Verset à verset Double colonne
1 Et Jacob, voyant qu’il y avait du blé à vendre en Égypte, dit à ses fils : Pourquoi êtes-vous à vous regarder ?En temps de famine, l’Égypte était le grenier du pays de Canaan. Abraham y était descendu (Genèse 12.10-20) ; Isaac avait eu l’intention de l’imiter (Genèse 26.2) ; Jacob, ayant une maison trop nombreuse pour s’y transporter, y fait acheter des vivres. De nos jours encore, en temps de sécheresse, les Arabes vont chercher en Égypte le blé qui leur manque.
Blé à vendre. Il y a dans le texte original un seul mot, schéber, désignant le blé en tant qu’objet de commerce.
Ne mourions point. Le produit de leurs troupeaux ne pouvait pas les faire vivre sans pain (comparez Genèse 18.6-8).
Il est à craindre… Jacob n’était probablement pas persuadé de l’innocence de ses fils relativement à Joseph ; il craint que Benjamin n’ait le même sort que son frère.
Les autres arrivants : d’autres habitants du pays de Canaan.
Se prosternèrent. Les songes de Joseph sont accomplis.
Leur parla avec rudesse. Par cette conduite extraordinaire, Joseph veut produire en eux un sentiment de crainte propre à préparer un réveil de leur conscience (verset 24).
Ne le reconnurent pas. Cela se comprend, après la transformation qui s’est produite chez Joseph pendant ces vingt ans de séparation.
Vous êtes des espions. Accusation toute naturelle contre des étrangers. Les Hyksos, après s’être acclimatés dans l’Égypte qu’ils avaient envahie, redoutaient d’être suivis par d’autres nomades qui voudraient partager avec eux cette proie et ils avaient soigneusement fortifié leur frontière du côté de l’Asie.
Les paroles de Juda (Genèse 43.7 ; Genèse 44.19) montrent que l’entretien n’est rapporté ici que sommairement et que Joseph les a interrogés sur leur famille. Ils espèrent par ces détails gagner sa confiance.
Joseph en reste à sa première supposition, qui lui fournira le moyen de les retenir en sa puissance comme prévenus d’un crime digne de mort et de mettre ainsi à l’épreuve les sentiments de leurs cœurs.
Par la vie de Pharaon ! Joseph se sert de la formule égyptienne de serment et évite tout ce qui pourrait le trahir.
Si vous sortez… Nous découvrons dans ces dernières paroles les intentions de Joseph. D’un côté, il se donne vis-à-vis de ses frères l’air de ne pas les croire sur parole et de réclamer, en exigeant qu’ils amènent leur jeune frère, la preuve de la vérité du récit qu’ils viennent de lui faire ; de l’autre, il répond au besoin de son cœur, qui est de revoir son frère et de s’assurer de son existence. Peut-être, en effet, en ne le voyant pas au milieu d’eux, s’était-il demandé s’ils ne l’avaient point traité comme ils l’avaient traité lui-même.
En prison pour trois jours. Ces trois jours ont dû être pour eux des jours de sérieux retour sur eux-mêmes et d’amères réflexions sur leur conduite passée. Ils pouvaient n’être que le commencement d’un long emprisonnement pendant lequel leur famille resterait exposée à mourir de faim.
Je crains Dieu. Je ne puis par conséquent pas vous faire mettre à mort sur un simple soupçon, ni priver vos familles de nourriture.
Ils firent ainsi : ils consentirent à ce qui était demandé d’eux.
Nous sommes punis ; littéralement : Nous sommes sous le poids d’une culpabilité. Leur conscience se réveille enfin dans l’épreuve.
Ne vous disais-je pas bien ? Comparez Genèse 37.22.
Son sang est redemandé. Ruben suppose que Joseph est mort en esclavage.
Il pleura. Ces larmes prouvent que la sévérité de Joseph était non celle de la vengeance, mais celle de l’amour.
Il prit Siméon : l’aîné (et par conséquent le plus responsable) après Ruben qui, lui, s’était bien montré.
Leurs vaisseaux. Le mot hébreu kelè, qu’on a traduit à tort par sac désigne un ustensile quelconque. Il ne s’agit pas ici du sac que chacun avait avec lui sur son âne et à l’entrée duquel fut remis l’argent, mais des récipients, corbeilles, outres ou autres, dans lesquels devait être transportée la provision de blé qu’ils avaient achetée pour l’entretien de leurs familles. Un seul sac de blé n’aurait évidemment pas suffi pour nourrir toute une famille pendant plusieurs mois et chacun des frères devait avoir avec lui plusieurs ânes avec des serviteurs, pour le transport de toute la provision.
Qu’on remit l’argent… En même temps que Joseph cherche à les inquiéter par ses menaces, il cherche aussi à les toucher par des marques de bonté, afin de faire naître ainsi en eux toute espèce de questions qu’ils ne peuvent résoudre et qui les préparent à la solution finale. Quant à eux, leur conscience, maintenant réveillée, ne leur fait voir qu’un présage de malheur dans tout ce qui leur arrive d’extraordinaire (verset 28).
L’un d’eux ouvrit son sac. Il s’agit ici du sac que chacun d’eux avait avec lui comme provision de voyage.
Il semble ressortir de ce passage comparé avec le verset 35 qu’un seul des frères ait ouvert son sac en ce moment, tandis que les autres ne l’auraient fait qu’une fois arrivés à la maison. Mais il serait peu probable qu’après que le premier avait eu une pareille surprise, les autres n’eussent pas été curieux de savoir ce qu’il en était de leur propre sac ; puis il fallait pourtant que tous donnassent à manger à leurs ânes. Et d’ailleurs, dans le récit que les frères font plus tard à l’intendant de Joseph ils racontent qu’ils avaient tous ouvert leur sac en route (Genèse 43.21).
Notre verset ne parle que de l’ouverture du premier sac, car ce fut le moment important. Quant au verset 35, il faut supposer ou bien qu’il appartient à un autre document, ou bien qu’il raconte la chose au point de vue de Jacob, qui constate avec ses fils la présence de l’argent et qui partage leur effroi.
À l’endroit où l’on passait la nuit. Plusieurs traduisent : à l’hôtellerie. Mais les hôtelleries et même les caravansérails, qui ne sont qu’un simple local complètement vide, n’existaient probablement pas à cette époque. Il s’agit simplement du lieu choisi comme station pour cette première nuit.
Sac. Nous avons ici en hébreu le mot amthachath, tandis qu’en général dans ce chapitre est employé le mot hébreu sak. Le mot amthachath se trouvant dans tout le chapitre suivant, qui est tiré vraisemblablement d’une autre source, il faut supposer que le rédacteur a introduit ici ce terme pour établir l’identité de cet ustensile avec le sac.
Qu’est-ce que Dieu nous a fait ? Comme les événements précédents les avaient remplis d’anxiété, ils trouvent dans celui-ci un signe de la colère de Dieu.
Ce récit détaillé est nécessaire pour expliquer la disparition de Siméon et l’obligation d’envoyer Benjamin.
Voir verset 27, note
Vous m’avez privé d’enfants. Les soupçons de Jacob sur la conduite de ses fils envers Joseph viennent au grand jour.
De tout ceci… On a aussi expliqué dans ce sens : C’est là un nouveau complot ourdi contre votre père.
Ici, comme lors de la vente de Joseph, c’est d’abord Ruben, puis Juda qui se montre le mieux disposé.