Verset à verset Double colonne
1 Et Saraï, femme d’Abram, ne lui avait pas donné d’enfants ; et elle avait une esclave égyptienne nommée Hagar.Égyptienne. Hagar se trouvait probablement parmi les présents qui furent faits à Abraham par le roi d’Égypte (Genèse 12.16).
Ma servante. Elle était attachée spécialement à la personne de Sara, comme Zilpa et Bilha à Léa et à Rachel (Genèse 29.24-29). De telles esclaves étaient sous la dépendance exclusive de leur maîtresse.
Abraham consentit. Il est excusé Malachie 2.15 par l’intention qu’il avait d’arriver à avoir la postérité promise. Jusqu’ici en effet Dieu n’avait pas dit que ce serait Sara qui donnerait le jour au fils promis. Le péché d’Abraham et de Sara a été de ne pas savoir attendre le moment fixé par le Seigneur.
Divers indices font considérer ce verset comme tiré du document élohiste.
Dix ans. Abraham avait donc quatre-vingt-cinq ans.
Elle n’eut plus de respect, littéralement : Sa maîtresse fut légère (de peu de valeur) à ses yeux. Une postérité étant pour la femme en Orient une couronne d’honneur, Hagar se sent élevée au-dessus de Sara.
L’outrage… est sur toi. Ces mots peuvent signifier : Tu en es responsable si tu ne prends pas en mains ma défense. Le sens de la fin du verset serait dans ce cas : Je me suis conduite généreusement ; c’est maintenant à toi de me protéger ; autrement l’Éternel le fera lui-même.
Mais il y a un autre sens possible : L’outrage fait à ta femme retombe sur toi ; c’est comme maîtresse que j’ai agi ; tu ne dois donc pas permettre qu’elle cesse de m’envisager comme telle.
La réponse d’Abraham montre qu’il ne considère point Hagar comme une seconde épouse et qu’à ses yeux Sara reste absolument la maîtresse.
L’ange de l’Éternel. Voir à Genèse 21.17.
Sur est le nom de la partie du désert méridional qui touche à l’Égypte (Exode 15.22). Ce fut plus tard la demeure des Ismaélites et des Amalékites (Genèse 25.18 ; 1 Samuel 15.7 ; 1 Samuel 27.8). Peut-être ce nom, qui signifie muraille, désignait-il primitivement une forteresse située sur la frontière d’Égypte. Hagar venait d’Hébron (Genèse 13.18) ; elle avait donc repris le chemin de sa patrie.
Servante de Saraï. L’ange lui rappelle sa position, à laquelle elle cherche à échapper.
Trois fois l’ange de l’Éternel prend la parole, la première pour l’engager à se soumettre ; la seconde, pour l’y encourager par une promesse et la troisième pour lui désigner le nom et lui révéler le caractère et les destinées du fils qui naîtra d’elle.
Cette promesse rentre en un certain sens dans celle qui avait été faite à Abraham (Genèse 15.5), puisque la postérité d’Hagar fera partie de celle du patriarche.
Ismaël signifie : Dieu entend, exauce.
Un âne sauvage : libre et indomptable comme cet habitant du désert. Comparez Job 39.8-11.
Sa main sera contre chacun… Ces mots caractérisent bien le bédouin du désert, qui attaque chacun et que chacun traite en ennemi.
À la face de tous ses frères. Il serait possible de traduire : À l’orient de tous ses frères. Mais cette parole parait plutôt désigner une attitude hostile ; c’est, pourquoi nous en restons à la traduction littérale. Il campera hardiment en face de ceux qu’il aura tant de fois dépouillés. Cette liberté de son fils sera pour Hagar la compensation de la dépendance dans laquelle elle doit maintenant rentrer.
Hagar reconnaît Dieu lui-même comme l’auteur de cette révélation. Elle s’écrie : Atta-El-Roï : Tu es un Dieu de vision, c’est-à-dire un Dieu qui voit et qu’on voit. Elle explique cette exclamation en disant qu’elle a vu le Dieu qui la voyait.
Cette parole : Ai-je donc vu… ? est l’expression de la surprise. Dans ce désert même, l’endroit ou l’on pourrait le moins s’attendre à une révélation divine, Dieu l’a suivie du regard et elle-même l’a vu. La traduction littérale de la question est : Ai-je donc vu ici même après celui qui me voyait ? Elle l’avait vu et reconnu comme par derrière au moment où il disparaissait.
Sara avait employé pour désigner Dieu le nom de Jéhova (versets 2 et 5); Hagar se sert du mot El, le Puissant ; ce terme, qui désigne le Dieu de la nature, est celui qui convient dans la bouche d’une femme étrangère à l’alliance.
Lachaï-Roï. En tirant de l’exclamation d’Hagar le nom populaire de ce puits, on avait changé le nom de El, le Puissant, en celui de Chaï, le Vivant, afin de désigner Dieu d’après la qualité en laquelle il venait de se manifester, comme Sauveur de la vie d’Hagar, de son enfant et de son innombrable postérité.
Entre Kadès et Béred. Sur Kadès, voir Genèse 14.7. Béred est inconnu. Au temps de Jérôme, on montrait encore le puits d’Hagar ; et de nos jours une grotte qui se trouve dans le désert, non loin d’une source, sur la route des caravanes de Syrie en Égypte, est appelée par les Arabes demeure d’Hagar.
Ces deux versets appartiennent probablement au document élohiste.