Verset à verset Double colonne
1 Et Rachel vit qu’elle ne donnait point d’enfant à Jacob, et Rachel fut jalouse de sa sœur et dit à Jacob : Donne-moi des fils, sinon je suis morte.Suis-je à la place de Dieu ? C’est Dieu qui fait vivre et mourir (1 Samuel 2.6 ; 2 Rois 5.7).
Voir le même procédé de la part de Sara Genèse 16.2 et comparez Genèse 25.6, note.
Qu’elle enfante sur mes genoux. Rachel veut élever elle-même les enfants de sa servante ; elle va déjà faire acte de mère en leur donnant leurs noms.
Dieu m’a rendu justice : en me donnant une famille.
Et même… Il a fait plus : il a permis que cet enfant soit un fils.
Dan signifie juge.
Luttes de Dieu : non pas des luttes surhumaines ni des luttes avec Dieu, comme on l’a souvent entendu, mais des luttes où Dieu seul peut quelque chose et où il a en effet agi. Comparez versets 2 et 6.
Nephthali dérive de naphthulim, le mot rendu dans notre verset par luttes.
Dans ces versets, Rachel emploie le nom d’Elohim (Dieu), tandis que, à la fin du chapitre précédent, Léa avait employé celui de Jéhova (I’Éternel). Si nous y regardons de plus près, nous voyons que dans tout le morceau Genèse 30.1-24, le nom qui désigne Dieu est constamment Elohim, même quand c’est Léa qui parle (versets 18 et 20), tandis que dans Genèse 29.31-35, c’est constamment Jéhova. Il faut conclure de là que dans ce récit le rédacteur a réuni deux documents : le jéhoviste et celui qu’on appelle second élohiste.
Sur le mot, l’Éternel employé par Rachel au verset 21, voir à ce verset.
Léa est moins en droit que sa sœur de recourir à ce procédé, puisqu’elle a déjà quatre fils.
Gad signifie bonheur, bonne fortune.
Asser signifie bonheur, mais sans l’idée de chance.
Ruben. C’était alors un enfant de quatre ans environ.
Temps de la moisson des blés : le mois de mai, qui est aussi le temps où les mandragores commencent à mûrir.
Mandragores, ou : pommes d’amour, d’après l’hébreu. Le nom scientifique est atropa mandragora. Le fruit est une baie jaunâtre de la grosseur d’une noix de muscade, provenant d’une plante de la même famille que la belladone et abondante en Palestine. C’est un narcotique assez puissant. Aujourd’hui encore chez les Arabes on lui attribue la propriété de rendre les femmes fécondes.
Que tu prennes… Il paraît que Jacob montrait clairement sa préférence pour Rachel. D’après les versets 16 et 20, il demeurait avec elle.
Je t’ai loué. Le verbe employé en hébreu est sacar. Dans le nom qu’elle donnera à son fils, elle fera allusion à cette expression.
Les mandragores ne servent de rien à Rachel, tandis que Léa, qui a prié (Dieu exauça), obtient un nouveau fils.
Mon salaire, secari, d’où le nom d’Issacar : il y a salaire. Elle voit aussi là une récompense de sa condescendance. Ainsi Léa a deux raisons pour appeler son fils de ce nom (comparez verset 16).
Richement dotée. Ce riche don, c’est soit ses six fils, soit son mari, qui cette fois, espère-t-elle, lui sera rendu, en ce qu’il viendra habiter avec elle.
Zabulon. Ce nom fait à la fois allusion à zébed (don) et à zabal (habiter), mots qui tous deux ne se trouvent que dans ce passage.
Ensuite, ou : dans la suite. Cette expression séparant bien nettement la naissance de Dina de celles de tous ses frères, il est probable que Dina ne vint au monde que dans le courant des six années qui suivirent. L’auteur aura rapporté ce fait ici pour en finir avec ce sujet. Jacob eut encore d’autres filles (Genèse 37.35 ; Genèse 46.7), mais Dina seule est mentionnée, parce qu’elle jouera un rôle au chapitre 34.
Dieu l’exauça. Rachel a enfin recouru au seul moyen efficace et son attente n’est pas trompée.
Joseph. Encore ici, double allusion : asaph (a ôté), verset 23 et joseph (qu’il ajoute), verset 24.
L’Éternel. Il est étonnant de trouver les mots Elohim et Jéhova simultanément dans la bouche de Rachel. Il est possible que l’une des interprétations du nom de Joseph soit tirée du récit élohiste et l’autre, du récit jéhoviste.
Dans toutes ces étymologies, remarquons que les termes dont se servent les mères au moment de la naissance de leurs fils et qui ont donné lieu à leurs noms, sont en général des expressions très rares, dont plusieurs ne se retrouvent nulle part dans le texte de l’Ancien Testament.
C’étaient donc probablement des expressions appartenant à un langage très ancien et que la tradition avait scrupuleusement conservées, en explication des noms des pères des douze tribus. Peut-être la tradition variait-elle parfois dans l’interprétation des noms, ce qui explique ces doubles allusions que nous trouvons par exemple dans les noms d’Issacar, de Zabulon et de Joseph.
Après deux générations (Isaac et Jacob), qui formaient un contraste frappant avec la promesse d’une nombreuse postérité, la famille patriarcale commence enfin à se développer d’une manière conforme à ces promesses. Onze fils naissent à Jacob dans l’espace de sept ans, car le verset 25 nous montre que la fin des sept ans de service de Jacob correspond avec la naissance de Joseph, le onzième fils.
Ce qui paraît plus étonnant encore, c’est que, dans cet espace de temps si restreint, Léa, à qui sont attribués six fils, ait eu une période de stérilité. La chose n’est pourtant pas absolument invraisemblable. Il est évident en effet que ces naissances ne sont pas toutes successives et que l’auteur a énuméré les enfants des quatre femmes de Jacob en prenant les groupes dans l’ordre où chacune d’elles a commencé à avoir des enfants. Des données qui précèdent, nous tirons le tableau suivant qui en établit l’accord.
Ceci se passe sept ans après le mariage de Jacob. Comparez Genèse 29.27 et Genèse 31.41.
Il n’a pas reçu de sa mère le message promis (Genèse 27.45).
Laban embarrassé s’interrompt au milieu de sa phrase. Il aurait conclu en disant : Demeure auprès de moi.
J’ai bien observé. Le terme employé s’applique proprement à la consultation des augures ou des présages.
La pensée des services que lui a rendus Jacob doit engager Laban à accepter avec reconnaissance sa proposition, en apparence désintéressée, du verset 31.
Rien du tout : rien en argent ; pas de salaire annuel
Jacob demande comme salaire tout ce qui est picoté, rayé et noir, c’est-à-dire tout ce qui n’est pas complètement blanc parmi les moutons et tout ce qui est rayé et picoté, c’est-à-dire tout ce qui n’est pas de couleur uniforme parmi les chèvres. Laban peut accepter sans arrière-pensée ce contrat, car en Orient les moutons sont presque toujours complètement blancs et les chèvres complètement noires ou brunes.
À l’avenir. On pourrait traduire aussi : demain ; dans ce cas le triage se serait fait une seule fois. Mais les versets 37 et suivants montrent que le contrat est applicable à toutes les années qui suivront. Quand signifie donc : toutes les fois que.
Ma justice témoignera : Tu constateras, en examinant mon troupeau, qu’il ne s’y trouve rien qui, d’après le contrat, dût te revenir.
Noir : ayant du noir, soit qu’ils soient complètement noirs, soit qu’ils soient tachetés (verset 32).
Tachetés est ajouté, mais cela ne change rien au contrat, qui portait que, parmi les chèvres, tout ce qui n’était pas de couleur uniforme serait à Jacob (verset 32).
Tout ce qui avait du blanc : parmi les chèvres.
Tout ce qui était noir : tout ce qui avait du noir.
Confia à ses fils. Mesure de sûreté, car il se défie de Jacob. Il confie à ses fils le troupeau de Jacob et à Jacob le sien, ce qui rendra impossible le mélange des deux troupeaux, qui seul pouvait donner naissance à des agneaux ou à des chevreaux revenant à Jacob.
Il mit l’espace de trois journées… Seconde mesure tendant au même but.
Lui : ses fils ; peut-être restait-il avec eux.
Jacob invente le moyen de faire naître des agneaux et des chevreaux tachetés parmi les troupeaux de couleur uniforme appartenant à Laban.
Peuplier, amandier, platane : autant d’arbres dont le bois, dépouillé, de son écorce, est très blanc.
Seconde ruse. Les bêtes de deux couleurs ainsi obtenues servent à la même fin que les branches pelées. Il les réunit à part, en avant du reste du troupeau, de telle sorte que la vue de ces animaux bigarrés agisse sur la partie du troupeau qui est derrière, tandis que celle-ci, n’étant pas vue par les premiers, ne peut exercer sur eux aucune influence.
Tacheté : parmi les chèvres.
Noir : parmi les moutons. Comparez verset 13.
Dans le troupeau de Laban. Quoique devant revenir à Jacob, les animaux bigarrés, mis à part sont encore considérés comme appartenant à Laban jusqu’à la visite de ce dernier.
Troisième ruse. Jacob vise non seulement à la quantité, mais aussi à la qualité. Les brebis vigoureuses entrant en chaleur en été et les chétives en automne, il n’avait recours à son premier expédient qu’en été, afin de n’obtenir que des produits vigoureux.
Six ans lui ont suffi pour amasser toute cette fortune (Genèse 31.41).