Verset à verset Double colonne
La première partie de ce chapitre fait ressortir l’absurdité de l’idolâtrie chaldéenne (l’adoration des astres) à laquelle se livre Juda lui-même (versets 1 à 16). La seconde décrit le châtiment que provoquera cette conduite et exprime les sentiments d’Israël lorsqu’il aura été conduit à la repentance par le châtiment de la captivité (versets 17 à 25).
La voie des nations : leur manière d’adorer la divinité.
Les signes du ciel. Les Chaldéens confondaient les astres avec les divinités elles-mêmes qu’ils adoraient ; ils attribuaient par conséquent aux phénomènes célestes (éclipses, conjonctions, comètes, etc.) une influence décisive sur la marche heureuse ou malheureuse des événements. Le prophète désire affranchir les Israélites de la crainte superstitieuse qui était l’âme d’une telle religion. Ils doivent apprendre à ne se sentir dépendants que de l’Éternel seul. Sans doute, certains passages des prophètes annonçaient que le jugement final serait précédé de signes dans le ciel (Joël 2.24-32). Mais autre chose est d’attendre sur la foi de la prophétie les grandes crises qui doivent mettre fin à l’économie actuelle et autre chose de consulter les phénomènes de la nature pour en tirer des présages.
Les statuts des païens : les rites fixés pour le culte de chacune de ces divinités et les règles d’après lesquelles on interprétait les présages.
Ce n’est que du bois. La vanité de ce culte est prouvée par celle de l’idole elle-même qui n’est qu’œuvre d’homme, bois et métal travaillés à la main.
Comparez Ésaïe 40.19-20. Il y a une ironie sanglante dans cette pensée que des dieux ont besoin d’être vêtus et parés par ceux qui les adorent et qu’il faut des clous pour les affermir sur leur piédestal. Comment se peut-il que des idées si simples aient échappé au génie des peuples les plus illustres de l’antiquité ? C’est que la folie du péché peut s’allier au développement scientifique, artistique ou politique le plus avancé.
Comme un poteau… Ces mots ont été traduits de deux manières : comme une colonne faite au tour ; ou : comme un poteau dans un champ, etc. Nous avons adopté cette seconde interprétation, comme la plus conforme au contexte : Ne vous laissez pas épouvanter par ces dieux qui sont aussi impuissants que les mannequins dressés dans un champ pour épouvanter les oiseaux (Ésaïe 40.23 ; Ésaïe 46.7).
Cette affirmation n’était pas superflue ; elle était même à ce moment-là l’expression d’une foi héroïque ; car c’était un principe généralement admis que la puissance d’un Dieu se mesurait à la prospérité du peuple qui invoquait son nom. Combien donc les dieux des oppresseurs d’Israël ne devaient-ils pas paraître supérieurs en force à celui du pauvre peuple conduit en captivité !
Roi des nations : non d’Israël seulement, mais des peuples mêmes dont il se sert pour châtier les siens.
Leurs royaumes : ceux des nations. Ni les représentants de la sagesse païenne, ni ceux de la puissance terrestre ne peuvent entrer en lutte avec le Créateur seul sage et seul puissant (1 Corinthiens 1.24).
L’enseignement de leurs idoles. Chaque Dieu était considéré comme faisant l’éducation de la nation qui se réclamait de son nom. Par une figure hardie, la nature matérielle de l’idole est attribuée à l’enseignement dénué de toute vraie spiritualité que le faux dieu donne au peuple qui l’adore ; comparez verset 3.
Tharsis : l’Espagne, dont les mines d’argent étaient renommées.
Uphaz, pays inconnu, nommé seulement ici et Daniel 10.5 ; selon plusieurs, identique avec Ophir, au sud de l’Arabie ( ?). C’étaient les deux extrémités du monde connu.
Ce verset, n’est pas écrit en hébreu dans le texte de Jérémie, mais en langue chaldéenne, ce qui en a fait suspecter l’authenticité par quelques critiques. Bien à tort ; car ce changement subit de dialecte donne une singulière énergie au discours. Le prophète dicte aux Israélites, pour le jour où ils seront mêlés aux Chaldéens, les propres paroles qu’ils auront à leur dire ; il ne leur laisse pas même le soin de les traduire, de peur qu’ils ne les altèrent. Il fait annoncer par les futurs captifs de Juda aux Chaldéens tout puissants, adorateurs de dieux impuissants, que ces dieux et leurs adorateurs disparaîtront.
Ces phénomènes effrayants de la nature ne peuvent inspirer l’effroi à celui qui se sent en communion avec le vrai Dieu, maître de l’univers. Contraste frappant : d’un côté, le Dieu qui parle dans l’orage ; de l’autre, l’idole fabriquée par l’un de ces hommes que fait trembler l’orage !
Au jour de leur visitation. Par le jugement qui frappera ces dieux, le prophète entend le jugement des peuples qui les adorent.
La part de Jacob. Comme dans Deutéronome 10.9 ; Deutéronome 18.2, l’Éternel est appelé la part de Lévi, de même il est désigné ici comme la part du peuple entier. Les nations se partagent le monde ; mais le privilège d’Israël est de posséder le vrai Dieu comme son Dieu.
Ramasse à terre : prépare-toi au départ.
Assiégée : la nation tout entière, représentée par Sion, sa capitale, où les habitants des campagnes se sont réfugiés.
Cette fois… tout de bon ; le temps des menaces est passé ; celui de l’exécution commence.
Pour qu’on les atteigne. Plusieurs traduisent : de façon qu’ils apprennent à trouver (leur Dieu). Le sujet serait dans ce cas : les Israélites mais nous croyons plus naturel d’envisager comme le sujet : les ennemis de Juda. Ils finiront par atteindre leur proie (l’assiégée du verset 17).
Malheur à moi ! La nation captive parle ici par la bouche du prophète. L’épreuve l’amène enfin à la repentance. Le premier signe de ce retour au bien, c’est qu’elle accepte avec résignation la peine qui la frappe.
C’est là mon mal : C’est le mal que je me suis attiré. Le prophète et les fidèles s’unissent avec toute la nation coupable dans ce sentiment d’humble soumission au jugement divin.
Mes fils : les membres de la nation.
La cause principale du malheur d’Israël est d’avoir été mal dirigé par des chefs insensés.
Agi habilement. Le mot hébreu signifie à la fois : être habile et prospérer.
Le tumulte de l’armée ennemie qui arrive du nord.
C’est de nouveau le peuple qui prend la parole, comme aux versets 19 et 20. Il reconnaît encore une fois que son lot, heureux ou malheureux, lui est dispensé par une volonté souveraine. Ce qui lui appartient, ce n’est pas de le déterminer, mais de l’accepter. Toutefois cela ne l’empêchera pas de faire appel à la miséricorde du Dieu qui dispose de lui.
Il consent à être châtié comme un enfant, mais non à être frappé comme un ennemi.
Selon le droit. Quelques-uns traduisent : avec équité. Cette explication ôte au mot droit son sens naturel. Il faut interpréter ce terme par son opposition au mot colère. Il pourrait désigner la promesse de pardon et de salut renfermée dans l’alliance, qui constituait un droit pour Israël (1 Jean 1.9) ; c’est là un motif que les païens ne pouvaient alléguer en leur faveur (verset 25). Ou bien, si le mot colère désigne les jugements d’extermination sommaires exercés dans certains cas (Sodome et Gomorrhe, les Cananéens), l’expression : selon le droit s’appliquera,à un jugement modéré dans lequel Dieu tient compte de toutes les nuances de culpabilité et épargne par conséquent le reste fidèle, qui demeure toujours en Israël.
Verse ta fureur… Ce sont les païens qui peuvent être l’objet du jugement de destruction qui n’épargne rien, et cela, d’autant plus qu’ils ont exercé le jugement de Dieu sur Israël avec passion et sans mesure.