Verset à verset Double colonne
Ce récit présente une difficulté chronologique. Dina est une jeune fille en âge de se marier et les fils de Jacob sont des hommes faits. Or, au retour de Paddan-Aram, l’aîné n’avait que douze ans et le cadet six ans et Dina était plus jeune qu’eux tous. Ces faits ne peuvent donc s’être passés immédiatement après l’arrivée de Jacob en Canaan.
Il faut supposer ou bien que le séjour à Succoth a duré assez longtemps, ce qui est peu probable, ou bien que ces faits sont racontés ici par anticipation et que l’auteur en a joint le récit à la mention du premier passage de Jacob à Sichem. On s’était peut-être habitué à réunir dans la tradition les faits qui s’étaient passés dans les divers séjours de Jacob en cet endroit.
Plusieurs critiques voient dans ce chapitre la combinaison de deux documents qui auraient raconté les faits chacun à leur manière. Mais nous verrons que le récit est parfaitement suivi et que les incohérences qu’on signale n’existent pas.
Le Hévien. Voir Genèse 10.17, note.
Prince du pays. Apposition de Hémor, non de Sichem.
Chercha à gagner le cœur… Ayant l’intention d’épouser la jeune fille, il cherche à lui inspirer de l’amour.
Jacob apprend la chose avant la venue d’Hémor.
Jacob avait gardé le silence. Il se sentait trop faible pour agir et du reste c’était aux frères de la jeune fille à prendre la défense de leur sœur. Comparez Genèse 24.50, note.
Pendant que Hémor et Sichem se préparaient à faire leur démarche, les fils de Jacob sont revenus, de sorte qu’ils les trouvent avec leur père. Les fils de Jacob étaient revenus sans rien savoir et c’est à leur retour seulement qu’ils apprirent la chose.
Une infamie contre Israël. D’autres traduisent : en Israël, comme dans les expressions semblables Deutéronome 22.21 ; Juges 20.6 ; 2 Samuel 13.12. Mais là il s’agit d’une action commise par un membre du peuple, tandis qu’ici le coupable est étranger à la famille patriarcale. Israël désigne ici soit Jacob seul, soit lui et toute la famille patriarcale.
L’embarras de Hémor se trahit dans son langage.
Votre fille. Comparez verset 5 et Genèse 24.50, note.
S’ils avaient accepté ces offres, c’en était fait de la famille élue ; elle se serait fondue avec les Cananéens.
Jacob et ses fils ne répondant pas, Sichem qui s’est tu jusqu’ici, prend la parole et met plus d’ardeur que son père.
Prix d’achat : somme qu’on payait au père de la jeune fille. Comparez Genèse 24.18, note.
Cadeaux : à la jeune fille ; comparez Genèse 24.53.
Hémor et Sichem n’avaient pas dit un mot de l’acte de violence commis sur la jeune fille, mais les fils de Jacob ne l’ont pas oublié.
Donnèrent des paroles : les paroles qui suivent. Ce n’étaient que des mots, car ils avaient dans le cœur de mauvais desseins. D’autres interprètes y voient plutôt des paroles sévères, des remontrances ; mais il n’y en a pas trace dans ce qui suit. D’autres enfin admettent une transposition de mots et arrivent à ce sens très simple : Les fils de Jacob répondirent à Sichem et à Hémor et leur parlèrent avec ruse. Nous préférons la première traduction, conforme au texte massorétique, lors même que le sens que nous donnons au verbe parler est extrêmement rare.
Nous prendrons notre fille. Par suite de l’absence de ses frères, Dina était restée dans la maison de Sichem. Comparez verset 26.
Faire la chose : prendre des mesures pour que le peuple tout entier se fit circoncire avec lui.
Il était l’homme le plus honoré. L’importance du rôle que jouait Sichem dans cette ville est rappelée pour expliquer le succès (assez improbable en soi) de la proposition qu’il va faire au peuple.
Se rendirent à la porte : à l’assemblée générale des habitants.
Si ces gens s’établissent chez nous, leur richesse deviendra celle de la ville entière. Hémor et Sichem terminent adroitement leur discours par cette considération, qui doit l’emporter sur la répugnance naturelle que devait exciter leur proposition.
Tous ceux qui sortaient par la porte. Dans Genèse 23.10 et Genèse 23.18 nous trouvons l’expression : ceux qui entraient par la porte. Ce sont les bourgeois de la ville, qui sortent et entrent librement.
La ville : littéralement sa ville, celle de Hémor, dont Hémor était le chef.
Au troisième jour : le jour critique à la suite de l’opération de la circoncision.
Siméon et Lévi. Ce sont les deux d’entre les six frères de Dina (fils de Léa) qui avaient pris le plus à cœur l’outrage fait à leur sœur. Ils prirent sans doute avec eux tous leurs serviteurs. La ville étant fondée depuis peu de temps, la population ne devait d’ailleurs pas être fort nombreuse.
Les fils de Jacob : tous les fils et non plus seulement Siméon et Lévi.
Cananéens et Phéréziens. Voir Genèse 13.7, note.
Jacob ne parle ici que des conséquences dangereuses de l’acte ; mais au chapitre 49 dans la bénédiction de ses fils, il exprime toute l’horreur qu’il lui a inspirée et ne donne ni à Siméon ni à Lévi le droit d’aînesse qui, une fois enlevé à Ruben (Genèse 35.22 ; Genèse 49.3-4), leur reviendrait pourtant. D’autre part, acceptant le résultat comme un fait et tenant compte de la vaillance et de la juste indignation qui avait animé ses fils, il se l’approprie comme un exploit qu’il aurait accompli par eux (Genèse 48.22).