Verset à verset Double colonne
1 Et un homme de la maison de Lévi alla prendre pour femme une fille de Lévi.Cet homme s’appelait Amram et sa femme Jokébed ; comparez Exode 6.20
Elle enfanta un fils. On voit par la suite du récit qu’elle avait eu déjà deux enfants avant celui-là, une fille (verset 4), nommée Marie et un fils, Aaron.
Il était beau. Cette beauté qu’Étienne (Actes 7.20) appelle divine, était restée célèbre.
Une arche. Le mot hébreu, ou plutôt égyptien, est théba ; il n’est employé dans la Bible qu’ici et en parlant de l’arche de Noé (tandis que l’arche de l’alliance est appelée arôn). Il désigne proprement les coffres ou cercueils dans lesquels les Égyptiens renfermaient les momies.
En roseau. Le roseau dont il est ici question (gômé), est le cyperus papyrus ; connu jadis dans la Basse-Égypte, il ne se trouve plus qu’en Nubie. Il n’est pas cylindrique, mais triangulaire, de l’épaisseur d’un doigt et de dix à quinze pieds de haut. Comme il est très fort, les anciens Égyptiens s’en servaient pour faire des canots (Ésaïe 13.2).
Sur le bord du fleuve (et non dans le fleuve, comme le disent toutes les versions, en opposition avec le texte). Il n’est donc pas question ici d’un bain, mais d’ablutions religieuses faites au bord du fleuve sacré, comme celles que Pharaon lui-même parait, avoir faites quotidiennement (Exode 8.20).
On peut supposer que Jokébed savait quelque chose des habitudes de la princesse et de son caractère et que c’était à dessein qu’elle avait choisi cet endroit-là pour exposer son enfant.
D’entre les femmes des Hébreux. Ces mots n’étaient point, comme on l’a dit, une imprudence de la jeune fille. Ils devaient paraître très naturels à la princesse, puisque, grâce à l’édit barbare de Pharaon, il y avait alors chez les Hébreux mainte nourrice n’ayant plus d’enfant à allaiter.
L’enfant fut adopté par la princesse et, en conséquence, instruit dans toute la science des Égyptiens (Actes 7.22).
Le nom de Moïse. On a quelquefois dérivé le nom de Moïse (Mosché) des mots égyptiens mo (eau) et udsché (sauver). C’est l’explication que paraissent avoir admise les LXX, qui vivaient Égypte et qui appellent Moïse Moüsès (d’où la forme de ce nom dans notre langue) et non Moses d’après l’hébreu.
Les égyptologues les plus récents pensent cependant que le nom primitif doit avoir été Mesou ou Masi, nom déjà en usage en Égypte et qui signifie proprement tiré hors de et de là simplement fils. La princesse explique le choix qu’elle fait de ce nom : C’est, dit-elle parce que je l’ai tiré hors de l’eau. La racine hébraïque à laquelle se rattache le nom de Moïse a le même sens que la racine égyptienne (ce qui n’est pas rare), mais la forme de ce nom en hébreu a un sens actif (celui qui tire dehors) et a sans doute été préférée par les Israélites, parce qu’elle rappelait ce que Moïse était pour eux, celui qui les avait fait sortir d’Égypte.
Les légères modifications d’un nom propre pour lui donner un sens nouveau et plus relevé sont très fréquentes chez les Hébreux ; il suffit de rappeler les noms d’Abraham (pour Abram), Sara (pour Saraï).
En ce temps-là. Expression vague employée souvent dans la Bible (par exemple Matthieu 3.1). Elle indique qu’on est toujours dans la même période historique, que rien n’est changé depuis les derniers faits racontés.
L’amour de Moïse pour ses frères, amour qui était réel et sincère (Hébreux 11.25), le porte d’abord, non pas à servir, mais à régenter ; ce qui est bien d’accord avec le caractère et les habitudes que devait avoir un homme élevé dans une condition si fort au-dessus de la leur.
Moïse, qui a étudié quarante ans les sciences humaines au centre de la civilisation, doit étudier quarante ans dans le désert, aux pieds de Dieu seul.
Son action était généreuse et le Nouveau Testament l’envisage ainsi (Actes 7 ; Hébreux 11) ; mais Dieu épure ce qui est pur : Moïse doit apprendre à agir non seulement pour le Seigneur, comme il l’a fait, mais par le Seigneur.
La terre de Madian s’étendait principalement à l’est du golfe Elanite, qui sépare la presqu’île du Sinaï de l’Arabie ; mais les Madianites paraissent avoir occupé aussi une partie de la côte ouest, spécialement le cap le plus méridional de la presqu’île du Sinaï ; c’est là sans doute que se trouvait la tribu dont Réuël était le chef.
Près du puits. Encore de nos jours, en Orient, quand un voyageur s’arrête au coucher du soleil dans un village avec l’intention d’y passer la nuit, il se rend vers le puits, afin d’avoir l’occasion d’y trouver, parmi ceux qui s’y rendent à cette heure-là, quelqu’un à qui il puisse demander l’hospitalité. Comparez Genèse 24.41 ; Genèse 29.2.
Le sacrificateur de Madian. Les Madianites, descendants d’Abraham et de Kétura (Genèse 25.2) connaissaient le Dieu d’Abraham, quoique quelques-unes de leurs tribus, voisines des Cananéens, fussent devenues idolâtres (Nombres 25.16-18).
Le sacrificateur dont il est ici question était sans doute, comme Melchisédek un chef à la fois politique et religieux, ce qui est naturel dans de petites tribus nomades. Il n’était point sacrificateur et chef de tout Madian ; c’était probablement le cheik de l’une des tribus dont se composait ce peuple.
Donna sa fille. De nos jours encore, le mariage dans la tribu est chez les bédouins le seul mode de naturalisation.
L’explication de ce nom donnée par Moïse ne se justifie pleinement qu’en égyptien, langue dans laquelle guer signifie (de même qu’en hébreu) habitant temporaire, hôte et schemmo : terre étrangère.
Selon l’habitude des Hébreux, la forme du nom a été légèrement modifiée, afin de lui donner une étymologie et une terminaison hébraïques en le faisant provenir de garasch, bannir.
Moïse eut encore de Séphora un autre fils, qu’il nomma Éliézer (Exode 18.4).
Qui fut long. Les quarante ans que, Moïse passa en Madian, selon la tradition (Actes 7.30).
Ceux qui voient ici la reprise du document élohiste, abandonné dès Exode 1.14 appliquent cette expression à la longue durée de l’oppression israélite avant la délivrance qui va être racontée. Comparez Exode 7.7, d’où il résulte qu’elle avait duré plus de quatre-vingts ans.
Ce verset et les suivants forment la transition au récit suivant. Le roi qui mourut ne peut être que celui qui a été mentionné Exode 1.15, sans que l’on puisse décider sûrement si c’est le même que celui de Exode 1.8. Cette mort parait n’avoir rien changé à l’état du peuple, qui reste là sans motif d’espérer, d’autant plus qu’il a vu disparaître depuis si longtemps celui en qui il avait pu entrevoir un libérateur.
Dieu connut… Le peuple désespéré a crié et Dieu a connu. Ce dernier mot dit beaucoup, dit tout.