Verset à verset Double colonne
1 Et Abram partant d’Égypte monta dans le Midi, lui, sa femme et tout ce qui lui appartenait, et Lot avec lui.Dans le Midi. Voir Genèse 12.9, note.
Lot avec lui. Lot l’avait accompagné dès le commencement (Genèse 12.5), sans que cela soit indiqué dans chaque cas spécial. Sa présence est rappelée ici en vue de l’histoire qui va suivre.
Au commencement : quand il était arrivé de Mésopotamie (Genèse 12.8), après avoir traversé Sichem (Genèse 12.6).
Le pays ne leur suffisait pas. Les pâturages n’étaient pas suffisants pour tous leurs troupeaux.
La raison de ce manque de place était la double population, cananéenne et phérézienne, qui occupait déjà le pays.
Les Phéréziens. Distingué, comme il l’est ici (comparez Genèse 34.30 et Juges 1.4), des Cananéens au sens général de ce mot, ce peuple paraît avoir appartenu à une autre race que ces derniers et avoir fait, partie de la population primitive qui avait précédemment occupé la Palestine. Il en était ainsi, en tout cas, des Réphaïm, à côté desquels ils sont mentionnés (Josué 17.15), des Zumim, des Kéniens, des Avviens, etc. C’est ce qui nous explique pourquoi ils ne sont pas nommés au chapitre 10 parmi les tribus descendues de Canaan.
Leur nom vient peut-être du mot perazoth, pays ouvert, désignant la rase campagne où la conquête cananéenne les aurait forcés à habiter. S’ils habitaient en nombre dans la contrée de Béthel, on comprend que les pâturages fussent insuffisants.
Que le différend survenu entre nos bergers ne devienne pas un débat entre moi et toi.
Abraham, quoique le plus âgé et le chef du campement, laisse Lot choisir le premier, consentant à prendre ce que son neveu lui laissera.
Devant toi : à ta disposition.
Lot, levant les yeux, vit. Abraham et Lot étaient sans doute en ce moment sur l’une des montagnes à l’est de Béthel, d’où la vue s’étend au loin sur toute la contrée environnante (verset 14) et particulièrement sur la vallée du Jourdain.
La plaine, littéralement : le cercle (kiccar). Ce mot, avec on sans la détermination du Jourdain, sert à désigner toute la vallée arrosée par ce fleuve à partir du lac de Génésareth, mais plus spécialement la partie méridionale de cette vallée, où elle s’élargit.
Jusqu’à Tsoar : vers l’extrémité méridionale de la mer Morte actuelle ; voir Genèse 19.28, note.
Un pays entièrement arrosé. Le Jourdain et les nombreux ruisseaux qui descendent des montagnes environnantes rendaient dans ce temps les mêmes services que les canaux du Nil en Égypte et que ceux de l’Euphrate en Babylonie. Ce pays était si fertile que l’auteur n’hésite pas à le comparer à ce qu’il y a de plus beau dans le passé (jardin de l’Éternel) et dans le présent (pays d’Égypte).
Lot choisit pour soi. Le choix égoïste de Lot fait contraste avec le désintéressement d’Abraham. Mais, en choisissant ce qui lui paraît être le meilleur, il choisit en réalité ce qu’il y a de pire (verset 13).
Ce verset conclut le récit précédent et prépare le suivant. C’est ici pour le patriarche un nouveau sacrifice, la rupture du dernier lien avec les membres de sa famille.
Dieu ne tarde pas à élever celui qui s’est abaissé et à enrichir celui qui s’est appauvri. Il confirme à Abraham, en les complétant, les deux promesses qu’il lui a déjà faites et qui correspondent aux deux sacrifices qu’Abraham vient d’accomplir : celle de ce pays à posséder (Genèse 12.7) et celle d’une famille qui naîtra de lui (Genèse 12.2).
En lui promettant dès son arrivée à Sichem le pays de Canaan (Genèse 12.7), Dieu n’avait rien dit de l’extension de ce pays ; il le lui montre maintenant dans toute son étendue. Puis Dieu avait simplement dit : Je donnerai ce pays à ta postérité ; il ajoute maintenant : à perpétuité.
Quant à la promesse d’une postérité (Genèse 12.2), Dieu avait dit : Je ferai de toi une grande nation ; ici, il rend cette promesse plus magnifique encore en comparant le nombre de ses descendants à la poussière de la terre.
Lève les yeux : comme Lot, verset 10. La portion choisie par Lot (regarde à l’orient) est comprise dans l’espace immense qu’embrasse le regard d’Abraham.
Tout le pays… à tes descendants : ce pays, qui appartient aux tribus cananéennes, donné à tes descendants qui n’existent pas ! Toujours croire sans voir.
Parcours le pays : comme un roi parcourt son royaume.
Abraham parcourt le pays jusqu’à son extrémité méridionale et consacre encore à son Dieu cette contrée qu’il vient de lui promettre.
Chênes de Mamré. D’après Genèse 14.13 et Genèse 14.24, Mamré était le nom d’un habitant du pays qui fit alliance avec Abraham. Dans d’autres passages, ce nom est donné à une portion de la ville d’Hébron (Genèse 12.19 ; Genèse 35.27).
On montre encore à Rameth-el-Chalil, au nord d’Hébron, un vieux chêne qu’on prétend être le chêne d’Abraham et les ruines d’une basilique construite par Constantin et appelée maison d’Abraham. Mais d’après Genèse 23.19, Mamré devait être beaucoup plus près de la caverne de Macpéla. Voir à ce passage.
Hébron, l’une des villes les plus anciennes du pays de Canaan (Nombres 13.23), appelée aujourd’hui par les Arabes El-Chalil, l’ami, en souvenir d’Abraham, l’ami de Dieu. Du reste, le mot Hébron vient lui-même d’une racine qui exprime la notion de liaison, d’amitié.
Le nom primitif de cette ville était Kirjath-Arba (Genèse 23.2 ; Genèse 35.27 ; Josué 14.15, etc.). Il est probable qu’il a été changé au temps de la conquête ; car à partir du livre des Juges le nom de Kirjath-Arba disparaît complètement. Dans notre passage, comme en général dans les morceaux jéhovistes, le nom d’Hébron est donné, à cette ville par anticipation.
Hébron est située dans une belle vallée entourée par les montagnes de Juda, à huit heures de marche au sud de Jérusalem.