Verset à verset Double colonne
Timothée doit remplir fidèlement son ministère
Paul adjure son disciple de prêcher en tout temps la Parole (1, 2).
Cela est nécessaire car un temps viendra, où, même dans l’Église, les hommes ne supporteront point la saine doctrine, mais établiront des docteurs qui leur parlent selon leurs propres convoitises et préféreront des fables à la vérité ; que Timothée donc endure les souffrances et fasse l’œuvre d’un bon évangéliste (3-5).
C’est ainsi que nous traduisons d’après une variante qui a pour elle la plupart des autorités et est admise par les critiques les plus éminents.
Le texte reçu porte : « selon son apparition et son règne », c’est-à-dire quand il apparaîtra dans son règne. Quoi qu’il en soit, la pensée du retour de Christ et de son règne glorieux, ainsi appelée en témoignage, avec celle du jugement des vivants et des morts, devait ajouter un grand poids à la solennelle adjuration que l’apôtre prononce, en y faisant intervenir le nom de Dieu et de Jésus-Christ. 2 Timothée 4.2 indique l’objet de cette adjuration.
En tout temps, que les circonstances te paraissent favorables ou fâcheuses, que tu y sois disposé ou que tu y répugnes, que l’on t’entende volontiers ou à contrecœur, prêche la Parole.
Que dirait donc l’apôtre d’un prédicateur qui laisserait lier sa parole à certains lieux, certains jours, certaines heures, certaines formes, en dehors desquels sa mission ne serait plus légitime et dans le bon ordre !
Toute cette activité, qui exige tant de fidélité et de force, ne doit jamais s’accomplir dans un zèle amer, mais avec des sentiments de compassion et de douceur pour ceux qui errent. Et il ne s’agit pas, afin de les ramener et de les édifier, de faire sur eux une passagère impression, mais de les éclairer par l’instruction. D’autres traduisent avec doctrine, selon la vérité de l’Évangile (2 Timothée 4.3).
Comparer 1 Timothée 1.10, note.
Ce temps qui doit venir, c’est ce que l’apôtre appelle ailleurs « les derniers jours » (2 Timothée 3.1 ; 1 Timothée 4.1).
Sur la saine doctrine, comparez 1 Timothée 1.10, note.
Ou « propres convoitises »
Ces faux docteurs se trouveront en très grand nombre, car l’apôtre dit proprement : ils les amoncelleront, et cela, comme ce mot l’indique encore, sans discernement.
Une démangeaison d’entendre des choses agréables rend bien, par une périphrase, la pensée de l’apôtre ; mais il dit littéralement, en réunissant 2 Timothée 4.3 et 2 Timothée 4.4 « Ils ne supporteront point la saine doctrine,…étant chatouillés d’ouïe, ils s’assembleront des docteurs selon leurs convoitises et ils détourneront l’ouïe de la vérité ». En sorte que ce mot : chatouillés d’ouïe correspond à celui-ci : leurs propres convoitises et forme un contraste absolu avec la vérité.
Comparer 1 Timothée 1.4, note ; 2 Timothée 4.7, note.
C’est ainsi qu’on appelait, déjà alors, des ministres missionnaires sans poste fixe, allant de lieu en lieu pour prêcher et édifier (Éphésiens 4.11 ; Actes 21.8).
Mais ici on sent qu’en parlant de l’œuvre d’un évangéliste l’apôtre accentue ce mot et en presse la belle signification : un héraut de la bonne nouvelle.
Paul annonce qu’il va mourir ; mais le Seigneur lui donnera la couronne de justice comme à tous ceux qui auront attendu sa venue (6-8).
Timothée doit venir promptement à Rome, car Paul y est resté seul avec Luc ; en venant, il doit amener Marc et lui apporter les effets qu’il a laissés à Troas (9-13).
Alexandre a fait beaucoup de mal à Paul ; il en recevra le châtiment ; Timothée doit se garder de lui (14, 15).
Dans sa première défense, tous ont abandonné Paul, mais le Seigneur l’a assisté, fortifié, de sorte que tous ont entendu son témoignage ; il l’a délivré du danger et il le délivrera encore de tout mal, jusqu’à la gloire éternelle (16-18).
Salutations, détails personnels, vœu apostolique (19-22).
Le principal motif (car) pour Timothée de rendre son service accompli, c’est que, par suite de la mort imminente de l’apôtre, il va se trouver seul à la tâche et investi d’une plus grande responsabilité.
Grec : « Je sers déjà d’aspersion », touchante expression dont l’image est empruntée aux usages des sacrifices (comparer Philippiens 2.17, note). Le présent indique que l’apôtre considère sa mort comme résolue, certaine. Quel argument à l’appui de son exhortation (2 Timothée 4.5) !
Comparer 1 Timothée 6.12, note.
Comparer Actes 20.24. Son espoir d’alors est maintenant réalisé.
Ces mots : couronne de justice, juste Juge, ne signifient point que Paul attendît cette gloire comme une justice qui lui fût due ; mais il était assuré que le même Dieu qui lui avait fait les promesses de sa grâce est fidèle et juste pour les accomplir (1 Jean 1.9, note ; comparez Hébreux 6.10).
Cette justice est en son Dieu, non en lui-même ; de là sa parfaite assurance. Peut-être aussi Paul oppose-t-il cette justice divine à la cruelle injustice des hommes qui allaient le mettre à mort.
L’image d’une couronne, par laquelle il exprime la gloire du ciel pour continuer l’image du 2 Timothée 4.7, le prix du combat, de la course, revient souvent dans les écrits apostoliques (1 Corinthiens 9.25 ; Jacques 1.12 ; 1 Pierre 5.4 ; Apocalypse 2.10).
Quelle consolation, à la mort, quand ce n’est point la présomption des propres mérites, mais un sentiment humble et reconnaissant de la miséricorde de Dieu et de la grâce de Jésus-Christ qui force de parler ainsi. On va à la mort comme à la victoire, quand on a bien combattu toute sa vie. Ce n’est pas un homme qui parle ici, c’est la charité d’un apôtre qui encourage son disciple, c’est le tendresse d’un père qui console son fils, c’est l’humilité d’un chrétien qui rend gloire à Dieu.
L’apôtre donne ici un signe magnifique auquel on doit reconnaître les fidèles : c’est qu’ils aiment l’apparition de Jésus-Christ. Et certainement, partout où il y a une foi vivante, elle ne permet pas aux cœurs de se refroidir dans le monde, mais elle les élève à l’espérance de la résurrection. Il montre donc aussi que tous ceux qui sont adonnés au monde, qui aiment cette vie fugitive, qui se soucient peu du retour de Christ, qui ne désirent point sa présence, se privent par là de la gloire immortelle. Malheur donc à cette torpeur qui pèse sur nous, qui nous empêche de penser sérieusement au retour du Seigneur vers lequel devraient tendre tous nos désirs !
Ce même Démas que Paul appelait son « compagnon d’œuvre » (Philémon 1.24 ; comparez Colossiens 4.14) Il avait donc quitté Paul à Rome par crainte des dangers et des renoncements. Raison de plus pour l’apôtre de désirer la présence de son fidèle Timothée (2 Timothée 4.9 ; comparez 2 Timothée 1.4).
Comparer 2 Timothée 4.15, note.
Crescens est un nom inconnu. Tite remplissait probablement cette mission.
Colossiens 4.14.
Colossiens 4.10. Ministère ou (grec) service.
C’est le compagnon de voyage de Paul (Actes 20.4 ; Actes 3.12 ; Éphésiens 6.21 ; Colossiens 4.7).
Tous ces changements survenus dans l’entourage de l’apôtre depuis ses autres lettres de Rome, prouvent que celle-ci fut écrite beaucoup plus tard et parlent pour une seconde captivité (voir l’introduction).
Le mot traduit par manteau signifie aussi un portemanteau, dans lequel, comme on l’a pensé, Paul désirait que Timothée serrât ses livres et ses parchemins pour les lui apporter.
Ces derniers étaient probablement des manuscrits auxquels il attachait un grand prix et dont il voulait disposer avant de mourir.
Ces derniers mots montrent à la fois de quelle nature étaient les maux que cet Alexandre avait causés à l’apôtre et pour quel motif il en parle ici à son disciple. Cela explique aussi les sévères paroles du 2 Timothée 4.14. Si le mal fait à Paul eût été personnel, il l’aurait supporté sans se plaindre ; bien plus, ici même il prie pour des hommes dont il avait eu tant à souffrir (2 Timothée 4.16).
Mais quant à celui qui, par inimitié contre Dieu, a résisté pour lui-même et pour d’autres à la vérité divine, Paul lui dénonce le juste jugement de Dieu, comme il le faisait ailleurs dans les mêmes circonstances (Galates 5.12, note), et il n’y a rien là qui demande un apologie.
Seulement il ne faut pas lire avec le texte reçu : « Que le Seigneur lui rendre selon ses œuvres » ! mais bien : « le Seigneur lui rendra », ce qui est tout autre chose. Ostervald, par une infidélité à son texte, avait déjà trouvé juste sans le savoir.
Dans une première comparution, pendant cette captivité actuelle. Cette défense paraît avoir eu pour résultat de retarder sa condamnation (2 Timothée 4.17), sans pourtant la rendre moins certaine (2 Timothée 4.6).
Les amis d’un accusé, d’après le droit romain, pouvaient paraître avec lui en justice et déposer ce qu’ils savaient en sa faveur ; les amis de Paul eussent pu du moins l’assister de leur sympathie ; mais la peur de l’opprobre ou du danger les avait éloignés.
Comparer 2 Timothée 4.15, note et Actes 7.60.
Accomplissement de la promesse du Seigneur (Matthieu 10.19 ; Matthieu 10.20), dont ses disciples de tous les temps ont si souvent fait la précieuse expérience.
Soit d’un juge qui lui en voulait, soit de Néron, soit simplement du danger, ou, mieux encore, de la mort. C’est ainsi que Calvin entend cette image.
Œuvre mauvaise des adversaires, de leurs embûches. Même s’ils parviennent à le faire mourir, les paroles qui suivent montrent combien l’apôtre du Seigneur se sent élevé au-dessus de leur puissance.
Actes 18.2-3 ; Actes 18.18 ; Actes 18.26 ; Romains 16.3 ; 1 Corinthiens 16.19.
2 Timothée 1.16.
Actes 19.22 ; Romains 16.23.
Actes 20.4 ; Actes 21.29.
Paul, dans son voyage de Césarée à Rome, ne toucha ni à Corinthe ni à Milet ; il s’agit donc d’un autre voyage et d’une autre captivité de l’apôtre (voir l’introduction).
Toutes ces personnes, membres de l’Église de Rome et que Paul avait encore la liberté de voir, ne sont nommées qu’ici. Linus est probablement celui que les Pères de l’Église désignent comme le premier évêque de Rome.
Paul comprend tout particulièrement dans ce dernier vœu, outre son disciple bien-aimé, l’Église d’Éphèse qui lui était chère et à laquelle Timothée communiquait sans doute les lettres de Paul. Combien ce dernier adieu dut être précieux à tous !