Verset à verset Double colonne
Maintenant que la charte est convenue et l’alliance traitée, Israël doit préparer le domicile que l’Éternel viendra habiter au milieu de son peuple. Mais cette demeure, où le Souverain manifestera sa présence et fera connaître ses volontés, lui seul peut en indiquer le plan ; et c’est là le but du nouveau séjour que Moïse est appelé à faire auprès de lui sur la montagne.
Le domicile divin sera une tente ; car l’Éternel partagera le mode d’habitation actuel de son peuple. Cette tente est ordinairement appelée le Tabernacle ou la Tente d’assignation (par exemple Exode 29.1), parce que c’était là que l’Éternel assignait Moïse quand il avait quelque communication à lui faire. Elle est appelée aussi la demeure du témoignage (par exemple Exode 38.21), parce que c’est là qu’étaient déposées les tables de la loi, monument authentique de la volonté divine.
Dans les chapitres 25 à 31 nous trouvons :
Nous nous réservons d’examiner, en terminant cette partie, les questions générales qu’elle soulève.
C’est un honneur que Dieu fait à son peuple que de l’appeler à fournir lui-même les matériaux précieux qui doivent entrer dans la construction de sa demeure et servir au culte qui y sera rendu.
Les Israélites avaient emporté d’Égypte tous ces objets précieux, soit comme leur propriété acquise pendant les longs siècles qu’ils avaient passés dans ce pays, soit comme dons reçus des Égyptiens au moment de leur départ (Exode 12.35). Peut-être pouvaient-ils aussi se procurer divers objets en trafiquant avec les tribus du désert et les caravanes qui le traversaient.
L’or. Ce métal provenait en abondance de la Nubie, de la chaîne orientale d’Égypte et du sud de l’Arabie ; l’argent également, ainsi que de l’Espagne, d’où le rapportaient les vaisseaux phéniciens. L’airain ou bronze était formé d’un mélange de cuivre (richement fourni par les mines de la presqu’île du Sinaï) et d’étain.
La pourpre : étoffe teinte avec la couleur tirée de la coquille connue, qui se trouve dans la Méditerranée.
Lin blanc. L’épithète blanc doit être ajoutée en français, parce que le mot hébreu implique toujours cette couleur.
Poil de chèvre. Les tentes des Arabes et des nomades de l’Orient étaient et sont encore faites de cette matière.
Peaux de dauphin. Le mot hébreu désigne spécialement un genre de dauphin qui se trouve dans la mer Rouge, qui atteint une longueur de trois mètres et qui se nomme manati. Sa peau est très résistante et les Arabes s’en servent encore maintenant pour fabriquer leurs sandales.
Bois d’acacia : l’acacia arabica, qui croît en Arabie et en Égypte et qui est tout différent de notre acacia ordinaire. Il est d’une taille élancée et son bois se distingue par sa dureté.
Sur la composition de cette huile, voir Exode 30.23-25
Pierre d’onyx : voir Genèse 2.12. Comparez Exode 35.27
Il résulte de là que Dieu ne se contenta pas de donner de vive voix à Moïse la description du Tabernacle et de ce qu’il devait renfermer, mais qu’il lui en montra aussi un modèle.
Sur le zèle avec lequel le peuple répondit à l’appel de l’Éternel, voir Exode 36.6-7
Il est naturel que la description commence par l’objet qui, moralement parlant, était le centre du sanctuaire. C’était au-dessus de l’arche que l’Éternel était censé résider ; c’est de là que partait sa voix quand il s’entretenait avec Moïse comme un ami avec son ami (Exode 33.11).
L’arche n’était pas là pour le Tabernacle, mais le Tabernacle était là pour l’arche. Si le Tabernacle figurait la demeure de Jéhova, l’arche était comme le marchepied de son trône céleste (Psaumes 99.5 ; Psaumes 132.7 ; 1 Chroniques 28.2). Elle est appelée l’arche du témoignage (Exode 30.6) parce qu’elle renfermait les tables de la loi ; et aussi l’arche de Dieu, l’arche de l’Éternel (1 Samuel 3.3 ; Josué 7.6), l’arche de la force de l’Éternel (Psaumes 132.8) ; le plus souvent l’arche de l’alliance. C’était une caisse en bois d’acacia, de 120 cm de long sur 72 cm de large et de haut, entièrement revêtue d’or sans alliage, destinée à renfermer uniquement les deux tables du Décalogue. Il est aussi parlé d’arches saintes dans lesquelles les Égyptiens, les Etrusques, les Grecs, les Troyens enfermaient les images de leurs divinités ou des objets de culte. Ainsi les Égyptiens, au jour du deuil d’Osiris, portaient en procession l’image de ce dieu, du temple d’Isis à la mer, dans la caisse sainte. Mais ce rapprochement même montre toute la distance qui sépare une telle religion de celle du Dieu qui trône invisiblement au-dessus de l’arche et manifeste de là sa volonté toute-puissante. Les deux tables de la loi, qui seules remplissent cette arche, rappellent ce mot du psalmiste : La justice et le jugement sont la base de son trône (Psaumes 97.2).
Une guirlande. On ne sait pas si elle était placée à mi-hauteur ou à la partie supérieure de l’arche dont elle faisait le tour.
À ses quatre pieds. Les pieds de l’arche ne sont mentionnés nulle part ailleurs et nous en ignorons la forme. Voir figure.
Quatre boucles d’or : pour y passer les barres au moyen desquelles on portait l’arche (versets 13 et 14). Ces boucles devaient être placées près des pieds de l’arche, afin que celle-ci dominât de toute sa hauteur la tête des porteurs, comme lorsqu’on porte le trône d’un souverain.
Au moyen de cet arrangement, ceux qui étaient chargés de porter l’arche pouvaient le faire sans la toucher ; comparez Nombres 4.15 ; 1 Samuel 6.19 ; 2 Samuel 6.6-7. Sans doute Nombres 4.6 paraît impliquer que les barres étaient à ce moment-là retirées. Peut-être l’expression mettre les barres signifie-t-elle simplement les mettre en ordre en vue du départ ; ou peut-être avait-il été nécessaire de les enlever momentanément, parce qu’elles gênaient lorsqu’il fallut emballer l’arche (versets 5 et 6).
L’arche n’avait d’autre but que celui de renfermer et de conserver les tables de la loi ; de là son nom d’arche du témoignage (verset 22 ; Exode 30.6, etc.). C’est pourquoi, au lieu de dire : devant l’arche, on dit parfois : devant le témoignage ; par exemple Exode 30.36.
Sur l’arche reposait une plaque d’or massif, de même longueur et largeur que l’arche, mais dont nous ignorons l’épaisseur. Elle portait le nom de capporeth, propitiatoire, nom qui provient de ce qu’au grand jour des expiations c’était sur cette plaque d’or que le grand sacrificateur faisait aspersion du sang de la victime offerte pour le peuple, afin de lui concilier de nouveau la faveur de Dieu (Lévitique 16.14).
Certains interprètes ont contesté l’exactitude de cette signification et prétendu que le mot hébreu désignait simplement cet objet comme le couvercle de l’arche. Mais, s’il est vrai que le mot hébreu caphar (d’où vient capporeth) signifie couvrir au sens matériel du mot, cela n’est plus exact quand il s’agit de la forme de ce verbe d’où est procédé le nom hébreu du propitiatoire et dont le sens est toujours : couvrir moralement ; d’où : couvrir le péché pour ne plus le voir, pardonner. Aussi le propitiatoire est-il toujours présenté comme indépendant de l’arche et comme plus important que l’arche elle-même. Voir verset 22 ; 1 Chroniques 28.11, où le Lieu très saint est appelé la chambre du propitiatoire et non la chambre de l’arche. Que signifierait le nom de chambre du couvercle ? Le propitiatoire était moins le couvercle de l’arche que l’arche n’était la base du propitiatoire. C’est pour cette raison que, tandis que l’arche n’était que recouverte d’or, le propitiatoire devait être d’or massif.
On s’est représenté quelquefois le propitiatoire comme une sorte de dais destiné à protéger l’arche ; mais dans ce cas il devrait être dit quelque chose des colonnes ou piliers qui auraient soutenu ce dais.
Si les tables de la loi renfermées dans l’arche témoignaient hautement contre les péchés du peuple et contre ceux de chaque Israélite, le propitiatoire qui recouvrait l’arche, une fois arrosé du sang de la victime, rappelait l’expiation et témoignait plus haut encore du pardon de Dieu.
L’arche avec le propitiatoire était un objet de culte si saint que non seulement personne n’osait la toucher, mais que le grand sacrificateur, quand il s’en approchait, en se présentant une fois l’année dans le Lieu très saint, devait commencer par l’envelopper d’une nuée d’encens qui la dérobait à sa vue ; comparez Lévitique 16.12-13.
Sur les chérubins, comparez Genèse 3.24 ; Ézéchiel 1.5 (notes). Les détails nous manquent sur la forme de ces figures placées sur le propitiatoire. Tout ce que nous savons, c’est qu’elles devaient former corps avec lui et en demeurer inséparables, qu’elles étaient d’or battu, tandis que le propitiatoire était d’or massif et qu’elles avaient une face (sans doute la face humaine) et deux ailes.
Les chérubins d’Ézéchiel, qui portent le trône divin, ont chacun quatre ailes et quatre faces (celles du taureau, de l’aigle, du lion et de l’homme). Ceux de l’Apocalypse, les quatre êtres vivants qui entourent le trône, n’ont chacun que l’une des quatre faces des chérubins d’Ézéchiel. Cette diversité dans la manière de les représenter ne doit pas nous étonner, puisque ce sont des êtres purement symboliques, que l’on figure, par conséquent, dans chaque cas, de la manière la plus conforme au rôle qui leur est attribué. Dans Ézéchiel, ils font partie d’un appareil de locomotion destiné à représenter sous une forme sensible l’idée de la toute-science et de la toute-présence divines ; de là leurs quatre visages au moyen desquels ils voient et se dirigent des quatre côtés ; dans l’Apocalypse, où le trône divin est au repos, une figure aussi compliquée n’est plus nécessaire ; chacun n’a donc qu’une face. Dans les deux cas, ils paraissent représenter les forces de la nature, les puissances de la vie inhérente à la création visible, en tant qu’elles servent incessamment l’Éternel et son œuvre sur la terre.
Dans les chérubins du Lieu très saint, c’est plus spécialement, la créature consciente d’elle-même intelligente et libre (hommes et anges), qui est représentée dans l’attitude de l’adoration et de la contemplation des perfections divines.
Nous renonçons à donner une représentation qui serait nécessairement arbitraire et nous nous bornons à reproduire deux figures trouvées dans les monuments égyptiens et qui ne sont probablement pas sans quelque rapport avec les chérubins mosaïques.
C’est ici l’endroit le plus saint des lieux consacrés au culte israélite, parce que c’est celui où Dieu se manifeste à son peuple et, après lui avoir fait connaître sa volonté générale par les tables de la loi, lui révèle ses volontés particulières. C’est pour ainsi dire le lieu de rendez-vous d’Israël avec son Dieu.
Comme expression de sa reconnaissance pour la bénédiction dont l’Éternel couronne son travail en lui accordant le pain de chaque jour, Israël devra lui offrir chaque semaine douze pains, selon le nombre des tribus. Ces pains, qui sont comme la part de Dieu prélevée sur ses aliments quotidiens, seront mangés par les sacrificateurs, les représentants de l’Éternel (voir Lévitique 24.5-9).
Ces pains sont présentés à Dieu sur la table sacrée, placée dans le Lieu saint, du côté du septentrion (Exode 26.35).
Deux coudées de longueur, soit 96 centimètres ; une coudée de largeur, soit 48 centimètres ; une coudée et demie de hauteur, soit 72 centimètres.
Cette guirlande entourait le plateau de la table.
Le châssis, d’une main de largeur, réunissait les quatre pieds. Il portait lui-même une guirlande d’or. On peut se le représenter soit à mi-hauteur des pieds, soit immédiatement au-dessous du plateau de la table.
Il n’est point dit, comme pour l’arche, que les barres dussent rester dans les boucles. Car il n’était pas interdit de toucher la table.
C’était sur les plats, formant deux rangées de six chacune, qu’étaient déposés les pains.
Les godets renfermaient l’encens qui devait accompagner les pains (Lévitique 24.7).
Les burettes ou cruches et les patères ou coupes étaient là pour contenir le vin et faire les libations (Nombres 4.7).
Le pain de proposition, littéralement le pain de la face, celui qui est placé sous le regard de Dieu. La figure ci-jointe représente l’idée que nous donne de la table la description faite dans le texte.
Israël ne rend pas seulement grâces pour les biens terrestres dont Dieu le comble, mais il célèbre aussi en son Dieu le Dieu de la sainteté et de la vérité dont la lumière est l’emblème. C’est là sans doute la signification du candélabre aux sept lampes qui était placé vis-à-vis de la table, au côté méridional du Lieu saint (Exode 26.35). Le midi est le côté de la lumière. Le nombre sept indique la plénitude de cette lumière divine dont Dieu éclaire Israël ; comparez Zacharie 4.1 et suivants et Apocalypse 1.12 ; Apocalypse 1.20, où les Églises sont représentées, sous l’image de sept chandeliers d’or, comme les dépositaires de la lumière divine figurée ici par ce chandelier unique.
D’or battu : non pas d’or massif, ce qui en eût rendu le transport trop difficile. Nous ne connaissons pas ses dimensions. Les rabbins disent qu’il avait 1 mètre 50 de haut et que les deux lampes extrêmes étaient éloignées l’une de l’autre de un mètre. Sur un piédestal s’élevait une tige unique d’où partaient à trois reprises et comme à trois étages différents deux branches, l’une à droite, l’autre à gauche. Les six branches, ainsi que la tige principale, s’élevaient à la même hauteur, alignées sur un plan commun et étaient chacune munie d’une lampe à leur sommet.
Chacune des six branches latérales était ornée de bas en haut successivement de trois coupes en forme de fleurs d’amandier, figurant le bouton qui s’ouvre et desquelles la branche semblait sortir à trois reprises. L’amandier est l’arbre printanier par excellence, l’image, du réveil de la vie (Jérémie 1.11-12) l’emblème le plus propre, par conséquent, à figurer le lever de la lumière.
Quant à la tige du milieu, elle portait quatre fleurs semblables, trois aux trois endroits où le tronc jetait à chaque fois deux branches, la quatrième immédiatement sous la lampe que portait cette tige.
L’on tournera la lumière… Les becs des réservoirs à huile, d’où sortaient les mèches, devaient être tournés non du côté de la muraille, mais vers le Lieu saint et la table des pains.
Les cendriers : petits vases pour recevoir ce qu’on mouchait de la lampe.
Un talent : soit 49 à 50 kilogrammes. Les figures ci-jointes représentent l’une le candélabre reproduit d’après le texte, l’autre le candélabre tel qu’il figure sur l’arc de triomphe de Titus.