Verset à verset Double colonne
Ces chapitres renferment une série de morceaux historiques qui se suivent sans ordre chronologique. Les cinq premiers, 34 à 38, sont sans doute destinés à montrer combien la catastrophe finale décrite chapitre 39, était méritée et inévitable (voir introduction).
La parole qui fut… C’est ici le texte même de la prophétie mentionnée Jérémie 32.3-5 ; il est ajouté comme annexe aux deux chapitres précédents.
Toute son armée… Par ces expressions accumulées, le prophète veut exprimer l’idée que tout l’univers civilisé était rassemblé contre la capitale du petit royaume de Juda.
Ses villes : les villes de Jérusalem, la métropole du pays.
Tu n’échapperas point… Comparez Jérémie 21.7 où Jérémie avait déjà prononcé une sentence générale semblable sur le roi, les chefs et le peuple tout entier, en réponse à une question de Sédécias qui se flattait encore de la délivrance. Mais cette menace n’avait qu’un caractère collectif. Car prise à la lettre et appliquée à tous les individus, elle exclurait jusqu’à la possibilité d’une déportation quelconque à la suite de la ruine annoncée. Dans ce passage-ci il s’agit du sort de Sédécias personnellement. Le prophète déclare qu’il participera au malheur qui frappera tout son peuple. Mais il ajoute en sa faveur dans le verset suivant une restriction importante.
Toutefois… On peut envisager cette restriction comme conditionnelle : Tout ira bien pour toi ; bien entendu : à la condition que tu suives mon conseil et que tu te rendes aux Chaldéens. Ou bien, comme cette condition n’est pas indiquée, il est plus simple d’expliquer ainsi : Sédécias reçoit la promesse de ne pas périr par l’épée (en paix, verset 5, signifie ici simplement : de mort naturelle) et de recevoir une sépulture honorable. Son sort est ainsi opposé expressément à celui de son frère Jéhojakim (Jérémie 22.18-19). Dieu établit cette différence entre les deux frères, parce que, comme nous le verrons, le cadet était moins corrompu et endurci que l’aîné. Mais Jérémie se garde d’aller plus loin. Il ne dit pas si cela se passera à Jérusalem, où Sédécias resterait comme roi-vassal de Nébucadnetsar, ou à Babylone, où il serait emmené captif. Cela dépend encore du parti qu’il prendra : celui de se soumettre, comme Jérémie ne cesse de le conseiller, ce qui serait son salut, ou celui de résister jusqu’au bout, comme l’y pousse son propre penchant. On ne peut opposer au second sens ni le verset 21, qui dit uniquement que Sédécias sera livré aux Chaldéens, ni Jérémie 38.18-19, qui annonce le salut de la ville et du trône en cas de reddition et la ruine de l’un et de l’autre en cas de résistance.
Sur le cérémonial des funérailles royales, voir 2 Chroniques 16.4 et 2 Chroniques 21.19.
Hélas, Seigneur ! Complainte chantée à la mort des rois (Jérémie 22.18, note).
L’état du royaume, alors déjà conquis tout entier, sauf ces trois places fortes, aurait dû être pour Sédécias un avertissement.
L’affranchissement des Hébreux :
Rien ne prouve mieux que le fait raconté dans ce chapitre l’état de démoralisation incurable où le peuple était plongé. Ils ont pris devant Dieu dans le temple, d’un commun accord, l’engagement d’affranchir leurs esclaves juifs ; croyant le danger d’une ruine imminente conjuré par l’arrivée de l’armée égyptienne, accourue à leur secours et par la levée du siège, ils se hâtent d’annuler les effets de la mesure qu’ils avaient prise au moment de la détresse. Ils n’avaient donc offert à Dieu qu’un sacrifice égoïste et intéressé. Leur intention n’avait pas été de revenir à l’accomplissement fidèle de la loi, mais de se rendre Dieu favorable et peut-être d’augmenter le nombre des défenseurs de la place.
Il ne s’agissait que des esclaves d’origine juive.
La loi n’exigeait la libération des esclaves qu’après qu’ils avaient servi six ans. Il est probable que la plupart des esclaves avaient déjà ces six années de service et en tout cas cela ne s’appliquait qu’à ceux-là.
Le souvenir de la servitude d’Égypte devait être pour tout maître israélite un motif d’humanité (Deutéronome 15.15).
Comparez Exode 21.2 ; Deutéronome 15.12.
Au terme de sept ans : dans le courant de la 7e année.
Mais vos péres… Cette loi était restée inexécutée. Il faut donc se garder de conclure, de ce que certaines institutions dites mosaïques n’ont pas laissé leur empreinte dans vie nationale, qu’elles n’existassent pas dans le code primitif.
Dans la maison… Circonstance aggravant la faute (verset 16). Comparez la scène solennelle 2 Rois 23.1-3.
Vous ne m’avez point obéi… En revenant en arrière, ils avaient annulé leur première obéissance.
Je vous donne la liberté… Menace terrible sous la forme ironique d’un jeu de mots il y a correspondance entre la faute et la punition ; comparez une manière de parler semblable dans la menace contre Hanania, Jérémie 28.15-16.
Ce texte est particulièrement intéressant, en ce qu’il nous donne la vraie explication du symbole qui, dès les temps antiques (comparez Genèse 15.7-17), accompagnait la conclusion d’un contrat. Le partage sanglant de l’animal en deux moitiés, entre lesquelles passaient les contractants, équivalait à une imprécation prononcée sur eux-mêmes, s’ils venaient à violer la foi ainsi jurée.
Les chefs, nommés deux fois, étaient probablement les plus coupables. C’étaient ceux dont l’exemple avait entraîné le reste du peuple.
Qui s’est éloignée. Voir verset 8, note.
C’est l’Éternel qui donne ses ordres à Nébucadnetsar et qui lui fait reprendre le siège de Jérusalem.