà en avertir ; elle motive par une promesse précieuse le devoir de considérer.
Le plus salutaire encouragement qu’un serviteur de Dieu puisse trouver dans ses épreuves, c’est la contemplation de son Sauveur, né comme nous sur la terre, de la race appauvrie de David (Romains 1.3), souffrant et toujours renonçant à lui-même, mais dont les combats ont été couronnés par sa glorieuse résurrection et par toutes les félicités du ciel.
Cette contemplation fortifie d’autant plus la foi et le dévouement de ses serviteurs, que Jésus-Christ n’est pas seulement leur modèle, mais que, maintenant ressuscité des morts et glorifié, il est la source de cette puissance de résurrection et de vie qui s’accomplit en eux comme elle triompha en lui-même.
C’est de ce Sauveur ressuscité qu’ils doivent se souvenir sans cesse (Romains 6.3 et suivants ; Galates 2.20).
Par ces mots : mon Évangile (Romains 2.16 ; Romains 16.25), l’apôtre oppose l’Évangile qu’il prêche à toute fausse doctrine ; c’est, comme il le dit ailleurs, « l’Évangile qui m’a été confié » (1 Timothée 1.11 ; comparez Romains 2.16, note).
Même les souffrances de Paul et cet opprobre d’être lié comme un malfaiteur tournaient à la gloire de l’Évangile et au salut éternel des élus.
Toutes les souffrances d’un tel martyr, en faisant triompher la vérité, facilitent la victoire à ceux qui le suivent dans la carrière et son exemple remplit de consolation et de courage ceux qui en sont témoins (2 Corinthiens 1.5-7, note ; Philippiens 1.12-14 ; Colossiens 1.24).
Qui pourrait lier la parole de Dieu ? Quelle sainte ironie il y a dans ce mot ! Et comme il dénonce la folie des ennemis de Dieu et de sa vérité !
Cette parole est certaine (comparez 1 Timothée 1.15 ; 1 Timothée 2.1) ; il faut suivre Jésus-Christ en toutes choses et jusque dans ses souffrances et dans sa mort, pour parvenir là où il est, dans la vie du ciel et dans son règne glorieux, auquel il veut associer ses rachetés. Aucun autre chemin n’y conduit que celui qu’il a suivi lui-même.
Ainsi, par humiliation à la gloire, par la mort à la vie, telle est la devise du chrétien (comparer Romains 6.18, note ; Romains 8.17, note ; Galates 2.20, note ; Colossiens 1.24, note ; Philippiens 3.10, note).
Il faut remarquer encore sur ces paroles :
Matthieu 10.33 ; comparez Matthieu 7.23 ; Luc 13.25-27. Quiconque, en entendant de telles paroles, n’éprouve pas un saint tremblement, n’a jamais compris ou jamais cru ce qu’elles renferment ! Cette sentence est juste l’opposée des deux précédentes.
Si nous sommes infidèles, ou, selon l’original, « si nous ne croyons pas », Dieu n’en reste pas moins ce qu’il est ; il demeure fidèle à ses promesses et à ses menaces, qu’il ne peut renier parce que ce serait se renier lui-même.
Ainsi, à nous toute la responsabilité !
Les hommes peuvent manquer à Dieu, mais Dieu ne peut manquer à lui-même. S’ils se rendent indignes par leur lâcheté de coopérer à ses desseins et de travailler à ses œuvres, il saura bien accomplir sans eux ses œuvres et ses desseins et tire même sa gloire de leur infidélité.
Il doit protester contre les disputes de mots, se rendre approuvé de Dieu, dispenser droitement la Parole, réprouver les discours vains et profanes, tels que ceux d’Hyménée et de Philète qui ont abandonné la vérité en niant la résurrection (14-18).
Toutefois le fondement posé par Dieu demeure ferme ; il connaît les siens et les sanctifie, faisant d’eux des vases à honneur pour son service (19-21).
En fuyant les désirs de la jeunesse et se revêtant de toutes les vertus de la vie chrétienne, Timothée doit rejeter les questions folles et inutiles, éviter les contestations, instruire avec douceur les adversaires, dans l’espoir que Dieu leur donnera la repentance, pour connaître la vérité et échapper aux pièges du démon (22-26).
C’est-à-dire des sérieuses vérités qu’il vient de rappeler dans les versets précédents, par opposition aux « disputes de mots » qu’il va condamner.
Grec : « ce qui n’est utile à rien, sinon au renversement (ou à la ruine) de ceux qui les écoutent ». Si tel est le résultat des disputes de mots (comparez 1 Timothée 6.4, note), que faut-il attendre, de nos jours, de la plus grande partie des discussions théologiques ?
Littéralement : « Ouvrier qui n’a aucun sujet de honte (ou de confusion) et qui coupe droitement la Parole de la vérité ».
Les uns pensent, avec Calvin, que cette expression figurée fait allusion à un père de famille, qui coupe et distribue à chacun des siens la part de nourriture qui lui convient.
D’autres la rapprochent de cette locution très usitée chez les Grecs : couper droit son chemin, pour dire : choisir la bonne route et y persévérer courageusement, au travers de tous les obstacles.
Le chemin, ici, c’est la Parole de la vérité ; Timothée l’a choisi ; il n’a plus qu’à y marcher sans dévier, comme un voyageur qui sait où le conduit le chemin qu’il suit.
Comparer 2 Timothée 2.14 ; 1 Timothée 4.7 ; 1 Timothée 6.20, note.
Il y a un progrès, inévitable dans l’erreur qui produit l’impiété, comme dans la vérité d’où ressort la sanctification. L’apôtre en fournit la preuve dans les deux exemples qu’il va citer.
Quelle énergie et quelle vérité dans cette image (comparer 1 Timothée 1.10, note) !
Le corps que ronge l’erreur, c’est l’Église, ou l’âme qui en est atteinte.
Hyménée n’est connu que par 1 Timothée 1.20, Philète ne l’est pas du tout.
Les données historiques nous manquent pour établir quelle était leur doctrine et pour comprendre même quelle est exactement l’erreur que l’apôtre leur reproche ici. Celle-ci paraît avoir eu pour point de départ un faux spiritualisme.
Ils prétendaient que la résurrection avait déjà eu lieu, c’est-à-dire que, niant la résurrection du corps et la vie future, ils enseignaient que l’homme ressuscite spirituellement et dès ici-bas, pour vivre dans une immortalité fantastique (comparer 1 Corinthiens 15.12, note).
Ces erreurs se retrouvent plus tard dans tous les systèmes des gnostiques. Paul en indique ici et peut-être déjà dans 1 Corinthiens 15 les premiers germes. Ces aberrations supposent une méconnaissance complète du péché et de la rédemption accomplie par la mort et la résurrection de Christ.
Il peut bien arriver et il arrive malheureusement toujours, que l’erreur « renverse la foi de quelques-uns » (2 Timothée 2.18) ; mais le solide fondement que Dieu lui-même a posé et sur lequel repose la foi de l’Église ne peut jamais être ébranlé ; il se retrouve debout après toutes les tempêtes.
Ce fondement, quel est-il ? On a fait à cette question diverses réponses ; il n’y en a qu’une à faire et qui est de l’apôtre lui-même : C’est Jésus-Christ et l’Évangile de sa grâce (1 Corinthiens 3.11 ; Éphésiens 2.20).
On grave sur les monuments des inscriptions qui en marquent la destination, qui en sont le sceau : « l’inébranlable fondement de Dieu » porte aussi les deux inscriptions significatives que Paul cite ici.
La première nous rappelle que cette triste confusion de la vérité et de l’erreur, des justes et des impies, qui souvent afflige notre âme et ébranle notre foi, n’existe pas pour Dieu : il connaît les siens (Nombres 16.5 ; Jean 10.14), et il saura les préserver de tout mal pour la vie éternelle.
La seconde établit la règle infaillible d’après laquelle nous pouvons juger et de nous-mêmes et des autres : Quiconque invoque le nom du Seigneur, le reconnaît pour son Sauveur, fait profession de lui appartenir et ne se retire pas de l’injustice, se séduit lui-même (1 Jean 1.6 ; comparez Ésaïe 52.11) La première de ces sentences est propre à rassurer le croyant, la seconde à produire une crainte salutaire.
Encore une pensée qui doit calmer les craintes des vrais croyants à la vue du mal qui se glisse dans l’Église.
L’image dont l’apôtre revêt ici sa pensée (2 Timothée 2.20), et qu’il emploie ailleurs dans un sens un peu différent (Romains 9.21), signifie que, vu l’état de péché où le monde est plongé, il est impossible que le mélange du bien et du mal cesse ici-bas et il en conclut seulement, pour chaque disciple de Jésus-Christ, le devoir sacré de veiller, afin de se purifier de ces choses-là, c’est-à-dire de ce dont il a parlé 2 Timothée 2.16-18. En le faisant, il sera un vase à honneur pour le service de son Dieu et préparé pour toute bonne œuvre, quelque corruption qui puisse régner autour de lui.
Ce qui ne veut point dire que l’Église doive assister, avec une passive indifférence, à l’invasion de l’erreur et du péché dans son propre sein et y souffrir des hommes tels qu’Hyménée et Philète. Paul lui-même déclare qu’il les a exclus de la communion des chrétiens (1 Timothée 1.20).
Toutes ces vertus, qui font le vrai serviteur de Dieu, que Paul a recommandées déjà à son disciple (1 Timothée 6.11), et qu’il oppose aux désirs de la jeunesse (grec : désirs juvéniles), montrent assez que, par ces derniers, il n’entend pas exclusivement, ni même principalement, parle des passions sensuelles, ce qui aurait lieu d’étonner dans une exhortation adressée à Timothée, qui n’était plus dans la première jeunesse et dont le caractère chrétien était éprouvé.
Paul a en vue d’autres dispositions qui sont la tentation habituelle d’hommes jeunes encore et occupant dans l’Église un rang élevé : ainsi l’orgueil caché, l’ambition, l’amour de la domination, la recherche fiévreuse de toute sorte de changements.
L’âge apostolique inclinait alors vers sa fin, d’autres temps commençaient pour l’Église ; des novateurs y paraissaient avec l’assurance qui les distingue toujours, prétendant apporter des vues plus spirituelles, plus profondes sur le christianisme ; il était bien difficile, pour les successeurs immédiats des apôtres, de se préserver purs et fermes sous la pression de ces tendances erronées et cette exhortation d’un homme de Dieu qui s’en va au martyre n’a rien que de très fondé sur l’expérience.
Invoquer le nom du Seigneur (Jésus-Christ) est le signe auquel se reconnaissent les chrétiens (comparer 2 Timothée 2.19, où le texte reçu lit « le nom de Christ » et 1 Corinthiens 1.2). C’est dans ses relations avec eux que Timothée doit rechercher (grec : « poursuivre ») la justice, la charité et la paix.
(2 Timothée 2.16 ; 1 Timothée 1.4 ; 1 Timothée 6.4-20) La liaison de ce verset avec celui qui précède, par une simple particule adversative (mais), prouve aussi qu’il faut interpréter le verset précédent dans le sens indiqué (comparer encore à cet égard 2 Timothée 2.24-26).
1 Timothée 3.2. Edifiant l’Église, plutôt par l’enseignement positif de la vérité que par les controverses et montrant à tous cette tendre sollicitude dont Paul avait fait preuve dans son ministère : 1 Thessaloniciens 2.7.
La repentance pour connaître la vérité ; quelle profondeur d’expérience il y a dans le rapport de ces deux mots, de ces deux choses !
Le mot rendu par se dégager et qui ne se trouve qu’ici, signifie proprement : revenir au bon sens, par opposition à la folie, ou à la sobriété, par opposition à l’ivresse.
Cette folie, cette ivresse sont les instruments de Satan, pour soumettre les esprits à sa volonté.
On revient de cet esclavage par la repentance ou le changement du cœur. Suivant d’autres celui qui les aurait pris pour faire sa volonté serait Dieu (2 Timothée 2.25).
Que de sagesse et d’amour dans la manière dont l’apôtre veut que son disciple traite ceux qui errent ainsi (2 Timothée 2.24-26) !
Jamais d’emportement dans la défense de la vérité, ni d’aigreur dans la correction du pécheur. Qui le regarde, non comme un frère égaré, opposera à l’erreur et au péché la vigueur de l’autorité et la force de la doctrine ; amis il gagnera l’hérétique et le pécheur par la douceur et la condescendance de la charité. Celui qui comprend bien que la foi et la repentance sont un don de Dieu, combien sont puissantes les illusions, nombreux les artifices du diable et quelle est la captivité du péché, loin d’insulter au pécheur, aura compassion de sa misère. Adorons la miséricorde de Dieu sur nous-mêmes, espérons-la pour les plus grands pécheurs ; craignons pour nous, prions pour eux.