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Exode 10
Bible Annotée (interlinéaire)

Verset à verset  Double colonne 

1 Et l’Éternel dit à Moïse : Rends-toi vers Pharaon, car j’ai moi-même appesanti son cœur et le cœur de ses serviteurs, afin de faire au milieu d’eux les signes que tu vas voir,

Huitième plaie : Les sauterelles (1-20)

Cette plaie ne procède pas, comme les précédentes, de l’eau, du sol ou de l’air de l’Égypte ; elle vient du dehors, du désert d’Arabie, à l’est ; Pharaon peut voir par là que le Dieu des Hébreux n’habite pas seulement au milieu de son peuple, mais qu’il règne sur toute la terre.

2 et afin que tu racontes à ton fils et au fils de ton fils mes exploits au milieu des Égyptiens et mes signes opérés au milieu d’eux, et que vous sachiez que je suis l’Éternel.

Afin que tu racontes… Comparez comme exemples de ces récits les Psaumes 78 et 105.

3 Et Moïse et Aaron se rendirent vers Pharaon et lui dirent : Ainsi a dit l’Éternel, Dieu des Hébreux : Jusques à quand refuseras-tu te t’humilier devant moi ? Laisse aller mon peuple, et qu’il me serve ! 4 Car, si tu refuses de laisser aller mon peuple, je vais demain faire venir les sauterelles dans tes Etats,

Les invasions de sauterelles sont un des plus grands fléaux des pays de l’Orient. La Bible parle souvent de leurs ravages (par exemple : 2 Chroniques 7.13). Comparez les notes sur Joël 1.4-6 ; Joël 2.7-9. Aux détails donnés dans ces notes nous ajouterons ce que raconte Barrow dans le récit de ses voyages au sud de l’Afrique. En 1781 et 1797 les sauterelles couvrirent plusieurs centaines de lieues carrées. Elles furent balayées dans la mer par un vent du nord-est, puis rejetées par les vagues sur la côte, où elles formèrent un banc de cadavres haut de plus d’un mètre et long d’environ quatre-vingts kilomètres.

5 et elles couvriront la face de la terre et l’on ne pourra pas voir la terre ; elles dévoreront ce qui est demeuré de reste, ce qui vous a été laissé par la grêle, et elles dévoreront tous les arbres qui vous croissent dans les champs.

Elles dévoreront tous les arbres : pas seulement les feuilles, mais même l’écorce et le bois. Au dire de Pline, elles s’attaquent même aux portes des maisons.

6 Et elles rempliront tes maisons, les maisons de tous tes serviteurs et les maisons de tous les Égyptiens, comme ne l’ont jamais vu tes pères, ni les pères de tes pères, depuis le temps où ils étaient sur la terre jusqu’à ce jour-ci. Et Moïse se retira et sortit de chez Pharaon. 7 Et les serviteurs de Pharaon lui dirent : Jusques à quand cet homme-là nous portera-t-il malheur ? Laisse aller ces gens et qu’ils servent l’Éternel leur Dieu. Ne vois-tu pas encore que l’Égypte est perdue ?

Nous portera-t-il malheur ? Littéralement : nous sera-t-il un piège ? Ils comparent Moïse à l’un de ces pièges par lesquels on s’empare des animaux et les conduit à leur ruine.

Laisse aller ces gens. On pourrait traduire aussi : laisse aller les hommes, c’est-à-dire les hommes sans les femmes et les enfants. Ceux-ci resteraient comme gages du retour des premiers. Les officiers de Pharaon espéreraient, en lui proposant cette concession, vaincre sa folle obstination. Ce sens va bien avec ce qui suit (verset 11).

8 0n fit revenir Moïse et Aaron auprès de Pharaon, et il leur dit : Allez, servez l’Éternel votre Dieu. Qui sont ceux qui iront ?

Pharaon cherche à négocier sur ces bases ; mais en vain. Moïse tient bon. Pharaon, irrité de cette résistance, ricane : Vous pouvez compter sur le secours de votre Dieu aussi sûrement que sur mon consentement à ce que vous me demandez !

Vous avez de mauvais desseins, littéralement : Le mal est devant vous. Vous méditez de vous soustraire à mon service.

9 Et Moïse dit : Nous irons avec nos jeunes gens et nos vieillards, nous irons avec nos fils et nos filles, avec nos brebis et nos bœufs ; car nous avons une fête de l’Éternel. 10 Et Pharaon leur dit : Que l’Éternel soit avec vous aussi vrai que je vous laisserai aller avec vos petits enfants ! Voyez ! Vous avez de mauvais desseins ! 11 Non, non ; allez, si vous voulez, vous autres hommes, et servez l’Éternel puisque c’est là ce que vous demandez. Et on les chassa de devant Pharaon. 12 Et l’Éternel dit à Moïse : Étends ta main sur le pays d’Égypte pour y faire venir les sauterelles : qu’elles montent sur le pays d’Égypte, qu’elles dévorent toutes les plantes du pays et tout ce qu’a laissé la grêle.

Qu’elles montent. Les essaims de sauterelles s’élèvent d’abord à l’horizon, comme un nuage, puis, poussés par le vent, s’abattent sur le pays. Le mot monter se dit en hébreu de l’invasion d’un pays par une armée ennemie.

13 Et Moïse étendit son bâton sur le pays d’Égypte et l’Éternel fit souffler sur le pays un vent d’orient tout ce jour-là et toute la nuit. Quand le matin fut là, le vent d’orient avait apporté les sauterelles.

Un vent d’orient. C’est le plus souvent du sud ou de l’ouest (de l’Éthiopie ou de la Libye) que les sauterelles arrivent en Égypte. Mais on les voit parfois aussi venir d’Arabie poussées par le vent d’est et traverser la mer Rouge, comme l’ont constaté Denon, Niebulir et d’autres.

Tout le jour et toute la nuit. Ce détail prouve qu’elles venaient de fort loin ; voir verset 1, note.

Le rôle que jouent le vent d’orient et, au verset 19, le vent d’occident, montre que dans cette plaie, comme dans les précédentes, l’initiative souveraine de Dieu n’exclut pas l’emploi des causes naturelles.

14 Et les sauterelles montèrent sur tout le pays d’Égypte et se posèrent sur tout le territoire de l’Égypte, en quantité si considérable que jamais il n’y avait eu auparavant une si grande quantité de sauterelles et que jamais il n’y en aura autant. 15 Et elles couvrirent la face de toute la terre et la terre en fut assombrie, et elles dévorèrent toutes les plantes du pays et tous les fruits d’arbres que la grêle avait épargnés, et il ne resta rien de vert aux arbres ni aux plantes des champs dans tout le pays d’Égypte.

La terre en fut assombrie : à cause de la couleur des sauterelles, qui sont d’un brun foncé.

L’Égypte était ainsi privée de son plus indispensable aliment, le pain. Comparez Exode 9.31-32

16 Aussitôt Pharaon appela Moïse et Aaron et leur dit : J’ai péché contre l’Éternel votre Dieu et contre vous.

Contre vous : par ses continuels manques de parole et en particulier par la parole méprisante racontée verset 10.

17 Maintenant pardonne, je te prie, mon péché, cette fois seulement, et faites des prières à l’Éternel et votre Dieu pour qu’il éloigne de moi au moins ce mortel fléau ! 18 Et Moïse sortit de chez Pharaon et adressa des prières à l’Éternel, 19 et l’Éternel fit lever un vent contraire, un vent d’occident très fort, qui emporta les sauterelles et les précipita dans, la mer Rouge. Il ne resta pas une sauterelle dans tout le territoire d’Égypte. 20 Et l’Éternel endurcit le cœur de Pharaon, et il ne laissa pas aller les fils d’Israël. 21 Et l’Éternel dit à Moïse : Étends ta main vers le ciel et qu’il y ait des ténèbres sur le pays d’Égypte et qu’on tâtonne dans les ténèbres !

Neuvième plaie : Les ténèbres (21-29)

En Égypte, après l’équinoxe du printemps, le vent d’ouest, appelé khamsin, règne pendant une période de cinquante jours (khamsin signifie cinquante). Il ne souffle pas continuellement, mais par intervalles et dure chaque fois deux ou trois jours. Arrivant en Égypte du désert africain, ce vent remplit l’atmosphère d’un sable fin qui voile l’éclat du soleil, donne au ciel une teinte sale et produit même quelquefois une obscurité à laquelle celle de nos brouillards les plus épais ne peut être comparée. C’est par ce moyen naturel que l’on explique ordinairement ce fléau ; l’on ajoute même que ce vent du désert pourrait bien être le même vent d’ouest, mentionné verset 19, qui avait poussé les sauterelles dans la mer Rouge.

Il nous paraît pourtant douteux que cette explication puisse être la véritable. Il n’est question d’aucun des phénomènes qui accompagnent le khamsin (sables, chaleur brûlante, soleil jaunâtre) ; et pour expliquer comment Gossen ne fut pas atteint, il faut supposer que le vent s’était affaibli en approchant de cette province située à l’est de l’Égypte et qu’à la frontière il expira complètement. Ne vaut-il pas mieux admettre que Dieu a employé cette fois une cause inconnue, comme il l’a fait dans la dixième plaie ?

Qu’on tâtonne dans les ténèbres. L’expression hébraïque se retrouve dans le même sens Job 12.25. Il ne faut donc pas traduire avec la plupart des versions : Des ténèbres à toucher avec la main.

22 Et Moïse étendit la main vers le ciel et il y eut d’épaisses ténèbres dans tout le pays d’Égypte pendant trois jours. 23 0n ne se voyait plus les uns les autres, et nul ne se leva de la place où il était pendant trois jours. Mais tous les fils d’Israël avaient de la lumière dans les lieux qu’ils habitaient.

Nul ne se leva de la place… Cette immobilité des Égyptiens provenait sans doute d’une crainte superstitieuse, cette obscurité inexpliquée leur paraissant un signe de malheur. L’Égypte avec ses habitants semblait abandonnée à la puissance du mal.

Le jour où l’on célébrait chaque année le meurtre d’Osiris par son frère Typhon, chaque Égyptien pieux s’enfermait chez soi et attendait dans l’angoisse et l’inaction que l’heure du danger fût passée et que le soleil du jour suivant eût mis en déroute le mauvais esprit (Maspéro).

Mais tous les fils d’Israël avaient de la lumière. Quel qu’ait été le moyen dont Dieu s’est servi, ces ténèbres et cette lumière étaient pour les uns le présage de la ruine, pour les autres celui de la délivrance.

24 Et Pharaon appela Moïse et lui dit : Allez, servez l’Éternel. On ne retiendra que vos brebis et vos bœufs ; vos petits enfants même iront avec vous.

Pharaon dans sa détresse fait une concession de plus : il ne veut conserver en otage que les troupeaux.

25 Et Moïse dit : Non seulement tu nous remettras de quoi faire des sacrifices et des holocaustes à l’Éternel notre Dieu,

Tu nous remettras de quoi… Le verset 26 prouve que Moïse ne demande nullement à Pharaon, comme on pourrait le croire, de donner aux Israélites de ses propres troupeaux pour leur sacrifice. Il veut simplement dire : Tu laisseras aller nos troupeaux afin que nous ayons de quoi sacrifier à notre Dieu, quoi qu’il exige de nous.

Moïse annonce à Pharaon le grand et dernier coup par lequel Dieu va le forcer à céder. Cette sentence avait été prononcée dès le commencement (Exode 4.23) ; mais l’exécution en avait été différée pour que l’Éternel eût l’occasion de déployer toute sa puissance (Exode 7.3).

26 mais encore nos troupeaux viendront avec nous, sans qu’il en reste un ongle ! Car c’est d’eux que nous prendrons de quoi servir l’Éternel notre Dieu, et jusqu’à ce que nous soyons arrivés là, nous ne saurons pas nous-mêmes ce que nous offrirons à l’Éternel. 27 Et l’Éternel endurcit le cœur de Pharaon, et il ne consentit pas à les laisser aller. 28 Et Pharaon dit à Moïse : Éloigne-toi de moi, prends garde à toi, ne parais plus devant moi ! Car le jour où tu paraîtras devant moi, tu mourras. 29 Et Moïse dit : Tu l’as dit, je ne reparaîtrai plus devant toi.