Verset à verset Double colonne
1 Et l’Éternel dit à Moïse : Rends-toi vers Pharaon, car j’ai moi-même appesanti son cœur et le cœur de ses serviteurs, afin de faire au milieu d’eux les signes que tu vas voir,Cette plaie ne procède pas, comme les précédentes, de l’eau, du sol ou de l’air de l’Égypte ; elle vient du dehors, du désert d’Arabie, à l’est ; Pharaon peut voir par là que le Dieu des Hébreux n’habite pas seulement au milieu de son peuple, mais qu’il règne sur toute la terre.
Afin que tu racontes… Comparez comme exemples de ces récits les Psaumes 78 et 105.
Les invasions de sauterelles sont un des plus grands fléaux des pays de l’Orient. La Bible parle souvent de leurs ravages (par exemple : 2 Chroniques 7.13). Comparez les notes sur Joël 1.4-6 ; Joël 2.7-9. Aux détails donnés dans ces notes nous ajouterons ce que raconte Barrow dans le récit de ses voyages au sud de l’Afrique. En 1781 et 1797 les sauterelles couvrirent plusieurs centaines de lieues carrées. Elles furent balayées dans la mer par un vent du nord-est, puis rejetées par les vagues sur la côte, où elles formèrent un banc de cadavres haut de plus d’un mètre et long d’environ quatre-vingts kilomètres.
Elles dévoreront tous les arbres : pas seulement les feuilles, mais même l’écorce et le bois. Au dire de Pline, elles s’attaquent même aux portes des maisons.
Nous portera-t-il malheur ? Littéralement : nous sera-t-il un piège ? Ils comparent Moïse à l’un de ces pièges par lesquels on s’empare des animaux et les conduit à leur ruine.
Laisse aller ces gens. On pourrait traduire aussi : laisse aller les hommes, c’est-à-dire les hommes sans les femmes et les enfants. Ceux-ci resteraient comme gages du retour des premiers. Les officiers de Pharaon espéreraient, en lui proposant cette concession, vaincre sa folle obstination. Ce sens va bien avec ce qui suit (verset 11).
Pharaon cherche à négocier sur ces bases ; mais en vain. Moïse tient bon. Pharaon, irrité de cette résistance, ricane : Vous pouvez compter sur le secours de votre Dieu aussi sûrement que sur mon consentement à ce que vous me demandez !
Vous avez de mauvais desseins, littéralement : Le mal est devant vous. Vous méditez de vous soustraire à mon service.
Qu’elles montent. Les essaims de sauterelles s’élèvent d’abord à l’horizon, comme un nuage, puis, poussés par le vent, s’abattent sur le pays. Le mot monter se dit en hébreu de l’invasion d’un pays par une armée ennemie.
Un vent d’orient. C’est le plus souvent du sud ou de l’ouest (de l’Éthiopie ou de la Libye) que les sauterelles arrivent en Égypte. Mais on les voit parfois aussi venir d’Arabie poussées par le vent d’est et traverser la mer Rouge, comme l’ont constaté Denon, Niebulir et d’autres.
Tout le jour et toute la nuit. Ce détail prouve qu’elles venaient de fort loin ; voir verset 1, note.
Le rôle que jouent le vent d’orient et, au verset 19, le vent d’occident, montre que dans cette plaie, comme dans les précédentes, l’initiative souveraine de Dieu n’exclut pas l’emploi des causes naturelles.
La terre en fut assombrie : à cause de la couleur des sauterelles, qui sont d’un brun foncé.
L’Égypte était ainsi privée de son plus indispensable aliment, le pain. Comparez Exode 9.31-32
Contre vous : par ses continuels manques de parole et en particulier par la parole méprisante racontée verset 10.
En Égypte, après l’équinoxe du printemps, le vent d’ouest, appelé khamsin, règne pendant une période de cinquante jours (khamsin signifie cinquante). Il ne souffle pas continuellement, mais par intervalles et dure chaque fois deux ou trois jours. Arrivant en Égypte du désert africain, ce vent remplit l’atmosphère d’un sable fin qui voile l’éclat du soleil, donne au ciel une teinte sale et produit même quelquefois une obscurité à laquelle celle de nos brouillards les plus épais ne peut être comparée. C’est par ce moyen naturel que l’on explique ordinairement ce fléau ; l’on ajoute même que ce vent du désert pourrait bien être le même vent d’ouest, mentionné verset 19, qui avait poussé les sauterelles dans la mer Rouge.
Il nous paraît pourtant douteux que cette explication puisse être la véritable. Il n’est question d’aucun des phénomènes qui accompagnent le khamsin (sables, chaleur brûlante, soleil jaunâtre) ; et pour expliquer comment Gossen ne fut pas atteint, il faut supposer que le vent s’était affaibli en approchant de cette province située à l’est de l’Égypte et qu’à la frontière il expira complètement. Ne vaut-il pas mieux admettre que Dieu a employé cette fois une cause inconnue, comme il l’a fait dans la dixième plaie ?
Qu’on tâtonne dans les ténèbres. L’expression hébraïque se retrouve dans le même sens Job 12.25. Il ne faut donc pas traduire avec la plupart des versions : Des ténèbres à toucher avec la main.
Nul ne se leva de la place… Cette immobilité des Égyptiens provenait sans doute d’une crainte superstitieuse, cette obscurité inexpliquée leur paraissant un signe de malheur. L’Égypte avec ses habitants semblait abandonnée à la puissance du mal.
Le jour où l’on célébrait chaque année le meurtre d’Osiris par son frère Typhon, chaque Égyptien pieux s’enfermait chez soi et attendait dans l’angoisse et l’inaction que l’heure du danger fût passée et que le soleil du jour suivant eût mis en déroute le mauvais esprit (Maspéro).
Mais tous les fils d’Israël avaient de la lumière. Quel qu’ait été le moyen dont Dieu s’est servi, ces ténèbres et cette lumière étaient pour les uns le présage de la ruine, pour les autres celui de la délivrance.
Pharaon dans sa détresse fait une concession de plus : il ne veut conserver en otage que les troupeaux.
Tu nous remettras de quoi… Le verset 26 prouve que Moïse ne demande nullement à Pharaon, comme on pourrait le croire, de donner aux Israélites de ses propres troupeaux pour leur sacrifice. Il veut simplement dire : Tu laisseras aller nos troupeaux afin que nous ayons de quoi sacrifier à notre Dieu, quoi qu’il exige de nous.
Moïse annonce à Pharaon le grand et dernier coup par lequel Dieu va le forcer à céder. Cette sentence avait été prononcée dès le commencement (Exode 4.23) ; mais l’exécution en avait été différée pour que l’Éternel eût l’occasion de déployer toute sa puissance (Exode 7.3).